Auteur : Jean-Jacques Goldman
Compositeur : Jean-Jacques Goldman
Editée par : JRG
Version originale
Année : 2003
Interprétée par : Maurane
Distribuée par : Polydor / Universal
Année | Interprète | Support | Référence | Pochette |
2003 | Maurane | CD Quand l'humain danse | Polydor 076 100-2 | |
2003 | Maurane | CD Quand l'humain danse (digipack) | Polydor 076 101-2 | |
2004 | Maurane | CD L'heureux tour | ??? |
Viennent mes nuits et vous voici
Dociles enfin, vous que je chasse
Et que je poursuis
Chagrin matin, je n'y peux rien
Vous repartez sans la moindre trace
Sans un pli
J'en arrive à préférer mes rêves
A redouter l'aube qui vous enlève
Tout me semble facile et si beau
Avant la citrouille et les crapauds
Au clair de ma plume mes amis les mots
Prêtez-moi la lune pour écrire à mon Pierrot
Aux jours les écumes, nuits j'oublie mes maux
Je n'ai plus de chandelle et mort le feu
Le jour est cruel, oh restez un peu
Je me sens si belle dans vos doux yeux
Le monde m'emmêle et m'en veut
J'ai beau fermer tous mes volets
Blottie sans bruit dans la plus profonde obscurité
J'attends cachée, mais rien n'y fait
Malins méfiants rien ne vient dans les rêves éveillés
Cette enfant je la redeviendrai
Ces visages aimés je les reverrai
Peut-être qu'un beau jour en secret
En belle nuit je le changerai
Les nuits seront l'indubitable réel
Les jours aux fables feront jumeaux jumelles
Nous vivrons des rêves et rêverons de sommeil
Dans un grand feu je brûlerai des millions
De sonneries d'affreux réveils
Au clair de ma plume mes amis les mots
Prêtez-moi la lune pour écrire à mon Pierrot
Aux jours les écumes, nuits j'oublie mes maux
Je n'ai plus de chandelle et mort le feu
Le jour est cruel, oh restez un peu
Je me sens si belle dans vos doux yeux
Le monde m'emmêle et m'en veut
Viennent mes nuits, et vous voici.
Maurane : Jean-Jacques commence à te faire un truc "cracra boudin", dépouillé. La maquette, c'était vraiment avec les moyens du bord. C'était Jean-Jacques avec un petit clavier comme ça, un petit micro comme ça. Ils ont utilisé du matériel comme ça. [elle éclate de rire] Tu as vraiment l'impression que c'est le concierge du coin, qui fait une maquette pour un disque. Et je pense que le concierge du coin fait des maquettes mieux ! Je me souviendrai toujours du premier jour où l'on s'est rencontrés. On était vraiment très jeunes tous les deux. Je devais avoir une vingtaine d'années. Je le trouvais mignon, alors je me demande si je ne l'ai pas un peu dragouillé à l'époque. [elle rit] C'était du genre, "tu as de beaux yeux". Lui regardait un peu plus bas et me disait, "toi aussi tu as de beaux yeux". C'est parti sur l'humour. On s'est parlé de travailler ensemble, mais on s'est parloté de ça. Je ne sais pas si c'était de la pudeur, mais en tout cas, de la mienne, ça l'était.
Jean-Jacques Goldman : Elle a une exigence sur le plan de l'écriture, qui a un rapport avec la musique classique, avec cette éducation. Elle est très exigeante sur le plan de la prononciation, sur le plan des mots employés. Elle est très sensible à ça. En général, je préfère les chansons aux interprètes, mais dans le cas de Maurane, j'ai toujours été plus touché par l'interprète que par les chansons elles-mêmes. Il y a plein de chansons que j'aime bien, mais je ne peux pas en citer une qui m'ait bouleversé. Elle a des graves qui sont vraiment uniques. Elle a une façon moderne de chanter. Tout est naturel. Elle vibre parfois, mais la plupart du temps, sa voix est sans vibrato.
Maurane : C'est très bizarre ce qu'il m'a écrit, parce que c'était l'état dans lequel je rêvais d'être depuis bien longtemps. ["Des millions de fois"], c'est vraiment une chanson de jubilation, d'épanouissement. C'est précisément ce que je vis en ce moment.
Jean-Jacques Goldman : Elle découvre ça, mais elle ne se rend pas compte que nous, quand on la voit, depuis toujours, ce côté joyeuse, jouisseuse, cet appétit d'existence, d'envie, de bonheur et de plaisir, elle le dégage à chacun de ses pas et à chacune de ses notes.
Maurane : Il est allé chercher, un peu comme [Jean-Claude] Vannier d'ailleurs, ces petits traits de caractères, qui lui semblaient évidents, plus qu'à moi.
Jean-Jacques Goldman : Le seul point d'interrogation pour moi, c'est son état d'esprit. Si elle a envie de chanter, elle est au plus haut niveau. Si elle est mal en point, si elle n'a pas envie, si elle ne le sent pas, si elle est méfiante, si elle a peur, si elle ne se sent pas bien, ça ne peut pas bien se passer. Là, ça s'est passé magnifiquement.
Making of de l'album "Quand l'humain danse"
La Deux (Belgique), 22 septembre 2002
Philippe Adam : Il a la réputation d’écrire sur mesure. Il vous a fait parler ?
Maurane : Même s’ils n’ont rien en commun, Jean-Claude Vannier et Jean-Jacques ont la même manière de me radiographier. On a peu parlé, sinon des rêves. J’écris mes rêves et je lui en ai envoyés quelques-uns. Il en est né "Au clair de ma plume" et il m’a recommandé un docteur à consulter de sa part ! [rires]. (...) Il a saisi des choses sans qu’on en parle. On se croise depuis 20 ans, quand même. Il me voit heureuse, malheureuse, avec ma tonicité, ma mélancolie… (...) Il est très dirigiste et il m’a laissé mettre ma touche sur "Au clair de ma plume" et "Ce que le blues a fait de moi". On a commencé chez lui, un deux-pièces à côté de Marseille, avec un ordinateur minuscule et un micro en plastique. Je n’en revenais pas qu’il habite là. Je sais qu’il n’est pas du tout attaché aux signes extérieurs de richesse mais là, c’était presque démesuré dans l’autre sens. Je découvrais les textes. Il me chantait une phrase et je la répétais pendant qu’il enregistrait. C’était à mourir de rire. Les maquettes sonnaient comme dans la pire des salles de bain mais les chansons fonctionnaient déjà, et je me souviendrai toute ma vie de nos sourires en chantant.