Auteur : Jean-Jacques Goldman
Compositeur : Jean-Jacques Goldman
Editée par : JRG
Version originale
Année : 2003
Interprétée par : Maurane
Distribuée par : Polydor / Universal
Je m'en suis trouvé des fadaises, des tas
Des raisons plus ou moins mauvaises, des lois
Les thèses et puis les antithèses et les interdits, les croix
Les croix, je les fais sur autrefois
J'ai trop attendu que ça vienne comme ça
Qu'on me trouve et puis qu'on me prenne le bras
On peut se noyer dans ses peines ou bien nager, c'est un choix
Mon choix, c'est aujourd'hui me voilà
Me voilà nouvelle au monde, aux éclats
Me voilà rebelle aux peurs, à leur poids
Je prends les soleils et la vie Je les prends, les mange, et les bois
Et je les vois
Et même, même si c'est un combat
J'aime, j'aime même ces coups-là
Peines, peines je vous prends cent fois
Si l'on me comble ce vide-là
De joie, des mille et millions de fois
Finies les amendes honorables ou pas
Les cirés, les imperméables à quoi ?
Je prends les mers et l'océan
Je veux les vagues et le vent
Sur moi, du sang, des coups de tabac
Larguées mes chaînes et toutes mes amarres
Tout ce que je complique, adieu je pars
Mes labyrinthes et mes impasses
Je passe avant qu'ils me cassent
Qu'ils me cassent
Et même, même si c'est un combat
J'aime, j'aime même ces coups-là
Peines, peines je vous prends cent fois
Contre ses bras, lui tout contre moi
Oh, oh ses bras, des mille et des millions de fois
Me voilà nouvelle au monde, aux faux pas
Me voilà réelle, enfin vraiment moi
Et même, même si c'est un combat
J'aime, j'aime même ces coups-là
Peines, peines je vous prends cent fois
Si l'on me comble ce vide-là
De joie, des mille et millions de fois
Maurane : Jean-Jacques commence à te faire un truc "cracra boudin", dépouillé. La maquette, c'était vraiment avec les moyens du bord. C'était Jean-Jacques avec un petit clavier comme ça, un petit micro comme ça. Ils ont utilisé du matériel comme ça. [elle éclate de rire] Tu as vraiment l'impression que c'est le concierge du coin, qui fait une maquette pour un disque. Et je pense que le concierge du coin fait des maquettes mieux ! Je me souviendrai toujours du premier jour où l'on s'est rencontrés. On était vraiment très jeunes tous les deux. Je devais avoir une vingtaine d'années. Je le trouvais mignon, alors je me demande si je ne l'ai pas un peu dragouillé à l'époque. [elle rit] C'était du genre, "tu as de beaux yeux". Lui regardait un peu plus bas et me disait, "toi aussi tu as de beaux yeux". C'est parti sur l'humour. On s'est parlé de travailler ensemble, mais on s'est parloté de ça. Je ne sais pas si c'était de la pudeur, mais en tout cas, de la mienne, ça l'était.
Jean-Jacques Goldman : Elle a une exigence sur le plan de l'écriture, qui a un rapport avec la musique classique, avec cette éducation. Elle est très exigeante sur le plan de la prononciation, sur le plan des mots employés. Elle est très sensible à ça. En général, je préfère les chansons aux interprètes, mais dans le cas de Maurane, j'ai toujours été plus touché par l'interprète que par les chansons elles-mêmes. Il y a plein de chansons que j'aime bien, mais je ne peux pas en citer une qui m'ait bouleversé. Elle a des graves qui sont vraiment uniques. Elle a une façon moderne de chanter. Tout est naturel. Elle vibre parfois, mais la plupart du temps, sa voix est sans vibrato.
Maurane : C'est très bizarre ce qu'il m'a écrit, parce que c'était l'état dans lequel je rêvais d'être depuis bien longtemps. ["Des millions de fois"], c'est vraiment une chanson de jubilation, d'épanouissement. C'est précisément ce que je vis en ce moment.
Jean-Jacques Goldman : Elle découvre ça, mais elle ne se rend pas compte que nous, quand on la voit, depuis toujours, ce côté joyeuse, jouisseuse, cet appétit d'existence, d'envie, de bonheur et de plaisir, elle le dégage à chacun de ses pas et à chacune de ses notes.
Maurane : Il est allé chercher, un peu comme [Jean-Claude] Vannier d'ailleurs, ces petits traits de caractères, qui lui semblaient évidents, plus qu'à moi.
Jean-Jacques Goldman : Le seul point d'interrogation pour moi, c'est son état d'esprit. Si elle a envie de chanter, elle est au plus haut niveau. Si elle est mal en point, si elle n'a pas envie, si elle ne le sent pas, si elle est méfiante, si elle a peur, si elle ne se sent pas bien, ça ne peut pas bien se passer. Là, ça s'est passé magnifiquement.
Making of de l'album "Quand l'humain danse"
La Deux (Belgique), 22 septembre 2002
Philippe Adam : Il a la réputation d’écrire sur mesure. Il vous a fait parler ?
Maurane : Même s’ils n’ont rien en commun, Jean-Claude Vannier et Jean-Jacques ont la même manière de me radiographier. (...) Il a vu que, ces derniers temps, je veux aller de l’avant. Quoiqu’il arrive, j’ai décidé que ça allait bien et il a écrit "Des millions de fois". (...) Il a saisi des choses sans qu’on en parle. On se croise depuis 20 ans, quand même. Il me voit heureuse, malheureuse, avec ma tonicité, ma mélancolie…
Philippe Adam : Goldman vous a entraîné vers des musiques inhabituelles pour vous.
Maurane : "Tout faux" et "Des millions" (sic), c’est sa patte. Il est très dirigiste et il m’a laissé mettre ma touche sur les deux autres titres. On a commencé chez lui, un deux-pièces à côté de Marseille, avec un ordinateur minuscule et un micro en plastique. Je n’en revenais pas qu’il habite là. Je sais qu’il n’est pas du tout attaché aux signes extérieurs de richesse mais là, c’était presque démesuré dans l’autre sens. Je découvrais les textes. Il me chantait une phrase et je la répétais pendant qu’il enregistrait. C’était à mourir de rire. Les maquettes sonnaient comme dans la pire des salles de bain mais les chansons fonctionnaient déjà, et je me souviendrai toute ma vie de nos sourires en chantant.