Auteur : Sam Brewski
Compositeur : Sam Brewski
Editée par : J.R.G. / Notes de Blues
Version originale
Année : 1993
Interprétée par : Patricia Kaas
Distribuée par : Columbia / Sony Music
Remarques :
Les versions "album" et "single" sont très différentes.
Et quand le temps se lasse
De n'être que tué
Plus une seconde passe,
Dans les vies d'uniformité
Quand de peine en méfiance,
De larmes en plus jamais
Puis de dépit en défiance
On apprend à se résigner
Viennent les heures sombres
Où tout peut enfin s'allumer
Où quand les vies ne sont plus qu'ombres
Restent nos rêves à inventer
Il me dit que je suis belle
Et qu'il n'attendait que moi
Il me dit que je suis celle
Juste faite pour ses bras
Il parle comme on caresse
De mots qui n'existent pas
De toujours et de tendresse
Et je n'entends que sa voix
Eviter les regards, prendre cet air absent
Celui qu'ont les gens sur les boul'vards
Cet air qui les rend transparents
Apprendre à tourner les yeux
Devant les gens qui s'aiment
Eviter tous ceux qui marchent à deux
Ceux qui s'embrassent à perdre haleine
Y a-t-il un soir, un moment
Où l'on se dit c'est plus pour moi
Tous les mots doux, les coups de sang,
Mais dans mes rêves, j'y ai droit
Il me dit que je suis belle
Et qu'il n'attendait que moi
Il me dit que je suis celle
Juste faite pour ses bras
Des mensonges et des bêtises
Qu'un enfant ne croirait pas
Mais les nuits sont mes églises
Et dans mes rêves j'y crois
Il me dit que je suis belle
Je le vois courir vers moi
Ses mains me frôlent et m'entraînent
C'est beau comme au cinéma
Plus de trahisons, de peines
Mon scénario n'en veut pas
Il me dit que je suis reine
Et pauvre de moi, j'y crois
Hmm, pauvre de moi, j'y crois
Jean-Jacques Goldman : A la différence de "l'expérience Hallyday" où certains m'avaient reproché d'écrire comme pour moi-même, j'essaie aujourd'hui de mieux comprendre la personnalité des chanteurs pour lesquels je vais travailler, de savoir qui ils sont, ce que je peux leur apporter. En ce qui concerne Patricia Kaas, par exemple, et la chanson "Il me dit que je suis belle", il y avait de son côté une envie de multiplier ses sources d'inspiration qui lui a fait demander des chansons à une vingtaine d'auteurs et de compositeurs comme Charles Aznavour, Marc Lavoine, etc. Elle souhaitait aussi s'impliquer davantage elle-même. J'avais terminé une tournée en n'ayant pas envie de recommencer tout de suite un nouvel album pour moi, je voulais travailler avec d'autres réalisateurs, d'autres studios, d'autres preneurs de son et, comme j'avais trois, quatre mois, j'ai donc accepté les demandes qui me sont arrivées à ce moment-là. Cela me permettait de prendre aussi de la distance, d'explorer d'autres possibilités, d'autres opportunités proposées par ces artistes. (...) Sur le plan de la réalisation, j'étais très curieux d'assister au travail de Robin Millar. En même temps, je tenais à être là pour enregistrer la voix de Patricia, car je savais lesquelles de ses intonations me plaisaient ou non, ce que je voulais. Lorsque j'ai entendu leur play-back à Londre, ça ne m'a pas plus du tout, alors ils l'ont refait, sans toutefois me satisfaire complètement... J'ai accepté néanmoins cette version parce qu'elle s'inscrivait dans l'ambiance générale de l'album, mais j'ai refusé le titre ainsi en "simple". Or, après la parution de la première chanson "Entrer dans la lumière", ils m'ont téléphoné pour sortir "Il me dit que je suis belle" en "simple" ; j'ai refusé et demandé à le refaire complètement en studio, à Paris, avec l'arrangement que j'avais en tête. Et c'est la version qui est dans le commerce.
Notes, avril 1993
Jean-Jacques Goldman : Si j'écris au féminin "Il me dit que je suis belle" pour Patricia Kaas, ou "Il part" pour Carole, c'est que ce sont les femmes que je connais le mieux et qui m'intéressent le plus.
Goldman à l'heure de ses vérités
Télémoustique, 1994
Gildas Arzel : Je ne sais pas faire comme Jean-Jacques : "Il me dit que je suis belle". Il n'écoute pas ça chez lui, je ne sais pas comment il fait pour l'écrire. Ce n'est pas une question d'argent mais un défi ; parce qu'il ne sait plus quoi foutre de son pognon. Là, il a acheté une Clio, et il va la garder dix ans !
Flavie Flament : Patricia, tout à l'heure, juste avant l'émission, vous m'avez dit "Cela me replonge quelques années en arrière". "Il me dit que je suis belle", cela a été un peu un tournant dans votre carrière ?
Patricia Kaas : Je ne sais pas si cela a été un tournant, mais en tout cas c'est un moment important parce que je passais déjà un peu de l'adolescente à la femme. C'est donc un moment où on a envie qu'on te dise…
Flavie Flament : Le titre d'ailleurs le prouve…
Patricia Kaas : Oui, "Il me dit que je suis belle". Oui, je me sentais un peu mieux dans ma peau. J'avais un peu plus d'expérience, tout cela… Et ce n'était pas la rencontre avec Jean-Jacques, mais en tout cas la première fois qu'on a travaillé ensemble. Et il me disait, j'ai ma petite idée, donc je ne savais rien et donc le résultat, c'était cette chanson.
Flavie Flament : Donc, c'est lui quelque part qui vous disait que vous étiez belle aussi ?
Patricia Kaas : Peut-être. En tout cas, venant de lui…
Fabrice Ferment : Moi, j'ai une anecdote concernant cette chanson car quand le single est sorti, le single deux titres, que j'ai acheté bien sûr, car c'est une chanson absolument fabuleuse, et je regarde toujours la durée des chansons, la maison de disques, le label et j'ai vu un nom que je ne connaissais absolument pas : auteur-compositeur, un certain S. Brewski. En fait le voile a été levé peu de temps plus tard et ce S. Brewski était Jean-Jacques Goldman.
Tubes d'un jour, tubes de toujours
TF1, 26 octobre 2001
Jean-Jacques Goldman : Si j’ai fait "Une fille de l’Est", "Il me dit que je suis belle" ou "Je voudrais la connaître" pour Patricia, c’est parce que c’était elle, parce qu’elle est crédible dans ce qu’elle dit. Ça c’est important aussi que l’autre soit crédible dans ce qu’il raconte. Je ne vais pas faire à Patricia Kaas une chanson qui parle de la politique au Sénégal ou du mondialisme. Il faut que la personne soit crédible. C’est ce qui est super intéressant dans cet exercice.
Ça cartonne,
RTL, le 20 novembre 2001
Eric Saya : Dans "Tournent les violons", tu racontes l'histoire d'un malentendu entre une jeune fille et un seigneur. La jeune fille attend toute sa vie un amour qui ne viendra jamais. Lorsque tu parlais des femmes dans tes chansons, elles ont souvent eu une attitude souvent passéiste comme dans "La vie par procuration", "Elle attend", "Il me dit que je suis belle", "En attendant ses pas". Est-ce que c'est vraiment un constat ?
Jean-Jacques Goldman : Là, il s'agit d'un constat que tu fais toi-même, car j'avoue que je n'analyse pas trop mes chansons, mais c'est vrai. Je suis beaucoup touché par ces femmes qui rêvent. Je ne dis pas qu'elles me plaisent forcément, mais ce sont des personnages qui me touchent, surtout le côté "je vivrai plus tard".
Sans limites
Radio Kol Hachalom, 22 juin 2002