Auteur : Jean-Jacques Goldman
Compositeur : Jean-Jacques Goldman
Editée par : Editions J.R.G.
Version originale
Année : 1997
Interprétée par : Patricia Kaas
Distribuée par : Columbia / Sony Music
Je voudrais la connaître
Savoir comment elle est
Est-elle ou non bien faite
Est-elle jolie, je voudrais
Oh je voudrais la voir
Longtemps la regarder
Connaître son histoire
Et son décor et son passé
C'est étrange peut-être
Cette curiosité
Voir enfin pour admettre
Et pour ne plus imaginer
Oh je voudrais comprendre
Même si ça me casse
Puisqu'elle a pu te prendre
Puisqu'elle a pris ma place
J'sais déjà son parfum
Aussi son écriture
Ce mot doux chiffonné
Oublié dans notre voiture
J'veux voir aussi l'hôtel
Si tu as mis le prix
Si la chambre était belle
Et si c'était un grand lit
C'est peut-être normal
C'est fou comme ça m'attire
Cette envie d'avoir mal
Oh jusqu'au bout, jusqu'à mourir
Oh je voudrais tout savoir
Et son âge et sa peau
Tout ce qui nous sépare
Et nous ressemble, c'est idiot
Et te surprendre avec elle
Quand t'es drôle quand t'es doux
T'écouter lui promettre
Et quand tu lui parles de nous
Je veux te voir encore
T'observer dans la glace
Et quand tu l'embrasses
Rentrer ton ventre, oh matador
Je veux vos corps à corps
Tous ces gestes oubliés
Te retrouver encore
Tel que je t'avais tant aimé
Dans ce froid dans ces cendres
Je voudrais rester là
Juste voir et comprendre
Tout ce que je ne suis pas
Oh.....
Ce que je ne suis pas
Valérie Alamo : Dans les chansons que vous donnez aux interprètes féminines, on a l'impression que vous dressez souvent un portrait pas très reluisant de l'homme. Les femmes sont toujours très clairvoyantes. Que ce soit pour Céline Dion, ou dans la chanson "Il part" pour Carole Fredericks, ou dans la dernière de Patricia Kaas, la femme est lucide, elle voit tous les travers de l'homme. Comme c'est un homme qui écrit, c'est assez perturbant. Est-ce que c'est une façon de remettre les pendules à l'heure ?
Jean-Jacques Goldman : C'est une façon de mettre les pendules à mon heure. Je vois tout ça. Je crois que les femmes sont beaucoup plus cohérentes, beaucoup plus sûres, beaucoup plus fiables, beaucoup plus raisonnables, beaucoup plus courageuses, incontestablement. Même sur le plan social, moins les femmes ont de pouvoirs dans des sociétés et plus ces sociétés sont violentes, injustes… C'est extrêmement clair dans l'Histoire. Plus les femmes ont du pouvoir et plus ces sociétés sont tendres, évoluées. Clemenceau disait que la guerre était quelque chose de beaucoup trop sérieux pour la laisser à des militaires, moi je trouve que la vie est quelque chose de beaucoup trop sérieux pour la laisser à des hommes [rires].
L'histoire de "Pour que tu m'aimes encore"
Réseau France Bleu, octobre 1998
Michel Drucker : "Je voudrais la connaître", c'est une chanson que je connais par coeur, et qui me fascine complètement, parce qu'elle a été écrite par un mec, en l'occurence, Jean-Jacques Goldman. Et c'est une chanson très étrange - c'est quand même très féminin ça, de vouloir savoir avec qui l'homme de votre vie est parti, vouloir savoir à quoi ressemble celle qui a pris votre place, jusqu'à imaginer, est-ce que c'est dans un hôtel qu'on a connu, est-ce que c'est dans un grand lit... Il y a un côté maso, un côté douloureux, et ça me fascine, car en général, on peut imaginer que cette chanson est écrite par une femme !
Patricia Kaas : C'est qu'il les connaît bien ! Quand j'ai lu la première fois le texte, je comprenais tout de suite, parce que c'est une chanson pour une femme. On a envie de savoir tout ça. On a envie de connaître et de se faire du mal pour connaître la vérité.
Tapis Rouge, 24 avril 1999
Patrick Simonin : Il y a Céline Dion maintenant, il y a Patricia Kaas, il y a Johnny pour qui vous avez composé de formidables chansons. C'est aussi par procuration des succès extraordinaires. C'est difficile de se mettre dans la peau d'une femme, par exemple ? De faire chanter à Patricia Kaas "Je voudrais la connaître" ou "Pour qu'il m'aime encore" [sic] à Céline Dion ?
Jean-Jacques Goldman : Il faut faire des stages. Il faut bien connaître les femmes. Donc je m'y emploie vraiment quotidiennement. Et puis peu à peu, on arrive à savoir comment ça fonctionne. Le "ça" est avec des guillemets. Comment elles fonctionnent, quelles sont leur façon d'être, leur façon de penser.
Questions à Jean-Jacques Goldman
TV5, 21 novembre 1999
Jean-Jacques Goldman : Si j’ai fait "Une fille de l’Est", "Il me dit que je suis belle" ou "Je voudrais la connaître" pour Patricia, c’est parce que c’était elle, parce qu’elle est crédible dans ce qu’elle dit. Ça c’est important aussi que l’autre soit crédible dans ce qu’il raconte. Je ne vais pas faire à Patricia Kaas une chanson qui parle de la politique au Sénégal ou du mondialisme. Il faut que la personne soit crédible. C’est ce qui est super intéressant dans cet exercice.
Ça cartonne,
RTL, le 20 novembre 2001
Dominique Simonet : Cette année, vous écrivez un texte pour Gérald De Palmas, il cartonne. Avant ça, c'était Céline Dion, Patricia Kaas, Johnny, Khaled. Comment vivez-vous le succès par l'entremise des autres ?
Jean-Jacques Goldman : Le succès est toujours jouissif. Ensuite, le succès de mes chansons, interprétées par moi, j'adore ça parce que je peux y dire des choses plus personnelles et qu'un rapport intime se crée avec les gens. La sensation d'être compris au quart de tour est extrêmement précieuse. L'autre bonheur, c'est le succès avec les très grands interprètes. Il m'arrive de chanter "Aïcha" dans ma salle de bains, mais quand j'entends Khaled la chanter à l'Olympia, devant son public qui danse, je ressens quelque chose de plus fort que si je l'interprétais moi-même. Quand j'entends Johnny commencer par "L'envie" au Stade de France, devant 80 000 personnes, je sais que je ne peux pas être à cette place-là, ni la chanter avec cette puissance-là comme ce personnage-là, et il se passe alors quelque chose de super jouissif. De Palmas, enfin, est un type tellement intègre, tellement vulnérable de candeur et d'honnêteté, qu'avoir participé à sa reconnaissance est un plaisir inouï aussi. Ce sont trois plaisirs différents, mais extraordinaires tous les trois.
Le grand bal de Jean-Jacques Goldman
La Libre Belgique, le 10 décembre 2001
Jean-Jacques Goldman : Hier, j'ai trouvé une super idée ! (...)
Eric Jean-Jean : Tu ne veux pas nous la dire, ta super idée ?
Jean-Jacques Goldman : En fait, c'est une femme qui parle, une maîtresse. Et elle dit, pour elle, pour l'autre, il y a la fête de Noël, il y a les dîners en famille, il y a les enfants, la belle maison, il y a la voiture… et pour moi il y a les hôtels entre 20h et 22h et tout ça… mais il y a aussi les étreintes et puis il y a aussi la solitude, le premier de l'an, tout ça… Un peu le parallèle entre ces deux femmes, je ne sais pas si ça fera une chanson un jour…
Eric Jean-Jean : C'est le pendant de "Je voudrais la connaître" en fait. "Je voudrais la connaître", c'était l'officielle !
Jean-Jacques Goldman : Oui, mais "Je voudrais la connaître", ce n'est pas tout à fait la même chose, c'est la femme délaissée qui voudrait connaître la nouvelle. Là, c'est plutôt, est-ce que finalement, la gagnante est celle qu'on croit ? Est-ce que c'est celle qui, le dimanche, le samedi, va au supermarché et le dimanche va chez ses beaux-parents ou est ce que c'est celle qui le retrouve comme ça, une heure volée ou deux heures comme ça dans un petit hôtel, où c'est intense, je ne sais pas…
Paroles et musiques
RTL, le 15 décembre 2001
Jean-Jacques Goldman : On peut parler de machine pour des phénomènes comme ceux que nous avions connus à l'époque où ces fameux Anglais Stock Aïtken Waterman faisaient de la musique au kilomètre pour des gens comme Kylie Minogue. C'était toujours la même musique. Dans ce sens-là, on peut parler de machinerie. Mais passer d'une chanson un peu réaliste comme "Je voudrais la connaître" par exemple, avec un texte féminin pour Patricia Kaas, à "Aïcha" qui a un rythme un peu dansant, en passant par Hallyday, Pagny ou Céline, ce sont des choses vraiment différentes et la "machinerie" est impossible.
Spécial Goldman
La Dépêche du Midi, 2 octobre 2002