Auteur : Jean-Jacques Goldman
Compositeur : Jean-Jacques Goldman
Editée par : CML
Version originale
Année : 1986
Interprétée par : Nathalie Baye, Coluche, Catherine Deneuve, Michel Drucker, Jean-Jacques Goldman, Yves Montand, Michel Platini
Distribuée par : CBS
Remarques :
Il existe une pochette où le nom de Catherine Deneuve n'est pas indiqué. Pour plus de détails sur l'engagement de Jean-Jacques Goldman dans les Restos du Coeur, on se référera à "Jean-Jacques Goldman et les Restos du Coeur".
Année | Interprète | Support | Référence | Pochette |
1996 | Michel Leclerc (piano) | CD Recueil Spécial Piano n° 1 | CD Hit Diffusion HD/CD 05 | |
2002 | Collège de l'Estérel | CD "Jusqu'au bout de nos rêves..." | - |
Moi, je file un rancard
A ceux qui n'ont plus rien
Sans idéologie, discours ou baratin
On vous promettra pas
Les toujours du grand soir
Mais juste pour l'hiver
A manger et à boire
A tous les recalés de l'âge et du chômage
Les privés du gâteau, les exclus du partage
Si nous pensons à vous, c'est en fait égoïste
Demain, nos noms, peut-être grossiront la liste
Aujourd'hui, on n'a plus le droit
Ni d'avoir faim, ni d'avoir froid
Dépassé le chacun pour soi
Quand je pense à toi, je pense à moi
Je te promets pas le grand soir
Mais juste à manger et à boire
Un peu de pain et de chaleur
Dans les restos, les restos du coeur
Autrefois on gardait toujours une place à table
Une soupe, une chaise, un coin sans l'étable
Aujourd'hui nos paupières et nos portes sont closes
Les autres sont toujours, toujours en overdose
J'ai pas mauvaise conscience
Ça m'empêche pas d'dormir
Mais pour tout dire, ça gâche un peu le goût d'mes plaisirs
C'est pas vraiment de ma faute si y'en a qui ont faim
Mais ça le deviendrait, si on n'y change rien
J'ai pas de solution pour te changer la vie
Mais si je peux t'aider quelques heures, allons-y
Y a bien d'autres misères, trop pour un inventaire
Mais ça se passe ici, ici et aujourd'hui
Remarque : Les paroles de la maquette sont très légèrement différentes. Voici le texte original de l'avant-dernier couplet :
J'ai pas mauvaise conscience
Je trouve ça trop ringard
Mais pour tout dire,
Ça gâche un peu le goût d'mon caviar
Christophe Nicolas : ... Et la chanson des Restos du Coeur, qui a été faite un peu plus tard. Mais elle avait été pensée en 85...
Jean-Jacques Goldman : Non ! Elle avait été pensée en trois jours, puisque Coluche était venu me voir un soir dans une loge. C'était pendant "Je te donne", donc l'album était déjà sorti. Il me dit, "voilà, je veux une chanson pour les Restos du Coeur", je lui réponds "pour quand", et il me dit, "oh, tu as jusqu'à mardi !" (rires) La conception, la cogitation, la maturation a été relativement rapide !
Génération Laser, spécial "intégrale de Jean-Jacques Goldman"
RTL, 15-19 novembre 1991
Laurent Boyer : En revanche, il s'est passé quelque chose aussi dans les années 80, c'est la disparition de Coluche... Je présume que ça a dû gravement te toucher. Quels sentiments sur ce personnage, toi qui l'a connu, qui as travaillé avec, et qui en plus a fait beaucoup pour Les Restos du cœur ?
Jean-Jacques Goldman : C'est clair qu'on avait des points communs dans nos origines, dans notre banlieue puisqu'on habitait la même, dans notre façon de voir les choses sûrement. Et la première fois que j'ai été vraiment en contact avec lui, c'était à Canal +, je crois, et lui faisait "1 Faux". Je venais de sortir "Je te donne". Et il est venu me voir, en me disant : "Voilà, je fais un truc qui s'appelle Les restos du cœur, comme tu sais. On veut faire un disque et gagner beaucoup d'argent. Comme c'est toi qui fait des disques qui marchent, il faut me le faire. Alors je dis okay, ça parle de quoi ? Il me dit, j'en sais rien. C'est avec qui ? J'en sais rien. C'est pour quand ? Il me dit, c'est pour la semaine prochaine. [Extrait clip des Restos. ]
Laurent Boyer : Alors, comment cette tournée s'est montée ? Avec Véronique Colucci. J'entends la première tournée quand vous étiez plusieurs en scène.
Jean-Jacques Goldman : C'est une idée que maintenant quand j'y repense, qui me semble complètement impossible. Moi, j'ai donné mon accord, Sardou a donné son accord, Hallyday a donné son accord. Véronique a dit, on a leur accord. Tout semblait très simple et tout a été très simple. Ce qui s'est passé, c'est que l'année d'après, il ne s'est rien passé. J'ai demandé aux Restos, comment se fait-il qu'il ne s'est rien passé après la tournée des enfoirés. Ils m'ont répondu : on a personne pour s'occuper de ça. Et nous, tu le sais bien, toute la journée, on est sollicité par beaucoup de choses. A chaque fois, on dit, c'est pas mon boulot, je suis pas fait pour ça, etc. Et là, je me suis dit, si c'est pas notre boulot de faire un spectacle, c'est le boulot de qui? Et donc, j'ai contacté Véronique. J'ai dit : faisons quelque chose, c'est pas possible de laisser ce qui a été fait comme ça, essayons de prendre un rythme, que tous les ans, il y ait un rendez-vous médiatique, donc financier pour les Restos. Et ça a l'air de tenir pour l'instant.
Laurent Boyer : Et tu t'en occupes. Enfin, c'est toi qui monte les plateaux. On se retrouve avec des duos extraordinaires, des artistes qui viennent et qui se prêtent au jeu...
Jean-Jacques Goldman : C'est pas pour faire de la fausse modestie mais on est quatre, cinq à s'occuper de ça.
Laurent Boyer : Et c'est plutôt réussi dans l'ensemble.
Jean-Jacques Goldman : Pour l'instant oui.
Laurent Boyer : Et on aura en plus un spectacle... Enfin, je sais que tu prépares quelque chose cette année pour les Restos.
Jean-Jacques Goldman : Oui, ce qu'on essaye, c'est qu'il y ait une émission parce qu'incontestablement, maintenant (on peut le regretter ou pas), même les œuvres les plus désintéressées ont besoin d'un coup de projecteur médiatique, et le coup de projecteur médiatique, ça s'appelle maintenant télévision. Et il faut qu'on soit des pros des émissions de télé.
Fréquenstar
M6, 5 décembre 1993
"Très fier d'être le parrain de cette initiative généreuse, belle, utile, à votre image. Merci pour tout ça. Que la fête commence ! Amicalement. JJG. Carole Fredericks. Michael Jones."
Texte de dédicace inscrit au dos de
la bouteille des Vendanges du Coeur
Après la disparition de Coluche, il fallait bien quelqu'un pour s'occuper de la partie artistique de l'association", explique le discret Jean-Jacques Goldman. "Je me joins une fois par an aux Enfoirés, à tous ceux qui acceptent de passer du temps et de faire un geste sans se prendre au sérieux, sans attendre de remerciements en contrepartie. C'est peu, comparé à la disponibilité quotidienne des bénévoles".
Ciné-Télé-Revue, janvier 1996
Xavier de Moulins Beaufort : Restos ?
Jean-Jacques Goldman : Une béquille. Mon action aux Restos du Cœur est relative à ce que je sais faire. Si j'étais cafetier, j'irais servir des cafés. Personne aux Restos n'est content qu'ils existent. Ils savent que les Restos ne sont qu'un pansement et qu'il vaudrait mieux guérir la plaie. J'aide les Restos par conviction, par respect devant l'extrême honnêteté du mouvement. Je le fais plus par dégoût de ne rien faire que par envie de le faire, de réagir comme des milliers de bénévoles : concrètement, face à l'inefficacité des solutions politiques.
Jean-Jacques, le fataliste
Faim de siècle n° 24, février 1996
Xavier de Moulins Beaufort : Coluche ?
Jean-Jacques Goldman : D'abord, le talent. Il était très fort. Il révolutionnait tout ce qu'il touchait : le spectacle, la radio, la télévision. Quand il fait du cinéma, il a reçu un César... Coluche avait une puissance d'entraînement, un charisme naturel. Les gens savaient qu'il apportait, avec lui, une solution. Un jour, il m'a demandé d'écrire la chanson des Restos en une semaine : "Tu es l'artiste du moment qui vend le plus de disques. Fais-nous un tube. Les Restos ont besoin de fric."
Jean-Jacques, le fataliste
Faim de siècle n° 24, février 1996
Platine : Pourquoi cet attachement aux "Restos du Coeur" plutôt qu'à une autre cause ?
Florent Pagny : Tu remarqueras que cette année, je n'y suis pas allé. Les deux dernières fois, j'avais déjà exprimé mon insatisfaction, considérant que l'on prenait la mauvaise direction en rendant institutionnels les Restos et ce concert. Je n'ai pas connu Coluche, mais un jour, il m'a dit : "Je lance ça cette année, mais j'espère bien que d'ici un an ou deux, les politiciens reprendront le flambeau." La première fois, je n'ai rien dit. L'année dernière, j'ai commencé à dire qu'il fallait impliquer les politiciens dans la bande annonce de l'émission, surtout dans la perspective d'une élection présidentielle. Sinon, chaque année, c'est nous qui allons fournir. Je ne suis pas contre l'idée d'un concert, mais en accompagnement d'une action de base prise en charge par le gouvernement. Si un pays comme la France n'est pas capable de prendre en charge ses pauvres, je n'y comprends plus rien ! J'adore JJG, je le trouve brillant. Mais je ne suis pas d'accord avec son discours de l'an dernier sur l'impossibilité pour le gouvernement de financer les Restos. Ça coûte 22 millions. La simple augmentation de 30 centimes sur l'essence a rapporté 390 millions. Alors ? A côté de cela, on fait péter six bombes atomiques ! Coluche doit se retourner dans sa tombe en pensant que le résultat de son action se réduit à la loi Coluche ! Cette année, je n'y suis pas allé, parce qu'à la fin, ça devient malhonnête : on a l'impression que les artistes sont là pour fair leur promo et les chaînes de télé, leur b. a. Je dis stop.
Platine, mars 1996
Jean-Jacques Goldman : C'était en 1985, je chantais "Je te donne". J'avais croisé une fois Coluche. Un jour, il m'a téléphoné pour me parler des Restos du Coeur. "Tu vends des disques. On a besoin d'une chanson qui rapporte de l'argent. Est-ce que tu peux en écrire une pour nous ? Pour la semaine prochaine." (...) Il fallait montrer que tout le monde était concerné par le problème de la pauvreté. (...) J'ai rencontré Véronique Colucci, il y a six - sept ans, à l'occasion de la tournée des Enfoirés. On s'est dit que l'opération avait bien fonctionné, qu'il fallait la prolonger. Depuis, avec un petit groupe d'artistes, nous avons monté, en quelque sorte, la cellule opération médiatique des Restos. Sans difficulté. Coluche reste fédérateur de beaucoup de bonnes volontés. Son empreinte demeure évidente dès l'instant où l'on rentre en contact avec quoi que ce soit qui touche l'organisation. Spontanément, des liens se nouent. Entre des gens aussi différents, par exemple, que Mimi Mathy et Cabrel, Palmade et Balasko. Si je ne les avais pas rencontrés par l'intermédiaire des Restos, je n'aurais peut- être pas pensé à écrire des chansons pour Patricia Kaas, Florent Pagny ou Céline Dion. (...) Et même, ils portent chance à ceux qui viennent nous rejoindre. Regardez l'affiche de l'année dernière. Mathy, Cabrel, Souchon, Paradis, c'était leur année. Ils étaient là. (...) Notre problème, c'est qu'on nous dit parfois : "Ce sont toujours les mêmes". La difficulté c'est plutôt de mélanger les anciens qui répondent tous présents à l'appel et les nouveaux venus. (...) Beaucoup d'artistes oeuvrent aussi en toute discrétion lorsqu'ils jugent que la présence des autres à un certain moment est plus utile que la leur. (...) Etant donné l'argent dont ils font don, ils pourraient, pour le même prix, s'offrir une pub personnelle. Si nous acceptons de nous mettre en avant au bénéfice des Restos, c'est que c'est notre métier de nous mettre en avant. Que c'est ainsi que nous sommes le plus efficaces. Liane Foly est plus utile aux Restos quand elle chante qu'en y servant des cafés." Huit jours avant sa mort, Coluche l'appelait : "Tu es chez toi ?" "Il est arrivé avec une guitare Gretsch (la guitare américaine des pionniers du rock) qu'il avait trouvée chez un collectionneur. "Pour te remercier de ta chanson". C'était une belle journée. On s'est promené dans les rues de Montrouge, nous avons parlé de l'école primaire où, tous les deux, nous étions allés à quelques années de distance. Et puis... La guitare est là... tout contre mon piano.
Télé-Plus, date inconnue
TV Hebdo : N'avez-vous jamais été tenté par la politique ?
Jean-Jacques Goldman : Non ! Mais je crois, à ma place, ne pas être tout à fait inutile. Je pense à une chanson comme "Aïcha" pour les Beurettes françaises, à celle des "Restos du coeur", qui a dix ans. Et, pendant que le Front National s'installe, ça ne me dérange pas que les gamins dansent sur "Je te donne".