Auteur : Jean-Jacques Goldman
Compositeur : Jean-Jacques Goldman
Editée par : JRG
Version originale
Année : 2003
Interprétée par : Maurane
Distribuée par : Polydor / Universal
Je te donne mon téléphone et tu ne le notes pas
Je te parle ou je chantonne mais tu lis je ne sais quoi
Je te dis des mots des bêtises mais tu ne les entends pas
Et même si je me déguise tu ne vois pas
Je t'offre une cigarette, merci . tu ne fumes pas
En passant je te caresse et ça ne te fait ni chaud ni froid
On se dit bonjour, on s'embrasse et toi tu dis comment ça va ?
C'est même pas que je t'agace, c'est moins que ça
J'ai tout faux, toujours avec toi, la partition je ne l'ai pas
Je devrais me faire une raison mais je n'y arrive pas
Et je fais des plans, des manoeuvres et je stratège à tout va
T'es mon héros, mon chef d'oeuvre, je n'y peux rien, c'est comme ça
Quand je t'écris un poème tu dis que tu l'as déjà
Je t'amène un café crème et quand il arrive il est froid
Je te prête un livre, une gomme ou je t'invite au cinéma
J'en fais des tas, j'en fais des tonnes et ça ne va pas
Je te donnerais tout, tout ce que tu veux mais tu n'en veux pas
Tout ce que je t'aime c'est bien trop peu, ça ne suffit pas
Et plus t'es gentil, plus t'es beau, plus j'm'accroche et moins j'y crois
Je t'en fais des kilos, mais ça n'fait jamais le poids
J'ai tout faux, toujours avec toi, la partition je ne l'ai pas
Je devrais me faire une raison mais je n'y arrive pas
Et je fais des plans, des manouvres et je stratège à tout va
Je t'en fais des kilos, mais ça n'fait jamais le poids
Je te donne mon téléphone et tu ne le notes pas
Je te parle ou je chantonne mais tu lis je ne sais quoi
J'ai tout faux, tout faux
Maurane : Jean-Jacques commence à te faire un truc "cracra boudin", dépouillé. La maquette, c'était vraiment avec les moyens du bord. C'était Jean-Jacques avec un petit clavier comme ça, un petit micro comme ça. Ils ont utilisé du matériel comme ça. [elle éclate de rire] Tu as vraiment l'impression que c'est le concierge du coin, qui fait une maquette pour un disque. Et je pense que le concierge du coin fait des maquettes mieux ! Je me souviendrai toujours du premier jour où l'on s'est rencontrés. On était vraiment très jeunes tous les deux. Je devais avoir une vingtaine d'années. Je le trouvais mignon, alors je me demande si je ne l'ai pas un peu dragouillé à l'époque. [elle rit] C'était du genre, "tu as de beaux yeux". Lui regardait un peu plus bas et me disait, "toi aussi tu as de beaux yeux". C'est parti sur l'humour. On s'est parlé de travailler ensemble, mais on s'est parloté de ça. Je ne sais pas si c'était de la pudeur, mais en tout cas, de la mienne, ça l'était.
Jean-Jacques Goldman : Elle a une exigence sur le plan de l'écriture, qui a un rapport avec la musique classique, avec cette éducation. Elle est très exigeante sur le plan de la prononciation, sur le plan des mots employés. Elle est très sensible à ça. En général, je préfère les chansons aux interprètes, mais dans le cas de Maurane, j'ai toujours été plus touché par l'interprète que par les chansons elles-mêmes. Il y a plein de chansons que j'aime bien, mais je ne peux pas en citer une qui m'ait bouleversé. Elle a des graves qui sont vraiment uniques. Elle a une façon moderne de chanter. Tout est naturel. Elle vibre parfois, mais la plupart du temps, sa voix est sans vibrato.
Maurane : C'est très bizarre ce qu'il m'a écrit, parce que c'était l'état dans lequel je rêvais d'être depuis bien longtemps. ["Des millions de fois"], c'est vraiment une chanson de jubilation, d'épanouissement. C'est précisément ce que je vis en ce moment.
Jean-Jacques Goldman : Elle découvre ça, mais elle ne se rend pas compte que nous, quand on la voit, depuis toujours, ce côté joyeuse, jouisseuse, cet appétit d'existence, d'envie, de bonheur et de plaisir, elle le dégage à chacun de ses pas et à chacune de ses notes.
Maurane : Il est allé chercher, un peu comme [Jean-Claude] Vannier d'ailleurs, ces petits traits de caractères, qui lui semblaient évidents, plus qu'à moi.
Jean-Jacques Goldman : Le seul point d'interrogation pour moi, c'est son état d'esprit. Si elle a envie de chanter, elle est au plus haut niveau. Si elle est mal en point, si elle n'a pas envie, si elle ne le sent pas, si elle est méfiante, si elle a peur, si elle ne se sent pas bien, ça ne peut pas bien se passer. Là, ça s'est passé magnifiquement.
Making of de l'album "Quand l'humain danse"
La Deux (Belgique), 22 septembre 2002
Philippe Adam : Il a la réputation d’écrire sur mesure. Il vous a fait parler ?
Maurane : Même s’ils n’ont rien en commun, Jean-Claude Vannier et Jean-Jacques ont la même manière de me radiographier. (...) Par contre, "Tout faux", j’ai vraiment été comme ça à 16-17 ans, très con devant des mecs qui me faisaient de l’effet. Il a saisi des choses sans qu’on en parle. On se croise depuis 20 ans, quand même. Il me voit heureuse, malheureuse, avec ma tonicité, ma mélancolie…
Philippe Adam : Goldman vous a entraîné vers des musiques inhabituelles pour vous.
Maurane : "Tout faux" et "Des millions" (sic), c’est sa patte. Il est très dirigiste et il m’a laissé mettre ma touche sur les deux autres titres. On a commencé chez lui, un deux-pièces à côté de Marseille, avec un ordinateur minuscule et un micro en plastique. Je n’en revenais pas qu’il habite là. Je sais qu’il n’est pas du tout attaché aux signes extérieurs de richesse mais là, c’était presque démesuré dans l’autre sens. Je découvrais les textes. Il me chantait une phrase et je la répétais pendant qu’il enregistrait. C’était à mourir de rire. Les maquettes sonnaient comme dans la pire des salles de bain mais les chansons fonctionnaient déjà, et je me souviendrai toute ma vie de nos sourires en chantant.