Lettre de l'économie : Goldman et privatisation
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Lettre de l'économie : Goldman et privatisation
Midi Madagascar, 14 avril 1988
"Ton ami"
Retranscription de Chrystèle
Non, ne t'en fais pas. Je n'oublie pas notre rendez-vous hebdomadaire. Malgré ce show historique de Jean-Jacques Goldman qui aurait amené plus d'un à sécher proprement son boulot. Mais j'y suis allé. Pour apprécier évidemment "l'idole" du jour. Mais aussi, et surtout, pour voir toute cette foule. Jamais pour un spectacle, je n'ai vu autant de monde. Il est bien vrai que ce n'est pas n'importe quel show. Mais avec ces tarifs pour le moins prohibitifs !…
10 000 FMG pour les adultes. 5 000 FMG pour les étudiants et scolaires. Soit 15 000 FMG pour le père et sa petite fille, folle de Goldman. Soit le dixième du salaire d'un cadre d'entreprise. Ou encore la moitié du traitement mensuel d'un ouvrier.
Je précise bien quand même, mon ami, que ce n'est point un grief contre les organisateurs dont le mérite est d'avoir tenu ce spectacle malgré toutes les difficultés, financières notamment, que cela comportait. Et ce n'est pas également une critique contre tous ceux qui ont payé pour pouvoir assister à cet événement. Loin s'en faut. Je voulais tout simplement te faire remarquer que si on avait fixé des tarifs moins élevés et en choisissant carrément le Stade de Mahamasina, n'aurait-on pas pu réunir les mêmes recettes, en satisfaisant beaucoup plus de monde ? Car quel que soit le coût de la vie, le Malgache consent à faire des sacrifices quand cela vaut la peine de le faire. Toutefois, dans la limite de ses possibilités.
En tous cas, ce show a permis, une fois de plus, de montrer que la population peut être mobilisée. Quand elle veut. Et quand on sait s'y prendre. Ce qui m'a amené à penser quels ont été les résultats de toutes ces opérations auxquelles la participation populaire a été sollicitée. Entre autres, l'Opération LOVA. Etait-ce un succès ou un échec ? Toujours est-il qu'un petit bilan est nécessaire. Pour informer ceux qui ont souscrit (ce qui est tout à fait légitime, n'est-ce pas ?). Mais pour voir aussi si la formule d'une souscription publique pourrait être envisagée dans le cadre du processus de privatisation. Une formule qui permettrait d'éviter toute possibilité de mainmise par un groupe ou un autre. Mais ce serait aussi une voie permettant de faire apprendre au Malgache le sens des affaires et de l'épargne. Et de résoudre par la même occasion le problème de financement.
Ces quelques réflexions me sont venues à l'esprit en pensant à toi et à tous ceux qui auraient voulu être présents au Stade couvert, hier soir.
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