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Jean-Jacques Goldman, comme une bouffée de bonheur
(Voix du Nord, 07 octobre 1988)

Jean-Jacques Goldman, comme une bouffée de bonheur
Voix du Nord, 07 octobre 1988
Emmanuel Bedu
Retranscription de Benjamin Broucke

Près de cinq mille fans, mercredi soir à l'Espace-Foire de Lille, leurs briquets allumés, ont ovationné par des tonnerres d'applaudissements, un Jean-Jacques Goldman grisant, capable de faire corps avec son public pendant près de deux heures.

Les lumières se sont éteintes. De concert, la foule s'est soulevée, hissée sur la pointe des pieds, les têtes se sont levées, les gorges serrées et des myriades de prunelles ont alors fouillé la scène tous azimuts à la recherche de leur idole. Comme l'apparition d'un oued fait naître et briller les yeux des Africains, l'entrée sur scène de l'artiste émergeant d'un brouillard opaque libéra d'un coup les visages crispés de l'attente et emplit le public de la liesse des grands jours. Ils étaient probablement nombreux à attendre ce concert pour l'apercevoir enfin en vrai, parfois un peu loin des yeux mais toujours proche par la voix. Et puis, la proximité s'est accrue dès les premiers instants par ces quelques paroles : "Tu es de ma famille". Le ton était donné pour que s'opère une vaste communion. Son show entièrement minuté - à l'évidence, l'improvisation n'est pas son fort - pourrait paraître quelque peu artificiel s'il n'avait l'avantage (beaucoup de chanteurs ne l'ont pas en tout cas à ce point) de bénéficier de la formidable spontanéité de son auditoire qui, de la première à la dernière phrase, s'époumone à le suivre, le devançant même quelquefois, dans des mots qu'ils ressentent au plus profond d'eux-mêmes.

Entre "gris clair et gris foncé"

La musique bien sûr, omniprésente, avec ses arrangements léchés, qui fait passer en un seul accord le public d'un état de surexcitation, frappant des mains et des pieds, à un état de quasi somnolence où il chaloupe doucement les yeux fermés. L'aventure se poursuit avec les envolées à la guitare d'un Goldman virtuose en la matière et les solos que détachent son saxophoniste de rêve.

Mêlés à cette voix juvénile qui affectionne les aigus, les mots se pressent les uns contre les autres et ce sont eux qui sont sa force et font son succès. Il est à la musique ce qu'Eric Rohmer est au cinéma. Comme lui, il égrène des souvenirs qu'il semble avoir conservés dans quelque opuscule. Des présents que l'on croyait oubliés et qu'il fait revivre pour que chacun se dise in petto qu'ils appartiennent au quotidien. Il ne se cache pas derrière de longs discours. En quelques mots, il va à l'essentiel de ce qui fait la raison de vivre de cette foule.

Un regret pourtant. Si les enchaînements musicaux s'approchent de la perfection, les petites histoires qu'il raconte parfois entre deux chansons semblent parachutées et artificielles, banales et bien mièvres. Un tempo qu'il brise de la sorte à plusieurs reprises, mais il suffit de quelques vidéos projetées sur l'arrière-scène, de fumigènes nappant l'espace d'une brume entre "gris clair et gris foncé", de lasers un peu fous, de projecteurs découpant et coloriant l'étendue scénique et de l'incontestable vitalité du chanteur pour que les milliers de personnes s'enflamment à nouveau et frissonnent de plaisir. Moments de grand bonheur, ineffables, auxquels les "goldmanophiles" rêveront encore longtemps dans leur chambre, le walkman sur les oreilles.


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