La victoire en chantant
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La victoire en chantant
Lyon matin, 17 novembre 1988
Jocelyne Blanchard
Retranscription de Jean-Michel Fontaine
[intro en première page]
Goldman l'étalon or Tiercé gagnant au Palais des Sports
"Jouer devant dix mille personnes", Goldman vous le dit, "cela rend presque dérisoire une nomination aux Victoires de la Musique !". La victoire, la première d'un tiercé gagnant, de trente mille personnes en trois soirs, au Palais des Sports qui affiche complet jusqu'à vendredi, Goldman l'a remportée dès hier, en chantant devant plus de dix mille fans en délire. Dans la lignée des records d'affluence des Rolling Stones, en 1980, à Gerland.
[article principal, en page 8]
Jean-Jacques Goldman hier soir au Palais des Sports La victoire en chantant
En plein raz-de-marée de chemises blanches, blousons "Entre gris clair et gris foncé", vers le Palais des Sports, pas évident, dès 19 heures, hier, de naviguer à contre-courant ! Pris d'assaut par 10 000 "Goldmaniaques", deux heures avant le début d'un concert à l'organisation parfaite, le "lieu lamentable" décrit à l'heure de l'interview, par Goldman plus détendu que jamais s'est éclipsé derrière "Tu es de ma famille". Un solo à peine interrompu du calin craquant des copains Michael Jones, Tintin [NDJM : sic, évidemment, il s'agit de Pinpin !!!], Sirima et les autres...
Ces Goldman, c'est fou ce qu'ils se donnent, vous donnent de raisons de chanter, swinguer. Au premier clou d'or enfoncé dans nos têtes par "Compte pas sur moi", vous voilà initié à l'esprit commando qui déboule sur scène. "Là-bas" chanté en duo avec la jeune Sri-Lankaise découverte dans le métro, ne cherchez plus.
C'est au Palais des Sports où jeans, blousons, chemises blanches de la grande messe des 18-25 ans ne forment plus qu'une immense clameur. Essaimant la minute d'après en lame de fond seventy dans le sillage de 7 musiciens. Autant de cavaliers électriques, cavalant jusqu'au bout de leur rêve d'amour, d'amitié, de mariage et de liberté, en évitant aux groupies, luxe suprême, la routine des ritournelles ! Mais sans l'ambiance "boeuf" entre copains à la spontanéïté intacte au septième mois d'une tournée triomphale, sûr que, tel que Goldman, ses fans ne seraient pas aussi bons !
Rencontre Entre gris clair et gris foncé...
Le beau fixe !
On ne peut plus détendu et souriant, dans sa loge rouge et noire stendhalienne Jean-Jacques Goldman s'est prêté avec humour au jeu des questions. Finie l'ambiance file d'attente chez le dentiste ! Goldman s'éclate et le dit.
Côté salle de concert --------------------- "Un lieu comme le palais des sports est lamentable, surtout pour la deuxième ville de France où j'ai pas mal de liens ; ma mère, Bernard Schmitt et beaucoup de mes techniciens ont vécu à Lyon. Mais côté salle, je vous rassure, c'est la même chose à Marseille !"
Ecrire pour les autres ---------------------- "Ce qui me pousse à écrire pour Johnny par exemple, c'est que le chanteur est une voix et une personnalité très différentes des miennes. Maintenant j'écrirais bien pour une femme à la voix, au personnage à la mesure de Diane Dufresne. Quelqu'un qui m'inspire doit remplir une chanson".
Côté couple ----------- "La famille, le couple, ce serait terrifiant de les considérer comme un refuge. La routine ce n'est pas un problème, c'est le problème. Mais un métier comme le nôtre arrange beaucoup les choses, on prend de la distance, et quand on revient on sait pourquoi".
La notoriété ------------ "C'est un voyage de non retour. Mais je n'ai pas d'autre envie aujourd'hui que de faire des chansons et de les jouer sur scène. Je pourrais m'en passer mais je suis très content d'en faire".
Showbiz ------- "Entre chanteurs on n'a pas l'impression d'être de la même famille, on se rencontre très peu. Mais j'ai chanté sur le disque d'Yves Simon, Cabrel est venu à Toulouse. A Lyon ? C'est vrai, j'ai le choix entre Guignol et Raymond Barre !"
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