Jean-Jacques Goldman aime voir la vie en rouge
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Jean-Jacques Goldman aime voir la vie en rouge
Ouest France, 19 janvier 1994
Yvon Lechevestrier
Retranscription d'Yvonne Williams
Jean-Jacques Goldman parle peu. Pourtant, à l'occasion de la sortie de son nouvel album, il accepte de se découvrir. Confidence d'un homme heureux qui aime voir la vie en rouge. A ses yeux, la couleur de l'espoir.
L'été dernier, au moment de l'affaire O.M. - Valenciennes, Jean-Jacques Goldman a écrit à Jacques Glassman, le footballeur par qui le scandale a éclaté. "J'ai eu envie de lui dire que c'était formidable d'avoir refusé de se laisser corrompre. J'aime cet Alsacien honnête que l'on siffle sur les stades, allant jusqu'à l'empêcher de jouer".
Tout Goldman est là. Un homme de 40 ans, riche et célèbre, reste proche des "GENS SIMPLES MAIS DIGNES". N'allez pas croire, pour autant que lui, le frère de Pierre Goldman, un militant d'extrême gauche assassiné dans les années soixante-dix, en appelle à un ressourcement communiste archéo-révolutionnaire. Si son nouvel album s'intitule "Rouge", la référence à Lénine n'est pas la bonne. "J'ai voulu rendre un hommage à la foi et à l'altruisme des gens qui croient en des jours meilleurs. Je veux saluer leur idée de penser qu'on ne peut pas s'en sortir tout seul. En fait, je trouve que le rouge est la couleur de l'espoir. Celle du sang qui coule dans nos veines, celle de la peau lorsqu'on ressent quelque chose de très fort".
Sans le dire, son album est aussi un hommage à son père, mort voilà trois Ans : "Réfugié polonais, militant communiste pendant la guerre, il sentit le vent tourner à la libération et quitta vite le parti". Grâce à lui et à d'autres, il avoue se retrouver dans les valeurs traditionnelles et républicaines que sont la liberté, l'égalité et la fraternité. "Ces valeurs qui animent, sans qu'ils le disent, ceux qui s'investissent dans les Restos du Coeur ou la lutte contre le sida". Deux combats dans lesquels il s'est lui aussi engagé. "Je suis fier d'être le contemporain de ces anonymes qui font don de leur vie aux autres". Pas de nom, mais des exemples bien vivants comme ce jeune qui, diplômé d'études supérieures en poche, a choisi de se consacrer aux malades du sida avant de s'occuper de sa carrière. Ou encore ce professeur de gymnastique qui, en plus de son travail, prend en charge chaque année deux élèves en difficulté. "Chaque jour, ils me font aimer davantage la France".
En revanche, la dent du chanteur se fait dure à l'égard de quelques grands qui nous gouvernent. "Un président pathétique, cynique et boursouflé", phrase extraite de sa chanson "On n'a pas changé", ne passera pas inaperçue.
"Je ne m'en cache pas. Je n'ai jamais aimé, ni voté Mitterrand. L'arrivée de la gauche en 1981 était un non-sens. Comment des socialistes pouvaient-ils s'associer avec ceux qui avaient approuvé l'entrée des chars à Prague et Varsovie?".
Proche de Michel Rocard, il n'entend pas s'engager politiquement. Musicien avant tout, son plaisir est ailleurs. Quand il compose, pour lui et d'autres. "A ce sujet, je vais faire, à ma demande, un album pour la Canadienne Céline Dion", se réjouit-il. Autre grand plaisir en perspective, une prochaine tournée. Mais, auparavant, il rencontrera Jacques Glassman. "Je suis devenu son fan". Normal, Glassman, un soir de match contre Marseille, a vu rouge lui aussi.
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