La nouvelle tournée de Goldman : une première à Lille…
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La nouvelle tournée de Goldman : une première à Lille…
"Rouge" de plaisir
La Voix du Nord, le 5 mai 1994 M. Berry
Voici sans doute l'une des plus grandes soirées dans un lieu qui ne s'y prête guère et qui, pourtant, en a connu d'autres : hier soir, Jean-Jacques Goldman, avec sa première (nouvelle) tournée, avait choisi Lille et l'Espace Foire pour cette grand messe haute en musique et en couleurs. Il avait bien fait et le public, dans une salle comble et au… comble du bonheur, lui a rendu la pareille. Plusieurs milliers de personnes (5 000 ou plus, peut-être !) ont célébré ce chanteur qui n'a rien perdu de sa popularité.
« Rouge », tel est le titre de son dernier album en date. Jean-Jacques Goldman, avec Carole Frédéricks et Michaël Jones à ses côtés, en a d'ailleurs tiré plusieurs morceaux pour ce concert, tels « On n'a pas changé », « Que disent les chansons du monde ? » ou « Des vies »… Des titres que le public connaît déjà par cœur, comme les plus anciens, salués par des ovations à répétition (« Emmène-moi », « Comme toi »… et tant d'autres).
A la fois sobre et enthousiaste, Goldman a su recréer cette magie qui fait les plus grands spectacles ; il n'a plus besoin de convaincre mais aime toujours séduire un public… La mise en scène de ce spectacle en est une preuve supplémentaire. Un spectacle qui commence au rythme des percussions, comme un cœur qui bat. Puis une longue palissade masquent le plateau et le décor s'abat… Quelques minutes plus tard, Goldman confie : « Voilà, les dés sont jetés. C'est la première fois… on est heureux de commencer par vous. La dernière fois, c'était il y a deux ou trois ans… La prochaine ce sera dans une autre salle. Ce sera pas du luxe ! »
Mince, Capitaine Nemo sur son vaisseau de lumière Dans sa veste d'officier aux galons dorés, il part aux commandes de ce grand vaisseau de lumière et de musique. Mince docteur Némo voguant sur son nuage. Mais pas seul : il propose au public ce qu'il a ramené de voyage : des rythmes, des chants, des images. Une fois encore, Goldman a utilisé le cinéma, la photo, les décors, pour cette croisière en chansons : des écrans se déployant comme la voile d'un navire ou ce masque géant changeant de physionomie au gré des projecteurs, ou encore ces percussions fluo, style tambours du Bronx, trouant la lumière mauve, sont autant de surprises au tournant de ce récital grand spectacle. Moment d'émotion aussi avec ce film de « Médecins sans frontières » où un nouveau né est ramené à la vie. Instants inattendus et superbes avec ces chanteurs ukrainiens saluant à la fin du spectacle le « rouge » d'une vie nouvelle...
Des mélopées africaines aux vois bulgares
Frédéricks, Goldman, Jones : un trio maintenant bien rôdé, solide de sa propre complicité, qui prend du plaisir et en donne. Malgré « le temps qui passe, et le temps qui court, et le temps qui lasse, tasse, casse et fait les amours », comme l'exprime ce couplet, le miracle se produit. Sans doute parce que Goldman, magicien moins fragile qu'il n'en a l'air, est resté fidèle à ses idéaux : « Et puis remonter les rivières, persister et signer, une autre vie, d'autres frontières, c'était nos slogans, nos idées, on n'a pas changé » dit une autre chanson nouvelle.
Les flammes de briquet s'allument toujours, les musiques se promènent plus loin, entre rock, mélopées africaines et voix bulgares. Les groupies crient encore. Bref, le feu ne s'éteint pas : qu'il chante ses « actes manqués » ou son envie d'être en haut « tout en haut de l'échelle comme ces aigles noirs qui dominent le ciel », Goldman est, à sa manière, gardien de la flamme.
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