Goldman Story
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Goldman Story
?, 1994
Retranscription de Stéphanie "L'Ordinatrice" Hamel
Alors que "Rouge" squatte toujours le Top depuis sa sortie en décembre, le trio Fredericks/Goldman/Jones repart sur les routes de France pour une tournée qui passera par le Zénith, à Paris, du 13 au 22 mai. L'occasion idéale de s'offrir un flash-back sur l'itinéraire de celui qui est devenu une quasi-institution du rock made in France. Histoire d'une vie, de Montrouge à Moscou. Ou de Goldman… à Fredericks/Goldman/Jones.
Jean-Jacques est né le 11 octobre 1951 dans le 19ème arrondissement de Paris. D'après ses propres mots, il a eu une enfance ordinaire. Sa famille le baptise "le Chinois" à cause des ses cheveux raides et de ses yeux bridés. A sept ans, ses parents l'inscrivent au conservatoire, où il suivra des cours de piano et de violon pendant 10 ans. A 13 ans le voilà chez les scouts de France. Et comme il se débrouille déjà bien à la guitare, il part aux Etats-Unis avec les scouts. Une semaine géniale pour le gamin, fan de musique américaine. De retour à Montrouge, une banlieue ouvrière aux portes de Paris, il forme son propre groupe : Les Red Mountain Gospellers. Mais c'est un ado solitaire et discret qui fuit et écrira son journal intime jusqu'à ses 18 ans.
LE KID DE MONTROUGE
En 66, les Gospellers enregistrent leur premier disque auto-produit avec l'aide du curé de Montrouge ! "On jouait Eddy Cochran, Jerry Lee Lewis, les tubes du moment… et à la demande du prêtre, des gospels dans son église". Fan de rock, Jean-Jacques est aussi un mordu de Rythm n'Blues et de soul, Aretha Franklin et James Brown sont autant ses idoles que Dylan, les Beatles, Hendrix ou Elton John. Il passe son bac, l'obtient sans problème et prépare HEC. Admis à l'EDHEC, l'école de commerce de Lille, il part y vivre. En parallèle il étudie la sociologie et gratte sa guitare. Si les tubes sucrés de Claude François et Patrick Juvet ne l'inspirent guère, il craque pour Léo Ferré en allant voir le groupe Zoo qui fait sa première partie. "J'ai compris que c'était possible en français… La force des mots, le choc des notes. Ferré m'a eu !"
TAI PHONG
Avec son copain Jean-Max, il profite aussi des vacances scolaires pour parcourir le monde, sac au dos, de la Suède au Mexique. Il sort diplômé de l'EDHEC à la grande joie de ses parents et fait son service militaire dans l'armée de l'air en 74. Jean-Jacques sait déjà qu'il ne fera pas carrière dans le marketing, mais dans la musique. A son retour de l'armée, il forme le groupe Taï Phong avec des potes. Quatre ans plus tard, à l'aube des années 80, le groupe se sépare après trois albums et de nombreux concerts. Une brève carrière saluée par la presse Rock et un mini tube "Sister Jane". Mais une belle amitié est née entre lui et ce guitariste gallois égaré en France, Michael Jones. Jean-Jacques commet alors trois 45 tours en solo "C'est pas grave Papa", "Les nuits de solitude" et "Back to the city again". Trois échecs ! Il rêve pourtant de pondre LE tube qui le fera exploser.
LE SIGNE DE LA CHANCE
Retour à Montrouge où il bosse dans le magasin de sports de son frère pour vivre. Le soir et le week-end, il se livre à sa passion de la musique en attendant sa chance. Un pote lui demande des chansons pour une fille qu'il veut lancer. Jean-Jacques lui en confie plusieurs, dont "Il suffira d'un signe". Un jeune éditeur, Marc Lumbroso, entend les maquettes et prend contact avec Goldman. Comme personne ne veut de la chanteuse, il pousse Goldman à les chanter lui-même. Enfin, en 81, CBS lui signe un contrat pour 5 albums. A 30 ans, c'est le début de la gloire et la naissance d'un style Goldman : influences californiennes et voix haut perchée, textes simples, mélodies évidentes. "Il suffira d'un signe" est le premier tube d'une anti-star qui ne cessera plus de les aligner (les tubes) ! Son deuxième album, qu'il voulait appeler "Démodé" sort en 82, et "Quand la musique est bonne" casse la baraque.
JUSQU'AU BOUT DE SES REVES
Après deux autres méga tubes, "Comme toi" et "J'irai au bout des mes rêves", Jean-Jacques entame sa première tournée en novembre 83. L'année suivante sort son troisième album, "Positif", dédié à "ceux qui resteront fidèles quand il sera moins facile de l'être". "Envole-moi" (n°1), "Encore un matin" (son premier clip !) et "Américain" (Long is the road), les trois singles extraits cartonnent à nouveau au Top. Au printemps 84, il reprend la route après avoir passé une semaine à l'Olympia. En 85, Goldman l'humaniste s'agite sur tous les fronts. On peut le voir le 15 juin à La Concorde, à Paris, pour la première Fête des Potes (SOS Racisme).
Il participe au disque et au concert pour l'Ethiopie affamée par la guerre, aux côtés de Renaud, Souchon, Balavoine, Cabrel et bien d'autres. Boudé par la presse Rock spécialisée, J-J appelle son quatrième opus "Non homologué". Giga succès avec des tubes comme "Je marche seul", "Pas toi" ou l'excellent "Je te donne" en duo avec Michael Jones, qui sera n°1 pendant huit semaines d'affilée au tout nouveau Top 50 !
GOLDMAN SUPERSTAR
A la demande de Coluche, il compose la chanson des Restos du Cœur. En décembre, il est au Zénith pendant 18 jours, sans battage médiatique. Puis il enchaîne en 86 avec une méga tournée de 150 dates en France, puis au Canada et dans les départements d'outre-mer. Il est élu "chanteur de l'année" aux Victoires de la Musique. Dans la foulée, sort le double album "En Public" dont est extrait le hit single, "La vie par procuration". Une autre idole des jeunes, Johnny, fait appel à ses services. La tournée à peine achevée, il se met au boulot. Après Michel Berger, Goldman redonne la pêche au géant du rock français avec ce "Gang" vengeur. En juin 97, il revient avec "Elle a fait un bébé toute seule". "J'étais ravi de sortir une chanson qui paraisse futile !". "Entre gris clair et gris foncé" est dans les bacs en novembre. Ce double album prend directement la tête du Top 30 et ce, pendant 4 mois successifs !
"GENERATION GOLDMAN"
En février 88, il fait la couv' du "Nouvel Observateur" sous le titre « Génération Goldman". Le mois suivant il part en tournée : Afrique noire, Madagascar, la Réunion et l'Ile Maurice. A partir du 5 mai, sa tournée parisienne visite successivement le Bataclan, l'Olympia, le Palais de Sport et le Zénith. Puis il part sillonner la France. A la fin de l'année, « Entre gris clair et gris foncé" est toujours dans le Top. Il s'est lui aussi vendu à plus d'un million d'exemplaires. En janvier 89, la tournée s'achève après plus de 150 concerts ! Le temps de sortir un double album live, "Traces", et de composer quelques chansons pour "L'union sacrée", le film d'Alexandre Arcady, et Jean-Jacques peut enfin prendre ses vacances bien méritées. Hormis sa participation à la mini tournée des Restos du Cœur en novembre, avec Eddy Mitchell, Véronique Sanson et Sardou.
LA BANDE DES TROIS
En novembre 90, pour son retour, il crée la surprise en fondant un nouveau groupe avec Michael, le fidèle guitariste, et Carole, sa choriste depuis longtemps. Finie la solitude de la gloire !
"Fredericks, Goldman, Jones", le nouveau trio gagnant, sort un album du même nom. "Toutes les chansons, sauf une, sont chantées à deux ou trois". Goldman a 40 ans. Et ces nouvelles chansons parlent de leurs vies à tous les trois à travers "1, 2, 3" ou du bilan d'un quadra dans "A nos actes manqués". "Un bilan gai de tout ce qu'on a loupé" précise-t-il. C'est un tube, comme "Nuit" et "Né en 17 à Leidenstadt". En avril 91, FGJ entame une méga tournée à l'Ile Maurice et à la Réunion, puis revient sur l'Hexagone, avec une halte à Paris en juin, au vélodrome de Vincennes. Cette tournée s'achève en 92, après avoir visité le Maroc, la Corée, le Viêt-Nam et le Cambodge. 600.000 spectateurs en 92 concerts. Des souvenirs immortalisés sur le "Live" au coffret d'acier, alors que l'album "FGJ" atteint les 1 600 000 exemplaires. Un triomphe ! Il écrit plusieurs chansons pour Patricia Kaas et pour Christopher Thompson, et participe à de nouveaux concerts pour les Restos du Cœur.
"L'ADOLESCENCE EST ROUGE"
Le 7 décembre 93, sort le deuxième album de Fredericks-Goldman-Jones, "Rouge", enregistré entre Moscou, Sofia et la France. Une fois de plus, Jean-Jacques a voulu marquer la différence, puisque cet album-concept existe aussi sous forme de livre-disque !… "Le rouge est la vraie couleur de l'espoir. C'est le sang qui coule dans nos veines, la vie qui va, le feu, la colère : l'adolescence est rouge". "Rouge" est également le premier single extrait, et la présence imposante des Chœurs de l'Armée Rouge est un rêve d'enfant que J-J réalise. Tout môme, son père l'avait emmené les voir au Palais des Sports, à Paris. C'est aussi un super message d'espoir : "Y aura des jardins, d'l'amour et du pain / Des chansons, du vin, on ne manquera de rien". Une fois de plus c'est un méga tube et l'album prend dès sa sortie la première place du Top 30. Belle récompense pour cet opus en 12 chansons, comme le cri du cœur d'un homme, dont la gloire n'a pas changé les rêves d'enfant.
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