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Week-end Jean-Jacques Goldman
(Nostalgie, 26-27 septembre 1997)

Week-end Jean-Jacques Goldman
Nostalgie, 26-27 septembre 1997
Christophe Nicolas
Retranscription de Géraldine Gauthier

Christophe Nicolas : Jean-Jacques, est-ce qu'on peut remonter jusqu'en 1982 ?

Jean-Jacques Goldman : Remontons.

Christophe Nicolas : Aller, on remonte ensemble. Est-ce que vous vous ré-écoutez parfois ? Est-ce qu'il vous arrive de ré-écouter certaines de vos anciennes chansons, de vos premiers albums ?

Jean-Jacques Goldman : Il m'arrive de les ré-écouter. Ne serait-ce... alors, lors de 2 occasions. D'abord à la radio, parfois, je suis dans la voiture. Et puis, lorsque je refais la liste des concerts. Faut que je ré-écoute un peu tout pour savoir ce qu'il peut s'adapter à ce concert ou pas.

Christophe Nicolas : Et qu'est-ce qu'il vous plaît ou déplaît lorsque vous regardez un petit peu en arrière, comme là on est en train de faire ? Quand vous regardez le Jean-Jacques Goldman des débuts, est-ce qu'il y a des choses qui, maintenant, vous déplaisent vraiment dans ce comportement que vous aviez, dans la façon d'écrire, dans la façon de chanter qui était complètement différente. Si on écoute 82 et 97, ça n'a rien à voir.

Jean-Jacques Goldman : J'ai des bonnes surprises, parfois, sur des chansons que j'avais oubliées, et des mauvaises surprises. Alors... je sais qu'il y a certaines... une chanson comme "Comme toi", par exemple, m'agace beaucoup sur la tonalité. C'est une chanson qui aurait pu être mieux réalisée.

Christophe Nicolas : Pourquoi ? Qu'est-ce qui vous gêne ? Vous chantez un peu trop haut ?

Jean-Jacques Goldman : Je hurle. J'ai l'impression qu'on me marche sur le pied.

Christophe Nicolas : Et c'est comme ça que vous décidez celles qui vont être refaites ou non dans des versions live, dans des versions différentes ?

Jean-Jacques Goldman : Oui. Je crois qu'on l'a baissée. Par exemple, celle-ci, je crois qu'on l'a baissée d'un ton ou deux lorsqu'on l'a refaite en concert la dernière fois.

Christophe Nicolas : Est-ce que, en 97, après ces 15 ans de succès, on arrive à être encore aussi détaché que vous l'étiez au début ? Parce que vous avez toujours cet air un petit peu nonchalant. Moi, je vous ai connu il y a quelques années, est-ce que vous arrivez, malgré le succès, ou, avec le succès, en composant avec, à rester comme ça, aussi détaché, aussi désinvolte ?

Jean-Jacques Goldman : Détaché à quoi ?

Christophe Nicolas : Avec les gens. D'un air toujours, un petit peu... à être dedans sans l'être vraiment, quoi. A être artiste mais pas être vraiment dans le métier ?

Jean-Jacques Goldman : Bah, c'est à dire, j'ai l'impression que le plus important c'est tellement d'écrire des chansons et que ces chansons soient... puissent... puissent émouvoir des gens. Ça, ça me paraît vraiment l'essentiel. Je suis pas du tout détaché de ça. C'est à dire quand je rencontre quelqu'un qui me dit qu'il a été touché par telle chanson, qu'il a aimé ça, ou qu'il n'est pas d'accord, etc. Ça, je suis très, très... C'est vrai que le reste parait un peu dérisoire par rapport à cette relation qui est extrêmement intime et extrêmement touchante.

Christophe Nicolas : Et, au fil des années, on peut le rester ? On peut garder ce comportement que vous avez toujours d'ailleurs ?

Jean-Jacques Goldman : Ça fait pas si longtemps que ça. [rires]

Christophe Nicolas : Ça fait une petite quinzaine d'années quand même.

Jean-Jacques Goldman : Ah ! Déjà ?! Ah...

Christophe Nicolas : On dit souvent que le succès change les gens. C'est pour ça que je vous posais la question, Jean-Jacques.

Jean-Jacques Goldman : Il m'a changé, sûrement sur d'autres plans mais pas trop sur celui-là. Je reste toujours avec ce sens des valeurs, quoi. C'est à dire cette relation en concert ou lorsqu'on rencontre des gens, de toucher avec ses chansons et puis le reste qui est quand même un petit peu du cirque.

[Quand la musique est bonne].

Christophe Nicolas : Alors, pour votre nouveau disque, Jean-Jacques, nous connaissons un petit peu, nous, les fidèles de Nostalgie, cet album "En passant". On s'aperçoit que Carole Fredericks et Michaël Jones sont un petit peu plus discrets qu'ils ne l'ont été ces 8 ou 10 dernières années. Ils sont quand même là sur un ou deux morceaux. Michaël est là. Carole aussi. Comment ça s'est passé ce détachement du trio que vous aviez formé en 88 ?

Jean-Jacques Goldman : Bah ça s'est passé exactement de la même façon que la formation du trio. C'est à dire, nous savons que ce sont les chansons qui décident. Donc, vers 87-88, après gris clair et gris foncé, j'ai commencé à recomposer et ça n'était que des trios ou des duos. A partir de ce moment-là, je ne pouvais pas appeler ça Jean-Jacques Goldman. Donc, nous nous sommes associés de façon institutionnelle et, de la même façon, là, j'ai recommencé à composer. C'était des chansons plus personnelles...

Christophe Nicolas : Ça n'a rien à voir avec le fait de s'entendre plus ou moins bien avec tel ou tel musicien, non ?!

Jean-Jacques Goldman : Non, pas du tout. C'est pour ça, d'ailleurs, qu'ils sont très présents sur cet album de la même façon que je suis présent sur leurs albums aussi et, en particulier, sur celui de Carole.

Christophe Nicolas : Comment tout avait commencé avec Michaël ? Parce que nous, on l'a découvert avec "Je te donne", le duo. Comment ça avait commencé entre lui et vous ?

Jean-Jacques Goldman : En 1976 ou 77 ou 78, plutôt. Le groupe Taï Phong, dans lequel j'étais, voulait faire de la scène et moi je ne voulais pas. Donc, ils ont mis une annonce dans le "Melody maker" pour trouver un remplaçant. Et parmi tous les postulants, ils en ont sélectionné un, c'était Michaël Jones.

Christophe Nicolas : Le "Melody maker" qui est un journal spécialisé dans la musique.

Jean-Jacques Goldman : Voilà. Et, donc, Michael Jones est venu, d'abord pour me remplacer et, ensuite, je suis revenu pour enregistrer le dernier album et c'est là que nous sommes rentrés en contact et nous ne nous sommes plus quittés, disons.

Christophe Nicolas : Est-ce que vous avez eu l'occasion d'entendre la version, puisqu'on en parle de cette chanson, de "Je te donne" par le groupe anglais "Worlds appart" ?

Jean-Jacques Goldman : Ouais. Ouais, ouais.

Christophe Nicolas : Ça vous plaît bien ce remix dance ?

Jean-Jacques Goldman : Mais, sans juger ce style qui me dépasse un peu, mais... sur le principe, moi je suis très très fier et très content qu'on reprenne mes chansons. Parce que, entre l'âge de 15 ans et 25 ans j'ai fait que ça. Je jouais les Stones, Deep Purple, tout ça. Et je suppose que mes versions leur auraient pas plu. Mais je le faisais avec une telle, un tel enthousiasme, que je suis très touché, maintenant, quand des gamins reprennent mes chansons.

Christophe Nicolas : Et est-ce que vous avez le sentiment que, vous qui écrivez quand même pas mal, on y reviendra dans le week-end, au bout d'un moment, les chansons ne vous appartiennent plus ?

Jean-Jacques Goldman : Ah mais à partir du moment où la chanson est sur un disque, elle ne m'appartient plus. Elle appartient à ceux qui l'écoutent.

[Je te donne]

Christophe Nicolas : Vous êtes toujours aussi sportif ? Je vous ai vu en photo dans certains magazines en tenue de tennis, toujours superbe, Jean-Jacques. C'est vrai, vous pratiquez toujours le sport ? C'est l'heure à laquelle les gens qui vous écoutent, je pense, vont faire aussi leur petit jogging, ou leur sport hebdomadaire. Vous continuez toujours assidûment le tennis ?

Jean-Jacques Goldman : Vous m'avez trouvé superbe ?!

Christophe Nicolas : En photo, vous étiez magnifique. Je vous ai vu cet été, en short clair, on vous aurait embrassé.

Jean-Jacques Goldman : On les retouche, les photos. [rires].

Christophe Nicolas : Non. Vous avez le temps de pratiquer encore le sport ? Je sais que vous aimez ça.

Jean-Jacques Goldman : Oui, oui.

Christophe Nicolas : C'est vrai ? Vous faites quoi ? A part le tennis.

Jean-Jacques Goldman : Je joue au tennis, je fais du surf en hiver, ou du ski, ... voilà. Je vais des fois à la piscine avec mon copain Sorj. Je vais courir avec mon copain Sorj. Voilà.

Christophe Nicolas : Vous êtes quelqu'un d'un peu... d'un peu comme nous, en fait Jean-Jacques ?

Jean-Jacques Goldman : Euh... pas comme vous, vous.

Christophe Nicolas : Non.

Jean-Jacques Goldman : Mais comme la majorité des gens.

Christophe Nicolas : Comme les auditeurs, bien sûr. Merci beaucoup du compliment. [rires]. Est-ce que vous l'avez finalement acheté votre vélo pour rouler dans Paris les jours de pollution ?

Jean-Jacques Goldman : Oui, oui. Je l'ai acheté.

Christophe Nicolas : C'est vrai ?!

Jean-Jacques Goldman : J'en ai même acheté 2 pour qu'on puisse venir faire du vélo avec moi.

Christophe Nicolas : Ah c'est sympa ! [rires]. Et vous vous en servez vraiment ?

Jean-Jacques Goldman : Oui, oui.

Christophe Nicolas : Ah bon ?!

Jean-Jacques Goldman : Je trouve ça extraordinaire.

Christophe Nicolas : Parce que moi, j'ai le souvenir de vous, il y a quelques années, où vous rouliez avec une espèce de "malagutie"... Non ?! Vous n'aviez pas un vieux cyclomoteur ou une vieille 125 qui pétaradait... ?

Jean-Jacques Goldman : La 125, ça fait très longtemps. A mon avis, vous n'étiez même pas né ! Vous ne saviez pas la différence entre une moto et un avion.

Christophe Nicolas : Ah bon ?! [rires]. Merci beaucoup.

Jean-Jacques Goldman : J'avais commencé avec un transalp et, maintenant, je suis en BM. Voilà.

Christophe Nicolas : Ah bon, d'accord. Mais le vélo c'est uniquement le jour de pic de pollution ?

Jean-Jacques Goldman : Ouais le vélo c'est... Non, non. C'est le jour où les motos seront interdites.

Christophe Nicolas : D'accord.

Jean-Jacques Goldman : Et les voitures aussi parce que sinon, on mourra.

Christophe Nicolas : D'accord.

Jean-Jacques Goldman : Donc là, je ferai du vélo comme ça je mourrai plus vite.

Christophe Nicolas : Vous êtes prêt, en tout cas, à affronter. [rires] On va parler un petit peu de sport. Enfin, on va parler. On va plutôt vous écouter le chanter avec une chanson nouvelle sur "En passant" qui s'appelle "Le coureur", qui parle un petit peu, je sais pas si nos auditeurs ont eu l'occasion de la découvrir lors de la journée spéciale Goldman ou, en tous cas, pas mal l'ont déjà entendu en achetant l'album, ou on va, sinon, leur faire découvrir. Elle évoque les rapports, un peu, du sport et de l'argent. Là, je résume un petit peu... Si ! La dérive d'un sportif qu'on prend, on pourrait dire, tout nature, tout jeune, tout novice, et qui se laisse, finalement, un petit peu "salir", entre guillemets, par les dollars. Parce que c'est ça l'histoire ?

Jean-Jacques Goldman : Ouais. Enfin, c'est pas... le jugement est pas si net que ça parce que...

Christophe Nicolas : Non. C'est mieux dit dans votre chanson, c'est sûr.

Jean-Jacques Goldman : [rires]. Non, je veux dire que il n'a pas tout perdu, lui. Il n'a pas d'autre chose. Evidemment, il y a l'argent qui se mêle à ça mais il y a aussi... il a aussi voyagé, il a rencontré plein d'autres gens qu'il n'aurait pas rencontré dans son village. Simplement, ce qui m'a intéressé c'est, lorsqu'on regarde ces reportages à la télé, c'est de voir ces gars-là qui, visiblement, ont un espèce de sourire naturel, une attitude extrêmement spontanée, parce que, quinze jours avant ou un mois avant ils étaient encore dans leur village en Ethiopie ou au Kenya et tout à coup ils se retrouvent dans l'enfer médiatique le plus sophistiqué, avec des caméras sur eux, un podium, 3 milliards de personnes qui les regardent, des contrats, des chaussures aux pieds et tout ça.

Christophe Nicolas : Ouais. Et ça vous choque ça, ou... ?

Jean-Jacques Goldman : Non ! Ça ne me choque pas, ça me choque... disons ça m'impressionne de voir cet espèce de décalage. Comme si on voyait un poisson, tout à coup,... président de la république, quoi. C'est ce décalage là. Et là, on voit tout à coup ces hommes extrêmement natures, avec une culture extrêmement précise, tout à coup brutalement transbahutés dans cet enfer de flashs et de technologie. Je trouve ça... J'imagine ce que eux peuvent ressentir, quoi. La violence des émotions qu'ils peuvent ressentir. Voilà, c'est tout. Mais, à la fin, je dis : "Est-ce que c'est bien ? Est-ce que c'est mal ? J'en sais rien." Ils vont revenir à leur village, ils seront, évidemment différents des autres, ils auront vécu d'autres choses. Peut-être même qu'ils seront enviés. Et, aussi, ils auront perdu beaucoup de choses.

[Le coureur]

Christophe Nicolas : J'espère que ce week-end se passe plutôt bien pour vous qui écoutez Nostalgie. Je sais que, vous qui aimez Goldman, hein, ça se passe bien. Jean-Jacques, ça se passe bien aussi ?

Jean-Jacques Goldman : Tout baigne.

Christophe Nicolas : Tout va bien. On va bien évidemment, continuer de découvrir l'album "En passant", d'écouter aussi d'anciennes chansons de Jean-Jacques. Quelles sont celles qui ont le plus marqué votre jeunesse ? On l'évoquait un petit peu ce matin, votre jeunesse. Les chansons qui vous trottinent encore dans la tête, maintenant ? Enfin, ou qui l'ont fait pendant quelque temps ?

Jean-Jacques Goldman : Oh, il y avait les Compagnons de la chanson. En fait, les chansons qui marquent, ce sont les chansons que les parents écoutaient puisque, à l'époque, j'achetais pas de disques, donc il y a des chansons...

Christophe Nicolas : Surtout à votre époque.

Jean-Jacques Goldman : C'était la mienne, oui. Donc il y avait des chansons de Jean Ferrat, des chansons des Compagnons de la chanson, des choeurs de l'Armée Rouge,...

Christophe Nicolas : Ça a donné l'idée à un trio les choeurs de l'Armée Rouge, il y a quelque années. Comment s'appelait ce trio ? Fredericks-Goldman-Jones.

Jean-Jacques Goldman : Il y avait, oui...

Christophe Nicolas : Ils étaient présents et bien présents.

Jean-Jacques Goldman : Oui, oui. Ils étaient bien présents. C'est surtout les choeurs eux-mêmes que nous sommes allés voir et entendre.

Christophe Nicolas : C'était plutôt ces musiques-là ?

Jean-Jacques Goldman : Oui.

Christophe Nicolas : Pas vraiment de la musique anglo-saxonne ?

Jean-Jacques Goldman : Non, non. C'était... Je n'ai pas connu, vraiment, l'époque yé-yé, j'écoutais pas beaucoup des émissions comme "Salut les copains" etc. Je faisais plutôt de la musique classique.

Christophe Nicolas : Et est-ce qu'il y a des artistes que vous auriez pu, maintenant rencontrer parce que... bah vous avez le même statut qu'eux et que vous ne souhaitez pas rencontrer, en fait, pour ne pas casser une sorte de rêve, pour ne pas casser un imaginaire ?

Jean-Jacques Goldman : Ça m'est arrivé. j'ai croisé, à plusieurs reprises, en studio, Elton John, par exemple, dont je connaissais les 3 ou 4 premiers albums parfaitement et je n'ai pas osé lui parler. Récemment, on m'a proposé d'aller interviewer Mark Knopfler qui est un guitariste qui me bouleverse et je n'ai pas voulu.

Christophe Nicolas : Vous avez peur d'être un petit peu déçu ou ça vous est arrivé, déjà, de l'être ?

Jean-Jacques Goldman : Non, pas par peur d'être déçu. Par timidité et je me dis que je les connais presque de façon intime, ces gens-là, par ce qu'ils font, que je... C'est comme le groupe Toto, Lou Cater, tout ça... J'ai toujours préféré ne pas les rencontrer. Je savais pas quoi leur dire, quoi. Enfin...

Christophe Nicolas : Et en France ? Il y a pas eu des gens, comme ça, qui vous ont impressionnés au point, maintenant, de ne pas vouloir les rencontrer, les connaître un peu plus avant ?

Jean-Jacques Goldman : Bah, on m'a proposé, par exemple, de rencontrer Frédéric Dard. Et j'ai toujours...

Christophe Nicolas : Ça, je savais pas que vous aimiez Frédéric Dard. Vous l'évoquiez dans une de vos nouvelles chansons.

Jean-Jacques Goldman : Ouais.

Christophe Nicolas : Alors il y a les spaghetti, il y a Frédéric Darre, il y a Johnny Winter. C'est le fameux musicien albinos, hein ?

Jean-Jacques Goldman : Oui.

Christophe Nicolas : Les spaghetti, bon, bah, pourquoi pas. On va peut être pas parler de gastronomie, quoique ?! Frédéric Dard, vous en aviez jamais parlé avant de San Antonio, de Berrurier, de l'enflure, de tous ces gens-là. Hein ? Bah oui ! Bah vous distillez, comme ça, petit à petit.

Jean-Jacques Goldman : Oui. Les mille et une raisons de trouver l'existence gaie, quoi.

[Un, deux, trois]

Christophe Nicolas : Jean-Jacques, est-ce que vous avez le sentiment d'avoir fait le tour des thèmes à chanter lorsque vous vous mettez à écrire, à composer pour un nouvel album que vous... que nous présentons ce week-end sur nostalgie, "En Passant" ? Ou est-ce que vous pensez qu'il y a plusieurs angles pour les attaquer ces thèmes ?

Jean-Jacques Goldman : Sur le plan musical...

Christophe Nicolas : Oui.

Jean-Jacques Goldman : ...ou sur le plan...

Christophe Nicolas : Musical, oui. Et...

Jean-Jacques Goldman: Sur le plan musical, oui. Je l'ai toujours dit...

Christophe Nicolas : ...et parolier.

Jean-Jacques Goldman : ...après 20 chansons, on commence à tourner en rond, quoi. Qui que vous soyez. Et sur le plan des thèmes, enfin des textes, euh... Il y a rarement un texte qui soit écrit qui n'ait pas été effleuré dans une autre chanson. Donc c'est souvent des développements...

Christophe Nicolas : Et comment on fait, alors, dans ces cas-là ? On cherche d'autres angles ? Aznavour me disait ça, il y a quelque semaines. Lui aussi il avait fait le tour, il a 50 ans de carrière, donc... d'autant plus longtemps. Et qu'il était obligé, donc, d'attaquer sous d'autres angles. Finalement c'était des choses comme ça. Vous êtes d'accord avec ce genre de...

Jean-Jacques Goldman : Tout à fait. Oui, oui. Tout le monde tourne en rond au bout d'un certain temps. On essaye de faire les choses de façon un petit peu différentes, de mettre d'autres choeurs, d'autres rythmiques, d'autres rencontres et... certains disent que, finalement, on chante toujours la même chanson, en fait.

Christophe Nicolas : Il y a a des mots qui vous gênent, des mots que vous n'avez pas envie de chanter ? D'écrire, même, avant de les chanter ?

Jean-Jacques Goldman : Walkman. Je trouvais ça un peu louche pendant un moment.

Christophe Nicolas : Ouais. Ça va mieux ?

Jean-Jacques Goldman : C'était... interdit.

Christophe Nicolas : Ouais ?!

Jean-Jacques Goldman : Ça faisait un petit côté mode, comme ça...

Christophe Nicolas : Certains l'ont utilisé.

Jean-Jacques Goldman : Beaucoup.

Christophe Nicolas : Beaucoup même. Alors, ce disque, l'album "En Passant" révèle un compositeur à "l'âge de raison". C'est un journaliste qui a dit ça, récemment.

Jean-Jacques Goldman : Ça devait être vrai alors.

Christophe Nicolas : C'est vrai ? Sept ans déjà Jean-Jacques ! [rires] Quel grand garçon ! Et parmi les thèmes chantés, la séparation, la fin de l'amour et, dans une chanson, qu'on va écouter, qui s'appelle "Quand tu danses", vous dites qu'on ne peut pas rester amis : "Amants non, amis non plus", enfin, quelque chose comme ça, vous le faites très bien, on va l'entendre. Vous êtes sûr qu'on ne peut pas rester amis après une séparation ?

Jean-Jacques Goldman : Mais la chanson dit pas. Elle dit pas ça.

Christophe Nicolas : Elle dit "amis non".

Jean-Jacques Goldman : Ah oui, "amis non, ni amants".

Christophe Nicolas : Ouais ?!

Jean-Jacques Goldman : Non, je pense pas qu'on puisse être vraiment amis avec quelqu'un dont on a touché la peau pendant des années, avec qui on a vécu des choses tellement intimes. Ça ne veut pas dire qu'on devient ennemis, non plus. Mais il y a certainement un statut à chercher et, je pense, c'est une question pour tout le monde.

Christophe Nicolas : Ouais. Mais on le trouve pas. Et Dieu sait si il y a beaucoup de monde dans cette situation-là. Quel est-il, à votre avis ? Il y a pas de solution, on ne sait pas ?

Jean-Jacques Goldman : Bah, j'en sais rien. C'est une chanson où il y a à peu près 20 points d'interrogations.

Christophe Nicolas : Voilà. C'est pour ça que... on laisse l'auditeur libre de trouver quelque chose.

Jean-Jacques Goldman : On essaye tous, dans nos problèmes, de trouver... En général, cette relation, elle s'équilibre, comme ça, peu à peu, avec le temps,... même parfois avec un reste de séduction, un reste de...

Christophe Nicolas : De jalousie aussi ?

Jean-Jacques Goldman : D'amertume, ouais. Ou parfois, une tendresse infinie. Tout dépend aussi du destin de chacun. Mais c'est, effectivement, un problème qu'on part... que beaucoup de personnes partagent.

[Quand tu danses]

Christophe Nicolas : On va revenir, comme on aime le faire Jean-Jacques, quelques années en arrière. Est-ce que vous vous souvenez de la page achetée par vous dans libé ? Cette page qui compilait toutes les mauvaises critiques qui avaient été faites sur vous . Pour rappeler un petit peu à nos auditeurs, certains journalistes avaient un petit peu descendu le, votre spectacle, c'est ça ? Ou vos chansons ?

Jean-Jacques Goldman : Oh,... Tout !

Christophe Nicolas : Tout ?!

Jean-Jacques Goldman : Mon existence.

Christophe Nicolas : Votre existence ?!

Jean-Jacques Goldman : Ouais, ouais.

Christophe Nicolas : J'osais peut-être pas aller jusqu'à là. Et vous aviez, du coup, bon pris une page dans Libération pour...

Jean-Jacques Goldman : Et dans France Soir, aussi.

Christophe Nicolas : Et dans France Soir, pour, carrément, vous moquer d'eux. Enfin, pour prendre, un petit peu...

Jean-Jacques Goldman : Non, pas me moquer d'eux. J'avais juste publié tous ces articles-là et puis j'avais rajouté à la main "Merci d'être venus quand même".

Christophe Nicolas : Ouais, c'était pour...

Jean-Jacques Goldman : Ou "D'avoir jugé par vous-même", quoi.

Christophe Nicolas : Ouais. C'était à un moment donné où vous aviez l'âme assez rebelle, en fait ? Non ? Comme d'autres, comme Renaud a pu l'avoir envers les médias. C'était une époque un petit peu... un petit peu confuse. Non ? Pas de grands souvenirs... ?

Jean-Jacques Goldman : Non. Globalement, je suis pas un méchant garçon mais je ne me laisse pas faire. C'est à dire... Je comprends très bien qu'on ne m'aime pas et je réagis jamais là-dessus. J'aime pas qu'on dise des choses fausses ou qu'on pratique l'injure. Voilà, c'est tout. Mais ça, c'est comme tout le monde.

Christophe Nicolas : Mais ça n'avait pas empêché le monde de venir. Comme pour Renaud, d'ailleurs, ça l'avait pas empêché de vendre du disque à une époque où il était un peu en brisebi avec les médias. Vous êtes toujours aussi sensible avec les critiques ?

Jean-Jacques Goldman : Bah, c'était pas... Non. J'ai jamais été très sensible à la critique, d'ailleurs parce que c'était un peu ironique, quoi. Et ce que je voulais simplement, c'était que leurs noms restent, quoi. C'est à dire, nous, quand on est assassinés, on sait qui on est. Et je voulais juste que leurs noms restent, qu'ils le signent. D'ailleurs, beaucoup n'avaient pas signé. Et, j'en ai rencontré un hier, par exemple, qui est suisse, et il me dit que ça a été quelque chose de... que ça a été quelque chose qui l'a suivi, quoi. Et, ensuite, que lui a fait faire un petit peu plus gaffe dans sa façon d'écrire, simplement savoir qu'on a affaire, même si on est des chanteurs, on n'est pas des sous-hommes, quoi. il faut juste... quand j'ai lu, par exemple, la semaine dernière, dans Libération, "Elton John et sa moumoute", voilà. "Le moumouteux de service" ou un truc comme ça. On doit pas écrire des choses comme ça. De la même façon qu'on n'a pas le droit de dire "l'Arabe et son truc crépu" ou "le Juif avec son nez machin", quoi. Ça, c'est interdit, quoi. On peut s'en passer très très bien. Donc il faut qu'il y ait leur nom dessous et puis qu'ils soient... comme ça. Puis qu'ils le gardent. Voilà. Qu'ils l'assument ce truc-là. Et pas qu'ils disparaissent avec 2-3 initiales et un quotidien qui sera jeté le lendemain.

[Américain - Long is the road].

Christophe Nicolas : Jean-Jacques, comment vous faites pour écrire autant de chansons ? Vous dormez jamais apparemment ?

Jean-Jacques Goldman : Bah j'en écris pas tant que ça.

Christophe Nicolas : Attendez. Il y a les... combien y'en a ? Y'en a 11 là, sur le nouvel album "En passant", les albums précédents, il y en avait à peu près autant. On a vu le succès de Céline Dion, de Johnny, de Pagny, de Kaas, de Lavoine, de Khaled... bah, vous fournissez pas mal quand même ?

Jean-Jacques Goldman : Bah ça fait... Si vous prenez l'album de Céline, j'ai dû en écrire 10 dessus parce que j'ai pas tout écrit. Là, y'en a 11, ça fait 21. Johnny, c'est 2 chansons. Khaled c'est 2 chansons. Donc il y a moins de 30 chansons en 4 ans.

Christophe Nicolas : Oui mais...

Jean-Jacques Goldman : Ça fait 7 chansons par an. C'est pas... C'est pas la mort.

Christophe Nicolas : Ça fait pas tant que ça. C'est vrai, comme souvent, à la radio, on parle d'un artiste qui chante Goldman, on évoque Goldman. C'est vrai que, pour nous, on a le sentiment que y'en a un petit peu plus que vous produisez... non ? Ça vous paraît une bonne moyenne ?

Jean-Jacques Goldman : Ça me paraît pas excessif, quoi, de faire 6-7 chansons par an.

Christophe Nicolas : Vous êtes d'accord pour faire 7 chansons payées 9 ? [rires].

Jean-Jacques Goldman : Ça, c'est en négociations avec Blondel.

Christophe Nicolas : [rires] D'accord. Comment vous choisissez les artistes pour lesquels vous écrivez, vous composez ?

Jean-Jacques Goldman : Et bien, je choisis selon 3 critères. Bah, j'ai des réponses ! Vous avez les questions, j'ai les réponses. Le premier critère, c'est la voix. Faut que la voix me touche. Le deuxième critère, c'est la personnalité. Faut que ce soit une personne avec qui je puisse bien m'entendre. Et le troisième critère, c'est d'avoir l'impression que je peux leur être utile. Voilà. Que je peux leur apporter quelque chose. Peut y avoir des gens qui me touchent beaucoup, qu'y ont des voix magnifiques, mais où je vois pas trop ce que je peux leurs faire.

Christophe Nicolas : Vous suivez de près les projets de Carole Fredericks et de Michaël Jones ?

Jean-Jacques Goldman : Oui, bien sûr. Oui. J'ai même écrit 2 chansons sur l'album de Carole.

[C'est pas d'l'amour]

Jean-Jacques Goldman : (...) en général, je commence à enregistrer l'album quand, je sens que les 11 idées sont mûres et qu'elles n'ont besoin plus que de travail. Ou, du moins, où j'ai 10 idées. Et je n'ai besoin plus que de travail pour les faire aboutir. Voilà. et puis, en général, j'en lâche 2 ou 3... pendant.. ça dure une année, à peu près. Et puis y'en a 1 ou 2 qui viennent.

Christophe Nicolas : Comment vous expliquez le fait qu'on vous trouve plus sobre, plus austère ? On parlait de la pochette, il y a les chansons. On a eu l'occasion d'en écouter quelques unes, c'est votre humeur ? C'est l'humeur du moment qui est comme ça ?

Jean-Jacques Goldman : Oui. C'est... J'ai repris... J'ai repris de... un petit peu plus en charge la... les arrangements. J'ai demandé à ce que Erick Benzi m'aide mais plus en partant de mon travail de base. Et, c'est ma façon à moi d'arranger qui est... beaucoup plus simple, quoi.

Christophe Nicolas : Est-ce qu'on peut dire qu'il est très... Nebraska ?

Jean-Jacques Goldman : Nebraska c'est un... C'est vraiment un... C'est vraiment "guitare-voix", quoi.

Christophe Nicolas : Nebraska, c'est l'album acoustique de Bruce Springsteen. C'est un petit peu comme pour vous qui êtes arrivé derrière des albums avec plus d'envolées, comme ça...

Jean-Jacques Goldman : Ouais.

Christophe Nicolas : Plus... plus... plus... comment dire ? Plus rock ! Et Nebraska était tout doux. Sorti en 82 lorsque vous avez, pas débuté mais lorsque vous commenciez à être une vedette. donc, est-ce qu'on peut comparer, un petit peu "En passant" à Nebraska ?

Jean-Jacques Goldman : Non. non, non. De la même façon... Nebraska, c'est vraiment un concept. C'est à dire, il a décidé, après les albums avec le E. Street Band, de faire un album absolument acoustique du début à la fin. Ce qui n'est pas le cas, là. Il y a certaines chansons comme "Quelques hommes" qui sont... ou "Nos mains", qui sont très arrangées. Mais, c'est simplement, disons, une couleur générale, un peu plus... un peu plus épurée, mais pas du tout un concept comme dans le cas de Springsteen. De la même façon sur scène, son concert était, absolument lui seul à la guitare. Sauf 2 petites tricheries, à un moment, où on entend deux petites notes. Voilà. Et, même si les prochains concerts sont, effectivement, à l'image de cet album, c'est à dire plus dépouillés, il y aura quand même une batterie évidemment, quoi.

[Les murailles]

Christophe Nicolas : Lorsque vous n'êtes pas nostalgique, quel est votre programme du samedi soir ? On pose souvent cette question à nos invités, parce qu'ils sont là, avec nous et ça nous fait drôlement plaisir. Qu'est-ce que vous faites, Jean-Jacques, d'habitude ? Quand vous n'êtes pas ici, avec nous, évidemment...

Jean-Jacques Goldman : Le samedi soir ?! Rien de particulier. Simplement...

Christophe Nicolas : Alors, j'avais noté : Télé, musique, Rave ? Bowling, cinéma, poker, bivouac ?

Jean-Jacques Goldman : Ouais. Ça peut arriver bivouac et il y a certaines Raves, d'ailleurs, qui se passent en bivouac, en haute montagne...

Christophe Nicolas : Ouais ! [rires]. je vous imagine dans une rave, en haute montagne.

Jean-Jacques Goldman : On n'est pas nombreux, hein ?! [rires].

Christophe Nicolas : Ouais ?! Vous êtes combien ? Le disc-jockey et vous !

Jean-Jacques Goldman : La neige est gratuite là-bas !

Christophe Nicolas : Ouais. [rires]. Donc, vous ne faites rien de spécial ?

Jean-Jacques Goldman : Non, rien de spécial. A 22 h 15 il y a les résultats du foot...

Christophe Nicolas : Ah oui ! Sur canal ?

Jean-Jacques Goldman : Voilà !

Christophe Nicolas : Journée foot.

Jean-Jacques Goldman : Voilà. En dehors de ça...

Christophe Nicolas : Bah je vais vous laisser, vous avez juste le temps de rentrer, en plus, donc... pour voir l'émission de...

Jean-Jacques Goldman : Bah, je vous remercie beaucoup.

Christophe Nicolas : Merci beaucoup et à demain.

Jean-Jacques Goldman : A demain.

[Là-bas].

[Journée du dimanche 27 septembre 1997]

Christophe Nicolas : Jean-Jacques, quelle est votre façon d'écrire, de composer ? Est-ce que c'est un peu comme Cabrel, par exemple, qui parle beaucoup de son grenier, de son vieux grenier, là-haut, à Astaffort, ou est-ce que vous êtes plus dilettant, vous seriez, comme ça, à hésiter et puis vous n'avez pas besoin, comme ça, de vous isoler du monde extérieur ?

Jean-Jacques Goldman : Non. Les idées viennent comme ça. C'est à dire on prend pas rendez-vous avec. C'est elles, tout à coup, qui viennent...

Christophe Nicolas : Qui font "toc, toc, toc".

Jean-Jacques Goldman : Voilà. Ça peut être la nuit, ça peut être... pendant une interview c'est un tout petit peu gênant. Mais, par contre, à partir du moment où il y a 4 pages d'idées, comme ça sur une chanson et que la maquette est faite et que la mélodie est à peu près déterminée, là, il y a un travail scolaire qui vient et faut s'y mettre 4 à 5 heures par jour en... sur une plage, de façon régulière.

Christophe Nicolas : Qu'est-ce que vous écoutez lorsque vous êtes en période de création ? Vous avez le temps d'écouter d'autres artistes ou l'envie ? Ça ne vous gêne pas dans l'écriture des vôtres, de chansons ?

Jean-Jacques Goldman : Parfois, quand une chanson est dans un style très déterminé et qu'elle ressemble,... je sais pas, à une rythmique un peu à la Toto ou des choses comme ça, je vais écouter ça pour voir comment eux l'ont traité. Mais, en général, j'écoute assez peu de musique, quoi, dans ces moments-là. C'est utilitaire, on va dire.

[Pas toi]

Christophe Nicolas : On évoquait, hier, toutes les chansons que vous écrivez, Jean-Jacques, que ce soit pour vous, que ce soit pour d'autres. On disait que, finalement, ça faisait pas tellement, ça faisait 7 par an. C'est une bonne moyenne, en plus sur 7, il y en a 7 qui marchent. En tous cas pour vous ça marche, ça rapporte pas mal d'argent. On vous voit jamais dans des bateaux, des hélicos, que ce soit comme Belmondo ou autres. Qu'est-ce que vous faites avec l'argent que vous gagnez depuis toutes ces années ?

Jean-Jacques Goldman : Bah, je prends des bateaux, des hélicos, des avions, mais je les loue.

Christophe Nicolas : D'accord.

Jean-Jacques Goldman : Parce que...

Christophe Nicolas : C'est une autre façon de vivre ?

Jean-Jacques Goldman : Oui. Oui, oui.

Christophe Nicolas : Est-ce que vous avez le sentiment de plus peiner qu'à une certaine époque pour écrire de nouvelles chansons ?

Jean-Jacques Goldman : Non. Non, non. D'autant plus que je n'ai pas d'obligation. C'est à dire, j'ai sorti cet album-là, j'aurais pu le sortir l'année prochaine. Donc, je ne sors les albums que quand je les sens mûrs.

Christophe Nicolas : Là, vous étiez mûr ?

Jean-Jacques Goldman : Bah, j'étais mûr, ouais. A la limite de blette. [rires].

Christophe Nicolas : Donc fallait que ça sorte. C'est pour ça que vous êtes venu aujourd'hui. Est-ce que vous avez eu le sentiment, depuis quelques années, d'avoir eu de la chance ? Ou est-ce que vous pensez que le succès que vous rencontrez n'est que la juste récompense, la récompense bien méritée d'un vrai travail ?

Jean-Jacques Goldman : Mais c'est pas paradoxal. On peut se dire que c'est juste mais qu'on a eu de la chance, déjà, d'avoir eu ces capacités-là et d'avoir eu ce don-là, quoi. Ça, c'est une grande chance d'être capable d'écrire des chansons et que ces chansons puissent toucher des gens.

Christophe Nicolas : Et le fait d'avoir un don, vous vous en êtes rendu compte à quel moment ? Il y a très longtemps ou à l'époque des premiers grands succès, il y a 15 ans ?

Jean-Jacques Goldman : Non. j'ai tout de suite senti que j'avais des facilités et que c'était mon langage, quoi. Que c'était mon monde. De la même façon, vous voyez des gamins qui ont 4, 4, allez, 6-7 ans, vous leur donnez un ballon, ils sont forts au foot, vous leur donnez une raquette, ils sont adroits,... On sent que leur monde, ça va être le monde de l'expression physique, quoi.

[A nos actes manqués]

Christophe Nicolas : On parlait, tout à l'heure, au début de la journée, de "Bonne idée". On l'a écouté, d'ailleurs, cette nouvelle chanson qui figure sur l'album de Jean-Jacques "En passant". On évoquait un peu les spaghetti, je vous ai dit "Oh, on va peut-être pas en parler, c'est un peu trop tôt". Mais, après tout, c'est l'heure ! il est midi vingt et quelque secondes. Hein ? C'est l'heure de passer à table. Dimanche midi. Vous les cuisinez comment, vous, les spaghetti ? Pour nos... on va la jouer un peu à la Jean-Pierre Coffe, non de Dieu.

Jean-Jacques Goldman : Alors là !... D'abord, je cuisine pas et très mal et, quand je me les fais c'est...

Christophe Nicolas : Bon, vous n'êtes ni cuisinier, ni gastronome ?

Jean-Jacques Goldman : Je suis gastronome mais... je reconnais absolument mes incompétences. En plus, je suis entouré de femmes qui cuisinent très bien en commençant par ma mère. Et, donc, je laisse aux professionnelles leurs prérogatives.

Christophe Nicolas : D'accord. Enchaînement un peu hardi, les Restos du coeur vont rouvrir.

Jean-Jacques Goldman : Françoise.

Christophe Nicolas : Oui, comme Françoise, exactement. Goldman, d'accord, mais Jean-Jacques ? Les Restos du coeur vont rouvrir. On pourrait dire "malheureusement, cette année encore". Je sais que vous vous y investissez tout autant que d'autres artistes depuis 1985. Hein ? 85-86. Est-ce que vous trouvez ça normal que ce soient les artistes, dans un pays comme le nôtre, qui aident à nourrir une population d'un pays riche ?

Jean-Jacques Goldman : Non mais ça, c'est la vision médiatique des choses. Moi, je trouve que c'est normal que nous fassions le travail médiatique des Restos du coeur parce qu'on est des professionnels de ça. Mais ce n'est pas nous qui aidons. Ceux qui aident, ce sont les permanents qui font ça quotidiennement et tous les donateurs. Voilà. Il se trouve que nous, on fait notre boulot qu'on voit, très voyant et qui n'a pas plus de valeur que les autres.

Christophe Nicolas : Il y a une chanson qui évoque un peu, même complètement, la générosité sur l'album. Elle s'appelle "Nos mains". On la sent bien sur scène. Vous y avez pensé, déjà, un petit peu ?

Jean-Jacques Goldman : Ouais.

Christophe Nicolas : Hein ?! J'imagine. Même si il y a beaucoup de côtés un peu plus intimistes. On l'a évoqué, durant ce week-end sur l'album "En passant", celle-là on la sent bien avec une foule en délire à son écoute et à votre vue, Jean-Jacques.

Jean-Jacques Goldman : Souhaitons-le, Christophe. Souhaitons-le.

Christophe Nicolas : On en reparlera un petit peu plus tard. On va l'écouter tout de suite. Nos mains.

[Nos mains].

Christophe Nicolas : Le nouvel album de Jean-Jacques, "En passant", on en a écouté pas mal d'extraits, on va continuer jusqu'à ce soir, dénoncer souvent les mots. faut-il ne jamais y croire, comme dans le single, par exemple, qu'on écoutait hier, "Sache que je". Est-ce que vous avez été, vous, souvent trompé par les apparences des gens ? Parce que c'est assez présent dans les chansons de l'album.

Jean-Jacques Goldman : Non, justement. Justement, je me suis toujours assez fié aux apparences contrairement au proverbe.

Christophe Nicolas : Dans "Tout était dit", puisqu'on va l'écouter, celle-là, vous l'avez compris ?

Jean-Jacques Goldman : Oui, oui.

Christophe Nicolas : Vous connaissez bien vos chansons Jean-Jacques.

Jean-Jacques Goldman : Je pense qu'il faut se fier aux apparences. Voilà.

Christophe Nicolas : Ah bon ?!

Jean-Jacques Goldman : Oui, oui. Je pense que les apparences sont un langage. La façon dont on est habillé, la façon de tenir ses mains, la marque de sa montre, la coupe de cheveux. Toutes ces choses-là sont des langages incesssants et, auxquels, à mon avis, on peut plus se fier que les mots appris ou des mots vides de sens.

Christophe Nicolas : Mais vous parlez de la fille dans le bar, tout est tromperie...

Jean-Jacques Goldman : Non ! Dans cette chanson, je dis qu'elle ne me ment pas dans sa façon d'être, c'est à dire en étant observée sans le savoir. Je pense qu'avec son attitude, avec ses mouvements, elle me dit des choses beaucoup plus honnêtes que si nous parlions.

[Tout était dit]

Christophe Nicolas : Jean-Jacques ! Tout va bien ?

Jean-Jacques Goldman : Tout va bien.

Christophe Nicolas : Bon, un bon dimanche avec nous sur Nostalgie avec Jean-Jacques. On vous a compilé en 91 dans un beau coffret de 10 CD que pas mal de personnes se sont procuré. On vous a recompilé aussi il y a pas mal de mois. Il y a eu pas mal de versions de chansons comme "Elle attend". Vous aimez assez revoir d'autres morceaux ? Des chansons un petit peu plus anciennes, surtout en version "live" ?

Jean-Jacques Goldman : Il y a ça et il y a aussi, sur la compilation, j'avais eu, le premier dont vous avez parlé c'est pas une compilation, c'est un intégrale.

Christophe Nicolas : Oui, l'intégrale. 10 ans.

Jean-Jacques Goldman : Mais, par contre, l'autre, l'album "singulier" était une compilation dans le sens où il a fallu faire des choix et, en faisant ces choix, il y a certaines chansons que je trouvais un petit peu loupées à l'enregistrement que j'ai pu, comme ça, un petit peu rectifier.

Christophe Nicolas : Je pense au coté scène, surtout, bien sûr, au côté "live". Comment vous le sentez ce nouvel album en public ? Est-ce que il y a des chansons dont vous êtes certains, déjà, qu'elles ne passeront pas le cap de la scène, dans l'album "En passant" ?

Jean-Jacques Goldman : J'ai pas encore fait de choix. J'aurais plutôt le sentiment du contraire. Je trouve qu'il y aura beaucoup de chansons qui auront leur place sur scène et qu'il va falloir choisir celles qui n'y seront pas parce que je peux pas faire 11 chansons de cet album. Donc, ça sera plutôt le problème inverse. De savoir lesquelles n'auront pas leur place sur scène.

[Il suffira d'un signe "live"]

Christophe Nicolas : Nouvel album de Jean-Jacques avec nous sur Nostalgie pendant encore quelques heures et tant mieux. Parlons un petit peu de "En passant", Jean-Jacques et de la complicité avec Erick Benzi. On a compris que Carole Fredericks et Michaël Jones étaient partis vers d'autres horizons, pour des projets personnels, comme on dit. Avec vous, remarquez, vous n'êtes jamais loin d'eux. Vous avez presque tout fait tous les deux, en fait ? Jean-Jacques et Erick Benzi. Comment votre rencontre s'est passée et qu'est-ce que vous avez fait exactement ensemble avant "En passant" ?

Jean-Jacques Goldman : Bah, Erick était déjà très présent sur les albums FGJ. Il a collaboré aux arrangements de "Rouge" entièrement, et sur 3 ou 4 chansons du premier album FGJ aussi.

Christophe Nicolas : Donc, ça se dessinait déjà depuis quelques années ?

Jean-Jacques Goldman : Oui. Oui, oui. Et nous nous sommes rencontrés au cours d'une tournée. Il y avait un groupe s'appelait Canada et qui chantait "Mourir les sirènes" dont le chanteur est Gildas Arzel et je suis très lié, encore, à lui. Et, le clavier de ce groupe était Erick Benzi. Et, je cherchais, ensuite, j'ai cherché un arrangeur, un co-arrangeur pour collaborer avec moi et j'avais un portrait robot, un peu, de ce co-arrangeur. Fallait quelqu'un qui m'apporte beaucoup sur le plan des rythmiques, des programmations, sur le plan des sons de claviers, quelqu'un qui joue des claviers. Et j'ai écouté quelque cassettes, par hasard, du travail personnel qu'il faisait et c'était exactement ce que je recherchais. Donc, on a commencé à travailler, d'abord, sur 2 ou 3 chansons et maintenant je fais tout avec lui.

[Je marche seul]

Christophe Nicolas : Même après avoir passé un week-end avec vous, Jean-Jacques, c'est pas facile d'en savoir plus sur vous, sur le personnage. Ça reste toujours un petit peu mystérieux. Vous ne vous livrez pas facilement mais ça, on le sait. On le sait avant de vous rencontrer, on le sait déjà. Hein ?! Si on vous a rencontré, comme moi, il y a quelque années. Est-ce que vous avez le sentiment que vos chansons changent la vie ? Comme disait le petit cordonnier, il y a quelque années, dans une de vos chansons, justement. Est-ce que vous vous en rendez compte, parce que moi, je l'affirme, change la vie de certaines personnes ?

Jean-Jacques Goldman : Moi, j'ai deux sentiments assez clairs là-dessus. Je pense pas du tout qu'elles changent la vie mais je pense qu'elles sont très présentes dans la vie de certains. Voilà.

Christophe Nicolas : Certaines plus que d'autres ? Ce sont quoi ? Plutôt les lentes ? Plutôt les chansons d'amour ? Plutôt les chansons rapides ?

Jean-Jacques Goldman : Chacun les choisit. En général, les gens sont plus attachés aux chansons lentes. Mais, je sais, les témoignages que je reçois, parfois, qui sont extrêmement touchants, sont, sur le fait que certaines chansons ont accompagné certains moments de l'existence ou des moments gais, ou des moments tristes. Et, pour moi, c'est le rôle d'une chanson et, pour moi, c'est extrêmement gratifiant et ça justifie tout le travail qu'on peut faire.

Christophe Nicolas : Pour ce nouvel album, "En passant" on a dit que c'était 11 belles cartes postales à conserver. Ça vous convient comme définition ?

Jean-Jacques Goldman : Ça me convient mais on peut en jeter quelques unes et conserver une. Déjà, si on conserve une à laquelle on est spécialement attaché, je trouve, c'est très privilégié pour moi de pouvoir faire ça.

[Sache que je]

Christophe Nicolas : Allez, on va terminer ce week-end spécial Jean-Jacques Goldman avec "On ira". Toujours cette envie de partir qu'on retrouve dans plusieurs chansons de vous, Jean-Jacques. Un jour, vous allez le faire. Qu'est-ce qu'on va devenir, nous ? [rires].

Jean-Jacques Goldman : Je vous emmène. [rires]

Christophe Nicolas : Eh bah dis donc ! Là-bas, où tout est neuf, tout est sauvage. c'est vrai que "On ira" on la compare un peu à "Là-bas", hein ? Je suis pas le premier à le faire. Sauf que, là, vous ne partez pas tout seul, en fait. est-ce que c'est une sorte de suite ? Est-ce que c'est une petite cousine de "Là-bas" ? Dans le thème abordé.

Jean-Jacques Goldman : Je pense que plus qu'une chanson sur la personne que j'emmène, c'est une apologie des routes. Le fait de dire que le plus important n'est pas la destination. C'était valable aussi dans "Puisque tu pars". Sur pas mal de chansons, c'est le fait de se dire que "peu importe d'où on vient et où on va". Même si on en garde des traces et la mémoire, mais le plus important c'est finalement la route pour aller d'un endroit à l'autre.

Christophe Nicolas : Je pensais à ce petit clin d'oeil à "Là-bas" parce que vous reprenez la phrase "Même si tout est joué d'avance". Evidemment, c'est volontaire. Mais il y a des phrases fétiches ou des mots fétiches, comme ça, qu'on retrouve dans certaines de vos chansons ?

Jean-Jacques Goldman : Certainement. J'ai pas fait une étude de texte très précise.

Christophe Nicolas : Là, c'est fait exprès ?

Jean-Jacques Goldman : Oui. C'est une référence à cette envie de partir. Et, puisque tout est joué d'avance, à forcer un peu le destin, quoi.

Christophe Nicolas : D'accord. Et cette chanson on la retrouvait dans le dernier album solo avant celui-ci, "En passant", de Goldman. C'était "Entre gris clair et gris foncé". Alors, partir, c'est bien beau mais vous allez partir en tournée ou pas ? C'est prévu ?

Jean-Jacques Goldman : Oui, oui. Oui, oui. On va probablement commencer à tourner vers le mois de mars jusqu'à je ne sais pas quand. On va retrouver les routes. Mais les gens aussi.

Christophe Nicolas : On ira vous voir. et on vous remercie, Jean-Jacques, d'avoir passé tout ce week-end avec nous sur Nostalgie. A bientôt.

Jean-Jacques Goldman : Ce fut un plaisir. Merci à vous.

[On ira]


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