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Quelques mots "en passant"
(l'Est Republicain, septembre 97)

Quelques mots "en passant"
l'Est Republicain, septembre 97
Jean-Paul Germonville

Séduisant retour solo de Jean-Jacques Goldman avant de prendre la route aux côtés de Gildas Arzel, en attendant une tournée en son nom propre, au printemps prochain.

L'Est Républicain : "En passant" marque votre retour solo, sans Carole Fredericks et Michael Jones.

Jean-Jacques Goldman : Les chansons commandent. Notre groupe était né parce que je composais des duos et des trios. J'avais envie de marier ces voix. Peut-être parce que j'avais fait beaucoup d'albums solitaires. Apres dix ans passés ensemble, j'ai peut-être fait le tour.

Jean-Paul Germonville : Après "Rouge", album musicalement très riche pour poser un regard sur le monde, on a l'impression de revenir à plus d'intimité.

Jean-Jacques Goldman : Ça ne me semble pas illogique. Je n'y suis pour rien. Je compose dix ou onze chansons qui me viennent sans qu'existe un concept de départ. Je n'en avais pas plus pour "Rouge". Je me suis simplement rendu compte à la fin que cette couleur était partout présente. Les onze titres de "En passant" sont effectivement un peu plus personnels. C'est comme ça !

Jean-Paul Germonville : On glisse de séquences intimistes à des considérations plus vastes sur le monde.

Jean-Jacques Goldman : Des thèmes viennent durant les trois ou quatre années écoulées entre chaque album. Certains s'imposent peu à peu. Je ne vois pas, effectivement, le rapport entre le côté abstrait de "Nos mains" et celui, au contraire très concret de "Tout était dit". Mais dans un certain sens, on y retrouve le pouvoir des apparences. Dans la seconde, il est dit que contrairement au proverbe, il faut se fier aux apparences. "Les mains" finalement parle de la même chose. En fonction de ce qu'on montre d'elles, le dos ou la paume, le geste est plein de signification.

Jean-Paul Germonville : Un autre titre, "Muraille", évoque l'usure d'un amour, d'un certain monde du travail.

Jean-Jacques Goldman : Le genre de chanson qu'on ne peut écrire qu'à 46 ans... pas à 20 !

Jean-Paul Germonville : Un sujet d'actualité.

Jean-Jacques Goldman : Un monde se termine alors qu'on a cru qu'il durerait toujours. La mine était même devenue une culture qui se transmettait de génération en génération. On ne peut pas vivre sans cette idée permanente d'éphémère.

Jean-Paul Germonville : Un sentiment qu'on n'a pas à 20 ans ?

Jean-Jacques Goldman : Non, je ne crois pas. A cet âge-là, quand on est amoureux, on est absolument persuadé que ça durera toujours. Si quelqu'un dit "Regardez les statistiques", la réponse est toujours la même : "Nous, c'est pas pareil !" Les statistiques ne font rien croire à 20 ans.

Jean-Paul Germonville : La vie se charge d'apprendre !

Jean-Jacques Goldman : L'expérience, le constat de certaines vérités.

Jean-Paul Germonville : Et cette autre chanson, l'histoire du "Coureur" ?

Jean-Jacques Goldman : Vous regardez les Championnats du Monde d'Athènes, par exemple, et tout d'un coup vous voyez le sourire de Gebre Sellassie à la fin. Et vous vous rendez compte qu'il s'agit du sourire d'un type d'un autre monde, quelqu'un de transposé violemment dans un univers de contrats, de caméras, de milliards de téléspectateurs. Il s'agit d'un villageois éthiopien qui courait, on peut l'imaginer, parce qu'il y a avait 20 km entre sa demeure et l'école à faire chaque jour. J'ai trouvé touchant ce paradoxe, sans porter un jugement de valeur d'ailleurs.

Jean-Paul Germonville : Comment ne pas penser à des sociétés comme la nôtre ou, après avoir décelé un talent, on fabrique de véritables machines à courir pour ne citer qu'elles.

Jean-Jacques Goldman : Comme on a fait de vous une machine à poser des questions et de moi, une machine à faire des chansons. La société nous modèle. Est-ce un bien, un mal ? Je n'en sais rien. Avec le temps je ne trouve pas ça négatif. Si le type retourne au pays, il est content d'avoir vécu tout ça. Il a vu d'autres pays, rencontré d'autres gens ! Surtout quand on sait que dans ce sport ils ne sont pas dopés. Ce n'est pas un hasard s'ils viennent tous du Kénya, d'Ethiopie, ils apportent une touche de fraîcheur à ce milieu.

Routards

Jean-Paul Germonville : En tournée, vous avez le temps de voir les pays où vous vous produisez ?

Jean-Jacques Goldman : On y arrive d'ailleurs mieux dans ce contexte particulier qu'en touristes. Parce qu'on a forcément des contacts avec les gens, ne serait- ce que par des contraintes techniques, médiatiques, etc. On a passé quinze jours ou trois semaines au Vietnam pour donner deux concerts. Le reste du temps, on était dans les Alliances francaises où à se promener. Nous avons vraiment été en contact avec les étudiants vietnamiens.

Jean-Paul Germonville : Une découverte du pays par l'intérieur.

Jean-Jacques Goldman : Probablement mieux que si j'avais été dans un voyage organisé.

Jean-Paul Germonville : On peut aussi partir à l'aventure, avec pour tout bagage un sac à dos.

Jean-Jacques Goldman : Je ne sais pas si on arrive si bien que ça à connaître un pays, ne serait-ce qu'à cause du problème de la langue. J'ai beaucoup pratiqué cette formule, aux Etats-Unis, au Mexique, en Yougoslavie, presque dans toute l'Europe, à une époque où il était moins dangereux de faire du stop, et je pense qu'on est surtout en contact avec des routards.

Jean-Paul Germonville : Des événements vous ont frappé lors de ces voyages, au point d'inspirer des chansons.

Jean-Jacques Goldman : En dehors des choses inconscientes qui peuvent en découler, deux titres comme "Tout petit monde" et "Que disent les chansons du monde ?", en parlent. C'est peut-être un peu bateau de le rappeler, mais nous sommes semblables. Les préoccupations d'un Esquimau sont les mêmes que celles d'un Pygmée. Il y a de l'alcool, de l'amour, de la sexualité, des craintes, des rapports de force, des enfants, la nature, Dieu.

Jean-Paul Germonville : Et le monde tourne mal !

Jean-Jacques Goldman : Je trouve qu'il va plutôt mieux qu'avant. Ça peut paraître cynique, mais la mortalité infantile baisse, la faim dans le monde baisse. L'Inde arrive presque à l'autosuffisance alimentaire. Les démocraties ne perdent pas de terrain. Le monde a toujours été très mal. Le statut de la femme même s'il est épouvantable, a tendance à s'améliorer plutôt que régresser. C'est lent mais on ne va pas vers un pire. Il y a moins de guerres, nous sommes une génération qui ne l'a jamais connue. La première, probablement, dans l'Histoire de France.

Jean-Paul Germonville : L'éclairage médiatique se fait surtout en direction des endroits où ça va mal.

Jean-Jacques Goldman : En effet, on égorge des femmes et des enfants à une heure d'avion de chez nous. Effectivement, ça ne change pas grand chose pour eux de savoir que globalement, on va vers un mieux.

Jean-Paul Germonville : On parle de Gildas Arzel avec qui vous allez partir en tournée après avoir assuré la production artistique d'un album.

Jean-Jacques Goldman : Pendant quinze ans, j'ai joué derrière d'autres chanteurs et j'ai aimé ça. C'est parti d'une envie. Si ça peut lui être utile, tant mieux. Moi je le fais vraiment par plaisir. J'ai déjà joué avec lui à différentes occasions. Le fait d'être derrière quelqu'un comme Gildas, qui est un immense chanteur et un immense guitariste, est un privilège.

Boy's band

Jean-Paul Germonville : Vous préparez des compositions pour d'autres interprètes ?

Jean-Jacques Goldman : Je dois faire le prochain album de Céline Dion. Pour l'instant, rien d'autre n'est prévu.

Jean-Paul Germonville : Vous aviez vraiment envie d'écrire pour elle ?

Jean-Jacques Goldman : C'est la seule à qui je l'ai proposé. Je suis content que les gens se rendent compte maintenant quel talent elle a. Cela faisait quinze ans qu'elle se produisait en France sans succès... On devrait enregistrer en janvier - février prochain.

Jean-Paul Germonville : La personnalité de l'interprète influe sur votre écriture ?

Jean-Jacques Goldman : Je réfléchis ! Khaled me demande une chanson, qu'est-ce que je peux lui faire ? Je pense à son style, en quoi il peut être conciliable avec ce que j'écris. J'essaie de faire une espèce de soul pour "Aicha", un peu plus disco sur "Le jour viendra", avec des textes qui me semblent être dans ses préoccupations. J'hésitais à lui faire un reggae et, finalement, il est allé enregistrer certaines choses en Jamaïque. Ce n'est pas étonnant, il y a des rapports entre les musiques.

Jean-Paul Germonville : Le succès de Khaled est très étonnant par rapport aux préjugés du public. "Carte de séjour" puis Rachid Taha ne l'ont jamais connu.

Jean-Jacques Goldman : Pourquoi dites-vous ça ? Chaque jour, 50 disques de Français sortent et un seul marche. Pourquoi ça ne serait pas la même chose ? Peut-être que Rachid Taha et "Carte de séjour" font des trucs qui ne plaisent pas aux gens. C'est comme les noirs qui disaient à une époque : "Tu ne veux pas coucher avec moi parce que tu es raciste". La fille peut simplement ne pas avoir envie parce qu'il ne lui plait pas ! Pourquoi voir tout de suite une sanction xénophobe ou politique. Taha, je le trouve privilégié par rapport à d'autres. Ses clips ont été largement diffusés. Il y a actuellement un boy's band avec un gars qui s'appelle Jamel et ça plait énormément aux filles...

Jean-Paul Germonville : Parlant de boy's band, "World's Apart" a repris un de vos succès. Une façon, selon certains médias de conquérir le public français.

Jean-Jacques Goldman : Je ne sais pas si ça a été expliqué de cette façon. Le jeune type qui s'occupait d'eux m'a appelé un jour en expliquant : "Je suis dans la musique à cause de vous. Je manage un groupe et j'aimerais qu'il reprenne "Je te donne". Avant d'écouter la chanson, j'ai dit : "Vous n'avez pas à me demander mon avis" (légalement, si demain on veut chanter une chanson des Beatles, je n'ai pas à solliciter leur autorisation). Ensuite, je trouve qu'une chanson n'est pas sacrée. J'ai tellement joué celles des autres. Je ne suis pas sûr que Mick Jagger aurait aimé ma version de "Honky Tonk women", mais je le faisais avec tellement d'enthousiasme. Il n'y a rien de plus beau pour un auteur- compositeur que de voir ses chansons reprises. Je n'émets pas de jugement.

Optimiste

Jean-Paul Germonville : La chanson est un art mineur ?

Jean-Jacques Goldman : Très méprisé par la presse. Pas toute la presse ! J'ai lu dans "Libé", il y a quelques jours, à propos d'Elton John : "Le chanteur moumoute". Je ne pense pas qu'on dirait ça d'un écrivain ou d'un homme politique. On peut voir aussi des choses comme "la putasse" pour une chanteuse. Je n'ai jamais lu des termes de la sorte, ni pour un condamné à mort, ni pour un peintre.

Jean-Paul Germonville : Il y a sur l'album une chanson intitulée "Bonne idee" qui commence de façon amusante, avec une certaine ironie.

Jean-Jacques Goldman : Je ne sais pas si c'est très ironique. Ou alors dans un sens qui n'est pas péjoratif. On ne sait pas trop pourquoi on est sur terre mais on a plein de raisons d'en être heureux : la montagne, boire un café. Plein de choses simples !

Jean-Paul Germonville : Vous êtes finalement très optimiste.

Jean-Jacques Goldman : Oui. Ça ne se sent peut être pas beaucoup dans mes chansons... Quoique ! Je suis très heureux d'être là.

Jean-Paul Germonville : Plein de gens ne partagent pas cet état d'esprit.

Jean-Jacques Goldman : C'est dommage.

Jean-Paul Germonville : Les médias entretiennent la sinistrose !

Jean-Jacques Goldman : Je trouve qu'ils sont irresponsables. Je veux dire qu'ils ne sont ni méchants ni gentils. Juste rien ! Ils ont un truc à faire pour le lendemain et il n'y a pas de réflexion globale. Ils suivent juste le courant. Il n'y a pas de recul du tout. Juste l'impression de gens qui sont aux abois, en danger de mort. Ce qui est vrai : la presse écrite, la radio et la télé sont très difficiles. On leur pardonne, mais qu'elles ne donnent pas de leçons.


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