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Pourquoi ils gagnent plus que les autres
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Pourquoi ils gagnent plus que les autres
VSD, 5 au 11 octobre 2000
Pénélope Grimaldi
Retranscription de Monique Hudlot
A l'heure où les grands patrons font état de leurs revenus dans les journaux, nos stars du show-biz pratiquent une transparence à la soviétique : parlez de leur argent à Goldman, Obispo, Farmer, nos meilleurs chanteurs se trouvent soudain sans voix…
Plus de vingt ans après ses débuts, Jean-Jacques Goldman, numéro un de la chanson française - c'est lui qui fait le meilleur score en ventes cumulées -, a le succès discret. Chez lui, les affaires se font en famille : l'artiste a confié ses intérêts à son frère Robert. C'est ce dernier qui, en 1994, a renégocié le contrat de "JJG" avec Sony, sa maison de disques. De 32 % - taux déjà exceptionnel (un artiste confirmé dépasse rarement les 20%) -, les royalties de Goldman sont passées à 37/38 %.
En clair, sur chaque CD vendu (80 francs environ) par Sony à un détaillant, le chanteur reçoit entre 28 et 30 francs. A plus d'un million d'exemplaires par album, ça fait, chaque fois, dans les 30 millions de francs. Un joli pactole, auquel il faut ajouter les droits qu'en tant qu'auteur-compositeur-éditeur de musique il reçoit de la Sacem deux fois par an. En 1999, ses tubes ont été diffusés 28 000 fois à la radio. On peut estimer à 10 millions de francs au minimum la somme que lui ont rapportée ces passages. Somme que l'on peut aisément multiplier par deux car JJG écrit aussi pour d'autres : de grosses pointures comme Khaled, Patricia Kaas ou Florent Pagny. Et surtout Céline Dion : pour elle, il a composé deux albums francophones écoulés, en tout, à 9 millions d'exemplaires.
Deux fois par an, Jean-Jacques Goldman perçoit aussi les droits de la SDRM (Société pour les droits de reproduction mécanique) : pour un million de disques vendus, Sony reverse 9 % de la somme gagnée à la SDRM, qui la reverse à son tour à Goldman, soit plus de 7 millions de francs par album… Tout cet argent, il faut bien le réinvestir.
Avec son frère, JJG s'est lancé dans les affaires. En 1998, JSM Music, la société qui produit ses concerts, a généré 20 millions de francs de bénéfices supplémentaires. Jean-Jacques a alors placé quelques billes dans l'immobilier, domaine sur lequel il préfère rester discret. Et le plaisir dans tout ça ? Allergique jusqu'alors à tous les signes extérieurs de richesse, JJG a fait, il y a quelques mois, une folie. Il a craqué pour l'ex-hôtel particulier de Pierre Schlumberger, près du jardin du Luxembourg. Une sublime demeure du XVIIIe siècle, comprenant, entre autres, une bibliothèque en écaille… et une boîte de nuit. Quittant son pavillon de Montrouge, il a récemment posé ses valises dans cette demeure, nettement plus digne d'une telle fortune, et il compte bien y installer un studio d'enregistrement.
Dans le même registre, mais quand même quelques tons en dessous : Pascal Obispo. Lui aussi empile les casquettes d'auteur-compositeur- éditeur. En 1992, il vend 200 000 exemplaires de "Plus que tout au monde". Deux ans plus tard, "Un jour comme les autres" dépasse les 400 000 exemplaires. En 1996, il franchit le million d'albums avec "Superflu" (1,3 million d'exemplaires vendus). Obispo touche 10 % à 15 % de royalties sur le prix de gros. Ce qui fait entre 10 et 16 millions de francs par album. Le CD live issu de la tournée "Superflu" s'est vendu à 550 000 exemplaires, soit plus de 4 millions de francs. "Soledad", sorti il y a quelques mois, s'est déjà écoulé à 500 000 exemplaires.
Pascal Obispo est, lui aussi, un compositeur qu'on s'arrache. Il y a trois ans, avec son complice, Lionel Florence il écrit "Savoir aimer" pour Florent Pagny, l'une des dix chansons françaises génératrices des plus gros droits Sacem pour l'année 1999. Un an plus tard, il remet ça pour Johnny avec l'album "Ce que je sais" : 600 000 exemplaires vendus. La musique de "Sous le soleil", la série de TF1, c'est lui. Celle de la comédie musicale "Les Dix Commandements", également. Résultat : 200 000 exemplaires partis depuis sa mise en vente, il y a deux mois. Obispo peut se frotter les mains : les réservations au palais des Congrès ont dépassé le chiffre des 100 000.
En 1996, il a créé Pilotis, qui regroupe sa société d'édition (Laurelenn) et sa maison de production (Atletico) : plus de 2 millions de francs de bénéfice en 1998. De quoi assouvir sa passion pour les Porsche et les BMW. De quoi, aussi, s'offrir, pour près de 7 millions de francs, l'ancien hôtel particulier de Jeane Manson, dans le 20e arrondissement de Paris.
Autre grosse réussite de la chanson française : Mylène Farmer. L'égérie aux cheveux rouges des ados dépressifs n'est pas seulement auteur-compositeur-éditeur, elle est également productrice de ses albums. Universal, sa maison de disques, se contente de les distribuer. Ses quatre premiers CD ont tous dépassé le million d'exemplaires. Le dernier, "Inamoramento", suit le même chemin. Quant à son album live, il s'est envolé à 900 000 exemplaires, un record ! Que fait Mylène de ses sous ? De l'argent, évidemment. La star, qui a du flair, a récemment produit Alizée, une gamine de 16 ans repérée au printemps dernier dans l'émission "Graines de stars". Son single "Moi, Lolita" est aujourd'hui numéro un des ventes.
Une opération savamment orchestrée : le single est sorti sous huit formes différentes (mixé, remixé, re-remixé; etc.). Résultat : 500 000 exemplaires vendus. L'album, annoncé pour la fin octobre, devrait connaître le même succès. De quoi voir venir et nourrir sa seule passion connue : deux singes capucins…
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