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Fréquenstar
(M6, dimanche 16 décembre 2001)

Fréquenstar
M6, dimanche 16 décembre 2001
Laurent Boyer
Retranscription de Nadine Bellec, Dominique Fontvieille, Loïc Landais,

[Présentation de l'émission sur fond musical avec l'introduction de "les choses". Zep dessine le nom de Jean-Jacques Goldman.

Pendant que Laurent Boyer parle défilent plusieurs prises de vue durant l'enregistrement de l'émission : Jean-Jacques Goldman devant le piano de son studio et Laurent Boyer ; Jean-Jacques Goldman dans sa cuisine avec dans une main une casserole, dans l'autre une guitare ! Jean-Jacques Goldman et Michael Jones jouant de la guitare autour de la table de cuisine. La cuisine est agréable, simple et confortable. Le noir et le blanc sont ainsi mariés que l'on ressent un climat chaleureux même à travers l'écran. Cela semble être plus qu'une cuisine puisque en même temps qu'une cafetière expresso, on aperçoit une télévision, une chaîne stéréo, des disques compacts, des piles de dossier et bien sûr, un bonzaï !

Laurent Boyer en voix off : Quatre ans après l'album "En passant", Jean-Jacques Goldman revient plus surprenant que jamais. Pour un Fréquenstar exceptionnel, il nous accueille chez lui dans son studio et dans sa cuisine. Habituellement secret, Jean-Jacques se livre. Il nous parle de son dernier album "Chansons pour les pieds" qui revisite tous les styles de danses avec des images inédites de l'enregistrement. Enfin, Goldman à cœur ouvert : ses réflexions, ses états d'âmes, ses engagements et pour les illustrations du livret, c'est le dessinateur de BD "Zep" : c'est lui !

Première page du livret réalisée par Zep, puis Zep dans une pièce mansardée qui griffonne avec art "Laurent Boyer"]

Laurent Boyer : Jean-Jacques Goldman, merci de nous recevoir pour la sortie du nouvel album…, nous recevoir chez toi ! Ça c'est rare !

Jean-Jacques Goldman : Oui.

Laurent Boyer : On est dans ta cuisine !

Jean-Jacques Goldman : C'est parce que j'avais la flemme d'aller ailleurs, c'est tout !

Laurent Boyer : Tu vis entre le sud et Paris.

Jean-Jacques Goldman : Oui.

Laurent Boyer : C'est ça, mais une bonne partie de la vie ici quand même ! A Paris, où le dernier album a été, j'allais dire, un peu enregistré aussi quoi.

Jean-Jacques Goldman : Oui !

Laurent Boyer : C'est étonnant quand même, enregistrer un album chez soi, ça se fait ?

Jean-Jacques Goldman : Ça, c'est les possibilités de la technologie. Je veux dire : avant, on était vraiment très…, un peu prisonniers des machines qui étaient lourdes, qui étaient nombreuses, et qui étaient grosses. Maintenant tout tient dans un ordinateur, donc on peut se promener avec les studios…

[Tandis que Jean-Jacques Goldman parle on le voit en train de travailler en studio, puis ensuite c'est un ballet de pieds qui battent la mesure, sûrement ceux des musiciens sur l'introduction du titre "Tournent les violons"]

Laurent Boyer : L'album "Chansons pour les pieds" déjà, c'est étonnant ? Qu'est-ce qui t'a pris ?

Jean-Jacques Goldman : C'est un album qui est un hommage aux musiciens qui s'adressent aux pieds, qui font danser les gens, les musiciens du quotidien, les musiciens des places de village. Quelles que soient les époques, puisqu'il y a une gigue, il y a une tarentelle. Ce n'est pas forcément une musique très moderne. En tout cas, je trouve qu'il y a quelque chose de beau et de digne dans le musicien de bal, le musicien qui est au service des relations des gens.

Laurent Boyer : En 98, on s'était rencontrés, et tu m'avais fait une déclaration. Regarde bien la déclaration que tu faisais en 98.

[Jean-Jacques Goldman regarde sur l'écran de télévision de la cuisine où passe la cassette dont parle Laurent Boyer]

Jean-Jacques Goldman : Mes chansons passaient beaucoup dans des bals ou des choses comme ça. Elles avaient, elles étaient faites essentiellement pour danser. C'est ce que je voulais aussi.

Laurent Boyer : Pour danser ! D'ailleurs, tu le dis encore maintenant. Tu dis : Je vais peut être me faire un album de danse un jour. Vous ne saurez pas qui je suis, mais je vais en faire un !

Jean-Jacques Goldman : Oui, je trouve ça … ! C'est trop bien ça ! Je trouve que c'est ce qu'il y a de plus noble !

Laurent Boyer: Voilà ! Tu trouves de la noblesse !"

Jean-Jacques Goldman : Voilà ! Ce qu'il y a de plus noble, c'est les gens qui font danser les gens ! Les gens qui font danser les autres : voilà.

[Fin de l’extrait du Fréquenstar 1998. On revient à l'interview dans la cuisine]

Laurent Boyer : Est-ce que c'est cet album là justement ?

Jean-Jacques Goldman : Oui, je ne souvenais plus trop de ça, je savais que je pensais ça déjà à ce moment là, mais je ne me souvenais pas de cette séquence là, mais oui ! Elle explique très bien… Ça, c'était après "En passant" ?

Laurent Boyer : C'est au moment de la sortie de "En passant".

Jean-Jacques Goldman : "En passant" qui est un peu un album contraire à ça, qui est plus, un album intimiste qui s'écoute assis. Ça, c'est effectivement un album qui s'écoute plus debout !

Laurent Boyer : Ça, je te confirme ! Il y a un swing lent, il y a un zouk lent, une ballade, du disco, du rythms and blues et puis une première chanson qui est "Ensemble" où là, on est extrêmement surpris : c'est, un canon façon scout.

Jean-Jacques Goldman : Et une chorale !

[Extrait des Fous Chantants, Alès, août 2001 : Jacky Locks, chef de chœur au théâtre du Cratère lors de l'interprétation en public. Puis extrait des répétitions]

[Laurent Boyer en voix-off : Eté 2000, Jean-Jacques Goldman est l'invité du Festival des Fous chantants d'Alès. Près de 1 000 choristes amateurs interprètent ses chansons. Sous le choc, Goldman fait alors une promesse :

Jean-Jacques Goldman en son et en image avec les choristes d'Alès 2000, son blouson de cuir noir et une main dans la poche de son jean, de l'autre avec le micro, il déclare ému : Un jour, j'écrirai une chanson qui s'appellera simplement Ensemble, ça j'en suis sûr ! Et vous saurez précisément quand et où elle est née !

Quelques images de l'enregistrement de la chanson en studio par Jean- Jacques Goldman et du travail sur place à Alès où l'on voit Jean- Jacques Goldman avec ses lunettes en plein travail sur les textes ou les notes et avec les choristes.

Laurent Boyer en voix off : Un an après, le 27 juillet 2001. Jean- Jacques revient à Alès pour enregistrer avec les 1 000 choristes du festival. Le premier single de l'album "Chansons pour les pieds" s'appellera "Ensemble".]

Laurent Boyer : L'exploitation pareille, l'exploitation du canon dans une chanson ? Ce n'est pas tous les jours non plus !

Jean-Jacques Goldman : Souchon avait fait Rame et on l'avait chanté aux Enfoirés, c'était super ! On avait adoré faire ça !

Laurent Boyer : Est-ce que c'est ça qui t'a… ?

Jean-Jacques Goldman : Ça m'a…, non mais moi, j'ai chanté des canons pendant toutes mes périodes de scoutisme et après, quand j'ai entendu Rame, ça m'a redonné envie de le faire. Enfin quand j'ai entendu…, quand on l'a chantée : j'ai pris beaucoup de plaisir.

[Extrait de la soirée des Enfoirés 1997 qui commence par "Rame", interprétée au départ par Jean-Jacques Goldman et Patricia Kass, d'une part, Laurent Voulzy et Vanessa Paradis, d'autre part]

[Retour à la cuisine]

Laurent Boyer : Bon, alors je vais revenir à la conception de cet album ? Je vais te filer une cassette, tu vas y aller, tu vas aller la mettre et regarde !

Jean-Jacques Goldman : Je suis sûr, tu vois, je suis vraiment voyant, je suis sûr que c'est un message de Zep !

[Image de Zep (dessinateur et créateur de Titeuf) dessinant Titeuf. Il est toujours filmé dans cette pièce mansardée]

[Laurent Boyer en voix off : Bien joué Jean Jacques ! Pour le livret de son nouvel album Goldman a fait appel à Zep ! Zep, c'est le dessinateur du héros de bande dessinée Titeuf. Comme à son habitude, Goldman a également soigné l'emballage de "Chanson pour les pieds"]

Zep : Je trouvais marrant cet hommage à la danse. Je me suis dit : Tiens, c'est rigolo !". Donc moi je lui ai fait un petit truc. Ma première réponse à ça, ça a été un petit dépliant [quelques extraits inédits défilent à l'écran] où on voit Jean-Jacques qui danse justement, qui danse tous les styles de danse : la rumba, du disco, du zouk de la house, et tout ! Et puis il est comme ça dans toutes les positions, il danse, il rappe sur la tête et à la fin, il a un lumbago et il convoque toute la presse et là, il dit : le prochain album s'appellera "Chansons pour le dos". Et, j'ai fait ça, il s'est marré mais il m'a dit "mais ça non, quoi ! Ça, je ne veux pas de ça dans l'album, parce que c'est moi caricaturé". Et puis, il ne voulait pas faire de lui un personnage de bande dessinée.

[Croquis de Jean-Jacques en train de regarder la télévision avec un casque sur la tête : pour écouter de la musique ! Puis c'est un croquis "A la maison"]

Zep reprend : La demande c'était : "Viens passer une semaine avec nous, et dessine ! Il en sortira ce qu'il en sortira et on verra bien".

[Tandis que le livret est feuilleté, on découvre des images comme celles de la page 28, page 25, page 13, page 29 du livret de "Chansons pour les pieds"]

[Laurent Boyer en voix-off : le dessinateur a donc suivi Jean-Jacques Goldman pendant les huit mois d'enregistrement de l'album. Il a croqué toutes les ambiances pour réaliser un carnet de voyages et illustrer les thèmes des chansons. Et c'est à découvrir tout au long de ce "Fréquenstar"]

Zep : Dès qu'on est dans son intimité, c'est quelqu'un de normal, donc il fait le con aussi, il s'énerve, il s'impatiente, il est…. Non, c'est assez naturel.

[Jean-Jacques Goldman rit en voyant Zep qui lui tend une feuille à travers l'écran et qui lui dit : Tiens, Jean-Jacques pour que tu n'oublies pas d'arroser ton bonzaï !]

Laurent Boyer tend la feuille de Zep : Tiens, Jean-Jacques, pour que tu n'oublies pas d'arroser ton bonzaï !

[Croquis de Jean-Jacques Goldman contemplant son bonzaï avec un fond de musique]

Laurent Boyer : Ça, c'est le, c'est ce qui fait cette pochette, c'est Zep. Alors bon, le bonzaï est là !

Jean-Jacques Goldman : J'en ai un autre qu'est mort. Celui qu'il a montré.

Laurent Boyer : Il est raide ?

Jean-Jacques Goldman : Je ne l'ai pas assez arrosé !

Laurent Boyer : Il a laissé trois éléments à toi : le bonzaï, une pantoufle…

Jean-Jacques Goldman : Ça c'est…

Laurent Boyer : Mais attends, c'est quoi ?

Jean-Jacques Goldman : Ben, c'est l'avantage de faire des disques à la maison, c'est que le matin tu te mets en pantoufles.

Laurent Boyer : Elle existe la pantoufle ?

Jean-Jacques Goldman [ironique] : Non, non ! Il en existe deux, une pour chaque pied !

Laurent Boyer : C'est comme les oreilles ! Donc, il y a un bonzaï, une pantoufle et les spaghettis ! [que l’on retrouve page 25 du livret de l’album]

Jean-Jacques Goldman : Je suppose que, oui… Il est venu quelques jours…

Laurent Boyer : Je te rappelle, c'est ta pochette !

Jean-Jacques Goldman : Il est venu quelques jours à la maison, et c'était trois objets récurrents. C'est peut être une façon de dire qu'il en avait marre de manger des spaghettis tout le temps !

Laurent Boyer : Eh ben moi, je me ferai bien des spaghettis ici ! On est dans ta cuisine ! On se fera des spaghettis ? Tu sais les faire ?

Jean-Jacques Goldman : Les spaghettis, il n’y a pas d'heure pour les spaghettis !

Laurent Boyer [tandis que Jean-Jacques Goldman prend une casserole] : Oui, alors, je reviens sur mon album concept. Tu sais ce que je me disais à l'écoute de l'album ? Je te laisse faire !

Jean-Jacques Goldman : Vas-y !

Laurent Boyer : Je me disais : Goldman, il a fait son "Sergent Peppers".

Jean-Jacques Goldman, à l'attention du cameraman [et donc à l'attention de tous ceux qui le regardent] : Il faut de l'eau, donc il faut allumer le robinet ! [S'adressant à nouveau à Laurent Boyer, qu’il n’éctoutait pas] : Oui, pardon ?

Laurent Boyer : Je disais, Goldman, il a fait son "Sergent Peppers" !

Jean-Jacques Goldman au dessus du fourneau, perdu avec les boutons de la gazinière : Mais comment tu analyses "Sergent Peppers" ?

Laurent Boyer : Parce que c'est une façon de tout faire chez les…

Jean-Jacques Goldman déplace la guitare et s’adresse à la caméra : Il ne faut pas cuire la guitare !

Jean-Jacques Goldman qui a mis la casserole sur une des plaques électriques et cherche ou le bouton, ou vérifie le bon réglage pour que ça chauffe, puis revient à Laurent Boyer : Pardon, oui ?

Laurent Boyer : Il se trouve que les Beatles, ils ont tout fait sur Sergent Peppers. Ils ont montré… Il y a un échantillonnage, c'est très éclectique, et c'est… Il y a même une fanfare aussi.

Jean-Jacques Goldman : Eh oui !

Laurent Boyer : C'est plutôt un album réussi des Beatles, je ne sais pas si tu te souviens bien.

Jean-Jacques Goldman : Non non, mais justement, je trouve ça un peu gênant !

Laurent Boyer : Non, mais attends : c'est moi qui le dis, ce n'est pas toi !

[Image de la pochette du disque des Beatles sur le fond musical de l'album "St Peppers Lonely Hearts Club Band"]

[Laurent Boyer et Jean-Jacques Goldman, face à face, dans la cuisine de Jean-Jacques Goldman. Laurent Boyer est assis à table et Jean- Jacques Goldman accoudé a sa cuisine aménagée]

Laurent Boyer : J'en reviens à "Ensemble", ce titre, "Ensemble". Il y a un truc qui est assez étonnant sur "Ensemble", on y retrouve les voix de Maxime Le Forestier et De Palmas.

Jean-Jacques Goldman : Oui.

Laurent Boyer : Qui sont...

[Jean-Jacques Goldman interrompant Laurent Boyer et se retournant vers ses pâtes]

Jean-Jacques Goldman : On va mettre un peu de sel.

Laurent Boyer : Bon et alors pourquoi De Palmas et Maxime Le Forestier sur "Ensemble"?

Jean-Jacques Goldman : Oui, ça aurait pu être d'autres. Mais quand on fait un canon, il faut de belles voix. Des voix qui s'imbriquent. Alors, la voix de Maxime c’est un délice, du genre James Taylor en français. Je savais que si je faisais quelque chose un jour se serait avec lui et Gérald.

["Ensemble" avec Jean-Jacques Goldman, Michael Jones et Maxime Le Forestier en studio]

Gérald De Palmas [chanté] : Tout est plus joli. [Inspire] Quand est-ce qu'on respire dans se truc là, sans déconner ? [Rires]

[Retour dans la cuisine]

Laurent Boyer : Alors à propos de De Palmas tu as fait un titre pour lui qui a été...

Jean-Jacques Goldman : J'ai fait un texte. C'est-à-dire qu’il m’a amené des musiques. Il m'a dit : "Est ce que tu peux faire quelque chose ? Est-ce que tu as une idée ? Je suis un peu bloqué sur les textes !". Alors moi j’ai écouté les musiques et j'ai dit : "celle-ci me plait". Il est venu ici, on a travaillé ici [montrant sa table de cuisine], on a rectifié ici.

[Extrait du clip de "J’en rêve encore"]

Laurent Boyer : Depuis 1980, tu as écrit 85 titres pour 31 artistes différents !

Jean-Jacques Goldman : Ah bon !

Laurent Boyer : Oui, fais le compte.

Jean-Jacques Goldman : Tant que ça !

Laurent Boyer : C'est étonnant, hein !

Jean-Jacques Goldman : Oui, c'est ça que j'adore faire, écrire des chansons !

Laurent Boyer : A la limite, peu importe les personnes qui te les demandent ou… ?

Jean-Jacques Goldman : Non, pas du tout, non. Non, il faut trois choses, d'abord que sa voix me plaise, ensuite que ce soit quelqu’un de sympa. Je n'aime pas travailler juste par intérêt. Je n’en ai pas besoin. Il faut que j’aie envie de fréquenter la personne. Et la troisième chose, il faut que j’aie l'impression de pouvoir lui apporter quelque chose, ce qui n'est pas toujours le cas...

Laurent Boyer : Par exemple ?

Jean-Jacques Goldman : Ou ce qui peut ne plus être le cas. Prenons l'exemple de Johnny. S’il me le demandait, je ne vois pas trop ce que je pourrais lui faire de mieux que les autres, ou de différent que les autres. Je le trouve très bien servi par ses auteurs et ses compositeurs qu'il a pour l'instant. Je ne vois pas trop ce que je pourrais lui apporter pour l'instant. C'est un exemple, parce que c'est quelqu'un avec qui j'ai beaucoup aimé travailler.

Laurent Boyer : Et en revanche, peut-être que tu travaillerais sur le prochain Céline Dion, alors que tu as fait les deux précédents ?

Jean-Jacques Goldman : Non, non, non, pour l'instant on n'en a pas parlé et je ne suis au courant de rien. Mais je sais que si on me le demandait, je ne ferais certainement pas toutes les chansons, en tout cas. Je ne me sens plus du tout capable de faire dix chansons différentes de ce que j'ai fait avant, ou intéressantes pour Céline. Peut être que je trouverais deux - trois idées, mais probablement pas plus.

[Jean-Jacques Goldman se retournant vers ses pâtes]

Jean-Jacques Goldman : Alors bon, là ça bout donc il faut mettre de l'huile d'olive !

Laurent Boyer : Ah !

Jean-Jacques Goldman : Je coupe en deux ce qui est absolument interdit mais je le fais quand même !

Laurent Boyer : C'est son côté révolutionnaire !

Jean-Jacques Goldman : Et tu rajoutes par expérience deux minutes pour que se soit mangeable pour des Français, parce que sinon c'est trop al dente.

Laurent Boyer : Trop italien !

Jean-Jacques Goldman : Mais il faut les manger après !

Laurent Boyer : Si ça s'était arrêté avant. Si tu n'avais pas eu le succès que tu as, est-ce que, quelque part justement, tu n'aurais pas travaillé dans l'ombre, ou tu aurais été un auteur-compositeur pour d'autre, à placer des chansons ?

Jean-Jacques Goldman : Oui, avec plaisir, c'était mon but au départ. Je ne pensais pas du tout faire une carrière de personne connue.

Laurent Boyer : Et Dieu seul sait si tu as du mal parfois avec ce personnage connu ?

Jean-Jacques Goldman : Non, ça va, ça va.

Laurent Boyer : Ça va mieux ?

Jean-Jacques Goldman : Ça a toujours été, on ne va pas se plaindre.

Laurent Boyer : Ne va pas faire de fausse humilité, tu es une référence !

Jean-Jacques Goldman : Franchement, je ne m'en rends pas compte, parce que je sors pas beaucoup, je reste beaucoup chez moi, je me balade en moto, en vélo. Enfin je ne suis pas trop conscient de ses choses là. Sauf, la tendresse des gens à mon égard quand je vais, ou quand je m'arrête dans un village, et que je vais acheter une bouteille d'eau. Mais en dehors de cet aspect qui est éminemment positif, je ne me rends pas bien compte de ce dont tu parles. Franchement, ça ne me pèse pas, quoi.

[Extrait de "Tournent les violons", sur des images de Jean-Jacques Goldman qui égouttes ses pâtes]

Laurent Boyer : Alors sur "Ensemble", on a extrait un mot, pour faire une espèce de jeu de mots. Sur le mot "Ensemble" on a sorti "voyage". C'est évocateur de quoi, voyage ?

[Jean-Jacques Goldman sert les pâtes sans parler]

Laurent Boyer : D'accord, donc je passe à la chanson suivante.

Jean-Jacques Goldman : J'ai dix secondes ? [rires]

[Laurent Boyer se penche sur son assiette de pâtes]

Jean-Jacques Goldman : C'est juste pour goûter. Les voyages, c'est un des premiers actes de l'adolescent qui s'affranchit. Pour moi, les voyages c'est quand je partais en stop, quand j'avais le droit, vers 16 ans, 17 ans.

Laurent Boyer : Aux Etats-Unis, comme tu l'as fait ?

Jean-Jacques Goldman : Au Mexique, en Suède, en Turquie, pour moi c'est lié à ça.

Laurent Boyer : Cette pointe d'huile, pas désagréable ! Ça se passe un petit peu comme ça, quand tu enregistres ? Est-ce que tu a un moment dans la journée où si vous avez faim tu fais des pâtes ?

Jean-Jacques Goldman : On parle moins !

Laurent Boyer : Hein ?

Jean-Jacques Goldman : On parle moins ! [rires]

[Extrait de "Et l'on n'y peut rien" avec des images des musiciens et de Jean-Jacques Goldman en enregistrement]

Laurent Boyer : Deuxième titre, "Et l'on n'y peut rien" . C'est l'amour telle une fatalité ? C'est-à-dire on n’y peut rien ?

Jean-Jacques Goldman : Oui, mais, "fatalité", il y a un côté triste. Alors que là, c'est plutôt humoristique. C'est juste la constatation que pour ce qui est des rapports amoureux, l'amour s'amuse de nous. Il fait des liaisons tout à fait iconoclastes, des choses imprévues, et puis, on n'y peut rien !

Laurent Boyer : Et l'association "thème de la chanson" et "musique" justement sur cette gigue, c'est justement, ça court, ça gambade ?

Jean-Jacques Goldman : Les gigues en général c'est des choses très répétitives !

Laurent Boyer : Tu as envie de danser en même temps.

Jean-Jacques Goldman : Un petit peu dans la tête !

Laurent Boyer : C'est une "Chanson pour les pieds" !

Jean-Jacques Goldman : Voilà !

[Extrait de "Une poussière" en enregistrement]

Laurent Boyer : Ce chant très techno avec des accents berbères derrière, avec des voix, des balades de voix, est-ce qu'il y a une inspiration pour ce titre ?

Jean-Jacques Goldman : Non mais ce ne sont pas des choses qui ont été inventées maintenant. C'est-à-dire que nous, on a traversé le rythm and blues, on a traversé le disco surtout, donc toutes ces musiques de danses. C'est plutôt des références à ça, plutôt que des nouvelles musiques de danses où là je suis un peu largué !

Laurent Boyer : Et qu'est-ce que tu écoutes, alors non mais sans blagues ?

Jean-Jacques Goldman : Je n’écoute pas grand chose, j'écoute beaucoup les infos. Donc voilà, j'ai arrêté d'écouter la musique depuis les chaînes pour infos. Tu sais, parce qu'avant quand tu cherchais les infos à heures fixes, tu étais obligé de tomber sur de la musique. Mais maintenant que tu as des chaînes où tu as des infos tout le temps, j'avoue que je n'écoute que ça !

Laurent Boyer : Ah bon ? Mais tu l’écoutes quand la musique ? Je sais pas, je vois des CD ici, là on est chez toi ?

[Laurent Boyer montre une pile de CD juste à côté de lui]

Jean-Jacques Goldman : Tu vois, ils sont presque tous sous cellophane.

Laurent Boyer : Oui, c'est vrai.

Jean-Jacques Goldman : Et l'autre chose aussi qui m'a fait beaucoup de mal, c'est la moto, parce qu'avant j'écoutais la musique dans la voiture, et depuis que je fais de la moto je n'écoute presque plus de musique.

Laurent Boyer : Ça fait drôle de t'entendre dire : "j'écoute…"

Jean-Jacques Goldman : C'est vrai, je ne suis pas assez curieux pour aller écouter par exemple, profondément ce qu'est la techno, profondément ce qu'est le rap, tout ça… Je ne connais pas bien.

Laurent Boyer : Tes gosses, par contre, t'amènent pas à écouter ça !

Jean-Jacques Goldman : Ils écoutent que ça , eux, déjà. En général, je leur demande de faire moins fort, c'est tout, [sourire] comme tous les parents ! [rires]

[Extraits de "Pas toi" sur scène et en répétitions]

Laurent Boyer : A propos de la dernière tournée, tu t'étais amusé avec une de tes chansons, c'est "Pas toi" dans des versions extrêmement différentes. Est-ce que c'était pas déjà les prémices de quelque chose… [Jean-Jacques Goldman lui coupe la parole]

Jean-Jacques Goldman : Oui, sûrement, sûrement.

[Extrait de"Pas toi" sur scène]

Jean-Jacques Goldman : Chaque mois, je reçois une version de mes chansons, reprise en rap ou avec des versions comme ça, en me demandant des autorisations. Donc finalement ces versions, ce n'est pas moi qui les aient inventées, ce sont des gens qui les ont entendues d'abord. Et après moi, je me suis dit, mais où ça va s'arrêter ? Qu'est ce que je peux faire, pourquoi je ne prendrai pas ce qu'a fait Gainsbourg, c'est-à-dire prendre "Aux armes etc" et le faire en Reggae, tout est possible !

[Extrait de "Pas toi" sur scène version reggae suivi d'un extrait de "La pluie"]

Laurent Boyer : J'arrive sur "La pluie". Alors "pas de jolies vies, de jolis chemins si l'on craint la pluie", une métaphore entre la pluie et… la plupart du temps on dit qu'il faut passer entre les gouttes et là quelque part, tu dis qu'il faut se mouiller.

Jean-Jacques Goldman : C'est accepter dans notre nature, le fait qu'il y ait la pluie dans le déroulement de notre existence.

[Extrait de l'enregistrement studio de "La pluie"]

Jean-Jacques Goldman : Ça me plait cette idée d'accepter les gouttes d'eau et les coups de tonnerre comme quelque chose de notre condition humaine.

Laurent Boyer : Tout n'est pas rose quoi !

Jean-Jacques Goldman : Et puis il faut le vivre et on en sort plus riche de tout ça.

Laurent Boyer : Ça t'arrive à toi ? Est ce que ça t'arrive ces moments là ? Ces moments où tu es en bas ?

Jean-Jacques Goldman : Ça arrive à tout le monde. ça arrive à tout le monde. Moi plutôt moins qu'aux autres parce que je suis une bonne nature et puis que j'ai beaucoup de chance. Mais on a toujours un ami qui est malade, on a toujours des choses comme ça qui ne se passent pas comme on voudrait. Il y a les épreuves que tout le monde traverse… Alors est-ce que l'on doit prendre forcément des substances ou est-ce que l'on doit se faire aider pour traverser ces choses qui font partie de notre condition humaine… Parce qu'à la fin, on va mourir, je sais pas si les gens sont bien au courant de ça ! [rires]

[Extraits d'enregistrement studio de "La pluie"]

Laurent Boyer : Je pensais qu'il y avait plus d'engagement sur cette chanson.

Jean-Jacques Goldman : Ah non, mais je peux ajouter juste un truc ?

Laurent Boyer : Je t'en prie.

Jean-Jacques Goldman : Alors je vais m'engager là : je demande à tout le monde de s'inscrire sur les listes électorales, voilà ! [sourire] Parce qu’on n’a pas le droit de gueuler juste contre les politiciens ; c'est nous qui les élisons. Donc soit on la ferme, soit on va s'inscrire sur les listes électorales et on va voter pour changer la politique. Voilà ! Voilà un engagement ! [rires]

Laurent Boyer : Ça c'est un engagement, c'est vrai. A propos d'engagement et d'éducation, j'allais évoquer ça, le livre avec Etchegoyen.

Jean-Jacques Goldman : Oui.

Laurent Boyer : Intéressant. "Dialogue entre deux pères sur l'éducation, les pères ont des enfants".

Jean-Jacques Goldman : Oui. C'est un bouquin qui est plutôt un bouquin où moi je pose des questions – parce que je me pose beaucoup de questions - sur l'éducation des enfants, ce qu'on doit faire, ce qu'on doit pas faire, et je trouve qu'on est à une période où tous les parents se posent ces questions. Est-ce qu'il faut résister, est-ce qu'il faut lâcher, est-ce qu'il faut être sévère, est ce qu'il faut être permissif… Toutes ces questions. Et moi, comme je me posais toutes ces questions là, j'ai demandé à un philosophe et qui est père de famille… Je lui posais ces questions là auxquelles je n'avais pas de réponse.

Laurent Boyer : Tu as deux filles et un garçon, c'est ça ?

Jean-Jacques Goldman : Oui.

Laurent Boyer : Est-ce que tu penses que tu t'es pas trop gouré ?

Jean-Jacques Goldman : Mais tu sais, Freud, il y avait une dame qui lui demandait "qu'est ce que je dois faire pour bien élever mes enfants ?" et il lui avait répondu : "Mais madame, quoi que vous fassiez, vous ferez mal" [rires]. Moi, je me suis gouré comme tous les parents. Mon père a fait des erreurs, ma mère a fait des erreurs, leurs parents avant avaient fait des erreurs, on fait tous des conneries ! Et ensuite il faut qu'il se débrouillent avec. Alors que, probablement, je n'ai pas été un père parfait, Dieu merci ! Mais qu'ils se débrouillent ! L'essentiel ils l'ont eu, c'est-à-dire, c'est vraiment de l'intérêt et de l'affection [haussement d'épaules] Voilà !

[Extrait d'enregistrement de "Tournent les violons" avec Yvan Cassar à la direction d'orchestre]

Laurent Boyer : Alors, "Tournent les violons" une histoire médiévale. Là, encore on se balade, on part ailleurs. Yvan Cassar, les violons…

Jean-Jacques Goldman : Oui, et puis une vielle [extrait de l'enregistrement où on voit Jean-Jacques Goldman en train de mimer "humoristiquement" le joueur de vielle], une vraie vielle. Une vraie vielle, une vrai flûte…

Laurent Boyer : Traditionnelle.

Jean-Jacques Goldman : Traditionnelle, un violon traditionnel…

Laurent Boyer : Dans cette chanson, il y a les deux violons, c'est-à- dire le violon solitaire, villageois, qui est vraiment joué d'une certaine manière, et tout à coup, il y a le violon de cour qui arrive, avec l'orchestre de chambre.

[Extrait d'enregistrement de "Tournent les violons" avec Yvan Cassar à la direction d'orchestre]

Jean-Jacques Goldman : C'est la rencontre de deux mondes : un monde très villageois et puis le grand monde du château, la petite Manon et le grand Lieutenant qui de façon improbable se rencontrent.

[Extrait d'enregistrement de "Tournent les violons" avec Yvan Cassar à la direction d'orchestre suivi d'un extrait du clip de "Comme toi" avec JJG au violon]

[Voix off de Laurent Boyer : Goldman et le violon, c'est une longue histoire, souvenez vous, en 1982…]

[Dernier couplet du clip de "Comme toi"]

Laurent Boyer : Je viens à "Un goût sur tes lèvres", le Rythm and Blues de l'album. J'ai dit Rythm and Blues parce qu'il y a une section de cuivre.

Jean-Jacques Goldman : Oui.

Laurent Boyer : Jusqu'où il faut aller pour qu'on comprenne les choses ?

Jean-Jacques Goldman : Jusqu'où il faut aller pour qu'on se comprenne soi, déjà. C'est-à-dire : de quoi sommes nous capables…

Laurent Boyer : On peut tout endurer.

Jean-Jacques Goldman : On vit dans la tiédeur nous, c'est-à-dire, on n’a pas mal, on n’a pas froid, on n’a pas chaud, on n’a pas faim, on n’a pas soif, on n’a pas peur. Et dans ces conditions là, comment on réagirait…Moi c'est quelque chose qui m'obsède.

[Extrait de "Un goût sur tes lèvres]

[extrait de "un goût sur tes lèvres" : la section de cuivre (2 saxophones, 1 trombone, 2 trompettes) et le visage hilare de Jean- Jacques Goldman]

[Laurent boyer et Jean-Jacques Goldman discutent dans la cuisine de l’appartement parisien de Jean-Jacques]

Laurent Boyer : Jusqu’où faut-il aller pour comprendre, c’est ce que j’ai mis à propos de cette chanson. Tu t’es posé ces questions-là ?

Jean-Jacques Goldman : Ouais.

Laurent Boyer : "Combien de voitures brûlées pour voter F.N." ?

Jean-Jacques Goldman : Moi ça va, on ne me fait pas brûler ma bagnole, on ne m’agresse pas. Combien il m’en faudrait pour qu’un jour j’explose et je passe à l’irraisonnable, tu comprends ?

Laurent Boyer : Ce qui donne de la compassion pour ceux qui parfois faillissent devant les événements.

Jean-Jacques Goldman : Oui, tout à fait. Je me demande si j’aurais fait beaucoup mieux.

Laurent Boyer : A propos de Rythm’n blues, je pensais à Carole Fredericks, puisque là elle aurait pu s’illustrer sur un titre comme ça. Moi j’ai un souvenir à Ouarzazat où vous aviez chanté le "Think" d’Aretha Franklin.

Jean-Jacques Goldman : Je n’ai pas un souvenir avec Carole, j’en ai mille. Donc… elle est là pour toujours. On a passé 10 ans ensemble… Je n’ai pas besoin de lui rendre des hommages particuliers pour penser à elle.

[extrait de "Think" à Ouarzazat interprété par Carole Fredericks, Michael Jones et Jean-Jacques Goldman]

Laurent Boyer : Je viens sur "Si je t’avais pas", qui est une ballade.

Jean-Jacques Goldman : Une petite ballade folk avec de la slide guitar.

[extrait de "Si je t’avais pas"]

Laurent Boyer : Quand on regarde le texte, tu parlais tout à l’heure d’album perso, semi-autobiographique, c’en est un.

[extrait : "Si je t’avais pas, si je t’avais pas / Que serais-je, où ça ?"]

Jean-Jacques Goldman : C’est la question qu’on peut se poser. Si j’avais pas rencontré cette personne avec qui j’ai fait ma vie ou avec qui j’ai fait une partie de ma vie, qu’est-ce que… Tout le monde peut se poser cette question. Si c’était pas toi, comment j’aurais vécu ? Je trouve que c’est une question qu’on peut tous se poser…

[Silence pendant plusieurs secondes]

Laurent Boyer : Mmmmm.

Jean-Jacques Goldman : Non ?

Laurent Boyer : Ouais, ouais, absolument oui. Mais ce qui est bien c’est que tu te la sois posée.

[silence pendant plusieurs secondes]

Laurent Boyer : C’est ce que tu te demandes. Si c’était pas toi, j’aurais été comment, et j’aurais fait quoi ?

Jean-Jacques Goldman : Quelle vie j’aurais eue ?

Laurent Boyer : Tu n’as jamais fait une analyse ?

Jean-Jacques Goldman : Non.

Laurent Boyer : Tu n’as pas éprouvé le besoin d’en faire une ?

Jean-Jacques Goldman : Non, non. On a nos nœuds, nos névroses, tout le monde les a. Mais on peut vivre avec, on fait avec.

Laurent Boyer : Tu as réussi à trouver les tiennes ?

Jean-Jacques Goldman : Le fait de ne pas aimer le regard des autres par exemple, d’être très timide, d’avoir du mal, enfin une espèce de répulsion à m’imposer. Le fait de travailler énormément tout seul. J’apprends maintenant à travailler avec d’autres mais au début je faisais tout tout seul. Le fait d’être incapable de demander quoi que ce soit à n’importe qui, d’avoir du mal à demander aux autres. Je ne sais pas d’où ça vient. Chacun a son caractère.

[Voix off de Laurent Boyer sur des images de l’enregistrement de l’album : Et pourtant Jean-Jacques est un musicien fidèle qui travaille toujours avec la même équipe, parmi eux le guitariste Gildas Arzel mais aussi Erick Benzi, le réalisateur de l’album et Michael Jones, son complice de toujours]

Jean-Jacques Goldman : J’avais un copain qui passait dans le coin et qui sait très bien jouer de la slide.

[extrait en direct dans la cuisine de Jean-Jacques Goldman, de "Si je t’avais pas" par Michael Jones et Jean-Jacques Goldman]

[Voix off de Laurent Boyer sur des images de la deuxième partie de Fréquenstar : Dans quelques minutes Fréquenstar revient. Jean-Jacques Goldman nous emmène dans son studio où il a enregistré une partie de son nouvel album. Vous découvrirez des images inédites des enregistrements. Goldman nous parle de ses chansons, de son âge, de sa notoriété, de son être, et de son avoir]

Jean-Jacques Goldman : D’accord, d’accord. On apprend plein de choses dans ton émission.

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[Gros plan sur la main de Zep qui écrit "Suite…"]

[Voix off de Laurent Boyer sur des images de l'enregistrement de l'album sur fond de cuivres de "Les p'tits chapeaux": Retour en fanfare de Jean-Jacques Goldman. "Chansons pour les pieds", son album de danse, s'est classé numéro un dès sa sortie. Pour en parler, Goldman nous a accueillis chez lui, dans l'intimité de son appartement parisien, là où naissent ses tubes !]

[Jean-Jacques et Laurent sont dans le home studio de Jean-Jacques. On y voit un clavier de synthé, un écran d'ordinateur, et quelques guitares]

Laurent Boyer : Deuxième partie de ce Fréquenstar. Jean-Jacques, on est un peu dans ton antre. [Jean-Jacques acquiesce] Est-ce que tu pourrais nous montrer… Je ne sais pas, si tu as des choses dans la machine…

[Laurent désigne alors l'ordinateur et le clavier. Jean-Jacques s'assoit alors devant le clavier]

Jean-Jacques Goldman : Par exemple, comment on travaille ? Alors, il faut mettre des lunettes, déjà. Une chose qu'il ne fallait pas avant…

Laurent Boyer : Ou sinon, il faut rallonger ses bras !

Jean-Jacques Goldman : Même pas. Même plus !

[Jean-Jacques lance un rythme à l'aide de son ordinateur, situé juste au-dessus du clavier]

Jean-Jacques Goldman : Tu peux partir sur des idées de rythme. A partir de ce moment là, c'est… [Il improvise sur le clavier quelques secondes] Jean-Jacques Goldman : Tu peux tout faire ! Ou avec une guitare ! [Jean-Jacques s'empare d'une guitare et d'un médiator et improvise quelques secondes également]

Jean-Jacques Goldman : Puis tu y restes des heures, parce que c'est marrant. Puis au bout de deux, trois heures, rien ne vient. Alors tu vas regarder la télé… ou tu dors. Et puis un jour, tout à coup, il y a un truc qui sort.

[Images du livret de l'album, et de l'enregistrement, sur fond de "C'est pas vrai".]

Laurent Boyer : C'est un titre sur les certitudes…

Jean-Jacques Goldman : Sur les lieux communs…

Laurent Boyer : C'est une chanson assez marrante dans le texte !

Jean-Jacques Goldman : En tout cas, on s'est marré en la faisant !

Laurent Boyer : Les diplômes n'empêchent pas d'être chômeur.

Jean-Jacques Goldman : C'est faux ! C'est faux ! C'est des statistiques ! Les gens qui ont des diplômes sont moins chômeurs que les autres, donc ça vaut le coup de travailler à l'école ! On entend beaucoup de gens dire : "T'as vu ? A quoi ça sert de faire des études, tout le monde est chômeur !". Non, c'est pas vrai !

Laurent Boyer : C'est une défiance à l'égard de la télévision, la radio, la presse ?

Jean-Jacques Goldman : Pas uniquement, mais c'est une tristesse de voir que très souvent, les médias, qui devraient rétablir la vérité, simplement en vérifiant les choses, se révèlent très souvent - sans généraliser - des colporteurs de ragots ! Alors que le but… enfin la noblesse du métier de journaliste serait de couper court aux rumeurs et aux ragots, par définition, et de donner des infos !

[Illustration du livret de Zep pour "C'est pas vrai"]

Laurent Boyer : Jean-Jacques, on s'est préparé un petit jeu, justement à propos des "C'est pas vrai" ! J'ai mis des informations qui pourraient être des potins et des rumeurs. Tu me dis si elles sont vérifiées ou pas ! Donc, "Vrai", "Pas vrai".

Laurent Boyer : Jean-Jacques Goldman écrit 10 chansons par jour !

Jean-Jacques Goldman [avec un grand sourire] : C'est pas vrai !

Laurent Boyer : Jean-Jacques Goldman revient sur scène à partir de février 2002.

Jean-Jacques Goldman : Non, c'est pas vrai ! A partir d'avril. [Jean- Jacques réfléchit] Donc c'est presque vrai.

Laurent Boyer : Jean-Jacques Goldman est toujours champion de snow- board.

Jean-Jacques Goldman : Ah non, je ne suis pas champion ! Je me défends pas mal ! Mais je pense que dans les quinquagénaires, je suis plutôt dans les bons ! Parce qu'il n'y en a pas beaucoup. Parce que, sinon, par rapport aux gamins qui font des sauts périlleux et tout ça…. Moi je fais attention à mon dos ! [rires]

[Images du Fréquenstar 1998 où Jean-Jacques fait du snow-board]

Laurent Boyer : Jean-Jacques Goldman a refusé son entrée au musée Grévin.

Jean-Jacques Goldman : Oui, c'est vrai ! Enfin, j'ai refusé… Ils m'ont demandé si je voulais venir, j'ai dit non.

Laurent Boyer : Jean-Jacques Goldman refuse de faire la "Une" des journaux !

Jean-Jacques Goldman : Oui.

Laurent Boyer : Il y a une raison à ça ?

Jean-Jacques Goldman : Non, mais… j'accepte pour les journaux musicaux, parce que je trouve ça justifié ! J'accepte éventuellement pour les journaux de province, quand je passe dans une ville… Enfin, ce n'est pas que j'accepte mais… Je n'aime pas être en première alors qu'à l'intérieur du bouquin, il y a un truc sur le Rwanda ou sur l'Afghanistan. Ça me gêne. Je trouve qu'on doit plutôt être dans les pages spectacles.

[Images de Michael Jones dans une cabine d'enregistrement ; il enregistre les chœurs de The Quo's in town tonite. Jean-Jacques le guide pour la phrase "Y'a déjà des gars qu'il connaît"]

Jean-Jacques Goldman : Y'a déjà … tu baisses sur le "jà"…

Michael Jones : Ah ouais ? [Il rechante] Y'a déjà des gars qu'il connaît !

Jean-Jacques Goldman : Y'a déjà des gars qu'il connaît.

[Images de Status Quo en concert sur fond de "The Quo's in town tonite". Images de l'enregistrement de la chanson]

Laurent Boyer : C'est un hommage à Status Quo. Quel souvenir tu as de ça ? Parce que c'est une musique que tu écoutais quand tu étais tout jeune, tu avais une vingtaine d'années !

Jean-Jacques Goldman : Pour moi, c'est la scène surtout ! Ce sont des groupes que j'ai vus trois ou quatre fois sur scène. C'est les concerts les plus intenses que j'ai vus. Sur le plan de l'énergie, du fun quoi… De l'excitation… Je suppose qu'il y en a qui ont vécu ça ensuite avec le punk, ou avec Mano Negra, aussi.

Laurent Boyer : Mano Negra, c'était formidable sur scène.

Jean-Jacques Goldman : C'est très dynamique…

Laurent Boyer : Je sais que tu vas souvent aux concerts. Les gens ne le savent pas.

Jean-Jacques Goldman : Oui, oui, je vais beaucoup aux concerts.

Laurent Boyer : Alors, il est discret, vous ne le verrez pas. Parce qu'il est avec son bonnet, sa moto. On ne sait pas qu'il est là ! Il voit, et il s'en va !

Jean-Jacques Goldman : Puis surtout, je suis debout devant.

Laurent Boyer : Dans la fosse !

[Images de concerts et image du livret, dernière image sur The Quo's in Town tonite. Image de Jean-Jacques montant sur sa moto et partant]

Laurent Boyer : Toujours dans mon histoire de mots, j'ai choisi : Les cheveux longs, les jeans délavés. C'est un hommage à ces années là...

Jean-Jacques Goldman : Et à cet uniforme.

Laurent Boyer : Est-ce que le look chez Goldman est travaillé, ou les choses se font parce que tu es comme ça, et que sur scène tu es comme à la ville ?

Jean-Jacques Goldman : Il y a deux aspects. Le premier, c'est que ça ne m'intéresse pas des masses. Je ne fais pas les boutiques … Je m'en fous un peu. La deuxième chose, c'est que je me détermine plus contre que pour. C'est-à-dire, je sais ce que je n'aime pas… Alors finalement, c'est un peu par défaut, je me retrouve tout le temps avec… Je trouve que c'est super gentil d'appeler ça un look !

[Images du clip de "Quand la musique est bonne" où l'on voit Jean- Jacques avec son "look" jeans-chemise-cravate fine]

Laurent Boyer : Je voudrais vous revoir… C'est un zouk… lent…

Jean-Jacques Goldman : C'est une surprise pour moi aussi !! C'est-à- dire au début, j'ai fait de la chanson comme ça. Je voulais faire cette espèce de gaieté un peu triste… Puisque le zouk c'est un rythme un peu gai, et le fait de le ralentir un peu comme ça, ça devient un peu nostalgique… C'est quelqu'un qui se retourne sur son passé… Puis à la fin, j'ai commencé à le jouer à la cornemuse [en désignant le clavier] et tout à coup, ça m'a paru clair ! J'ai téléphoné à mon copain Bruno Le Rouzic… et je lui ai dit : "il me faut des cornemuses" ! [rires]

[Images de l'enregistrement des cornemuses à l'école nationale de musique de Lorient, en juillet 2001]

Jean-Jacques Goldman : Il y a aussi les percussions bien particulières… [Images de l'enregistrement des percussions] Et on a marié les deux, et j'aime bien ce mariage.

[Images de l'enregistrement des cuivres de "Les p'tits chapeaux" au studio Bateau-Lune. On y voit la fanfare "Nègre". Par la fenêtre, on voit Jean-Jacques arriver avec un sachet dont il en sort une bouteille de vin]

Un musicien : Il amène les pizzas. Le livreur de pizzas me rappelle quelqu'un…

[Jean-Jacques Goldman est dans le studio et s'adresse à un musicien]

Jean-Jacques Goldman : Ce qu'il faudrait, c'est que les notes durent…

[Jean-Jacques Goldman et Laurent Boyer se trouvent dans le studio personnel de Jean-Jacques Goldman].

[Extrait : "Les p’tits chapeaux"]

Laurent Boyer : Voilà le titre qui me surprend le plus de cet album… "Les p'tits chapeaux". Pourquoi avoir mis une fanfare, c'est un genre aussi ?

Jean-Jacques Goldman : Une fois de plus, je n'ai pas inventé. Il y avait Dylan qui avait mis une fanfare dans "Everybody get stone", un truc comme ça…, il y a les Beatles qui se sont servis d'une fanfare, Stephan Eicher qui s'est servi d'une fanfare plus récemment, mais c'est une idée que j'avais dans la tête et qui me plaisait, de jouer comme ça, avec ces instruments, qui sont un peu faux, un peu balourds mais qu'on peut faire swinguer.

[A l'image, Jean-Jacques Goldman lors des répétitions rythmant avec ses doigts "Les p'tits chapeaux", et ensuite, en fond, quelques dessins de Zep illustrant cette chanson].

[On revient alors à Fréquenstar où Jean-Jacques Goldman accompagné de sa guitare reprend "Les p'tits chapeaux"].

Laurent Boyer : C'est la première fois que tu utilises ce vocabulaire : "ça m'saoule, c'est pas laid, ça m'pèle et elle trouve la vie mortelle" ?

Jean-Jacques Goldman : Oui, mais c'est parce que c'est un portrait, donc ce sont des guillemets… c'est elle qui parle… C'est le portrait d'une jeune fille de son époque avec cette espèce de profondeur et de légèreté. En tout cas, ce n'est pas mon vocabulaire. J'ai deux filles aussi et je les entends parler.

[Extrait de "Je te donne", tournée 1998 "En passant", montrant Jean- Jacques Goldman et Michael Jones enfant].

Laurent Boyer : A propos de l'âge, tu ne fêtes pas tes anniversaires, tu n'aimes pas trop ça, je crois…

Jean-Jacques Goldman : Non, pas trop, non. Moi, je n'ai pas trop besoin de faire la fête… Lorsque je me lève le matin, je suis super content ! [Rires].

[Extrait de "Je te donne", avec en fond, images des années Taï Phong, puis de la tournée 1998 "En passant"].

Laurent Boyer : Je repensais à "Je te donne" sur la tournée "En passant" où avec Michael Jones vous vous vieillissiez jusqu'à plus d'âge et vous finissiez en 2040… en squelette…

Jean-Jacques Goldman : Ce qui est plutôt optimiste finalement… [Sourires]

Laurent Boyer : Ce qui est plutôt bien… 50 ans, est-ce que tu penses qu'il y a une date limite de consommation pour un chanteur ?

Jean-Jacques Goldman : La limite, c'est évidemment le plaisir. Très souvent, la sanction c'est plutôt le plaisir que les gens ne prennent pas. En général, ce plaisir là, il s'en va avant le tien, donc je continuerai tant que j'aurai envie d'écrire des chansons et je pense que ça, je l'aurai toujours, ne serais-ce qu'à travers les autres.

Laurent Boyer : La source ne se tarit pas ? L'inspiration est toujours là ?

Jean-Jacques Goldman : Si, quand même. C'est-à-dire que sur le plan musical, vraiment, j'ai plus de mal. Mais par contre, sur le plan des textes, il y a plein de choses qui se passent, plein de trucs à dire et d'histoires à raconter, j'ai l'impression que c'est jusqu'à l'infini.

Laurent Boyer : Jean-Jacques, j'en viens au douzième titre. C'est un texte assez dur, "Les choses" !

Jean-Jacques Goldman : Ironique, amer…

Laurent Boyer : Le parfum de Jordan, la vie de flash en flash, clip et club et clop et fast food…

[Extrait de la chanson en fond musical]

Jean-Jacques Goldman : Ils ne doivent pas comprendre grand chose là…

[Re-extrait, mais cette fois avec le texte]

Laurent Boyer : C'est un texte sur le matérialisme en fait.

Jean-Jacques Goldman : Le pouvoir des choses sur certaines personnes et sur plein de gamins, en particulier. Si tu donnes tant d'importance aux choses, à la montre que tu as, aux fringues que tu as, aux marques que tu as, ça veut dire que tu n'existes pas ! Ce sont des mômes qui n'ont pas confiance en eux : s'ils ne sont pas dans ce survêtement, les filles ne vont pas les regarder. S’ils n'ont pas cette chaîne là, c'est pareil, s'ils n'ont pas cette bagnole, ils ne sont rien. Je trouve que s'évaluer par rapport aux choses, c'est se dévaluer soi- même.

Laurent Boyer : Est-ce que tes enfants portent des marques, des piercing ? ou…

Jean-Jacques Goldman : …Piercing… je n'ai rien remarqué… [Rires]

Laurent Boyer : Ils les ont peut-être cachés, méfie-toi… [Rires]

Jean-Jacques Goldman : Ou bien alors, c'est extrêmement intime… [Rires] Des marques, non, ils s'en foutent. Je crois qu'ils se sentiraient un peu humiliés, j'ai l'impression, de porter une marque.

Laurent Boyer : Mais est-ce que "Goldman" n'est pas un logo en soi ? Est-ce que tu as renversé le truc, en disant, est-ce que moi, je ne suis pas un logo, non plus ?

Jean-Jacques Goldman : Pour certaines personnes ? Moi je trouve que ça a toujours été très difficile à porter comme logo. Ça a toujours été très difficile de dire qu'on aimait mes chansons, en général, c'était plutôt considéré comme…

Laurent Boyer : Tu parles de 1985, là !

[Visiblement, Laurent Boyer pense que Jean-Jacques Goldman a une vision bien trop modeste]

Jean-Jacques Goldman : …un peu con, un peu ringard, mais ça me va, moi… un peu boy-scout…

[Images de Jean-Jacques Goldman, installé sur le canapé de son studio d'enregistrement, chantant en play-back la phrase "Je crève de ce que je n'ai pas" qu’un technicien arrange].

Laurent Boyer : Il y a une jolie référence dans "Les choses" également, qui est une référence à Descartes : "c'est plus "je pense" mais "j'ai" donc je suis". La phrase de Descartes étant "Je pense donc je suis".

Jean-Jacques Goldman : C'est sûr que c'est Descartes ?…Moi je ne sais pas…

Laurent Boyer : Tu n'en sais rien ?

Jean-Jacques Goldman : Non.

Laurent Boyer : Tu connaissais la phrase ?

Jean-Jacques Goldman : Je la connaissais, mais je ne savais pas qui c'était.

Laurent Boyer : C'est le "Discours de la méthode" de Descartes.

Jean-Jacques Goldman : Ah, d'accord, d'accord… on apprend plein de choses dans ton émission [Rires].

[Illustration musicale par le passage "c'est plus "je pense" mais "j'ai" donc je suis"].

[extrait de l'enregistrement de "Les choses"]

Laurent Boyer : Toi, tu as pourtant. Mais ce n'est pas ta fierté, ce n'est pas ton orgueil.

Jean-Jacques Goldman : Disons ... ce n'est pas à cause de ça que j'existe, et je n'ai jamais eu l'impression que c'est parce que j'étais à la SACEM et que je touchais de l'argent de la SACEM que j'existais. J'avais l'impression d'exister avant, quand je travaillais dans mon magasin de sport et je ne me sens pas mieux maintenant, je ne me sens pas un meilleur homme parce que j'ai plus d'avoir, voilà.

Laurent Boyer : Jeu de mots, tiens, justement dans "Les choses". VIP qui veut dire Very Important Person … People. Est-ce que tu as conscience d'en être une, toi, une VIP ?

Jean-Jacques Goldman : Dans les restaurants ou dans les endroits réservés des salles de spectacle, oui. [grand sourire]

Laurent Boyer : Oui, est-ce que tu sais que tu es devenu une VIP page 1362 du dictionnaire ?

Jean-Jacques Goldman : Euh oui, ça sent le pâté alors ...

[rires]

Laurent Boyer : [lisant le dictionnaire] Alors ... Goldman, Jean- Jacques (Paris, 1951) chanteur et auteur-compositeur français influencé par le rock. Il a contribué au renouveau de la chanson française (Quand la musique est bonne, Au bout de mes rêves) tout en mettant son talent au service d'artistes les plus divers. Exemples : Johnny Hallyday, Céline Dion. [Jean-Jacques Goldman acquiesce] Plutôt élégant non ?

Jean-Jacques Goldman : Non non, c'est ... je me sens très honoré de ça.

[le livret de l'album est feuilleté et l'on entend un rapide extrait de "Tournent les violons"]

Laurent Boyer : A propos de cet album, "Chansons pour les pieds", après le douzième titre, si on laisse filer un peu le disque deux trois minutes, il y a une petite surprise.

[Jean-Jacques Goldman prend sa guitare dont il joue quelques accords dans les moments ... "dérangeants" du reste de l'interview]

Laurent Boyer : C'est une chanson, un titre caché qui s'appelle " La vie c'est mieux quand on est amoureux".

Jean-Jacques Goldman : Bon, ouais ...[sourire aux lèvres, l'air de dire "Allez, pose-là ta question"]

Laurent Boyer : A bon entendeur salut ! C'est ça que tu veux dire.

Jean-Jacques Goldman : Ouais, c'est mieux ouais ... c'est bien la vie mais c'est mieux quand on est amoureux.

Laurent Boyer : Donc la vie, c'est bien pour toi ... en ce moment.

Jean-Jacques Goldman : Vraiment, là, ma vie elle a toujours été bien.

Laurent Boyer : C'est une jolie réponse. Non mais c'est vrai ? Ta vie est belle ...

Jean-Jacques Goldman : Ouais, elle est belle. C'est un peu gênant de dire ça parce qu'il y a des tas de gens qui sont devant leur télé et qui sont malades ou qui sont malheureux, tout ça, alors comme ça, d'exposer son bonheur, je trouve ça ...

Laurent Boyer : Attends, la vie c'est mieux quand on est amoureux... ça donne du... [geste exprimant la vitalité, le punch]

Jean-Jacques Goldman : C'est mieux ouais, mais c'est un constat. Tu sais, c'est comme "Tant qu'on a la santé" ... c'est une phrase tout à fait banale.

[Laurent Boyer lève les yeux au ciel, croise les bras et, avec un air désespéré, soupire]

Laurent Boyer : Tu n'arrives pas à en parler, tu n'arrives pas à en parler Jean-Jacques ! Tout le monde est au courant ! Je suis obligé de te poser la question. Je fais mon boulot, moi !

Jean-Jacques Goldman : [contrit] Mais ... oui ... mais quelle est la question ?

Laurent Boyer : [énervé] Ma question est de te dire, tu es amoureux, tout le monde sait que tu t'es remarié, on va en parler nulle part, dis-moi "Boyer je ne t'en parlerai pas !"

Jean-Jacques Goldman : Mais non. Mais je n'ai jamais beaucoup parlé de ma vie privée.

Laurent Boyer : C'est vrai aussi. Tu l'as évoquée, on arrive à te pister à travers les chansons. Allez ...

[Jean-Jacques Goldman fredonne en souriant]

Laurent Boyer : Bon, d'accord [sur un ton résigné]. Goldman merci, rendez-vous dans cinq ans pour faire un autre point, quand tu reviendras [poignée de main] mais, en revanche, si tu peux la gratouiller un peu ...

Jean-Jacques Goldman : Alors, elle n'a pas de texte, elle n'a que ce texte-là, tu as donné l'intégralité du texte.

[Jean-Jacques Goldman chante "La vie c'est mieux quand on est amoureux" en s'accompagnant à la guitare, avec un sourire entendu à Laurent Boyer au moment de dire le texte]

[Générique de fin sur fond de "La vie c'est mieux quand on est amoureux" version CD]


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