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L’interview
(M6 Music, décembre 2001)

L’interview
M6 Music, décembre 2001
Guillaume Stanzik
Retranscription de Charlotte Olier

[Texte : Goldman > L’apprentissage musical] [extrait du clip "1,2,3"]

Jean-Jacques Goldman : Mes parents qui n’étaient pas musiciens et n’avaient pas pu faire de musique quand ils étaient petits, nous ont tous mis à la musique en disant : "Voilà, eux, il faut qu’ils aient cette chance-là".

A l’époque, on était beaucoup plus obéissants et fatalistes que maintenant, quand on nous mettait au piano, on allait au piano, quand le prof nous disait de travailler des exercices, on le faisait !

Ça facilite les choses, on va plus vite. C’est comme un langage. Quelqu’un qui invente des histoires et qui sait lire et écrire va plus vite que celui qui invente les histoires et qui doit les raconter ou s’en rappeler par cœur. C’est un langage, c’est une façon de communiquer avec les autres qui est plus facile, mais ce n’est pas ça qui vous fait avoir des idées.

D’ailleurs, les faits montrent que les grands génies de la musique contemporaine sont tous autodidactes. Les gens qui ont changé la musique pour nous (parce que l’on y a pensé, ce sont des discussions avec les copains !), on arrive à Chuck Berry, James Brown, McCartney, Bob Dylan pour les textes, Stevie Wonder, Jimi Hendrix pour le jeu de guitare. Ce sont tous des autodidactes. A mon avis, dans les cinq ou les six, il n'y en avait aucun qui savait lire la musique. McCartney a appris après mais je ne pense pas du tout que ce soit une nécessité.

[Texte : Goldman > le déclic]

Jean-Jacques Goldman : Eh oui, c’était… moderne… c’était Aretha Franklin, "Think". Mais ça, je l’ai déjà dit 100 fois alors je m’excuse de me répéter. Un jour, je devais avoir 12 ou 13 ans, j’étais dans une discothèque et j’ai entendu "Think". Je suis allé voir le DJ, je lui ai demandé ce que c’était et il me l’a écrit sur un bout de papier. Je me suis précipité chez un disquaire en revenant de vacances.

[extrait de "Think" au New Morning]

Jean-Jacques Goldman : C’étaient les morceaux que je déchiffrais dans ces années-là qui étaient des années absolument hallucinantes sur le plan de la richesse, puisque une semaine au hit parade, le premier s’appelait James Brown , la semaine d’après c’était Jimi Hendrix, enfin c’était hallucinant car la semaine d’après c’était les Beatles. Ils étaient détrônés ensuite par les Rolling Stones et tout ces gens là existent encore ou presque. C’était vraiment une époque extrêmement riche pour tous les musiciens amateurs de l’époque.

[Texte : Goldman > Disques fétiches]

Jean-Jacques Goldman : Je ne sais pas, par exemple, le premier album de Johnny Winter avec la pochette noire qui s’appelle "Johnny Winter", je crois. Le dernier Voulzy (pas celui qui vient de sortir que je ne connais pas encore mais le précédent), il y a deux ou trois albums d’Elton John des débuts que je connais parfaitement. Il y a quand même quelques albums qui ont tourné en boucle.

[Texte : Goldman > les débuts ]

Jean-Jacques Goldman : Le premier album que j’ai fait, c’était en 1975 avec un groupe qui s’appelait Taï Phong, qui faisait de la musique un peu progressive avec des morceaux de 10 à 12 minutes et un slow. Et le slow a été le tube de l’été.

[extrait de "Sister Jane"]

Jean-Jacques Goldman : Ah, si on avait pu conquérir le monde, on l’aurait pris ! Mais à partir du moment où on faisait des choses à la manière de Gentle Giant, de Yes, de Genesis de l’époque, je pense que les Yes et les Genesis étaient mieux, les versions originales étaient mieux. Cette aventure s’est terminée en 1978. Un an et demi après, je signai mon premier contrat solo chez CBS et je me plantai sur trois 45 tours, donc ils sont sortis très vite. Un an après, j'ai fait mon premier album, et pan "Il suffira d’un signe" ! J’ai eu beaucoup de chance.

[extrait de "Il suffira d’un signe"]

Jean-Jacques Goldman : Dans la famille, on est un peu anxieux. Ce sont des gens qui n’ont jamais dépensé plus qu’ils n’avaient… donc j’ai été élevé comme ça. Je n’étais pas sûr que ça ne s’arrêterait pas. Pour mes parents, ce n’était pas un métier d’être chanteur, donc j’ai attendu d’être sûr qu’il se passait quelque chose et que ça valait le coup de prendre ce risque là, pour continuer .

[Texte : Goldman > Chanteur à la mode]

Jean-Jacques Goldman : La mode, c’est un terme dangereux. Moi, je pense que dans les années 80, j’étais un peu à la mode parce qu’il n’y avait pas beaucoup de gens (même musicalement) qui faisaient des sons rock comme ça, des grosses guitares. Il y avait Balavoine, Téléphone évidemment. C’étaient plutôt eux, les gens à la mode à ce moment là. Maintenant, ça c’est beaucoup banalisé.

[extrait de "Quand la musique est bonne"]

Jean-Jacques Goldman : Clairement, la mode actuellement est plus aux musiques de danse, à la techno, au R&B comme vous dites, au rap, et tout ça… ! Donc, par la force des chose, à mon âge je suis un peu démodé.

[extrait de "C’est pas vrai"]

Jean-Jacques Goldman : Il y a des préoccupations, des questions que je me pose qui sont celles de la vie que je vis. Effectivement, je ne vis pas la vie d’un gamin des cités qui est dans un groupe de rap et qui a probablement des choses différentes à dire que moi, qui vit dans le sud, au soleil, tranquillement, sans problème financier. Alors j’ai l’impression que je suis encore dans l’air du temps pour une certaine partie de la population qui a un certain statut, mais qui est déjà très particulière par rapport à d’autres.

[Texte : Goldman > Les attaques]

Jean-Jacques Goldman : Au début, c’était unanime, c’est à dire qu’il n’y avait pas un critique dans la presse qui trouvait que mon travail avait le moindre intérêt ! Je trouvais ça dommage car je trouvais que c’était faux. Je comprends que l’on n’aime pas, mais que l’on n’y trouve rien, même pas un arrangement, même pas un mot, même pas une note, je trouvais ça étrange. Quand on commence, on est très fragile, on peut vraiment vous assassiner. D’ailleurs, je rencontre maintenant des journalistes de l’époque qui s’excusent, qui disent que depuis cette période, ils font plus attention quand ils font une critique, en essayant de trouver dans quelque chose qui ne leur plaît pas (ce que je comprends) ce qu’il y a d’un peu positif surtout quand c’est un jeune qui commence.

Quand je faisais un album entier, comme avec Johnny Hallyday ou Céline Dion, il était clair que non seulement je signais de mon nom, je faisais la promotion avec, je les revendiquais, mais je trouvais dommage que lorsque que je faisais une chanson pour Patricia Kaas ou pour Khaled, qu’on ne parle que de cette association. Les médias sont paresseux ! Là, par exemple, on a l’impression que j’ai fait tout l’album de De Palmas alors que j’ai fait un texte sur toutes les chansons, et je trouve qu’il y a d’autres choses à dire sur cet album. Donc, le fait de signer par un pseudo permettait de gagner les deux, trois mois qui faisaient que les médias étaient obligés d’écouter l’album et d’y chercher autre chose. Maintenant comme ça ne marche plus, les gens me connaissent, je mets mon nom.

[Texte : Goldman > Les collaborations]

[extrait du clip "J’en rêve encore"]

Jean-Jacques Goldman : On se connaît, lui connaît Michael Jones parce qu’il est guitariste et puis parce qu’ils parlent de guitaristes, comme nous on parle motos… Un jour, il nous dit "J’ai rien à faire", c’était le week-end des Solidays. "Est ce que je peux venir ? " ou Jones lui a dit : "Viens avec nous !", parce qu’on chantait des reprises. Il est venu, on a chanté ensemble deux, trois chansons. Après on a discuté dans les coulisses, et puis je lui ai demandé ce qu’il faisait et il m’a dit : "Je prépare un nouvel album, mais je rame un peu pour les textes, tu ne pourrais pas m’en faire un ?". Alors je lui ai dit : "Fais-moi écouter !". On s’est vus chez moi, il m’a fait écouter des trucs puis je lui ai dit : "Celle-ci, elle me plait !". C’est très simple, je vais essayer. Et puis voilà !

[extrait du clip "J’en rêve encore"]

Jean-Jacques Goldman : Il faut d’abord que j’ai de l’estime pour la personne, et il faut que j’ai de l’estime pour l’artiste. Ça fait deux choses différentes déjà. Puis, il faut que j’ai l’impression que je puisse lui apporter quelque chose, ce qui n’est pas toujours le cas. Il y a des gens pour lesquels j’ai de l’estime, que j’aime bien, mais je vois pas trop ce que je peux leur apporter.

[Texte : Goldman > le patron]

Jean-Jacques Goldman : Je ne sais pas trop qui m’appelle comme ça. J’ai entendu parler d’Hallyday en disant "Tiens, il y a le patron qui chante", ou des trucs comme ça. Au moment ou je travaille pour les autres, j’ai l’impression que ce sont eux les patrons, c’est à dire que, quand j’amène une chanson à Patricia Kaas si ça ne lui plaît pas, elle me jette ! Quand j’amène un texte à De Palmas, s’il y a deux, trois mots qui ne lui plaisent pas, je retourne chez moi et j’essaie de les changer.

Je suis vraiment à leur service. J’ai l’impression que je suis le patron quand je fais mes albums.

[extrait de "Tournent les violons" en studio]

[Texte : Goldman : le clan]

[extrait du clip "1,2,3"]

Jean-Jacques Goldman : J’ai toujours fonctionné comme ça, même quand je travaillais dans un magasin avant, ou quand j’étais étudiant. On a toujours été un petit groupe comme ça, genre de Gaulois dans le monde occupé, ce n’était pas si belliqueux que ça ! Mais j’ai toujours eu comme ça quelques proches.

[Erick Benzi et Jean-Jacques Goldman en studio]

Jean-Jacques Goldman : Erick ? quand je l’ai rencontré, j’avais déjà fait 5-6 albums ou plus que ça, donc je pense que j’aurais continué à faire de la musique sans lui, et j’en aurai peut être rencontré d’autres. Il y a plein de gens qui sont bien, mais une fois que j’ai trouvé une personne qui me convient, et sur le plan humain, et sur le plan artistique, il n’y a aucune raison de ne pas continuer avec elle.

[Texte : Goldman > la recette musicale]

Jean-Jacques Goldman : Est ce que je suis capable comme ça, de faire une chanson… ? Peut-être que ma recette est de ne jamais faire ça. Je ne me mets jamais dans une situation où je me dis : "Tiens, il faut que je fasse une chanson !" . Ma recette est d’accumuler des notes, c’est-à-dire d’être en permanence en train de noter des petits bouts de phrases, en permanence d’être avec une guitare dans les mains ou un clavier, puis d’avoir un dictaphone dessus de façon à ce que, quand il y a une chanson à faire, elle ne naît pas de rien, mais d’une idée qui a déjà été retenue.

[Jean-Jacques Goldman à la guitare : "Ni divin, ni chien"]

Jean-Jacques Goldman : Je n’appuie pas sur le dictaphone tout le temps. Au bout de deux, trois heures, peut-être qu’il ne se passe rien ! Puis le lendemain tout à coup, je me lève, je fais une suite d’accords qui me plait, et celle ci, je la note. Peut être que la recette c’est ça, c’est de ne jamais se mettre au travail tant qu’il n’y a pas eu ce petit plaisir-là.

Moi, l’angoisse que j’ai est au début, quand je commence à composer en me disant : "Est-ce que je vais avoir des idées ?". Ça, je l’ai. "Est-ce que ça va être intéressant ?", "Est-ce que je vais trouver des trucs un peu nouveaux?", des choses comme ça , "Est-ce que je ne vais pas trop me répéter ?", sachant qu’on est obligé de se répéter quand même un peu. Une fois que cette angoisse est éteinte, parce que j’ai l’impression d’avoir trouvé dix choses qui me semblent un peu intéressantes, du moins suffisamment pour faire un disque et puis que j’ai bien travaillé, enfin que je n’ai pas bidonné, enfin, que j’ai été sérieux, et tout ça, là je n’ai plus d’angoisse. Après, ça plaît ou ça ne plaît pas, mais je sais que j’ai fait du mieux que j’ai pu, et que je suis fier, à ce moment là, de ce qui va sortir.

[Texte : Goldman > Chansons pour les pieds]

Jean-Jacques Goldman : Ça vient au fur et à mesure. Je commence par faire des chansons, puis tout à coup je me rends compte, par exemple, il y a une dizaine d’années, ce n’étaient que des duos et des trios alors j’ai fait un groupe avec Carole et Michael et je n’ai fait que des duos et des trios. Après, je me suis rendu compte que ça n’étaient que des chansons plus intimistes et plutôt acoustiques, alors je me suis débrouillé pour que l’album corresponde à ces sept, huit premières chansons. Et là, je me rendais compte que c’étaient plutôt des chansons qui s’adressaient aux pieds.

[extrait de "Et l'on n’y peut rien" en studio]

Jean-Jacques Goldman : Ça s’est fait un peu naturellement, j’ai commencé à faire un zouk comme "A nos actes manqués", un rock comme… euh… je ne sais pas, un rythm & blues, une ballade, et je me suis rendu compte qu’on pouvait aller au bout de cette idée…

[extrait de "Les p’tits chapeaux" en studio]

Jean-Jacques Goldman : Quand on faisait du bal dans les années 70, les gens nous demandaient un James Brown, puis un rock & roll, puis un slow, un tango et voilà, on faisait cohabiter tout ça !

[extrait de "The Quo’s in town tonite" en studio]

Jean-Jacques Goldman : On va dire que c’est un album de variété aboutie, de vraie variété !

[Texte : Goldman > Ensemble] [extrait de "Ensemble" à Alès]

Jean-Jacques Goldman : Je me suis retrouvé sur une scène avec mille choristes derrière moi, et moi chantant avec eux. J’étais bouleversé par cette expérience, et sur scène devant les spectateurs (c’était dans un stade). Je leur ai dit : "Ecoutez, un jour, j’écrirai une chanson qui s’appellera Ensemble et qui sera née là. J’ai cette intuition !". Ça, c’est pour le texte. Et pour le canon, c’est quand j’étais scout, on faisait des canons comme ça et j’adorais ça. Je trouvais dommage qu’il n’y ait plus de canons modernes, que ce soit toujours "Vent frais, Vent du matin" ou alors "Amitié, liberté" etc, donc ça m’a amusé de refaire un canon, ça m’a intéressé.

[extrait de "Ensemble" à Alès]

Jean-Jacques Goldman : On commence une mélodie, après on a l’intuition que peut-être la fin de la deuxième partie correspond avec la première partie de façon à ce que cela puisse s’enchevêtrer, puis on se rend compte que cela ne marche pas du tout ! Alors on change une note. Après on recommence. Donc il y a beaucoup de tâtonnements, jusqu’au moment où on a réussi à faire s’enchevêtrer ces deux voix, et là on met la troisième… Et ça ne marche pas du tout! Il faut donc recommencer etc. Ça met pas mal de temps, mais c’est super intéressant, un peu obsessionnel.

[extrait de "Ensemble" à Alès]

[Texte : Goldman > sans la musique…]

Jean-Jacques Goldman : Ce serait une belle vie, je suis sûr, parce que j’étais heureux quand j’étais étudiant, j’étais heureux quand je travaillais dans le magasin parce que c’était une petite famille aussi, avec des potes. Je pense qu’on peut vraiment tout faire avec beaucoup de passion. Et puis le samedi et le dimanche je ferais de la musique…


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