Plusieurs personnalités se déclarent "indignées", indique un communiqué publié dimanche soir 15 décembre, de la condamnation samedi de M. Pierre Goldman à la réclusion à vie pour trois agressions - qu'il avait reconnues - et pour le double meurtre du boulevard Richard-Lenoir - auquel il s'est toujours déclaré étranger. Cette décision contre laquelle a été déposé un pourvoi en cassation "a écarté toute possibilité d'innocence et, de ce fait, refusé à Pierre Goldman le bénéfice du doute ( ) alors que, de l'aveu même de l'accusation, aucune preuve déterminante de culpabilité n'est ressortie des débats".
Ont signé ce texte MM Pierre Mendés France, Joseph Kessel de l'Académie française, Claude Bautet, Patrice Chéreau, Jean-Michel Folon, François Périer, Eugène Ionesco de l'Académie française, Régis Debray, Mme Françoise Sagan, MM Yves Montand, Roger Planchon, Mmes Anne Philippe, Simone Signoret et M. Chris Maker, Mmes Ariane Mnouchkine, Myriam Anissinov, MM Pierre Gaudibert, André Cayatte, Jeam-Marie Domenach, Philippe Sollers, Julien Kristena, Jacques et Yvonne Rispal.
Le comité qui recueille ces signatures a son siège au cabinet de Me Josyane Moutet, 72 avenue des Champs-Elysées.
C'est une opinion voisine qu'exprime M. Pierre Emmanuel de l'Académie françaises dans le Figaro, dans un article intitulé "La justice ou la fiction de la vérité" et dans lequel il écrit : "Quand il y va de la vie d'un homme, la preuve ne vaut qu'indiscutée, or rien n'a été prouvé contre lui au sujet des crimes qui l'ont fait condamner".
Ce verdict, écrit Jean Laborde dans L'Aurore, "était tombé comme une pierre, stupéfiant tous les observateurs". Ce qui choque dans le verdict, ajoute-t-il, c'est qu'il n'ait pas tenu compte du témoignage des psychiatres : " Faut-il considérer désormais que (leurs) dépositions ne sont écoutées que lorsqu'elles viennent au secours de l'accusation et qu'il faut rejeter tout ce qu'ils dissent en faveur de l'accusé ( ) Que Pierre Goldman soit coupable, cela semble peu contestable (mais) le problème était tout autre. Il était de savoir si l'on peut envoyer à la prison à vie, cinq ans après les faits, un homme qui a déjà accompli de sérieux efforts pour s'amender. Ce procès n'a pas été plaidé ou, du moins, il l'a été fort mal".
"Y aura-t-il à présent une "affaire Goldman" comme il y eut une "affaire Deveaux" demande Louis-Marie Horeau dans le Quotidien de Paris ? ( ) Il faut en tout cas s'interroger sur ce jugement prononcé contre un homme par d'autres hommes qui n'étaient pas ses pairs, mais semblaient venus d'une autre galaxie".
Dans Libération, Mes Marianne Merleau-Ponty et Etienne Grumbach qui participèrent à la défense de Pierre Goldman écrivent sous le titre "Ce que la justice d'assises n'a pas su porter" : "Alors que Pierre voulait être jugé sur les faits, c'est sa personnalité de militant juif et intellectuel qui a pesé sur l'inconscient collectif de cette "justice populaire"".
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