Me Georges Kiejman, qui fut le défenseur de Pierre Goldman lors de son second procès, estime que celui-ci a été victime "d'un acte de terrorisme fasciste n'ayant rien à voir, ni de prés ni de loin, avec un acte policier". "On pourrait croire, a-t-il poursuivi, qu'il avait un contentieux avec la police, mais je n'y crois pas. C'était un militant e gauche qui ne militait plus dans aucune organisation précise. Mais il avait toujours la même sensibilité à l'injustice. En outre, il était très marqué par sa judaïcité, et par le problème juif en général".
"Je ne crois pas qu'il se sentait menacé, a conclu Me Kiejman. Après sa libération, il avait fait durant quelque temps adresser son courrier chez moi, mais ce n'était que pour fuir les demandes d'interviews".
Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir et le comité de rédaction de la revue Les Temps Modernes - dont faisait partie Pierre Goldman - ont publié, vendredi après-midi 21 septembre, la déclaration, suivante :
" A l'horreur que nous éprouvons face à la mort de notre ami Pierre Goldman, s'ajoute celle de ne pas voir s'établir la vérité de ce crime. Les forces obscures à l'origine de cet attentat ont intérêt à jouer des multiples images publiques qu'a suscitées la brève existence de Pierre Goldman. La police, d'autre part, ne nous a pas accoutumés à des enquêtes efficaces dans les milieux fascisants. La fidélité et la vigilance exigent que nous nous engagions à établir la vérité sur cet attentat, les forces qui l'ont préparé, le moment où il s'est tramé, sur son sens. Nous présentons bien qu'il y va de la compréhension de ce qui se passe aujourd'hui en France.
Nous appelons ceux qui se sentent concernés à se joindre à nous aux Temps Modernes. Toute personne qui voudrait aider la compagne de Pierre Goldman peut le faire en envoyant sa contribution au C.C.P. Les Temps Modernes, 26 rue de Condé, Paris 6e".
La Fédération Autonome des Syndicats de Police (F.A.S.P) "ne peut croire que cet acte odieux ait pu être commis par des policiers". Elle exprime son "indignation devant ce meurtre et demande aux pouvoirs publics de tout mettre en uvre pour découvrir rapidement les assassins".
L'Union des Syndicats Catégoriels de Police groupant le Syndicat indépendant de la police nationale, le Syndicat des gradés de la police et le Syndicat des commandants et officiers "réprouve totalement le crime qui vient d'être commis sur la personne du dénommé Goldman". L'U.S.C "dénie à quiconque le droit de se substituer à la justice de la République, et elle trouve particulièrement odieux que des criminels puissent se réclamer de la police pour commettre un assassinat".
"La très grande majorité des policiers, poursuit l'U.S.C., font leur métier avec honneur et dignité et ils ne sauraient en aucun cas se sentir solidaires de criminels agissant hors du cadre des lois. L'U.S.C. police demande aux pouvoirs publics de donner à la police les moyens nécessaires pour qu'elle puisse enfin faire face efficacement à la vague de criminalité actuelle et mettre un terme aux exploits de truands qui narguent les lois et défraient la chronique"
Le syndicat de la magistrature : "Depuis 1968, la justice et les forces de police ont été orientées vers la répression de la gauche et de l'extrême gauche française. Le pouvoir a fait accepter cela par l'opinion publique au nom de la sécurité et d'un prétendu danger terroriste alimenté par les situations allemandes et italiennes. L'assassinat de Pierre Goldman ( ) met en cause la responsabilité du ministère de l'intérieur et de certains hauts fonctionnaires de la police qui ont alimenté une campagne visant à dénoncer le laxisme des juges et la démission de la justice". Le syndicat "attend de M. le Président de la République qu'il s'oppose solennellement aux critiques de certains membres de son gouvernement adressées aux tentatives de la justice de faire prévaloir les principes généraux du droit et le respect des libertés sur la politique de la sécurité.
Le parti socialiste exprime "sa profonde indignation" devant l'assassinat de Pierre Goldman et "condamne avec la plus grande vigueur ceux qui l'ont perpétré et permis". Le P.S., "solidaire des organisations démocratiques qui entendent protester contre cet assassinat, demande solennellement que tout soit mis en uvre pour que les responsables ne puissent bénéficier de l'impunité".
Le mouvement de la jeunesse socialiste demande "que des recherches aient lieu pour empêcher ces commandos ( ) de récidiver". Le MJS "salue la mémoire de l'homme militant, même si nous n'étions pas d'accord avec sa ligne politique et l'écrivain qui a bouleversé la jeunesse de France".
La fédération anarchiste : "L'assassinat de Pierre Goldman n'est pas un acte isolé. Il est à relier à la vague sans cesse croissante de violence patronale et étatique dont sont victimes tous ceux qui s'opposent à l'ordre bourgeois. Devant cette montée de la répression par le biais de l'Etat (23 mars-1er mai) ou par celui des bandes armées (assassinat de Pierre Maître), nous ne pouvons rester sans réactions".
Le secrétariat national de la C.F.D.T. : "Dès l'instant où des individus ou des organisations nient la justice ( ) ou cherchent à s'y substituer, il n'y a plus de sécurité publique ( ). Il est capital de ne pas laisser faire, et c'est pourquoi il importe que les meurtriers soient recherchés activement. Ce serait d'ailleurs la meilleure preuve de toute absence de lien, que l'on veut espérer, entre les forces de l'ordre et le groupe dit "Honneur de la police".
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