Après l'assassinat de Pierre Goldman : Une indignation générale
Libération, le 22 septembre 1979
Article de A.L. W.
Retranscription de Mathieu Duchesne
Nombreuses prises de position
Le M.R.A.P.
"Quand les commandos de tueurs prétendent, par le crime, s'ériger
en justiciers, c'est non seulement la sécurité de chacun, mais
les libertés de tous qui sont gravement menacées". "S'ils
ne mettaient pas en uvre des mesures efficaces pour faire échec
à la montée du gangstérisme politique et raciste, les pouvoirs
publics porteraient la responsabilité d'une périlleuse dégradation
de la démocratie. C'est ainsi que commence et se développe le
fascisme".
Le Mouvement des Radicaux de Gauche (M.R.G.)
"Il faut désormais que les militants politiques démocrates
de ce pays sachent que leur sécurité n'est plus assurée
dans la France de Giscard d'Estaing". "Dans les affaires criminelles
de l'été, les carences des responsables de la police et du ministre
de l'Intérieur ont été amplement démontrées.
Avec l'assassinat de Pierre Goldman, cela frise la complicité".
La LICRA
La ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (LICRA)
dénonce "la montée du nazisme et de ses corollaires, le racisme,
l'antisémitisme et la xénophobie". "Le meurtre de Pierre
Goldman est sans doute politique et raciste. Nous assistons quotidiennement
à des manifestations racistes sous forme de profanations de cimetières,
de synagogues et de monuments de la résistance. La LICA dénonce
ces procédés fascisants qui portent en eux les germes de discordes
dans la communauté nationale".
La C.G.T.
"Une nouvelle fois, la violence fasciste a frappé", estime
la CGT, pour qui l'assassinat de Pierre Goldman est "le fait d'individus
d'extrême droite, professant les pires idées racistes et rétrogrades".
Dans une déclaration à la presse, M. Gérard Gaume, secrétaire confédéral, souligne que "une fois de plus est posé le problème des officines parallèles qui bénéficient des protections que l'on sait". "A cet égard, ce qui s'est passé n'est pas sans nous rappeler des événements qui se sont déroulés au printemps dernier allant jusqu'au plasticage de la voiture de l'un de nos militants", ajoute M. Gaume.
Commentaire haineux de la "ligue pour la peine de
mort"
La Ligue pour l'application de la peine de mort constate qu'aucun des "groupes
de pression qui font grand bruit aujourd'hui ne s'est manifesté lors
de l'assassinat du vigile Tramoni qui lui, n'avait jamais accompli le moindre
acte crapuleux".
Dans un communiqué rendu public vendredi, la Ligue écrit en outre que Goldman "n'avait dû sa relaxe, dans l'instance où il était poursuivi qu'à une surprenante autant qu'éphémère jurisprudence de la Cour de cassation, suivie d'un arrêt de Cour d'assises rendu après que magistrats, jurés, témoins à charge aient été l'objet d'insultes et de menaces, et un témoignage aussi tardif que douteux de la défense".
Le grand rabbin Kaplan à l'Elysée
Coïncidence, le grand rabbin de France, Jacob Kaplan, se rendait vendredi
à l'Elysée pour faire part au président Giscard d'Estaing
de l' "inquiétude de la communauté juive devant la recrudescence
de l'antisémitisme". A-t-on parlé de l'assassinat de Pierre
Goldman ? Non, répond Jacob Kaplan, l'air un peu surpris.
Nous lui demandons alors si "en ce soir de Rosh Hachana
(le Nouvel An juif) il aura une pensée pour Pierre Goldman". Il
hésite.
"Nous prions pour les morts, tous les morts. Mais je n'ai pas suivi l'affaire
Goldman et je ne le connaissais pas personnellement. Je pense qu'il s'est racheté
puisqu'il était entouré de l'estime de beaucoup de personnes".
Le grand rabbin ajoute ensuite qu'il ignore si l'assassinat est un acte antisémite, mais "c'est possible" dit-il avant de quitter l'Elysée.
Les reporters présents de la presse israélienne ne sont pas satisfaits : "Pourquoi la communauté juive française ne dénonce-t-elle pas carrément l'assassinat de Pierre Goldman comme un acte fasciste et antisémite ?"
Au même moment, le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) publiait un communiqué dénonçant la "multiplication des profanations de synagogues et de cimetières juifs et le retour offensif des menées antisémites".
Pas un mot sur l'extrême droite. Ni sur Pierre
Goldman.
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