Les justiciers contre la justice
Libération, le 22 septembre 1979
[journaliste inconnu]
Retranscription de Mathieu Duchesne
Les assassins de Pierre Goldman ne sont pas connus. Reste ses assassins en puissance. Ceux qui désiraient son meurtre, qui l'excusent aujourd'hui, "Mettre un tel attentat au compte d'un certain "honneur de la police" c'est assez fin, constate un commissaire du Quai des Orfèvres", peut-on lire dans France Soir du 22 septembre. "C'est aussi de nature à tromper l'opinion publique qui sait bien qu'aucun d'entre nous ne pouvait être satisfait de la clémence inexplicable dont Goldman a bénéficié dans l'affaire du boulevard Richard Lenoir". Ce commissaire, est-il le seul à penser ainsi. Non. "Pierre Goldman n'avait dû sa relaxe dans l'instance où il était poursuivi pour deux assassinats et deux tentatives de meurtre qu'à une surprenante autant qu'éphémère jurisprudence de la Cour de Cassation suivie d'un arrêt de la cour d'assises rendu après que magistrats, jurés, témoins à charge aient été l'objet d'insultes et de menaces et un témoignage aussi tardif que douteux de la défense " écrit sans pudeur la ligue contre le crime et pour l'application de la peine de mort.
Il y a encore des gens pour penser que Dreyfus est coupable. Il y en a encore qui, s'ils le pouvaient, le flingueraient.
Ces justiciers veulent que la justice soit respectée.
Soit. Mais qu'au moins ils aient la pudeur, eux, de la respecter. Le verdict
de la cour d'assises d'Amiens a déclaré Pierre Goldman innocent
du double meurtre du boulevard Richard Lenoir. Prétendre le contraire
est passible de la loi.
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