Pierre Goldman devait être inhumé, jeudi 27 septembre vers 17 h,
au cimetière du Père-Lachaise. Auparavant, une procession silencieuse
devait accompagner le cercueil à travers les rues de Paris, depuis l'Institut
médico-légal, quai de la Rapée (12ème). Trente et
une organisations de gauche, ainsi que les proches et les mais du militant décédé,
avaient appelé les Parisiens à rendre un dernier hommage à
la mémoire de Pierre Goldman.
Une semaine après sa mort, les assassins demeurent introuvables. La brigade criminelle, chargée de l'enquête, continue ses investigations et prépare les portraits-robots de trois tueurs de Pierre Goldman. Après avoir exploité l'hypothèse d'un crime commis par des membres de l'extrême droite, les enquêteurs tentent désormais d'en vérifier une autre : un assassinat commis par des malfaiteurs à la solde des milieux d'extrême droite basques espagnols. Plusieurs criminels français auraient, en effet, passé un "contrat" avec l'aile droite du patronat espagnol et seraient chargés d'éliminer des militants basques ou certains de leurs amis. Sans repousser cette hypothèse, les policiers estiment ne pas avoir encore d'éléments pouvant accréditer cette thèse.
Plus d'une centaine d'intellectuels, membres du P.C.F., ont signé, mercredi 28 septembre, un appel lancé par la revue communiste Dialectiques, incitant les membres de leur parti à participer aux obsèques de Pierre Goldman qui doivent avoir lieu ce jeudi 27 septembre à 16 h. Parmi les signataires de cet appel figurent les noms de Mmes Christine Buci, Catherine Clément, et de MM Etienne Balibar, Jean Elleinstein, Jean Rony et Gilles Perrault. Ces intellectuels appellent également, "conformément aux traditions de lutte antifascistes et démocratiques du P.C.F., communistes et démocrates" à participer à la réunion unitaire que doivent organiser, mardi 2 octobre, à la Mutualité, les trente et une organisations et mouvements de gauche, réunis au sein d'un comité.
Cet appel peut apparaître comme un désaveu de la position du parti communiste, qui ne s'est pas associé à l'initiative du comité des trente et une organisations, préférant envoyer le bureau des parlementaires communistes faire une démarche de protestation au ministère de l'intérieur et demander à M. André Lajoinie, député (P.C) de l'Allier, de poser une question écrite à M. Raymond Barre, concernant les circonstances de la mort de Pierre Goldman.
Les intellectuels communistes signataires de l'appel de la revue Dialectiques n'ont pris leur décision qu'après une dernière réunion, mardi 25 septembre, à la Fédération de Paris de leur parti. Ils ont reproché à leur direction de ne pas participer aux cérémonies à la mémoire de Pierre Goldman, de crainte de voir une telle initiative prise pour une action "à la base" avec le parti socialiste. Les signataires de l'appel regrettent aussi que l'Humanité, dans une biographie de Pierre Goldman, publiée dans son édition du 24 septembre, n'ait pas fait mention de l'adhésion avant 1968 du militant assassiné à l'Union des étudiants communistes (U.E.C).
La C.G.T. et la FEN n'ont pas appelé, non plus, leurs adhérents à participer aux obsèques de Pierre Goldman ni à la réunion unitaire de la Mutualité. La C.F.D.T. devait, en revanche, envoyer une délégation confédérale aux obsèques, tout comme le Mouvement des radicaux de gauche. Cependant, certaines sections syndicales ont, d'autre part, annoncé qu'elles souhaitaient s'associer à l'initiative des trente et une organisations de gauche. C'est le cas notamment du syndicat des correcteurs C.G.T. qui estime que "le passé de Pierre Goldman en faisait une victime désignée pour les nostalgiques de Vichy, les résidus de l'O.A.S. et autres émules des "escadrons de la mort" brésiliens", et rappelle que "le plasticage de la voiture de M. Maurice Lourdez, ouvrier du livre, est resté impuni".
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