Jean-Marie Bigard et Pierre Palmade : Les chansons de Jean-Jacques Goldman (Tapis Rouge, 21 novembre 1998)

Essais

Lors du Tapis Rouge exceptionnel consacré à Céline Dion et Jean-Jacques Goldman, Jean-Marie Bigard et Pierre Palmade ont apporté une surprise à Jean-Jacques Goldman, à travers une analyse toute personnelle de ses chansons...

Jean-Marie Bigard : Bonsoir ! Alors, si on est là, c'est qu'on a été invités par Jean-Jacques Goldman, sinon on se serait pas permis... Alors, pourquoi on est là, ben... c'est pas pour chanter, je crois qu'il y assez de monde par ici pour le faire, encore qu'on aurait pu !

Pierre Palmade : Surtout moi ! C'est vrai que j'ai une voix, ces temps-ci je la pousse, une voix assez cristalline, et si je la mélange avec Jean-Marie ça me dessert donc c'était pas la peine de... enfin vous voyez !

Jean-Marie Bigard : Oui bon je pense qu'ils ont compris Pierre ! Donc voilà pourquoi on n'a pas chanté ! Alors l'idée qu'on avait au départ et qui était une bonne idée, c'était "on va faire un truc drôle".

Pierre Palmade : Même s'il y en avait déjà eu plein avant...

Jean-Marie Bigard : Pas trop, y'en a pas trop eu avant, j'ai regardé. A part Muriel qui a fait un carton, y'a pas eu trop de trucs drôles, tu sais il était temps qu'on arrive quand même ! Mais bon, faire un truc drôle sur Goldman, c'est pas évident !

Pierre Palmade : Pas évident du tout !

Jean-Marie Bigard : Muriel le disait tout à l'heure, c'est un gars sympa, généreux, il a du talent, c'est limite pénible tu vois !

Pierre Palmade : C'est pénible ! Et surtout, c'est pas drôle !

Jean-Marie Bigard : Enfin bon, on a cherché et finalement... on a rien trouvé.

Pierre Palmade : Du coup on a failli pas venir.

Jean-Marie Bigard : C'est vrai, il était moins une. Y'a 5 minutes, on était dans la loge, il avait son blouson sur le dos, on était barré ! Et alors, tout d'un coup de la lumière, Pierre me dit : "Regarde ! Là !"

Pierre Palmade : C'est un flash, une idéé qui m'est venue comme ça !

Jean-Marie Bigard : Devant nous, là, il y avait les titres des chansons de Jean-Jacques Goldman !

Pierre Palmade : Qu'est-ce qu'on allait s'emmerder à écrire un texte drôle alors qu'il existait déjà !

Jean-Marie Bigard : Ben oui, sans déconner, vous regardez, faites-le chez vous, vous regardez la liste des titres de chansons de Jean-Jacques, c'est à mourir de rire ! Vous allez voir...

Pierre Palmade : Vous allez voir, c'est pas des conneries. Moi je dis que Jean-Jacques est un humoriste qui s'ignore.

Jean-Marie Bigard : Oui ben, plus pour longtemps, il va s'en rendre compte tout de suite tu vas voir. Vas-y !

Pierre Palmade : Bon alors je prends un truc au hasard, par exemple, alors tiens par exemple, elle est gratinée celle-là... "Là-bas". Il monte sur scène et il dit aux gens "je vais chanter là-bas".

Jean-Marie Bigard : Vous avez compris ce qu'a dit Pierre ! Il monte sur scène et il dit "je vais chanter là-bas !" C'est-à-dire, on s'est emmerdé à réunir des gens autour de lui, y'a une billeterie, y'a tout un tas de trucs vachement organisés, et ben non lui il arrive et il dit "je vais chanter là-bas". C'est pour ça que les gens lui courent après aussi, il faut les comprendre !

Pierre Palmade : Il faut pas me dire qu'il est pas drôle !

Jean-Marie Bigard : Bien sur qu'il est drôle ! Alors un autre, tiens ou en étais-je moi ? Ah ! Celui-là il est drôle : "Envole-moi". Ça aussi c'est drôle. Ben oui parce que au cas ou vous l'auriez pas remarqué, y a une faute de syntaxe qui est énorme, que personne n'a vue ! "Envole-moi", ça gaze pas ! "Je m'envole", ça va, "Envole-toi", ça va très bien aussi, mais "Envole-moi", y a un problème ! Ou alors, à ce moment là, il a qu'à dire "Fais-moi décoller". Alors bon, vous allez me dire c'est pas joli mais c'est français au moins !

Pierre Palmade : Ou alors, y a une faute de frappe !

Jean-Marie Bigard : Ah oui, à quoi tu penses ?

Pierre Palmade : Il a peut-être voulu dire "Enrole-moi". J'sais pas, va savoir ce qui lui est passé par la tête... Ou alors, si ça se trouve, "Enroule-moi".

Jean-Marie Bigard : "Enroule-moi ?" Oui alors, "Déroule-moi" pendant que tu y es. Ben oui c'est vrai s'il l'a enroulée il doit pouvoir la dérouler.

Pierre Palmade : Bon, ce titre, c'est une énigme quand même. Y a pas que celui-là d'ailleurs. Tu vois, c'est un mec qui change d'avis assez facilement parce qu'un jour il chante à tout le monde "Etre le premier", et un album plus loin, il dit "Les premiers seront les derniers" [sic]. Alors je dis il faudrait savoir ce qu'il veut, je sais pas comment il compte mais...

Jean-Marie Bigard : En tout cas ça se recompte, ça c'est sûr. Tiens, regarde, un autre : "Encore un matin". C'est formidable on croirait qu'il s'étonne ! C'est le genre de mec qui se lève et qui dit "Merde, encore un matin putain". Ça l'énerve. C'est vrai, parce qu'un matin, au cas où il l'aurait pas remarqué, c'est tous les jours ! Sauf nous, des fois ça nous arrive d'en rater un ou deux, mais bon... j'veux dire... lui il se lève alors il se les prend tous dans la tête les matins. Ensuite il s'énerve : "Encore un matin, encore un matin". Après il met de la musique et ça fait [Il chante] "Encore un matin" ! Tu vois, et hop, ça fait une chanson.

Pierre Palmade : Et encore il est sympa, parce qu'il a pas décliné l'idée, il aurait pu nous pondre "Encore un midi", "Encore un soir", "Encore une nuit"...

Jean-Marie Bigard : Ouais, c'est vrai... Alors évidemment on vous passe les "Comme toi", les "Pas toi", les "Un, deux, trois". "Nous ne nous parlerons pas", "Je ne vous parlerai pas d'elle", on se demande même pourquoi il est venu... "A quoi ça sert" [sic], d'ailleurs il le dit tout seul.

Pierre Palmade : C'est-à-dire il faut pas qu'il s'étonne apres s'il marche seul... En tout cas pour finir Jean-Marie...

Jean-Marie Bigard : Pour finir ? C'est déjà fini Pierre ?

Pierre Palmade : Oui, au bout d'un moment il faut s'arrêter, eh bien pour finir, je vais te mimer des titres de Jean-Jacques Goldman et tu vas essayer de les deviner. Géniale idée non ?

Jean-Marie Bigard : Johnny Hallyday ?

Pierre Palmade : Non, géniale idée !

Jean-Marie Bigard : Ah ! Géniale idée ! Articule, on ne comprend pas ce que tu dis ! Alors je suis prêt Pierre, vas-y, le jeu !

Pierre Palmade : Je te mime et en articulant. Attention le premier mime, Allez ! [Il lance un bras d'honneur]

Jean-Marie Bigard : Ah ! Il suffira d'un signe !

Pierre Palmade : Oui. Un autre [nouveau bras d'honneur]

Jean-Marie Bigard : Ah oui, celle-là je l'ai... euh... "A nos actes manqués"

Pierre Palmade : Oui, maintenant, rien à voir, un autre [Toujours un bras d'honneur]

Jean-Marie Bigard : Ah, elle est facile celle-là, c'est "Je te donne"

Pierre Palmade : Bien sûr. Maintenant une autre, très dur, on va très très loin. Regarde bien [nouveau bras d'honneur évidemment]

Jean-Marie Bigard : Oh, putain il est dur celui-la ! Merde qu'est-ce que ça peut bien être... Ça peut pas être "Elle a fait un bébé toute seule", ou alors "Rouge"... Ou alors...! Oh non Pierre on avait dit pas de vulgarité ! Y'a des règles quand même !

(c) Bigard / Palmade

21 novembre 1998 (retranscription de Julien Schroeter)