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Jean-Jacques Goldman : "les espoirs et les doutes"
(Cool, octobre 1985)

Jean-Jacques Goldman : "les espoirs et les doutes"
Cool, octobre 1985
Retranscription de Stéphane Dumond

Non homologué l'album, mais le monsieur aussi… Décidément, il devient difficile de saisir Jean-Jacques Goldman. Perdu dans ses doutes, auréolé d'espoir, le chanteur de "Je marche seul" n'a pas la pensée classique, ni les caprices des stars. Ses désirs : chanter pour faire plaisir, vivre avec la musique, jouer pour exister. Mais pourquoi tant de chansons grises et de tristesse dans ce regard de braise ? Pourquoi des doutes omniprésents et des airs de "Je ne suis pas ce que l'on croit" ? Le chouchou du public et des médias reste un mystère du "no comment", à découvrir entre les lignes… Mais des chansons seulement. A l'aube du Zénith et d'une tournée très attendue, Jean-Jacques Goldman reste cool, il est riche de ça…

Cool : A partir du 3 décembre, tu vas "habiter" le Zénith, mais tu as déjà fait quelques concerts à l'Ile Maurice et à la Réunion. Que peux-tu dire de ce nouveau spectacle ?

Jean-Jacques Goldman : Pas grand chose, à part que ce n'est pas un concert que je fais tout seul. On est toute une équipe de musiciens, qui seront totalement impliqués dans le spectacle. Je ne suis pas un chanteur avec ses musiciens derrière, c'est vraiment un groupe qui joue.

Cool : Est-ce une nostalgie par rapport à Taï Phong ou une manière de travailler qui correspond à ta musique ?

Jean-Jacques Goldman : D'une part, c'est vrai que la musique que je fais s'adapte mieux à un travail de groupe. D'autre part, c'est une nostalgie non seulement à Taï Phong, mais à tous les groupes auxquels j'ai participé avant. Dans tout ce que j'ai fait musicalement, il y a eu beaucoup plus de temps passé en groupe que tout seul. Je ne suis tout seul que depuis quatre ans.

Cool : Toi qui aimes bien l'anonymat, aurais-tu préféré rester dans un groupe ?

Jean-Jacques Goldman : Oui, c'était plus mon tempérament et quand Taï Phong s'est séparé, ce n'était pas uniquement de ma faute. D'ailleurs, moi j'aurais beaucoup aimé continuer avec eux mais les choses ayant évolué différemment, je me suis retrouvé un peu tout seul.

Cool : Vas-tu insister sur certains thèmes durant ce concert ? Vas-tu donner une couleur particulière ?

Jean-Jacques Goldman : Non, pas vraiment. Il y aura évidemment des chansons que je ne chanterai pas et d'autres qu'on me reprochera de ne pas chanter, mais je suis obligé de faire un choix empirique et scénique. Sinon, il n'y a rien de spécial dans ce spectacle. Il n'y a pas de danseuses, de claquettes, de choristes. C'est vraiment basé autour des chansons, il n'y a rien d'exceptionnel.

Cool : Tu voulais le Palais des Sports, mais tu as été presque obligé de choisir le Zénith. Est-ce que tu es allé "tester" la salle du côté des artistes ?

Jean-Jacques Goldman : Oui, j'y étais encore hier soir. Je pense que le Zénith ira, mais je préfère encore quand même le Palais des Sports comme ambiance.

Cool : Personnellement, j'ai trouvé les thèmes de ton nouvel album un peu tristes. Est-ce que tu désirais exprimer ce sentiment ?

Jean-Jacques Goldman : Non, c'est une chose qu'on m'a reprochée sur cet album mais on me l'avait dit aussi sur le précédent, "Positif", en trouvant les thèmes gris. Moi je trouve que "Je te donne", "Je marche seul", "Délires schizo-maniaco-psychotiques" sont des chansons qui ont la pêche, des chansons gaies. Je n'ai jamais fait des chansons qui parlent du ciel bleu, de la plage, des amours de vacances et c'est vrai qu'il y a toujours un rapport avec la réalité. Mais avec un peu d'humour autour. Quant à cette réalité, on ne peut pas dire qu'elle soit actuellement rose. En attendant, il ne faut pas dramatiser, je crois que ça ne se prend jamais au sérieux.

Cool : En bas de ce disque "Non homologué", tu glisses un petit message : "les chansons sont souvent plus belles que ceux qui les chantent, pardon à ceux que j'ai pu décevoir ou choquer par une attitude, un mot, une absence, un silence". On y sent un côté distance, doute…

Jean-Jacques Goldman : C'est pas un doute, c'est une certitude pour la dédicace. C'est vrai que les gens ont tendance à confondre les chansons et les chanteurs et que les chanteurs ne sont souvent pas au niveau que les chansons pourraient le laisser supposer.

Cool : Mais crois-tu que ce soit important de l'écrire au bas d'un disque et d'enlever peut-être une part de rêve aux gens qui t'aiment bien ?

Jean-Jacques Goldman : Oui, je veux leur dire "tu te trompes". Je ne veux pas promettre aux gens des choses que je ne suis pas capable de tenir. Si j'ai écrit cette dédicace, c'est parce que je sens que je déçois beaucoup de personnes qui m'approchent ou qui me connaissent et qui sont déçues par ce que je suis par rapport à ce qu'ils auraient pu penser que j'étais par les chansons. Alors, je préfère prévenir d'avance qu'il y a des chansons, et qu'il y a le personnage, avec ses défauts et ses qualités.

Cool : On ne te met pas facilement dans la boîte "chanteurs", tu restes même pour les gens du métier un "cas Goldman". Es-tu conscient de cette différence ?

Jean-Jacques Goldman : Je crois qu'on fait un métier qui n'est pas bien compatible avec l'uniformité et que chaque chanteur est particulier. On ne peut pas ressembler à quelqu'un d'autre. Je ne crois pas qu'il y ait "les chanteurs". Il y a des tas de chanteurs qui sont très différents les uns des autres. Balavoine est Balavoine, Berger est Berger, Jeanne Mas est Jeanne Mas, Vivien Savage est Vivien Savage. On ne peut en mettre aucun dans le même sac qu'un autre et c'est ce que demande le public, c'est de voir des gens avec une personnalité.

Cool : Tu fais beaucoup de TV, de radios, mais tu ne raffoles pas de la presse. Est-ce qu'au fur et à mesure que tu fais ce métier, tu as plus envie de te raconter, de t'exprimer ?

Jean-Jacques Goldman : Non, je trouve que les radios et les télévisions sont importantes parce qu'il faut que les gens entendent les chansons que l'on fait. Mais je pense que tout ce qu'on peut ajouter au-delà de ces chansons est inutile. Que ce soit en presse, en radio ou TV, je le fais parce qu'il faut le faire mais je suis persuadé que c'est inutile pour les chanteurs. Par contre, les acteurs, les peintres, les écrivains, les cinéastes ont besoin d'expliquer ce qu'ils font et de donner envie aux gens d'aller voir un film, une expo, d'acheter un livre.

Cool : Mais tu comprends cette curiosité, cette envie de te connaître ?

Jean-Jacques Goldman : Oui.

Cool : Toi-même, n'es-tu pas curieux de nature ?

Jean-Jacques Goldman : J'ai aimé des gens comme Jimmy Hendrix, comme Elton John, je connais presque tous leurs disques mais je n'ai jamais recherché beaucoup d'éléments sur leur personnage. Le fait qu'Elton John soit homosexuel ou que Jimmy Hendrix soit mort d'une overdose sont des choses qui m'importent peu. Quand j'écoute "Let it be" des Beatles, je ne me demande pas les opinions politiques d'Harrison, je craque misérablement.

Cool : Tout le monde attend ton Zénith, on s'interroge sur ce que tu vas nous montrer. Or toi, tu me sembles avoir joué la carte de la sobriété, sans mise en scène à sensation.

Jean-Jacques Goldman : Tu sais, les chansons sont réorchestrées, les débuts et les fins sont refaits, les milieux sont différents. Musicalement, il y a énormément de changements dans les tempos et les arrangements. Il y a beaucoup de travail à ce niveau là, mais ça n'a rien d'exceptionnel, c'est ce que tout le monde fait en concert. Il y a des morceaux que je chante juste avec une guitare ou un piano. Seulement, rien que le fait d'ajouter des films sur certaines chansons, de mettre des bonnes lumières comme il faut, ça demande beaucoup de temps. Cela fait presque un an qu'on y travaille de façon à ce que le spectacle ait une unité, une ambiance et qu'il n'y ait pas de temps morts ou de chanson gratuite.

Cool : Pour toute mise en scène, tu as choisi le support de l'image comme au précédent concert.

Jean-Jacques Goldman : Oui, on a tourné des films qui illustrent les chansons en leur apportant quelque chose de visuel parce qu'il ne se passe pas grand-chose sur scène. A un moment, par exemple, il peut arriver que la musique soit aidée par une image, mais il n'y aura rien de plus.

Cool : Côté clip, celui de "Je marche seul" a eu un impact plus que positif. L'idée originale était-elle de toi ?

Jean-Jacques Goldman : Tu sais, je ne vais presque jamais au cinéma parce que j'ai très peu de temps, alors j'adore regarder les bandes-annonces des films. Tu y trouves presque tout. Ça donne envie d'aller au cinéma, ça va très vite et on voit un peu tous les aspects : l'aventure, le suspens, l'érotisme, la peur… Donc, on avait décidé de faire pour ce clip un film où on puisse imaginer une histoire d'un type, transfuge de l'Est à qui il arrive une aventure dans un train qui passe la frontière… C'était dans cet esprit légèrement humoristique qu'on avait travaillé.

Cool : Ce titre, "Je marche seul", n'est-il pas un peu en contradiction avec le succès que tu as ?

Jean-Jacques Goldman : Oui, mais enfin "Je marche seul" est une chanson gaie parce que pour moi, la solitude n'est pas du tout une punition. C'est au contraire une des rares choses dont j'ai physiquement besoin. J'ai besoin d'être seul de temps en temps et c'est vrai qu'un de mes plaisirs, un des moments de grand enthousiasme et de grande joie est de me promener dans les rues tout seul, anonyme, de m'arrêter dans une boutique, de causer avec des gens en étant inconnu. Tout ça est plus facile à présent dans des pays étrangers, mais j'avoue que c'est dans ces moments-là que j'oublie tout et que je me sens vivre, en pouvant faire une connerie, en perdant du temps, en flânant. "Je marche seul" est vraiment une chanson gaie parce que c'est un de mes privilèges, "je suis riche de ça mais ça ne s'achète pas…". C'est une chose luxueuse pour moi.

Cool : Tu as dédicacé sur cet album une chanson à Danièle Messia, "Famille", et tu as sans doute été le seul à le faire…

Jean-Jacques Goldman : C'était une chanson que j'avais déjà faite et quand j'ai appris sa mort, je me suis dit qu'elle était une des personnes que je connaissais qui correspondait à ce que je voulais dire. C'était une fille que je connaissais très peu, on s'était peut-être vu 5 fois, on s'était assez peu parlé et pourtant j'avais une intimité avec elle. On sentait qu'on avait des tas de choses en commun et qu'on faisait partie d'une même famille de pensée. On avait les mêmes doutes et les mêmes espoirs sans avoir jamais déjeuné, ni passé la soirée ensemble.

Cool : As-tu une grosse angoisse avant ce Zénith ?

Jean-Jacques Goldman : Non, parce que pour moi le Zénith n'est pas très différent de la tournée. J'ai envie d'y aller, sans angoisse, parce que les gens qui m'attendent ne m'attendent pas pour me juger mais pour qu'on passe une soirée ensemble. Je n'ai pas de grosse angoisse, j'ai une grosse envie.


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