Auteur : Jean-Jacques Goldman
Compositeur : Jean-Jacques Goldman
Editée par : Edtions J.R.G.
Version originale
Année : 1986
Interprétée par : Johnny Hallyday
Distribuée par : Polygram
Qu'on me donne l'obscurité puis la lumière
Qu'on me donne la faim, la soif, puis un festin
Qu'on m'enlève ce qui est vain et secondaire
Que je retrouve le prix de la vie enfin
Qu'on me donne la peine pour que j'aime dormir
Qu'on me donne le froid pour que j'aime la flamme
Pour que j'aime ma terre qu'on me donne l'exil
Et qu'on m'enferme un an pour rêver à des femmes
On m'a trop donné bien avant l'envie
J'ai oublié des rêves et des mercis
Toutes ces choses qui avaient un prix
Qui font l'envie de vivre et le désir
Et le plaisir aussi
Qu'on me donne l'envie
L'envie d'avoir envie
Qu'on rallume ma vie
Qu'on me donne la haine pour que j'aime l'amour
La solitude aussi pour que j'aime les gens
Pour que j'aime le silence qu'on me fasse des discours
Et toucher la misère pour respecter l'argent
Pour que j'aime être sain vaincre la maladie
Qu'on me donne la nuit pour que j'aime le jour
Qu'on me donne le jour pour que j'aime la nuit
Pour que j'aime aujourd'hui oublier les toujours
On m'a trop donné bien avant l'envie
J'ai oublié des rêves et des mercis
Toutes ces choses qui avaient un prix
Qui font l'envie de vivre et le désir
Et le plaisir aussi
Qu'on me donne l'envie
L'envie d'avoir envie
Qu'on rallume ma vie
Paroles et Musiques : Vous avez écrit ces chansons spécialement pour [Johnny] ?
Jean-Jacques Goldman : Il y en a trois sortes. Dans les années 1979-1980, je ne voulais écrire que des chansons pour les autres et j'en avais écrit quelques unes en pensant à lui : "L'envie", "Plus fort" (que finalement j'ai gardée pour moi), "Dans mes nuits, on oublie", "Encore"…
Jean-Jacques Goldman : "Un cas spécial"
Paroles et Musique, 1987
Platine : Et "L'envie" de Hallyday?
Florent Pagny : C'est davantage une question de performance. Quand j'ai entendu cette chanson et appris que Goldman l'avait écrite, j'ai immédiatement voulu des chansons de Jean-Jacques. J'ai réalisé qu'il était capable de faire autre chose que ce qu'il écrivait pour lui. Tu l'imagines chanter lui-même "L'envie"? T'es mort de rire ! Il a su faire un costume pour Johnny et j'espère qu'un jour, il m'en fera un à cette mesure. "Est-ce que tu me suis ?" ou "Si tu veux m'essayer" sont de belles chansons, mais pas du niveau de "L'envie"...
Platine, mars 1996
Dominique Simonet : Cette année, vous écrivez un texte pour Gérald De Palmas, il cartonne. Avant ça, c'était Céline Dion, Patricia Kaas, Johnny, Khaled. Comment vivez-vous le succès par l'entremise des autres ?
Jean-Jacques Goldman : Le succès est toujours jouissif. Ensuite, le succès de mes chansons, interprétées par moi, j'adore ça parce que je peux y dire des choses plus personnelles et qu'un rapport intime se crée avec les gens. La sensation d'être compris au quart de tour est extrêmement précieuse. L'autre bonheur, c'est le succès avec les très grands interprètes. Il m'arrive de chanter "Aïcha" dans ma salle de bains, mais quand j'entends Khaled la chanter à l'Olympia, devant son public qui danse, je ressens quelque chose de plus fort que si je l'interprétais moi-même. Quand j'entends Johnny commencer par "L'envie" au Stade de France, devant 80 000 personnes, je sais que je ne peux pas être à cette place-là, ni la chanter avec cette puissance-là comme ce personnage-là, et il se passe alors quelque chose de super jouissif. De Palmas, enfin, est un type tellement intègre, tellement vulnérable de candeur et d'honnêteté, qu'avoir participé à sa reconnaissance est un plaisir inouï aussi. Ce sont trois plaisirs différents, mais extraordinaires tous les trois.
Le grand bal de Jean-Jacques Goldman
La Libre Belgique, le 10 décembre 2001
Jean-Jacques Goldman : Quand je fais des chansons pour Céline ou pour Johnny, il faut qu’ils soient crédibles, que les chansons leur ressemblent. "L’envie", c’est bien que Johnny la chante.
Ça cartonne,
RTL, le 20 novembre 2001
Anthony Martin : Avant que la chanson soit disponible, soit offerte au public, quand vous réécoutez votre travail en studio, vous arrive-t-il de pleurer ou d’éclater de rire, d’être ravi du pouvoir de la chanson, d’écouter, tout à coup de devenir auditeur de votre boulot et de dire "Wow !!" ?
Jean-Jacques Goldman : Ça m’est arrivé quelquefois.
Anthony Martin : Sur quelles chansons ?
Jean-Jacques Goldman : "Quand la musique est bonne", j’étais sûr, "Je te donne", j’étais sûr. C’était surtout à cette époque là. "L’envie", je n’en étais pas sûr parce que je me disais que c’était une chanson qui ne pouvait pas passer en radio parce qu’elle était trop bizarre, mais j’étais super content de ce que j’entendais. A contrario, des chansons que je n’ai pas du tout senties, c’est par exemple "Pour que tu m’aimes encore", qui était pour moi une chanson mineure de l’album.
Ça cartonne,
RTL, le 20 novembre 2001
Eric Jean-Jean : Alors je voulais venir sur la composition pour les autres, parce qu'on a compris que tu écrivais pour toi, que tu avais ton petit carnet, mais comment est-ce que tu choisis, si je peux me permettre l'expression, une proie ?
Jean-Jacques Goldman : Ouais… Alors, j'aime bien les gens qui chantent bien - c'est pas du tout par modestie - mais qui peuvent chanter comme moi je ne peux pas chanter. Ce n'est quand même pas être modeste que de dire que quand Céline Dion chante "Pour que tu m'aimes encore", ce n'est pas la même chose que quand je la chante, et que quand Johnny, au stade de France, chante "L'envie", il lui donne une dimension que je ne pourrais pas lui donner. Ce n'est pas être modeste que de dire ça ! Donc, j'aime bien ça. Ensuite, j'aime bien que ce soit des gens sympas, si c'est des têtes à claque ou des têtes de cons, ça ne m'intéresse pas. Troisièmement, il faut que j'aie l'impression de pouvoir leur apporter quelque chose, ce qui n'est pas toujours le cas.
Paroles et musiques
RTL, le 15 décembre 2001
Pierre Chatard : Parmi les chansons que tu as composées pour d’autres interprètes, quelles sont celles qui t’ont apporté les plus belles surprises ?
Jean-Jacques Goldman : C’est par exemple quand j’apprends que Khaled, qui remplit des stades aux Indes, parce que là-bas, c’est Michael Jackson, et puis qu’il y a des milliers d’Hindous qui chantent "Aïcha", là ça me fait quelque chose ! Ou de voir que "L’envie" que j’avais écrite pour Hallyday est chantée et reprise un peu par tout le monde, ça me fait plaisir.
Interview de Jean-Jacques Goldman
MusiConnexion, mai 2002
Jean Théfaine : Vous incarnez un peu ce qu'on pourrait appeler la bande originale de la vie de trois générations de Français. Si vous deviez choisir trois-quatre chansons, que mettriez-vous dans notre juke box commun ?
Johnny Hallyday : Alors je dirais "Que je t'aime". Et puis "Toute la musique que j'aime", parce que, pour moi, c'est le symbole du rapprochement avec le blues... (...) "L'envie". Parce que ça exprime beaucoup de choses qui me sont chères. "Donnez-moi l'envie d'avoir envie". Parce que ça dit bien ce que je ressens : donnez-moi l'envie d'avoir envie de continuer, quoi.
L'envie d'avoir envie
Chorus n° 43, printemps 2003