Auteur : Jean-Jacques Goldman
Compositeur : Jean-Jacques Goldman
Editée par : BMG Music Publishing France
Version originale
Année : 1981
Interprétée par : Jean-Jacques Goldman
Distribuée par : CBS
Année | Titre | Langue | Interprète | Auteur de l'adaptation | Pochette |
1997 | Ik wil jou niet kwijt | néerlandais | Bart Herman | Bart Herman |
J'accepterai la douleur
D'accord aussi pour la peur
Je connais les conséquences
Et tant pis pour les pleurs
J'accepte quoi qu'il en coûte
Tout le pire du meilleur
Je prends les larmes et les doutes
Et risque tous les malheurs
Tout mais pas l'indifférence
Tout mais pas le temps qui meurt
Et les jours qui se ressemblent
Sans saveur et sans couleur
Et j'apprendrai les souffrances
Et j'apprendrai les brûlures
Pour le miel d'une présence
Le souffle d'un murmure
J'apprendrai le froid des phrases
J'apprendrai le chaud des mots
Je jure de n'être plus sage
Je promets d'être sot
Je donnerais dix années pour un regard
Des châteaux des palais pour un quai de gare
Un morceau d'aventure contre tous les conforts
Des tas de certitudes pour désirer encore
Echangerais années mortes pour un peu de vie
Chercherais clé de porte pour toute folie
Je prends tous les tickets pour tous les voyages
Aller n'importe où mais changer de paysage
Effacer ces heures absentes
Et tout repeindre en couleur
Toutes ces âmes qui mentent et qui sourient
Comme on pleure
Numéro 1 : Dans d'autres chansons comme "Le rapt" ou "Pas l'indifférence", on a l'impression qu'il y a une quête constante de tendresse et de non-violence.
Jean-Jacques Goldman : Si tous les chanteurs exprimaient dans leurs chansons leurs idées politiques et morales, ce serait vite fait. Tout le monde est contre la violence, contre la guerre, pour l'amour et contre l'indifférence, donc c'est assez banal. Moi, j'essaie d'exprimer les implications journalières, dans le vécu. (...) Pour "Pas l'indifférence", c'est plus global. Je crois qu'il y a des valeurs dans l'existence qui ont plus d'importance que de bien gagner sa vie, avoir une maison, le nouveau compact disque et le magnétoscope à retour rapide. Malheureusement, les gens qui s'occupent de notre morale, les politiciens, les syndicalistes, etc., sont très terre à terre dans leurs discours. On a toujours l'impression en les entendant que notre vie sera meilleure avec 13,50 francs de plus, ou une demi-heure de travail en moins. Le problème ne se situe pas uniquement dans ces termes là et je crois que les gens en sont très conscients. Quel que soit le parti politique, les discours sont rétrogrades vis à vis de ce que le public attend.
Jean-Jacques Goldman : Dans mon courrier, on me parle de "Pas l'indifférence" ou de "Veiller tard". Il n'y a pas de problème, le public ne se trompe pas. J'ai appris cela à son contact. il aime les tubes mais n'en est pas dupe. Il sait voir plus loin. Le tube est indispensable pour qu'il pénètre plus avant dans les autres titres. C'est pour ça qu'il est impératif qu'il se passe autre chose de différent dans l'album...
Goldman : Portrait non conforme
Christian Page et Dider Varrod, 1987
Xavier de Moulins Beaufort : L'indifférence ?
Jean-Jacques Goldman : La négation de soi-même, puisque c'est dans l'autre que l'on est le plus soi. L'indifférence est une maladie et elle n'arrive jamais par hasard. C'est une erreur, une carapace, une mutilation qui a eu lieu très tôt. Emmanuel Levinas [philosophe contemporain] a écrit de belles pages sur ce sujet. En vieillissant, en se confrontant sans cesse à l'expérience, à soi-même, on devient plus tolérant, me semble-t-il. Je crois toujours en l'idéal d'une société plus juste. Les sociétés les plus justes sont, de fait, les plus humaines. Inutile d'expliquer pourquoi il y a moins de tortionnaires en Suède qu'au Rwanda. Il me semble qu'en France, le problème majeur est le dysfonctionnement de l'Education Nationale qui n'arrive plus à bousculer les inégalités de départ. Ces quartiers entiers où les mômes vont à l'école sans y croire, c'est cela aussi l'indifférence.
Jean-Jacques, le fataliste
Faim de siècle n° 24, février 1996
François-Xavier Menou : Est-ce qu'après quinze années de scène, on maîtrise mieux les réactions du public aux chansons, à la mise en scène ?
Jean-Jacques Goldman : Beaucoup plus, mais dans certaines limites. Il y a des choses que l'on n'envisage pas, il y a encore des questions. On est parti sur ce début de tournée en se demandant si on pouvait, par exemple, se faire succéder deux chansons lentes, assez longues. Bon, eh bien on a attendu d'avoir les réactions du public pour obtenir une réponse. Ensuite on hésitait entre deux chansons, donc on les a jouées alternativement un jour sur deux : un jour "Tout mais pas l'indifférence", et l'autre jour "Leidenstadt". Et on s'est rendu compte qu'il y en avait une qui fonctionnait mieux. Donc il y a des choses que l'on sait, que l'on contrôle à peu près, mais il y a quand même une grande part d'imprévu, et là c'est le public qui décide.
Jean-Jacques Goldman : Le faiseur de chanson
Côte Basque Magazine, le 10 juillet 2002
Bernard Lescure : Avec "Il suffira d'un signe", votre album est semble-t-il bien parti pour faire un petit tour dans les hit-parades. Vous vous en doutiez ?
Jean-Jacques Goldman : Si j'ai fait ce disque, c'est parce que j'étais sûr qu'il allait marcher. Mais je ne m'attendais pas du tout à ce que ce titre séduise les radios. D'abord parce qu'il dure plus de sept minutes ; donc, je l'ai surtout fait pour le plaisir comme dirait le grand penseur Léonard (NDLR : Herbert). Ensuite, parce que personnellement je préférais d'autres titres comme "Rapt", "Pas l'indifférence" ou "Une autre histoire", qui collent davantage à ma personnalité, à mes émotions.
Bernard Lescure : Si ça n'avait pas marché, que feriez-vous aujourd'hui ?
Jean-Jacques Goldman : J'aurais continué. Je n'ai jamais fait de la musique pour que ça marche.
La Dépêche du Midi, janvier 1982