Auteur : Jean-Jacques Goldman
Compositeur : Jean-Jacques Goldman
Editée par : Editions J.R.G.
Version originale
Année : 1993
Interprétée par : Fredericks - Goldman - Jones
Distribuée par : Columbia / Sony Music
Que disent les chansons du monde de Prague à Bogota
Jaunes, indiennes, noires ou blondes, à Shanghai, à Rabat ?
Que disent les chansons d'ailleurs, de leurs mots d'enfant ?
Compagnonnes de candeur à chaque grave instant
De quelle religion les notes ? Les mots quelle couleur ?
Danses et plaintes polyglottes, que disent les choeurs ?
Que fécondes nos terres et nos dieux miséricordieux
Qu'après l'ombre est la lumière pour les sages et les pieux
Que les femmes seraient des fleurs offertes à nos désirs
Mais qu'il faut prendre leur coeur avant de les cueillir
Et le temps qui passe, et le temps qui court
Et le temps qui lasse, tasse, casse et fait les amours
Et nos peurs immenses, nos rêves infinis
Les fêtes et les danses, danses, danses, danses et puis l'oubli
Partout les mêmes "m'aimes-tu aussi ?"
Quand tes bras me serrent, serrent, serrent et que vient la nuit
Qu'il faut partir à la guerre la fleur au fusil
Vive notre patrie mère et mort à l'ennemi
Que la mer amante cruelle à la vie à la mort
Que nos montagnes sont belles et respectent les forts
Qu'un matin plus de misère et la révolution
Qu'il était une bergère et petit patapon
Qu'ave maria, notre père, à nos péchés pardon
Que fais dodo petit frère et parti le dragon
Et le temps fugace et le temps si court et le temps vorace chasse, efface tous nos discours
Mêmes rengaines au Caire à Sydney, dis-moi que tu m'aimes, même, même, même, si tu sais
Que le temps rapace, que le temps vautour, que le temps nous lâche, lasse, glace et gagne toujours
Jean-Jacques Goldman : Un moine tibétain avec sa corne, un Arabe avec son luth, un Irlandais avec son violon. La forme est différente mais finalement tous parlent de la même chose, toujours ; disent qu'on est seul lorsque la nuit vient et que l'on se demande...
Commentaire du livre "Rouge"
Jean-Luc Cambier : Dans "Que disent le chansons du monde", tu constates, qu'au fond, les chansons racontent toujours les mêmes histoires. N'est-ce pas frustrant pour quelqu'un qui se veut créateur ?
Jean-Jacques Goldman : Non, parce que j'ai jamais eu la moindre illusion. Tu ne crois quand même pas que j'ai cru faire évoluer la chanson mondiale ? J'ai certainement tenu un petit rôle. J'ai été un de ceux qui ont fait passer la musique rock dans la chanson française et l'ont popularisée. Je n'ai pas été inutile mais avoir fait des choses nouvelles, sûrement pas. Au départ, mon ambition "démesurée" était d'écrire des chansons et d'en vivre, même pas de les chanter.
Goldman à l'heure de ses vérités
Télémoustique, 1994
Jean-Paul Germonville : Des événements vous ont frappé lors de ces voyages, au point d'inspirer des chansons.
Jean-Jacques Goldman : En dehors des choses inconscientes qui peuvent en découler, deux titres comme "Tout petit monde" et "Que disent les chansons du monde ?", en parlent. C'est peut-être un peu bâteau de le rappeler, mais nous sommes semblables. Les préoccupations d'un Esquimau sont les mêmes que celles d'un Pygmée. Il y a de l'alcool, de l'amour, de la sexualité, des craintes, des rapports de force, des enfants, la nature, Dieu.
Jean-Paul Germonville : Et le monde tourne mal !
Jean-Jacques Goldman : Je trouve qu'il va plutôt mieux qu'avant. Ça peut paraître cynique, mais la mortalité infantile baisse, la faim dans le monde baisse. L'Inde arrive presque à l'autosuffisance alimentaire. Les démocraties ne perdent pas de terrain. Le monde a toujours été très mal. Le statut de la femme même s'il est épouvantable, a tendance à s'améliorer plutôt que régresser. C'est lent mais on ne va pas vers un pire. Il y a moins de guerres, nous sommes une génération qui ne l'a jamais connue. La première, probablement, dans l'Histoire de France.
Jean-Paul Germonville : L'éclairage médiatique se fait surtout en direction des endroits où ça va mal.
Jean-Jacques Goldman : En effet, on égorge des femmes et des enfants à une heure d'avion de chez nous. Effectivement, ça ne change pas grand chose pour eux de savoir que globalement, on va vers un mieux.
Quelques mots en passant
L'Est Républicain, septembre 1997
Mais les chansons du monde font beaucoup plus que "dire". Beaucoup plus.
Jean-Jacques Goldman
Livret de Pluriel
Thierry Baumann : Alors, cette chanson, elle vous a été inspirée, je suppose, par vos différents voyages, on a parlé un petit peu de vos meilleurs souvenirs à tous les trois lors de voyages, lors des concerts, lors de certaines télévisions, c'est vrai qu'après tout, la musique est complètement universelle et les mots seraient finalement les mêmes, même si on ne les comprend pas.
Jean-Jacques Goldman : Très souvent oui, d'abord, elle a une utilité, elle est présente dans toutes les cérémonies, les cérémonies de mariage, de naissance, de mort, au départ. Et puis, évidemment les fêtes, elles sont liées à l'alcool, elles sont liées à toutes autres sortes de substances d'oubli, partout et ça, c'est assez touchant de voir que son utilité est toujours la même, d'essayer d'oublier, de se sublimer, essayer de passer à autre chose avec des mots qui sont presque partout les mêmes quand on se les fait traduire.
Journée spéciale Fredericks Goldman Jones
O'FM, 29 décembre 1993