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Rouge

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Auteur : Jean-Jacques Goldman
Compositeur : Jean-Jacques Goldman
Editée par : Editions J.R.G.

Version originale
Année : 1993
Interprétée par : Fredericks - Goldman - Jones
Distribuée par : Columbia / Sony Music

 

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Année Interprète Support Référence Pochette
1993 Fredericks - Goldman - Jones K7 Rouge COL 474 955-4
1993 Fredericks - Goldman - Jones CD Rouge COL 474 955-2
1993 Fredericks - Goldman - Jones 45 T COL 659 930-7
1993 Fredericks - Goldman - Jones K7 2 titres COL 659 930-4
1993 Fredericks - Goldman - Jones CD 2 titres COL 659 930-1
1993 Fredericks - Goldman - Jones CD 3 titres hors commerce SAMP 2026 non disponible.
1995 Fredericks - Goldman - Jones 2 K7 Du New Morning au Zénith COL 480 308-4
1995 Fredericks - Goldman - Jones 2 CD Du New Morning au Zénith COL 480 308-2
2000 Fredericks - Goldman - Jones CD Pluriel COL 498 835-2
2000 Fredericks - Goldman - Jones 8 CD Intégrale 1990-2000 CD3 COL 498 836-2
2000 Fredericks - Goldman - Jones 8 CD Intégrale 1990-2000 CD4 COL 498 836-2

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Les chansons sont souvent plus belles... Paroles Retour au menu

Y aura des jardins, d'l'amour et du pain
Des chansons, du vin, on manquera de rien
Y aura du soleil sur nos fronts
Et du bonheur plein nos maisons
C'est une nouvelle ère, révolutionnaire

On aura du temps pour rire et s'aimer
Plus aucun enfant n'ira travailler
Y aura des écoles pour tout l'monde
Que des premières classes, plus d'secondes
C'est la fin de l'histoire, le rouge après le noir

On aura nos dimanches
On ira voir la mer
Et nos frères de silence
Et la paix sur la terre
Mais si la guerre éclate
Sur nos idées trop belles
Autant crever pour elles
Que ramper sans combattre

Y aura des jardins, d'l'amour et du pain
On s'donnera la main tous les moins que rien
Y aura du soleil sur nos fronts
Et du bonheur plein nos maisons
C'est une nouvelle ère, révolutionnaire

Un monde nouveau, tu comprends
Rien ne sera plus jamais comme avant
C'est la fin de l'histoire, le rouge après le noir
Traduction des choeurs de l'ex-Armée Rouge 1ère version :

Le chemin est rude et la douleur est aigue
Nous avons froid, nous sommes tenaillés par la faim
Cette pesanteur nous écrase, et nous sommes nus
Nous - et demain
Nous marchons - nous portons la lumière au creux de nos mains
Nous marchons - ensemble, nous partageons notre pain
Rouge est le sang qui coule de nos blessures
Rouge est le coeur qui bat dans nos poitrines
Rouge est le feu luisant comme notre espoir
Rouge, rouge, rouge est le feu
Rouge est le soleil qui réchauffe les gens
Rouge est notre passion
Rouge est l'aurore qui se lève
Rouge est l'appel de nos paroles vers la liberté

Traduction d'Helena Janus et de Jean-Michel Fontaine

2ème version :

Le chemin est si difficile et la douleur si cuisante
Nous avons froid nous avons faim
Mais attention, nous sommes privés de tout
Demain nous nous mettrons en marche
Nous porterons le monde dans nos mains
Nous partirons, ensemble nous vaincrons
Le sang rouge a coulé de nos blessures
Le coeur rouge tourbillonne dans nos poitrines
Les flammes rouges comme des espoirs se consument
Le feu est rouge, rouge, rouge
Le soleil rouge réchauffe les gens
L'embrasement rouge de notre passion est rouge et la première lueur de l'aube brille
Nos mots d'appel à la liberté sont rouges

Traduction de Géraldine Gauthier


(c) mai 1993, Claude Gassian
Collection privée de Michael Jones

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Antoine de Caunes : Cette chanson-là, c'est aussi bien la déception ici, chez nous, qu'à propos du communisme, qu'à propos de ce qui s'est passé à l'Est, ce qui s'est passé à Moscou.

Jean-Jacques Goldman : Oui, une des questions qu'on s'est posée ces derniers temps, c'est "à quoi croire" puisque peu à peu toutes les choses auxquelles on a crues ont échoué.

Antoine de Caunes : Justement, on sent votre envie de redonner un sens aux mots. Quand vous employez le mot rouge, vous dites qu'aujourd'hui le rouge n'évoque plus le mot Potemkine, enfin le mot communisme qui est quand même la connotation de rouge. Cela n'évoque plus Potemkine mais la Nomenclatura.

Jean-Jacques Goldman : Une fois de plus, ce n'est pas trop un engagement. C'est plutôt une évocation parce que j'ai vécu dans ce milieu-là. C'était des gens militants et on a oublié à quel point ces gens étaient beaux. Je le dis d'autant plus que moi, j'étais un peu le musicien de l'affaire, celui qui était à côté, qui n'était pas altruiste. Mais je trouve que c'était des gens qui étaient beaux, qui étaient purs et tout ça. Donc quand on voit toute cette perversion autour, c'est simplement une évocation de cette beauté-là, et de ces valeurs.

Antoine de Caunes : Et vous dites aussi que le rouge, c'est la couleur de l'espoir.... C'était le vert jusqu'à maintenant.

Jean-Jacques Goldman : Ouais, je sais.

Antoine de Caunes : Parce que le rouge, on le retrouve partout. Il est là sur le petit ruban pour le sida. C'est une couleur d'époque ?

Jean-Jacques Goldman : C'est d'abord la couleur de la vie, la couleur du sang, la couleur des coeurs...

Antoine de Caunes : Du combat aussi.

Jean-Jacques Goldman : Oui, d'une certaine violence, des colères aussi.

Antoine de Caunes : Et vous, vous allez jusqu'à dire que c'est la couleur de la jeunesse.

Jean-Jacques Goldman : Il me semble, oui. C'est une couleur adolescente le rouge. On voit pas beaucoup de gens au-dessus de 65 ans habillés en rouge...

Antoine de Caunes : Il y a un mot qui m'a frappé c'est que vous dites que vous ne voudriez pas que l'on ricane de ces valeurs.

Jean-Jacques Goldman : Oui, c'est vrai.

Antoine de Caunes : Vous trouvez que dans le grand balayage que l'on est en train de faire ici et là-bas, on fait valser les valeurs et que ce n'est pas bien ?

Jean-Jacques Goldman : Oui, j'ai l'impression. Maintenant, un type vient dans un amphi et dit : "voilà, je voudrais l'égalité des chances". J'ai l'impression qu'il y a des gens qui sont prêts à ricaner....

Antoine de Caunes : Vous vous êtes fait un petit plaisir, vous êtes allé à Moscou pour joindre l'utile à l'agréable, voir les "rouges" de près, enfin les ex.

Jean-Jacques Goldman : Oui, chacun ses mythes. Y'en a pour qui c'était d'enregistrer à Memphis, moi, c'était avec les choeurs de l'Armée Rouge.

Antoine de Caunes : C'est pas incompatible...

Jean-Jacques Goldman : Ça, c'est intéressant... Les choeurs de l'Armée Rouge à Memphis !

Antoine de Caunes : Vous n'avez pas eu l'impression de faire revivre les dinosaures de la révolution d'octobre ?

Jean-Jacques Goldman : C'est vrai que lorsqu'on arrive devant, qu'on dit une toute petite phrase comme ça timidement, et tout à coup, on l'entend avec leurs organes. Là, c'est très impressionnant !

Nulle Part Ailleurs
Canal +, 24 novembre 1993


Jean-Jacques Goldman : Dans cette chanson, c'est la musique qui commande. Elle est venue avant toute chose et s'est imposée. Comme, peu à peu, les voix bulgares ou les Choeurs de l'Armée Rouge se sont imposés dans "Rouge". Pour "Fermer les yeux", la musique avait décidé de parler d'un prisonnier, d'un forçat, d'une prostituée, un être privé de liberté. Mais, cela, je ne le savais pas encore... Pourtant, il me semble qu'aucun autre thème ne pourrait aller avec cette musique. Le plus souvent, la chanson est une rencontre entre une idée du petit carnet et une musique. Mais pas ici. C'est la musique, seule, qui a fait entièrement le chemin. Comme dans "Nuit", lorsque c'était elle qui parlait de la nuit. Je n'ai fait que retranscrire les mots dont la musique était pleine.

Commentaire du livre "Rouge"


Jean-Luc Cambier : Rouge, le titre de l'album, se réfère à une symbolique de cette couleur plus large que celle de la politique. C'est pourtant au communisme et à la chanson "Rouge" qu'on ramène tout l'album.

Jean-Jacques Goldman : Je savais que je n'y échapperais pas. C'est le plus facile. Récemment, ma mère m'a téléphoné une critique où le journaliste trouvait incroyable qu'on puisse croire encore à ces rêves révolutionnaires. Il pensait que c'était moi qui parlais quand je chante "y aura du soleil sur nos fronts et du bonheur plein nos maisons, c'est une nouvelle ère, révolutionnaire" . Bien sûr, c'est une chanson "comédie musicale", une évocation de l'après-1917 (la révolution russe), de l'immense espérance de cette époque, de la beauté de cette espérance, même si, nous en 1994, on sait très bien comment cela va finir.

Goldman à l'heure de ses vérités
Télémoustique, 1994


"Les choristes russes en coulisse et sur scène, tendresse et puissance."

Livret "Du New Morning au Zénith"


"Youri, Vassili, Serguei et les autres."

Livret "Du New Morning au Zénith"


Jean-Jacques Goldman : Pour moi, la phrase politique de base en ce qui me concerne c'est une phrase qu'a dit Lénine mais... il se trouve que c'est lui qui l'a dit : "La vérité est toujours révolutionnaire." Moi je pense que c'est ça. Et je pense qu'une expérience qui démarre sur le mensonge ne peut pas marcher. Donc, pour moi, c'était cuit d'avance, dès 81.

Fréquenstar
M6, 5 décembre 1993


Jean-Jacques Goldman : J'étais politiquement musicien c'est-à-dire j'étais un peu atypique aussi dans la famille dans le sens où toute ma famille et tous les enfants étaient très militants. Et moi, j'étais... j'achetais une guitare et j'apprenais les accords. Ceci dit, j'étais intéressé par les conversations à table, les événements dans le monde parce que c'était... la culture familiale quoi ! J'étais toujours dans une ligne "sociale-traitre" comme ils disaient.

Fréquenstar
M6, 5 décembre 1993


Thierry Coljon : Dans le clip de "Rouge", ce vieux monsieur qui feuillette avec nostalgie son album de photos de jeunesse, ça pourrait être ton père...

Jean-Jacques Goldman : Ça pourrait, oui. C'est un homme qui a toujours dit, chaque fois que je me moquais de lui ne fût-ce que quand les chars russes entraient à Prague, ce ne sont pas les idées qui sont mauvaises, ce sont les hommes. Il avait raison, les idées restent magnifiques. Pas spécialement les idées communistes mais même chrétiennes, ces idées altruistes quoi. Le fait qu'il faut bien vivre ensemble...

Le communisme a été l'horreur absolue. La sauvagerie la plus totale. Il fallait que ça meure, il n'y a aucun doute là-dessus. Mais c'est toujours comme on dit : il ne faut pas jeter le bébé avec l'eau du bain. Ce n'est pas parce que ces gens-là ont trahi que l'idée de faire que chacun ait ses chances, que l'éducation soit obligatoire et gratuite, soit mauvaise.

(...)

Thierry Coljon : Mais en allant chercher pour ce disque les Choeurs de l'Armée rouge, l'image officielle par excellence d'un communisme stalinien et brejnevien pur et dur, ça passe un peu pour de la provocation, non ?

Jean-Jacques Goldman : Pour moi, cet orchestre était aussi le symbole de ce qu'il y a de beau là-dedans. Quand moi j'allais voir les Choeurs de l'Armée Rouge au palais des Sports, porte de Versailles à Paris, je peux dire que les 4 000 personnes qui étaient là étaient de belles personnes. Des gens qui cotisaient, qui se battaient, qui étaient d'une honnêteté scrupuleuse, qui croyaient, qui allaient coller des affiches le soir. Toute cette population militante était admirable. En plus, les voix des Choeurs étaient magnifiques, c'était aussi un symbole de cette pureté-là. Tu as beau penser à l'Armée rouge, à l'Afghanistan, tout ce que tu veux... les voix restent très belles, les chants restent beaux. Pour moi, ça évoque plus Potemkine que les bombes tuant les enfants en Afghanistan.

Cette chanson, "Rouge", est une comédie musicale en fait. C'est 1936.

Musiques avec le temps, les trahisons et les révoltes
Jean-Jacques Goldman voit "rouge" et remet les pendules à l'heure du constat. Sans se démentir
Le Soir (Belgique), le 16 février 1994


J.-F. Bouquet : J'ai l'impression que bien que tu dises que le rouge est la couleur de l'espoir... tu as vu rouge ! Tu étais en colère contre une certaine politique ?

Jean-Jacques Goldman : Des hommes trahissent des idéaux, les principes pour lesquels ils ont été élus, ce n'est pas nouveau. Ça fait juste mal quand on sait les espoirs que 1981 avaient suscités. Jetons les hommes et gardons les idées.

J.-F. Bouquet : Tu dis aussi que l'adolescence est rouge... Ça pour moi, c'est très intéressant...

Jean-Jacques Goldman : Le rouge est une couleur d'émotion, d'excès, de timidité ou de colère. Tous ces mots collent à cet âge.

JJG : confidentiel
CBS Magazine, mars 1994


Jean-Jacques Goldman : Je ne parle pas de politique. Je ne parle pas de choses précises. Simplement, on est à une époque où tout ce qui est rouge, enfin sur le plan-là, mais ça ne parle pas que de ce plan-là, est très, est très discrédité maintenant. Et moi je me souviens simplement des gens qui m'ont appris ça. D'autant plus que moi, je n'ai jamais été militant, donc c'est vrai que j'étais dans une famille de militants. Et je voyais ces gens-là, pour qui cette couleur-là, et ces mots-là correspondaient à quelque chose de très altruiste, de très beau, de très pur et de très honnête. Voilà. Simplement, c'est un hommage à ces gens-là, qui ont donné leur vie, leurs énergies, pour ces idéaux. Et je trouve que c'est tellement beau et tellement plus propre que l'image qu'on en fait maintenant et des représentants qui se disent de gauche. Enfin on les connaît : les Fabius, les Tapie, les Jack Lang,... qui sont... pour moi, c'est absolument insupportable de voir ça.

Brunch, Europe 2
3 avril 1994


Bravo Girl Magazine : Le rouge ?

Jean-Jacques Goldman : Je trouve que le rouge est la vraie couleur de l'espoir. C'est le sang qui coule dans nos veines, la vie qui va, le feu, la colère. L'adolescence est rouge. On rougit lorsque l'on ressent quelque chose de très fort. Je crois qu'il existe des zones rouges comme il existe des zones d'ombre.

FGJ riches, célèbres et discrets.
Bravo Girl Magazine, juin 1994


Jean-Jacques Goldman : Ils étaient 36 au départ, ils étaient douze en arrivant au port. (...) Parce que les scènes étaient trop petites...

Top Live Europe 1, 12 juin 1995


Xavier de Moulins Beaufort : Brigade rouge ?

Jean-Jacques Goldman : Vieux reste d'une adolescence boutonneuse. Sans fondement politique profond.

Jean-Jacques, le fataliste
Faim de siècle n° 24, février 1996


Xavier de Moulins Beaufort : Rouge ?

Jean-Jacques Goldman : Couleur d'espoir. Ce n'est pas parce qu'un système est inapplicable et qu'il a échoué que les raisons pour lesquelles on a espéré sont mauvaises. Il n'y a pas de dictature viable à long terme. Pour nous, qui vivons en démocratie, le travail de fond, me semble-t-il, c'est toujours la mise en place de contre-pouvoirs.

Jean-Jacques, le fataliste
Faim de siècle n° 24, février 1996


Olivier Garcia : "Rouge", la chanson titre "engagée" de l'album peut apparaître à certains comme une provoc...

Jean-Jacques Goldman : C'est triste que cela puisse être pris comme cela, il y a aussi du rouge dans le drapeau français, et du très vif. Ce n'est pas de la provoc, le rouge est une couleur digne, plus large que sa connotation politique, même si je ne la nie pas.

Olivier Garcia : Tu dis dans le refrain "autant crever pour des idées que ramper sans combattre", vaut mieux mourir debout que vivre couché ?

Jean-Jacques Goldman : J'ai trouvé terrible la phrase des pacifistes allemands "Mieux vaut être rouge que mort". L'histoire de France qui a conduit mon père ici est plutôt une histoire de gens debout. Il est venu de Pologne dans les années 30 fasciné par Victor Hugo, la déclaration des droits de l'homme, il a fait de la résistance, et j'ai été élevé dans une famille qui vénérait cette France-là.

Olivier Garcia : Dans le livret de l'album, on te voit jouer de la guitare avec Michael Jones devant les choeurs de l'armée russe qui chantent sur "Rouge", comment s'est passé l'enregistrement à Moscou ?

Jean-Jacques Goldman : Moscou est à moins de quatre heures d'avion, il y a là-bas de grands techniciens et de très bons studios. On a envoyé des cassettes, des partitions et nous sommes arrivés avec une bande programmée au clic de façon à pouvoir changer au dernier moment, y compris la tonalité. Comme il n'y avait pas cinquante casques dans le studio, le maître de choeur en a pris un pour diriger. Ensuite nous avons fait quelques petits recalages mais tout s'est bien passé.

JJG voit rouge
Guitarist n°54, mars 1994


En 1989, au moment de la chute du mur de Berlin, un obscur consultant Américain de la Rand Corporation - une annexe de la CIA - décrète en toute simplicité "la fin de l'Histoire". Le diagnostic de Francis Fukuyama s'appuie avec suffisamment d'habileté sur une vieille théorie hégélienne. Résumons : l'Histoire s'incarne dans l'évolution des idées, elle touche à sa fin puisque la disparition supposée du communisme met un terme supposé définitif à l'affrontement idéologique séculaire entre capitalisme et communisme.

C'est un peu court, jeune homme. Le néo-communisme a encore de beaux restes en Chine. Il revient par la grande porte en Pologne et dans d'autres pays de l'Est et mobilise 42 % des électeurs russes malgré la main-mise du pouvoir eltsinien sur les médias. Le prêt-à-penser Fukuyama laisse entendre que l'Histoire se résumait à l'opposition entre capitalisme et communisme. Il n'y aurait donc plus rien après ni avant. Ni la révolte de Spartacus. Ni les jacqueries du XIVe siècle. Pauvres Américains privés d'Antiquité et de Moyen-Age.

La fin de l'histoire
L'événement du jeudi, 15 au 21 août 1996


Jean-Jacques Goldman : J'ai commencé à travailler avec des arrangeurs, et j'ai fait des expériences vers une production plus sophistiquée, en particulier sur le précédent album, Rouge. Plus tard, je me suis rendu compte que mes compositions demandaient en fait un arrangement très simple.

Bertrand Dicale : Même la chanson Rouge, votre hymne à l'idéal marxiste défunt ?

Jean-Jacques Goldman : Non, elle est plutôt cohérente dans son côté péplum, comédie musicale.

Bertrand Dicale : Votre père était communiste en rupture de PCF. On a compris dans Rouge que vous aviez le regret de ce grand idéal.

Jean-Jacques Goldman : J'ai le regret de cette simplicité, de cette tranquillité. J'envie un peu les militants des années 20 à 30. Le monde était simple, il y avait, d'un côté, les gentils, la vérité absolue et la logique, et, de l'autre, les méchants. C'était assez confortable.

Bertrand Dicale : Et maintenant, où sont les gentils ?

Jean-Jacques Goldman : A mon avis, les gentils sont derrière une idée très neuve et qui demande à être détendue, qui est celle de la république. Trois mots - Liberté, Egalité, Fraternité – qui restent être pleinement vécus.

Bertrand Dicale : Vous votez toujours ?

Jean-Jacques Goldman : C'est à peu près mon seul acte politique.

Bertrand Dicale : Vous n'aviez jamais caché votre admiration, votre affection pour Michel Rocard. Il vous manque dans le paysage actuel ?

Jean-Jacques Goldman : II me semble que, finalement, il a gagné. Il doit se reconnaître dans ce qui se passe actuellement.

Bertrand Dicale : Vous avez déjà chanté à la Fête de l'Huma ?

Jean-Jacques Goldman : Jamais. On me l'a encore proposé cette année. J'ai répondu que j'étais un anti-PCF primaire, secondaire et tertiaire. Ce n'est pas un hasard si je n'ai jamais chanté à la Fête de l'Huma.

Bertrand Dicale : Vous leur en voulez toujours ?

Jean-Jacques Goldman : Je ne leur en veux pas, je ne comprends pas. Il y a des gens très attachants au Parti communiste français, mais aussi une histoire qui est trop lourde.

Bertrand Dicale : Vous êtes toujours de gauche ?

Jean-Jacques Goldman : Si la gauche, c'est Rocard, et la droite, c'est Mouillot, je suis de gauche. Si la gauche, c'est Tapie, et la droite, c'est Séguin, je suis plutôt de droite. Je suis plus fidèle aux principes qu'aux hommes et aux structures. Quand les hommes trahissent vos principes, il faut les lâcher. Le Parti communiste soviétique promettait le changement de la nature humaine, la justice, le pouvoir aux travailleurs. Il fallait avoir la force, comme l'a eue mon père, de dire que ces gens-là trahissaient les principes.

Jean-Jacques Goldman : "Forcément je tourne en rond"
Le Figaro, 29 septembre 1997


Patrick Simonin : La chanson "Rouge" avec les choeurs de l'ex-Armée Rouge, c'est aussi un rêve de gosse parce que je crois qu'un des premiers spectacles que vous aviez vu, c'est les Choeurs de l'Armée Rouge. C'était aussi une façon de dire : le rêve n'est pas mort. Parce que la réalité a été ce qu'elle a été, mais le rêve est respectable ?

Jean-Jacques Goldman : C'était avant tout une référence musicale parce que, quand vous entendez 40 choristes de l'Armée Rouge chanter, c'est pour n'importe quel musicien, c'est quelque chose d'extrêmement impressionnant. Donc, effectivement, c'est déjà un rêve musical de se dire : un jour, je ferai une chanson et j'aurai 40 choristes, c'est un luxe.

Effectivement au-delà de cela, il y avait toutes les convictions qu'avait pu avoir mon père en particulier et qui l'ont fait vivre et, en tout cas, traverser toute cette période. Parce qu'on ne peut pas traverser des périodes comme cela sans avoir des convictions et des explications. Et de voir comme ces idéaux ont été dévoyés. Effectivement, c'est rendre un hommage un petit peu aux idées et en laissant les hommes un peu à part.

Questions à Jean-Jacques Goldman
TV5, 20 novembre 1999


Moscou, septembre 93. Nous marchons dans une caserne immense. Vide. Au loin nous les entendons répéter. Les voix se rapprochent peu à peu. Inoubliable.

Livret de Pluriel


B.P. : Une particularité dans votre nouvel album, c'est la multiplicité des styles musicaux. Cela va du zouc au disco, avec des styles un peu étranges tels la tarentelle. Est-ce-que cela veut dire que vous essayez cette fois-ci de dépasser les styles musicaux typiques du JJG que l'on connaît ?

Jean-Jacques Goldman : Disons que c'est la première fois que c'est revendiqué comme ça. Mais si vous regardez mes anciens albums, il y a les envolées tsiganes de "Comme toi", à côté de "Rouge" avec les Choeurs de l'Armée Rouge, mais également le style country-western de "Elle a fait un bébé toute seule" en passant par le zouc de "A nos actes manqués". On peut considérer que j'ai toujours été un petit peu un traître sur le plan du style, ou plutôt, un touche-à-tout. Disons que dans cet album, c'est revendiqué de façon plus claire.

Haute Tension
JFM, février 2002


Jean-Jacques Goldman : A l'époque de "Rouge", je voulais faire une comédie musicale. Raphaël Toledano : Sur quel thème ? Jean-Jacques Goldman : Sur le thème du rapport entre le passé et le présent de cette idéologie, de l'idéologie communiste. Raphaël Toledano : Donc, "Rouge", c'est ce qui est resté de cette tentative ? Jean-Jacques Goldman : C'est ça. En tout cas, sur cet idéalisme trahi. Comme les gens qui ont cru à ça ont pu être beau et comme cette idée a pu être terrible après, terrifiante même. C'est ce rapport-là. J'ai commencé à écrire et évidemment, je me suis rendu compte que je n'étais pas du tout écrivain et donc, j'ai laissé tombé.

Rencontre avec Jean-Jacques Goldman
L'Arche n° 535, septembre 2002


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