Auteur : Jean-Jacques Goldman
Compositeur : Jean-Jacques Goldman
Editée par : J.R.G. / N.E.F. Marc Lumbroso
Version originale
Année : 1985
Interprétée par : Jean-Jacques Goldman
Distribuée par : C.B.S.
Oublier d'où je viens, ma mémoire et les miens
Non, non, non, non, non
Endosser pour faire bien les nouveaux lieux communs
Non, non, non, non, non
Penser qu'on a moins tort quand on hurle plus fort
Non, non, non, non, non
Oh, t'en trouveras des tas pour chanter ces choses-là
Alors, compte pas trop sur moi
Compte pas sur moi
Des scandales en gros plan sur l'empire de mes sens
Non, non, non, non, non
Des jurons, des slogans, toutes ces fausses insolences
Non, non, non, non, non
Des looks, ces uniformes qui font marcher au pas
Non, non, non, non, non
Oh, t'en trouveras des tas pour te faire ces plans-là
Alors, compte pas trop sur moi
Compte pas sur moi
Y'en a des bien plus gros, des biens plus "respectables"
Moins ringards et rétros, des bien plus présentables
Qui visiblement parlent à la postérité
Loin de mon éphémère et ma futilité
Des grands, des créateurs, avec une majuscule
Loin de tout quotidien, sans le moindre calcul !
Les rockers engagés sont nos derniers des justes
Ils nous sauvent peut-être pendant qu'on s'amuse
De médailles en pseudo respectabilité
Non, non, non, non, non
Me baisser pour quelques caresses autorisées
Non, non, non, non, non
Quand la partie sera finie, tirer les pénalties
Non, non, non, non, non
Des comme ça, t'en trouveras
Juré t'en manqueras pas
Alors, compte pas trop sur moi
Compte pas sur moi
Compte pas sur moi
Compte pas sur moi
Jean-Jacques Goldman : C'est pas tellement une explication de ce que je suis ou de ce que je veux être. Parce que ça, je ne le sais pas trop moi-même. Cette chanson, c'est plutôt très précisément ce que je ne serai pas ! (...) Tous ces gens qui veulent sauver le monde à coup de réflexions fondamentales et qui finissent dans la jet society en se mariant à un mannequin et en allant vivre dans une villa des îles... Ça me fait beaucoup rire. Je crois que la finalité du rock'n'roll, c'est ça. C'est d'être rebelle et puis de terminer décoré par la reine d'Angleterre ou à Las Vegas (rires). Moi, je ne le sens pas comme ça. Il faut choisir ses insolences. Il y a des gens bardés de cuir avec des épingles dans les oreilles qui reçoivent les journalistes, qui font des réceptions, des semaines de promotion dans les pays ensoleillés et qui sont finalement extrêmement conformistes. Ils tournent avec les gros organisateurs, etc. Moi, je ne suis pas le type à faire pipi à côté des cabinets pour faire des flaques... J'ai jamais frappé une petite fille ni fait un croche-pied à un aveugle. Mais j'emmerde la grande presse, je ne leur envoie pas systématiquement des places pour mes concerts. Je travaille avec un tourneur de 25 ans qui a commencé avec moi. J'ai trouvé un type pour faire mes clips que tout le monde se dispute aujourd'hui mais qui a aussi fait ses débuts avec moi. La maison de disques ne fout pas les pieds dans mon studio. J'ai pas de gourou pour me dire ce qu'il faut que je fasse... C'est ma façon à moi d'être insolent. Chacun son truc !.
Jean-Jacques Goldman, choisir ses insolences
Swing, 1986
Evelyne Pagès : Vous dites aussi : "Les rockers engagés sont nos derniers des justes". Vous êtes un rocker engagé ?
Jean-Jacques Goldman : C'est une phrase ironique, dans une chanson où je dis "Il y en a des plus gros, des bien plus respectables, moins ringards et rétros" etc. Les rockers engagés, qui sont pour moi le comble du ridicule et de la pédanterie... Vous n'avez qu'à lire "Rock & Folk" et "Libération", et vous verrez quel genre de chanteurs ils adulent, sur lesquels ils fantasment. Je trouve cela tellement ridicule. C'est un peu une chanson ironique à ce sujet-là.
Grand Format
RTL, 29 juillet 1991