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La pluie

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Auteur : Jean-Jacques Goldman
Compositeur : Jean-Jacques Goldman
Editée par : JRG

Version originale
Année : 2001
Interprétée par : Jean-Jacques Goldman
Distribuée par : Columbia / Sony Music

 

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Année Interprète Support Référence Pochette
2001 Jean-Jacques Goldman CD Chansons pour les pieds COL 504 735-2

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On voudrait savoir éviter
La pluie
Entre les gouttes se glisser
Deux, trois nuages et l'on
Court à l'abri
On n'aime pas trop se mouiller

On se dit qu'ailleurs
Sous d'autres latitudes
Le soleil est brûlant
Même en plein hiver
On rêve d'Orient,
De cap au sud
De sable et de mer
De sable et de mer

Et l'on attend sous des portes
Cochères
Ou transi sous un parapluie
On met des chapeaux, des gants,
Des impers
On se cache, on se rétrécit

Faudrait pas s'éloigner,
Rester dans son coin
Une averse et l'on risque
D'être surpris
Pas de jolie vie,
De joli chemin
Si l'on craint la pluie

On prie le ciel
Et les grenouilles
Et l'hirondelle
Que le temps tourne
Comme tourne la chance
Dieu que tout baigne
Quand il y a du soleil
Mais voilà,
Le mauvais temps ça
Recommence

Mais
Dans les vies sèches
L'eau se venge aussi :
Y'a des ouragans,
Des moussons,
Des déserts.
Autant apprendre
A marcher
Sous la pluie
Le visage
Offert

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Charlotte Pozzi : "La pluie", ça parle de quoi ?

Jean-Jacques Goldman : "La pluie", ça dit qu'on essaie de passer entre les gouttes, d'éviter les émotions, on se "prozaque" l'existence. Et puis finalement, quand on marche et qu'il y a la pluie qui nous arrose le visage, ce n'est pas si désagréable que ça. Puis il faut accepter les moments où l'on ne va pas bien et aller s'y vautrer. Et puis après, un jour il y a un petit moment de soleil et celui-là, il est plus beau.

Charlotte Pozzi : Et vous, dans le creux de la vague, vous vous en sortez comment ?

Jean-Jacques Goldman : Je n'ai jamais eu peur des moments dépressifs, des moments durs, des peines. Je trouve qu'elles font partie de notre condition. Mais bon... Parce que je suis musicien, le blues a été inventé pour ça. Alors quand on va mal, on sait comment ça se passe, on prend une guitare et puis on n'a peur de rien, comme dit l'autre.

RTL 2, 20 novembre 2001


Jean-Jacques Goldman : C'est une chanson anti-Prozac. La douleur, la tristesse, l'échec font partie de notre vie. C'est le prix à payer pour apprécier le soleil après. Très souvent, quand on veut que les choses changent, on a l'impression que changer de contexte suffira. Le mythe de l'ailleurs est une idée fausse. Les problèmes sont les mêmes dans toutes les sociétés. Chez nous, on a même résolu pas mal de choses. Mais il faut faire la différence entre ce qui vient de nous et de l'extérieur.

J'adore l'idée que l'amour se joue de nous
Télémoustique, le 12 décembre 2001


Eric Jean-Jean : Tout à l'heure, j'ai failli dire que c'était un album plus léger et je me suis retenu. C'est notamment par rapport à des chansons dont je vais te parler maintenant, avec des thèmes que j'appelle plus forts et que j'appellerai un peu "goldmaniens" pour avoir retrouvé ces thèmes-là dans certaines des chansons, "La pluie" par exemple. On est en pleine métaphore, c'est-à-dire, il y a des gens qui se mouillent, il y a des gens qui ne se mouillent pas…

Jean-Jacques Goldman : Oui, mais pas uniquement sur le plan du courage, de l'engagement ou des choses comme ça, même pour tout.

Eric Jean-Jean : Il y a des gens qui sont moutons, qui se planquent sous les portes cochères, et d'autres gens qui décident que…

Jean-Jacques Goldman : Voilà, qui ne prennent pas l'avion, tu peux comprendre aussi, qui disent "je suis attiré par ça mais je ne veux pas y aller" et tout ça…

Eric Jean-Jean : Comment elle est née, cette chanson ?

Jean-Jacques Goldman : Je ne me souviens plus trop. Il se trouve que moi, j'adore marcher sous la pluie, et ça doit être ça, ou je devais être là comme ça en train de me régaler avec la pluie qui te passe dans les cheveux, sur le visage et tout ça… Et puis, tu vois tous les autres qui sont sous les portes cochères, qui attendent que ça se passe… Et puis tu te dis : "Bon, pourquoi ? Autant marcher, autant y aller, qu'est-ce que tu risques ?" D'être mouillé ? Bon, tu te sèches après !

Paroles et musiques
RTL, le 15 décembre 2001


Laurent Boyer : J'arrive sur "La pluie". Alors "pas de jolies vies, de jolis chemins si l'on craint la pluie", une métaphore entre la pluie et… la plupart du temps on dit qu'il faut passer entre les gouttes et là quelque part, tu dis qu'il faut se mouiller.

Jean-Jacques Goldman : C'est accepter dans notre nature, le fait qu'il y ait la pluie dans le déroulement de notre existence.

Jean-Jacques Goldman : Ça me plait cette idée d'accepter les gouttes d'eau et les coups de tonnerre comme quelque chose de notre condition humaine.

Laurent Boyer : Tout n'est pas rose quoi !

Jean-Jacques Goldman : Et puis il faut le vivre et on en sort plus riche de tout ça.

Laurent Boyer : Ça t'arrive à toi ? Est ce que ça t'arrive ces moments là ? Ces moments où tu es en bas ?

Jean-Jacques Goldman : Ça arrive à tout le monde. ça arrive à tout le monde. Moi plutôt moins qu'aux autres parce que je suis une bonne nature et puis que j'ai beaucoup de chance. Mais on a toujours un ami qui est malade, on a toujours des choses comme ça qui ne se passent pas comme on voudrait. Il y a les épreuves que tout le monde traverse… Alors est-ce que l'on doit prendre forcément des substances ou est-ce que l'on doit se faire aider pour traverser ces choses qui font partie de notre condition humaine… Parce qu'à la fin, on va mourir, je sais pas si les gens sont bien au courant de ça ! [rires]

Laurent Boyer : Je pensais qu'il y avait plus d'engagement sur cette chanson.

Fréquenstar
M6, le 16 décembre 2001


Jean-Jacques Goldman : Ce n'est pas le manque de courage uniquement, mais c'est considérer ce qui est dans notre nature comme insupportable. Je dis que le désespoir est supportable, qu'il fait même partie de nous. Je trouve que la douleur est supportable, que le dépit amoureux est supportable, je trouve qu'il est normal. Je plains les gens qui ne sont jamais allés au fond, qui n'ont jamais été désespérés. Alors pourquoi ? Ce n'est pas par masochisme ! C'est simplement pour que lorsque le soleil arrive, on puisse en jouir comme il le mérite. En gros, c'est la chanson anti-Prozac. Pour moi, le Prozac est inhumain puisque c'est une façon d'écrêter les bas, et d'écrêter aussi les hauts. Mais c'est quelle vie ? C'est une vie de racine... Une vie de quoi ? Même pas de mante religieuse, ou de rat ! Une vie de plante, je suppose... Je trouve que c'est dommage. Il faut accepter d'aller au fond juste pour le bonheur de savoir lorsque l'on est en haut.

Il est passé par ici
Option Musique, du 17 au 21 décembre 2001


Pierre Chatard : Dans la chanson "La pluie", tu écris "Autant apprendre à marcher sous la pluie le visage offert", c’est-à-dire vivre avec insouciance et ne pas avoir peur du lendemain ?

Jean-Jacques Goldman : C’est surtout ne pas avoir peur de la peine, ne pas avoir peur du désespoir, des souffrances. Ça fait partie de notre condition. On peut prendre du Prozac toute la journée, et vivre tout un petit peu moins fort, à la fois en bas et en haut. Je ne suis pas contre après certains traumatismes, mais… maintenant on va voir un médecin parce qu'on a loupé un examen, pour qu’il nous donne des calmants. Un copain médecin me racontait qu’on venait prendre des tranquillisants parce qu’on avait perdu son père ou sa mère… Ça fait partie de nos vies, ça… Il faut être capable d’assumer ces choses-là. Et puis, on mourra nous aussi un jour.

Interview de Jean-Jacques Goldman
MusiConnexion, mai 2002


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