Auteur : Jean-Jacques Goldman
Compositeur : Jean-Jacques Goldman
Editée par : J.R.G. / BMG Music Publishing France
Version originale
Année : 1984
Interprétée par : Jean-Jacques Goldman
Distribuée par : C.B.S.
J'ai bien reçu tous vos messages
Je vous ai lu page après page
Je sais vos hivers et vos matins
Et tous ces mots qui vous vont si bien
En quelques phrases, en quelques lettres
Il me semble si bien vous connaître
On écrit bien mieux qu'on ne dit
On ose tout ce que la voix bannit
Mais vous désirez me rencontrer
Et moi, j'ai si peur de tout gâcher
Nos confessions, nos complicités
Comment garder tout ça sans rien casser
Nous ne nous parlerons pas
Nous oublierons nos voix
Nous nous dirons en silence
L'essentiel et l'importance
Utilisons nos regards
Pour comprendre et savoir
Et le goût de notre peau
Plus loquace que des mots
Nos bras ne tricheront pas
Nos mains ne mentiront pas
Mais surtout, ne parlons pas
Je connais un endroit charmant
Très à la mode et très bruyant
De ces endroits où les solitudes
Se multiplient dans la multitude
On n'a qu'une envie, c'est d'en sortir
Vous n'aurez besoin que d'un sourire
Je comprendrai qu'il est déjà tard
Nous irons boire un verre autre part
Didier Varrod : Sans tomber dans "l’explication de texte", j’aimerais que tu dises quelque mots de "Nous ne parlerons pas".
Jean-Jacques Goldman : Depuis que je suis dans le métier, je rencontre des gens qui, pour moi, étaient des mythes. Ceux que je voyais à la télé, dont j’entendais parler, dont j’écoutais les disques. Je me suis rendu compte que, très souvent, l’idée que j’avais d’eux était plus intéressante et plus riche que ce qu’ils sont dans la réalité. Une chanson donc, qui parle un peu de tout cela en me mettant à la place de ces "mythes". Il y en a qui m’écrivent, avec lesquels j’entretiens des relations épistolaires. Ils voudraient me rencontrer et j’ai peur de le faire. Je ne crois pas que cela puisse m’apporter beaucoup par rapport à l’idée qu’ils ont de moi, et moi d’eux. L’imaginaire est toujours plus riche et plus beau que le réel !
Jean-Jacques Goldman s'explique
Numéro 1, mai 1984
Bonjour, je profite de l'occasion que Girls m'offre pour m'expliquer sur certains points que vos lettres relèvent souvent et sur lesquels je n'ai pas eu l'occasion de vous répondre.
Le retard aux réponses à vos lettres
Il s'explique simplement par leur nombre (jusqu'à 200 par jour). Il faudrait que j'y passe mes journées et je pense que vous souhaitez aussi que j'écrive des chansons ! Je vous demande donc une grande patience, en sachant que je les lis et que beaucoup me touchent vraiment.
Je n'ai pas de fan-club
Ça n'est pas du tout par mépris. C'est simplement parce que j'aime préserver ce qui n'est pas ma vie professionnelle, et ce sont ces aspects privés surtout qui alimentent la vie d'un fan-club. Je comprends votre curiosité. Comprenez mes envies de discrétion !
Chez moi
Je peux être très agressif avec ceux ou celles qui, ayant eu connaissance de mon adresse personnelle, y viennent ou y écrivent. Si les gens m'aiment vraiment, ils savent que j'ai besoin de cet endroit préservé et le respectent.
Je file à la fin de mes concerts
Au début, j'ai essayé d'attendre, mais vous étiez si nombreuses et chaleureuses qu'il m'était difficile de vous quitter rapidement. D'où un retard de sommeil, du temps à rattraper, se presser, la fatigue qui s'accumule (la vie de tournée est tellement exténuante). Que faire ? Tricher sur scène ou ne plus signer d'autographe ? J'ai choisi la deuxième solution en le regrettant vraiment.
Beaucoup de lettres me demandent une rencontre
D'une part, qui choisir ? Et sur quel critère ? (il y a tant de demandes !). D'autre part, pour quoi faire ? Je suis une personne normale, comme vous, sans baguette magique, sans remède miracle, et moi j'ai si peu de temps et je néglige tellement mes amis de toujours et ma famille.
On me demande souvent comment réussir dans la chanson
Qu'en sais-je ? Il n'y a pas d'école, de diplôme, de piston. Chacun trouve son propre chemin. En ce qui me concerne, j'ai beaucoup bossé les instruments de musique et beaucoup joué dans des groupes de rocks et de bols. Plus pas mal de galères… et de passion.
Enfin, je voudrais vous dire de ne pas prendre mon silence pour de l'indifférence, mais pour une simple incapacité pratique à répondre à toutes vos manifestations d'amitié qui me touchent toujours. Je compte sur votre compréhension.
Je vous embrasse.
Jean-Jacques Goldman
Lettre ouverte de Jean-Jacques Goldman aux lectrices de Girl
Girl, 6-12 décembre 1984
Jean-Jacques Goldman : On n'a pas vraiment le temps pour ce genre de rapports. Et ça, c'est une des choses que je regrette le plus.
Jean-Jacques Goldman : Mon succès m'a offert la plus chère des libertés : celle de pouvoir me taire quand je n'ai pas envie de parler.
Jean-Jacques Goldman,
Patrick Amine, 1987
Jean-Jacques Goldman : Je suis sûr que dans la salle de concert, il y a des gens avec lesquels j'adorerais passer une heure ou deux, rire, discuter... Malheureusement il n'y a pas de temps pour ce type de rapport. De temps en temps, je reçois un petit mot, sans adresse, sans téléphone et ça fait encore plus mal...
Goldman, portrait non conforme
Didier Page et Christian Varrod, 1987
Jean-Jacques Goldman : Depuis que je suis dans le métier, je rencontre des gens qui pour moi étaient des mythes. Ceux que je voyais à la télévision, dont j'entendais parler, dont j'écoutais les disques. Je me suis rendu compte que, très souvent, l'idée que j'avais d'eux était plus intéressante et plus riche que ce qu'ils sont dans la realité. Cette chanson parle un peu de cela. En même temps, certains m'écrivent et j'entretiens des relations épistolaires avec eux. Ils voudraient me rencontrer et j'ai peur de le faire. Je ne crois pas que cela puisse m'apporter beaucoup par rapport à l'idée qu'ils ont de moi, et moi d'eux. L'imaginaire est toujours plus beau et plus riche que le réel.
Goldman, portrait non conforme
Didier Page et Christian Varrod, 1987