Auteur : Jean-Jacques Goldman
Compositeur : Jean-Jacques Goldman
Editée par : J.R.G. / BMG Music Publishing France
Version originale
Année : 1984
Interprétée par : Jean-Jacques Goldman
Distribuée par : C.B.S.
Remarques :
Sans doute l'un des textes les plus personnels et les plus mystérieux écrits par Jean-Jacques.
D'aussi loin que je me souvienne
Bribes d'enfance, bouts de scène
Tes yeux, ton visage et ta main dans ma main
Et nos pas sur le même chemin
Oh, nous n'étions pas très bavards
Un peu bizarres, un peu à part
J'aimais tes silences et tu aimais les miens
Muets, nous nous entendions bien
Tu étais un peu différent
Et moi, je n'étais pas comme eux
Un peu méprisants pour tous leurs jeux d'enfants
Nous pleurions les yeux dans les yeux
J'ai reçu tes premiers poèmes
Comme on berce de quelques mots
Nos rires étaient rires et nos peines étaient peines
Chacun touchant l'autre en écho
Je t'ai joué mes premières notes
Tu écoutais les yeux mi-clos
Simples et malhabiles, un peu fausses, un peu sottes
Je n'entendais que tes bravos
En saluant devant le piano
On a commencé à se perdre de vue à l'adolescence
Je te trouvais un peu trop austère
Un peu trop sérieux, un peu trop secret
Moi, j'avais besoin de musique, de lumière
Et de futilité
Et aussi des autres
Ton amitié était exigeante, entière, exclusive
Et puis, tu as commencé à être absent
Souvent, puis plus longtemps
Ta mère nous disait que tu partais en vacances
Elle ne mentait pas quand j'y repense
En vacance de vie, en vacance d'envie
Et puis la vérité, celle qu'on suppose
Celle qu'on cache, celle qu'on chuchotte
Celle qui dérange, celle qu'on élude
Ton autre chemin
Ton autre chemin
Dis-moi les voix, les envies qui te mènent
Dis-moi les vents, les courants qui t'entraînent
Les idées fixes et les clous qui te rivent
En quelles errances, immobiles dérives
Dis-moi les songes qui frappent à ta porte
Les illusions, les diables qui t'emportent
Vers quel ailleurs, mirage sans angoisse
Sans temps perdu, sans seconde qui passe
A quoi tu penses quand revient le soir ?
Tes quatre murs renferment quels espoirs ?
Que doit-on lire dans ton sourire idiot ?
D'autres désirs, sans parole et sans mot ?
Montre-moi ton autre chemin
Montre-moi ton autre chemin
Montre-moi ton autre chemin
Décris-moi ton autre chemin
Dis-moi tes signes et dis-moi ton langage
Les horizons des barreaux de ta cage
Vois-tu le blanc, le bleu-ciel et le rose
Que vois-tu quand tes paupières se closent
Et puis, me voilà, te parlant de ma vie
De son niveau, ses ennuis, ses envies
Sa course vaine et mon manque d'amis
A tes yeux vides, ton absence ahurie
Montre-moi ton autre chemin
Montre-moi ton autre chemin
Montre-moi ton autre chemin
Décris-moi ton autre chemin
Myriam  : Une dernière question, peux-tu nous parler de "Ton autre chemin". De qui parle-t-elle ?
Jean-Jacques Goldman  : Eh ben… euh… elle a beaucoup… elle a beaucoup de… euh… peut-être qu’elle parle, c’est une supposition que j’émets [rires], peut-être qu’elle parle de celui que j’aurais pu être…
Interview de Jean-Jacques Goldman à Digne
[support inconnu], le 07 mars 1986
Géraldine Gauthier : Une grosse énigme pour beaucoup de monde, c'est la chanson "Ton autre chemin" : Savoir de quoi elle parle et à qui elle est destinée, en fait.
Jean-Jacques Goldman : Bah, ça peut être... Chacun peut la prendre à sa façon. Il y en a certains qui ont pensé que c'était pour des toxicomanes, des choses comme ça. Là, en ce qui me concerne, c'était vraiment une rencontre avec un ami d'enfance qui, visiblement, était sur une autre planète sur le plan psychiatrique et, donc, c'était ça qui m'avait inspiré cette chanson.
Géraldine Gauthier : Vous avez revu cet ami depuis ?
Jean-Jacques Goldman : Non. Non, non. Non, non. Non, non.
Radio Maguelonne, 26 avril 1998