Auteur : Jean-Jacques Goldman
Compositeur : Jean-Jacques Goldman
Editée par : J.R.G. / N.E.F. Marc Lumbroso
Version originale
Année : 1987
Interprétée par : Jean-Jacques Goldman
Distribuée par : C.B.S.
C'est un tout petit monde
Où s'abritent nos saisons
Petite boule ronde
Sous les ailes d'un avion
Et partout des gens qui dansent
Pour oublier un instant
La nuit et le silence
Et les peines du présent
C'est un tout petit monde
L'eau, le soleil et le sel
Les naissances et les tombes
Et l'essentiel et le ciel
Partout, la même prière
D'une mère qui attend
Que baisse la fièvre
Dans les mêmes yeux d'enfant
C'est un tout petit monde
Fragile au creux de nos mains
Balançant ses secondes
Entre tellement et rien
Et partout la même histoire
De pouvoir à partager
Et si peu de mémoire
Du sang, des larmes versées
Et partout déteignent et règnent
Nouveaux rois sans philosophes
Le rock, le dollar, les antennes
Coca et kalachnikov
Graffiti : "C'est un tout petit monde", une chanson très "Voyage, voyage" ?
Jean-Jacques Goldman : J'ai fait le tour du monde avec la tournée pendant un moment et que tu sois à Doubai, à Shangai ou à Djakarta, et bien tu te rends compte que malgré les différences et les kilomètres qui nous séparent, en fait, qu'est-ce qu'on se ressemble ; on souffre tous des mêmes fièvres et nous partageons tous les mêmes préoccupations et les mêmes ennuis.
Graffiti, 1987
Jean-Paul Germonville : Des événements vous ont frappé lors de ces voyages, au point d'inspirer des chansons.
Jean-Jacques Goldman : En dehors des choses inconscientes qui peuvent en découler, deux titres comme "Tout petit monde" et "Que disent les chansons du monde ?", en parlent. C'est peut-être un peu bateau de le rappeler, mais nous sommes semblables. Les préoccupations d'un Esquimau sont les mêmes que celles d'un Pygmée. Il y a de l'alcool, de l'amour, de la sexualité, des craintes, des rapports de force, des enfants, la nature, Dieu.
Jean-Paul Germonville : Et le monde tourne mal !
Jean-Jacques Goldman : Je trouve qu'il va plutôt mieux qu'avant. Ça peut paraître cynique, mais la mortalité infantile baisse, la faim dans le monde baisse. L'Inde arrive presque à l'autosuffisance alimentaire. Les démocraties ne perdent pas de terrain. Le monde a toujours été très mal. Le statut de la femme même s'il est épouvantable, a tendance à s'améliorer plutôt que régresser. C'est lent mais on ne va pas vers un pire. Il y a moins de guerres, nous sommes une génération qui ne l'a jamais connue. La première, probablement, dans l'Histoire de France.
Jean-Paul Germonville : L'éclairage médiatique se fait surtout en direction des endroits où ça va mal.
Jean-Jacques Goldman : En effet, on égorge des femmes et des enfants à une heure d'avion de chez nous. Effectivement, ça ne change pas grand chose pour eux de savoir que globalement, on va vers un mieux.
Quelques mots en passant
L'Est Républicain, septembre 1997