La Grand Combe - 08 août 1999 |
Récit par Jean-Jacques Goldman :
Par courrier, quelqu'un me demandait un petit mot pour mettre dans le bulletin d'une fête, je crois que c'était les quarante ans d'une colonie de vacances. Il me racontait l'histoire de cette colonie de vacances qui s'appelait la Bécède et c'était très bien raconté. C'est une colonie de vacances fondée par les mineurs de la région d'Alès, dans les Cévennes, qui ont fait un coin pour que leurs enfants puissent mieux respirer, loin de leurs mines et de leurs maladies. Et j'ai trouvé cela joli. J'ai sympathisé avec eux, je leur ai envoyé un petit mot, ils m'ont répondu. (...) C'était une lettre, et ils ne me demandaient rien d'autre. J'étais donc attaché à cette colonie et je les ai rencontrés lors de concerts à Montpellier et à Nîmes, puis après, de fil en aiguille, j'ai reçu des gamins dans ma loge pour faire une interview, je les ai invités au concert. Récement, j'ai rencontré des responsables à Paris, et j'ai appris, mais sans qu'ils ne me demandent rien, qu'ils avaient un gros problème. Ça ne dérangeait pas certains que cette colonie disparaisse en fait, donc on leur mettait pas mal de bâtons dans les roues. Pour moi, c'est sympa parce que je les connais, parce que j'ai l'impression que sur le plan local je peux avoir un petit retentissement médiatique, donc un petit pouvoir qui soit utile, et en plus, c'est très agréable d'aller jouer dans cette région où je vais voir des amis, où je vais vivre avec des amis.
Récit par Valérie Augey :
Cette fois, on y est, c'est le dernier concert de la tournée "En passant".
On s'était déjà fait nos adieux en janvier à Paris, et puis, surprise du " maître", 2 petits, non 2 grands concerts supplémentaires cet été, alors, on suit le mouvement et on fait tout pour pouvoir s'y rendre... ce serait tellement dommage de rater cela après avoir vécu tant d'autres soirs extraordinaires.
Si le concert d'Ouveillan s'est placé sous le signe de l'eau, celui de la Grand Combe s'est fait remarquer par sa canicule. Quelle chaleur! le moindre petit nuage était acceuilli par des cris de joie tout au long de l'après-midi. Car, encore une fois, tout a commencé très tôt dans la journée, vers 10 heures, devant les barrières d'accès ou l'on s'était donné rendez-vous une dernière fois.
Pour le coté pratique des choses, les barrières étaient installées à côté de la route et, toute la journée, on a eu droit à des imbéciles en voiture qui passaient en klaxonnant et en criant " Jean-Jaaaacques ".
Comme d'habitude, l'attente s'est déroulée dans la bonne humeur. On a même gouté le vin d'Ouveillan, cuvée Goldman (pas terrible, paraît-il !), et partagé une grappe de raisin cueillie dans la vigne du coeur. Chacun a dégusté religieusement son petit grain... tout en plaisantant... on est pas une secte tout de même !
Il y avait là une bonne dizaine de "têtes" rencontrées au gré des concerts ou à Ouveillan deux jours plus tôt. Personne n'avait voulu raté l'événement.
Ouverture des portes vers 19 h 30 et, c'est le dernier sprint. Pour une dernière on est gâté, il y a bien 300 m à parcourir jusqu'à la scène, et là, c'est la débandade, le chacun pour soi pour arriver "Là-bas" exténué et assoiffé... mais au premier rang tout de même. Je me retrouve à gauche de la scène, comme à Ouveillan, juste devant le piano. Alors, maintenant, c'est le soulagement, on peut prendre le temps de respirer, de regarder autour de soi, de discuter avec ses voisins d'un soir.
La scène est rectiligne, les instruments déjà installés et un seul écran central suspendu avec les moyens du bord. Et d'où je suis, j'ai une très bonne vue sur les "coulisses" qui se situent sur le côté gauche, j' ai pu donc admirer les musiciens en train de discuter ou de jouer au ballon avec les enfants présents. Mais de Jean-Jacques point de signe bien sûr, il doit être dans la petite maison à côté...
Pour patienter, je me plonge donc dans la lecture du petit fascicule remis à l'entrée. Il parle de l'association de "La Bécède" et explique la présence de Jean-Jacques ce soir à travers ses mots : D'abord j'ai reçu une lettre. Ensuite, j'ai rencontré des gens, puis d'autres. Puis cet ouvrage, les photos, l'histoire expliquée. Et tout est cohérent. Cohérent de chaleur, de respect, de dignité, de gravité et de gaîté. D'humanité. Tout impressionne et donne envie d'en savoir plus. A bientôt donc. Bien amicalement. JJG. (le tout écrit de sa petite écriture)
Apparemment, pas mal de problèmes techniques à l'horizon, ils montent dans les lumières pour les régler, font des essais pas très concluant avec la caméra et le son,... pourvu que tout fonctionne à l'heure H. C'est vrai qu'ils n'ont pas du beaucoup répéter car hier soir, il y avait juste une ébauche de scène lorsque je suis allée voir (histoire de voir s'il n'y avait pas de répétitions ouvertes au public comme cela a été le cas à Ouveillan...).
Le concert est annoncé à 21 h 30, toujours pas de pluie à l'horizon (on croit rêver, le ciel serait-il de notre côté pour cette dernière !) et enfin la première partie commence. Comme à Ouveillan, c'est Christophe qui est aux commandes et il a bien du mal à saisir les visages car tout le monde est debout, à la même hauteur. Pendant le concours de grimaces ou de couples, peu de gens réagissent. On sent qu'ils n'ont pas compris le jeu, ne savent pas quoi faire, alors, ils font simplement coucou à la caméra ou se cachent. Bon, je sais, c'est facile à dire quand on a vu plusieurs fois le concert, mais c'est la première fois que je remarque cette attitude. On voit déjà que pour la majorité c'est un premier concert alors qu'à Paris ou même à Caen on avait l'impression que tout le monde savait ce qui allait se passer.
Côté anniversaire, il y a du changement puisqu'on a fêté celui de Bertin (membre de l'équipe technique, sur qui la caméra s'est arrêté un moment).
Sinon, rien à signaler par ici.
Et le concert proprement dit débute enfin. Les premiers accords de guitares retentissent et JJG apparaît sur scène, toujours guitare en bandoulière, toujours seul et toujours vêtu de la même façon : tee-shirt gris à manches longues et jean noir. Il n'y a que les chaussures qui ont changé pour des baskets de tissus. Il nous les a assez montrées, en levant les genoux lorsqu'il était assis, pour qu'on s'en souvienne !
Et tout suit son cours, comme un concert classique. Ils retrouvent leurs marques quelques mois après l'arrêt de la tournée, on retrouve les discours habituels avec quelques variantes. Jean-Jacques dit au début quelque chose du genre : Alors, comme ça, c'est la première fois qu'on se rencontre... Puis il explique que c'est la dernière date d'une tournée commencée un an et demi plus tôt et que lorsque tout cela va s'arrêter, ils vont s'ennuyer. Et les musiciens approuvent. Il dit ensuite qu'ils vont rester assis pendant la premiere partie du spectacle, d'autant plus qu'ils ont des problèmes digestifs pour avoir un peu trop fêté Ouveillan...
Les chansons s'enchaînent selon l'ordre habituel : On ira où JJG est d'abord seul puis très vite rejoint par toute l'équipe des musiciens qui repartiront dès la chanson finie, Bonne idée et le duo avec Christophe Deschamps aux percus à côté de lui, Ne lui dis pas avec sa petite flûte magique et le duo final flûte - violon. Tiens, à noter, que là JJ n'était plus derrière la batterie pour jouer mais devant, faute de place sûrement, la scène étant plus petite. Tout était dit où il a pensé à sortir son petit foulard contrairement à Ouveillan où il avait oublié : l'émotion sûrement... Et encore le petit cours théorique sur les différentes guitares qui existent, démonstration à l'appui avec On est les champions et 1 2 3 0. Le coureur et ses beaux jeux de guitares. D'ailleurs j'ai eu l'impression, tout au long de ce concert qu'ils s'amusaient vraiment beaucoup sur scène, variant les solos musicaux de façon plus ou moins fantasque, les prolongeant à plaisir en se jetant des petits coups d'oeils et des sourires en coin.
La fin de la partie acoustique approche avec Là-bas et Natacha au piano. Cette fois un simple synthé posé de biais sur le côté gauche de la scène (si, si, juste en face de moi, ne râlez pas, c'est comme ça...). Et toujours ce silence impressionant sur le solo de violon, chacun attendant que la dernière note sorte avant d'applaudir, et là le petit sourire de Jean-Jacques lorsqu'il se retourne vers le public pour le saluer... Puis il enchaîne avec Quand tu danses, toujours aussi belle, toujours aussi impudique dirais-je, comment a-t-il la force de la jouer à chaque fois devant des milliers de personnes alors qu'elle semble si personelle. On a chaque fois l'impression d'être un peu des voyeurs et on se tait, on écoute en silence en regardant cet homme penché sur sa guitare, les yeux clos (même si j'ai trouvé que ce soir là, comme 2 jours plus tôt aussi, il regardait quelquefois vers le public ce qu'il ne faisait jamais avant à ce moment précis du spectacle où il était toujours perdu dans ses pensées, dans ses souvenirs).
Et la deuxième partie éclate avec sa musique plus forte (forcément, ils sont passés aux guitrares électriques : "c'est pas mieux mais c'est plus fort ") ses lumières plus éclatantes et la foule qui reprend A nos actes manqués. Jean-Jacques et Michael courent d'un côté à l'autre de la scène... les problèmes digestifs sont bien oubliés... Puis ce sera Nos mains, et là encore on voit que, pour beaucoup c'est un premier concert, car les jeux de mains qui étaient si beaux sont ici quasi inexistant... C'est vrai qu'il est dur de taper du pieds sur la terre... ça ne rend pas grand chose... (comme l'a fait remarquer JJG lui-même) mais même les mains frappées n'étaient pas en rythme et ont vite disparu pendant que la chanson se déroulait. Je crois bien que c'est mon grand regret pour ce concert, j'aimais tellement ces mains tendues, levées et qui se remettaient à battre entre deux refrains.
Puis, c'est le tour des vieilles chansons, Je te donne où Michael s'éclate, saisissant même le micro à pleine mains (sans le pied) pour venir chanter tout au bord de la scène. Peur de rien où c'est au tour des guitares de se défouler. Au bout de mes rêves, Il suffira d'un signe et Quand la musique est bonne suivent bien évidement, et celles là tout le monde les connait par coeur.Toujours la "torture" de musiciens pendant leur présentation et même pour la dernière, aucun n'a osé lui rendre la monnaie de sa pièce... Auraient-ils peur de sa réaction ? Pourtant, certains soirs j'ai vu Claude Le Péron se saisir du seau de confettis et esquisser un mouvement pour le lui jeter à la tête... ce ne sera pas encore pour ce soir...
Et déjà, cela sent la fin du concert avec Sache que je qui commence, mélancolique comme nous le serons sans doute d'ici quelques minutes quand tout sera terminé... pour quelques années... Les instruments s'arrêtent les uns après les autres et chaque musicien rejoint Jean-Jacques qui reste seul à jouer de la guitare et dans la pénombre, tous s'avancent doucement vers nous pour le salut final, se promenant sur toutes la longueur de la scène sous nos applaudissements.
Puis, JJG reste seul sur scène et nous parle du pourquoi de ce concert, donné au profit de "La Bécède" (centre de vacances pour les enfants de la région), explique son coup de coeur pour cette association et ses bénévoles et espère que maintenant que le premier pas a été fait les pouvoirs publics (représentés par le Président du Cconseil Général, présent au concert..) prendront le relais pour les aider dans leur démarche.
Et pour la der des der, pas de petit bonus pour terminer. Ce sera Pour que tu m'aimes encore. Je ne vais pas me plaindre ! Je l'adore cette version, peut être même plus que l'originale maintenant qu'il en a changé le sens et en a fait une histoire d'amour entre un chanteur et son public.
Et voilà, un dernier salut, un dernier sourire et la guitare s'élève en l'air pour nous dire un dernier au revoir.
Valérie Augey
14 novembre 1999
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