Taï Phong : du pop français dans le Grand Vent du succès
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Taï Phong : du pop français dans le Grand Vent du succès
France Soir, 15 octobre 1975
Alice Hubel
Retranscription de Marie-Laurence Cuvillier
Taï Phong, en vietnamien, cela veut dire Grand Vent. Mais Taï Phong, malgré Taï et Khanh, les deux frères qui sont nés au Vietnam, est un groupe français qui vit, travaille et qui veut continuer en France. Vous les avez vus d'abord au "Ring Parade" de Guy Lux puis au "Rendez- vous du dimanche" de Michel Drucker. A part Khanh à la guitare et Taï, le bassiste qui chante également, il y a Jean-Jacques Goldman, guitariste, Jean-Alain Gardet aux claviers et le plus jeune, Stephan Caussarieu, à la batterie.
Alice Hubel : Taï Phong existe depuis quand ?
Khanh Mai : Cela fait trois ans mais nous faisons de la musique depuis beaucoup plus longtemps, mon frère et moi. Nous avons toujours écouté du rock et nous avons vécu en Angleterre pendant pas mal de temps. Depuis l'âge de 15 ans, nous avons joué en amateurs avec des groupes. Pour pouvoir travailler, nous faisons tous d'autres métiers. Moi, je suis technicien dans un studio d'enregistrement, Taï travaille dans les assurances, Jean-Jacques dans un magasin et les deux autres sont encore étudiants. Taï Phong c'est notre premier album, sorti en juin, puis un 45 tours avec "Sister Jane" sorti en septembre extrait de l'album. Nous en préparons un autre pour le printemps.
Alice Hubel : Vos influences ?
Khanh Mai : Le rock, bien sûr : des groupes comme Genesis et Yes. Si notre disque est en anglais, c'est parce que cette langue nous est plus familière et qu'elle s'identifie plus à la musique. D'ailleurs, Taï Phong vient de sortir aux Etats-Unis. Nous attendons anxieusement les réactions. En France, le public a très bien réagi à tous les niveaux. Depuis le temps où l'on dit que chez nous, les musiciens pop ne font rien...
Alice Hubel : Pourquoi ?
Khanh Mai : Je crois qu'ils sont très individualistes pour parvenir à former un bloc mais le talent, ils l'ont. Et l'entente entre les musiciens est primordiale. Notre groupe a changé cinq fois de batteur, il y a eu un va-et-vient gênant. Mais surtout, les musiciens en France n'arrivent pas à vivre de ce qu'ils font et ils sont bien obligés de gagner de l'argent. Ils se découragent. J'espère que notre expérience leur sera profitable. C'est encourageant d'avoir vendu cent mille exemplaires. Cela prouve que l'on peut faire de la pop music qui marche et qui n'est ni commerciale ni facile.
Alice Hubel : Alors, vous continuez ?
Khanh Mai : Plus que jamais. Au début, nous avons répété dans des caves. Maintenant, ça va un peu mieux. Le plus important pour nous, c'est la musique. Une musique internationale qui puisse apporter quelque chose aux gens sans être trop cérébrale. Et puis, nous attendons de monter sur scène en professionnels car c'est capital pour un groupe qui veut communiquer avec les gens.
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