Tai Phong en scène
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Tai Phong en scène
Best n° 107, juin 1977
P. H.
Retranscription de Chrystèle
[Légende photo]: Khanh : "Taï Phong avait tenu ses promesses"
Après plus de deux années d'existence "publique", Taï-Phong a, à son actif deux trente-trois tours et un "tube", le fameux "Sister Jane" qui fit et fera encore beaucoup danser. Il manquait à la formation une dimension indispensable au bon fonctionnement d'un groupe : la scène.
A la Maison des Arts de Créteil, l'occasion leur fut donnée de prouver enfin que plus de deux années de travail acharné pouvaient porter leurs fruits. Le départ de Jean-Jacques Goldman, l'an dernier, avait privé le groupe d'un chanteur au timbre extraordinaire, doublé d'un guitariste fin et musclé. Celui-ci conservait malgré tout sa place au sein du groupe sur le plan discographique, mais était remplacé lors des répétitions par deux jeunes musiciens, Charly, un jeune chanteur percussionniste rompu aux pratiques de la scène et Marc, un guitariste émule de Jeff Beck. Beaucoup plus grave fut la démission (fuite ?) de Jean-Alain Gardet, l'homme des claviers, et ce, moins de deux semaines avant les fameux concerts de Créteil. Là encore, obstination et rage de vaincre l'emportèrent. Et c'est ainsi que le groupe recruta six, oui vous avez bien lu six, pianistes-organistes, et chacun apprit à la perfection deux ou trois morceaux.
Le vendredi comme le samedi, la Maison des Arts était pleine. Chacun était avide de voir comment allait se comporter devant le public ce groupe dont certaines mauvaises langues allaient jusqu'à prétendre qu'il avait été fabriqué de toutes pièces pour le lancement de "Sister Jane". La salle était dans le noir complet lorsque se firent entendre les premiers grondements de tonnerre, annonciateurs de "Out of the Night", le titre fétiche du groupe. Peu à peu la scène s'éclaira, découvrant un splendide décor à base de plantes vertes, au milieu desquelles trônaient les trois énormes carapaces renfermant les instruments complexes que chaque musicien peur régler à sa guise. Dans le fond à droite, comme enfermé dans une cage transparente, Stéphane, derrière sa double Ludwig, caressait ses cymbales… Devant, sur la gauche, tout de blanc vêtu, comme ses petits camarades, grosses lunettes et Strato en bandoulière, Khanh, le véritable "père" du groupe. A ses côtés, seul élément réellement mobile de la formation, se tenait Charly. Au milieu Taï, réglant perpétuellement le son de sa basse, et enfin Marc, sabots blancs et Gibson, tendu et attentif. Et puis il y avait aussi le coin des claviers, où un sympathique remue-ménage à la fin de chaque titre annonçait le départ d'un musicien laissant sa place à un autre. Taï-Phong avait tenu ses promesses, le son était le même que sur la cire, avec en plus une violence sous-jacente, qui en disait long sur les intentions du groupe. Ce soir-là, Taï-Phong venait de prendre définitivement sa place au sein des plus grands groupes français.
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