Jean-Jacques Goldman
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Jean-Jacques Goldman
[publication inconnue], 1982
Retranscription d'Hélène Bury
"Inutile de nier, vous êtes pincés. On vous recherche depuis dimanche. Vous êtes de Paris ; vous le grand, vous vous appelez Fontanin ; et vous, Thibeault. Des enfants de famille, courir les chemins comme des petits criminels !"
Les cinq volumes signés Martin Du Gard hantent les nuits de Jean-Jacques Goldman adolescent. Il se passionne pour l'escapade difficile de Jacques flanqué de son pote Daniel. Il ressent si fort ses propres racines, qu'il vit profond avec les Thibeault. Antoine est-il le grand frère idéal ? Il ne se pose pas la question, il aime sa famille à lui, des garçons, une grande sœur et un point d'interrogation dans le cartable de chacun : envie de quoi pour l'avenir ? Jean-Jacques ne s'exprime pas encore, oui il décidera de sa vie, mais parfois, le futur met des années, des années à se dessiner... Alors comme tous les timides brillants, il se lance dans la culture du diplôme. Longues études, qui lui laissent le temps d'exister, pour l'extérieur, car pour ce qui est de l'intérieur, il affiche complet.
Né un onze octobre, juste au milieu de l'année astronomique pour inaugurer l'automne. Après le succès des jours sur les nuits, voici la lente ascension du monde nocturne, déclin de l'univers organique face au retour de l'univers spirituel, Jean-Jacques Goldman perçoit cette résurrection intime sous la pluie, les arbres se dépouillent et l'enrichissent. Il aime se calfeutrer à deux sous une tente canadienne, en subissant le martèlement de la pluie. Pull contre pull avec "l'autre". (Ne vous êtes- vous jamais grisés de gouttelettes frappées contre la toile jaune ?).
"L'autre" tient une place de première de la classe, pour Jean-Jacques qui appartient à la nature éthérée de l'air, élément des liens humains, des contacts, des échanges, à condition de lui prendre la main. Grand besoin chez lui d'être sécurisé, pour saisir cette confiance si précaire, besoin d'un regard chaud.
Jean-Jacques Goldman est né dans un Jean-tennis-chemise-cravate, couvert d'une laine aux premiers frimas, le tout pelotonné dans un anorak rouge, à l'apparition des boules de neige.
Déjà bien vieux pour son âge, il s'arrange d'un physique d'adolescent ridé de sa seule sensibilité, peut-être la clé de cette réserve, cette retenue, à mi-chemin de la froideur et des larmes.
Guitariste, violoniste, chanteur chez "Taï Phong" de 75 à 80 (consultez votre dico "Rock") comment est-il sorti de chez lui ? Mystère et boule de cœur... Et comment un 8 octobre 80, une cassette a-t-elle atterri sur un bureau de chez EPIC ?
Il a fallu la bienveillance d'un bon "Stanislas" (consultez votre dico "Anges") et il a fallu un coup de pied au cul de Jean-Jacques Goldman pour affronter EPIC le 3 février 81. Une sensibilité parle à une autre sensibilité, résultat des courses : l'album "EPC 85233" l'an passé et l'album "EPC 25089" aujourd'hui ; une pochette en noir et blanc comme ses rêves, onze titres qui vieilliront bien pareil à lui, avec de futurs poils blancs, en fait, une histoire qui se terminera bien. Plus tard, quand vos petits enfants devenus vieux bipèdes se verront poser cette question : "Goldman, ça vous dit quelque chose ?" - oui, oui, un chanteur aux mains de pianiste : Jean-Jacques Goldman -
PS : Fiche technique : Vos cellules sont espérées fraîches, donc à même de discerner qualité, talent et surtout sensibilité de cet album. Norbert Krief (dit "Nono")- guitariste exceptionnel de chez Trust a apporté sa contribution sur deux chansons (vous les reconnaîtrez of course) vous retrouverez Patrice Tison, Guy Delacroix (déjà présents sur l'album précédent) quant aux autres, demandez donc à Jean-Jacques Goldman ce qu'ils ont apporté dans leur musette.
EPC 85233 "Il suffira...d'un signe" EPC 25089 2ème album EPC A 2782 "Quand la musique est bonne"
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