Sur les traces de Jean-Jacques Goldman
|
Sur les traces de Jean-Jacques Goldman
Salut n°194, du 2 au 15 mars 1983
Retranscription de Ludovic Lorenzi
Jean-Jacques Goldman, ce chanteur qui, depuis bientôt un an, a révolutionné hit-parades et radios en se hissant aux premières places, reste malgré tout un garçon bien tranquille qui, aussitôt qu'il le peut, fuit les mondanités et autres contraintes qui font maintenant partie de sa vie. C'est durant de brèves vacances à Courchevel que Salut ! lui a rendu visite…
Malgré un emploi du temps très chargé, Jean-Jacques a réussi à glisser, entre deux télé et le Midem, un rendez-vous très important pour lui : cinq jours en tête-à-tête avec sa femme. C'est à Courchevel, dans le chalet de son enfance, qu'il est venu retrouver les joies du ski. C'est ici que dans sa jeunesse il a, avec son frère Robert, gagné ses premières étoiles… Ne nous y trompons pas, le chanteur n'est pas un amateur de ski, quand il descend les pistes, on reconnaît le style du bon skieur. Ce n'est pas Bernard Leloup, notre photographe, qui le démentira. Etant monté avec lui sur le télésiège pour réussir 'la photo unique et exclusive', il s'est vu obligé de redescendre sur les épaules de Jean-Jacques qui, d'ailleurs, ne put éviter une chute, car Bernard se pencha du mauvais côté dans le virage et les deux garçons se retrouvèrent étalés dans la neige. Mais cela ne les arrêta pas et ils finirent par se retrouver sains et saufs en bas des pistes.
Les journées de vacances de Jean-Jacques se passent selon un programme bien établi : ski et repos. Ce grand solitaire se sent bien dans cette célèbre station savoyarde où il ne connaît personne. Seulement, depuis le succès, les gens le reconnaissent et viennent lui demander un autographe et comme il nous dit : 'Je ne suis pas encore habitué au statut de vedette, à être un homme public. Quand je participe à une émission de télé, j'assume mon métier de chanteur jusqu'au bout. Je signe volontiers des autographes, parler de ma vie avec des inconnus, mais quand je redeviens un simple passant, j'oublie tout et il m'arrive même de répondre, quand les gens me demandent si je suis bien le chanteur Goldman : 'Non, je suis son cousin'. Après, je m'en veux d'avoir eu une telle attitude mais je suis encore partagé entre mes deux identités, mister Goldman et docteur Goldman'.
C'est devant une tasse de thé au citron, dans le petit appartement sentant bon le lambris de sapin, que nous avons passé un couple d'heures avec lui.
Il était 16 heures, Jean-Jacques revenait de sa journée de ski, quelques flocons accrochés à ses cheveux et le walkman sur les oreilles.
'Je n'écoute que deux bandes cette année, Supertramp et Flash and the Pan, un groupe peu connu. Je trouve cette musique idéale pour descendre les pistes'.
Dans la pièce où nous sommes, pas de radio, pas de télé mais des jeux : scrabble, cartes, etc. Quelques bouquins et, dans un coin, une guitare.
Salut : Tiens, tu travailles même en vacances ?
Jean-Jacques Goldman : Oh que non ! Ma guitare, c'est pour le plaisir, juste pour gratter à la veillée quelques vieilles comptines. Pour moi, les vacances c'est le repos total. Le premier jour, je m'écroule et je dors plus de quinze heures. La notion du mot vacances a bien changé dans ma tête. Quand j'étais étudiant, je n'aimais guère les études aussi, sitôt le semestre terminé, je partais pendant trois mois faire de longs voyages. C'est ainsi que j'ai traversé les USA en stop. Mais maintenant que je fais ce qui me plaît toute l'année, j'ai moins envie de m'évader. En revanche, j'ai besoin de repos et de me retrouver avec les gens que j'aime, ma famille.
Salut : Que fais-tu après le ski ?
Jean-Jacques Goldman : J'en profite pour aller un peu au cinéma. J'ai vu 'Le ruffian' qui m'a ennuyé, 'E.T.' dont j'avais entendu parler et qui m'a un peu déçu et 'La boum 2' que j'ai bien aimé. Je trouve courageux de faire un film qui va à l'encontre de la tendance actuelle, violence et sexe.
Jean-Jacques se passe la main sur une barbe naissante.
Jean-Jacques Goldman : Dans la vie, je vis un peu en hippie, je déteste faire des efforts de toilette, je ne me sens bien que dans mon vieux pull. Par contre, je ne conçois pas de faire une télé sans m'habiller et mettre une cravate. C'est une forme de respect que tout artiste devrait avoir vis à vis de son public.
Salut : Côté travail, où en es-tu ?
Jean-Jacques Goldman : Demain, je pars au Midem pour sacrifier à la tradition qui veut que les artistes aillent s'y montrer. Ensuite, je continue à travailler sur mon prochain album. Comme j'ai besoin de huit à neuf mois pour préparer un disque, avec un peu de chance, je rentrerai en studio en juillet ou en août. Là, je viens de sortir 'Comme toi', un 45 tours extrait de mon album.
Jean-Jacques a pris sa guitare et, les yeux fixées sur les montagnes blanches qui se découpent dans la baie vitrée, plaque quelques accords. Nous sentons que nous n'avons plus rien à faire ici. Nous le laissons dans ses rêves et nous quittons cet endroit qui respire la paix et la tendresse…
Retour au sommaire - Retour à l'année 1983