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Jean-Jacques efface Goldman
(Numéros 1, 1983)

Jean-Jacques efface Goldman
Numéros 1, 1983
Didier Varrod
Retranscription de Marine Lebon

Jean-Jacques Goldman, rafleur de tubes en or en 83, vainqueur français toutes catégories de tous les sondages et référendums, sera-t-il une étoile filante de plus dans la jungle étoilée mais âpre du show-business français ? Elu à l'unanimité par notre rédaction "chanteur français de l'année", nous lui reconnaissons non seulement des acquis, mais aussi des atouts solides pour l'avenir.

Il ne lui a fallu que deux ans pour accéder à une notoriété hors-pair. Chouchou des Unes des magazines de jeunes, celui qui croyait toucher le public de son âge s'aperçoit, au fil des tubes, qu'il a en premier lieu celui des adolescents. Contrairement au dicton : "On les a comme on veut !", Goldman, sans s'en apercevoir, vise juste et fort. Quel artiste ne rêve-t-il pas, à un moment ou à un autre, de s'adresser à cette tranche d'âge : les adolescents ? Celle qui vit par et avec la musique, pour la chanson, et pour beaucoup, en compagnie des idoles : une des garanties de longévité. La preuve en a été faite avec la plupart des vedettes des années 60.

Ni minet ni rocker body buildé.

A 32 ans, Jean-Jacques Goldman peut être satisfait d'un itinéraire presque sans faille. Enfant, déjà, il apprend le piano et le violon parallèlement à des études sans histoire. C'est en entendant le voix d'Aretha Franklin qu'il reçoit le choc et l'envie de tout envoyer balader. Il ajoute alors, à son arc déjà bien fourni, les cordes d'une guitare sur laquelle il laisse éclater sa puissance créatrice.

Goldman, désormais, sait qu'il sera artiste. Il débute avec un groupe pour bal du samedi soir. Si je dis : "Une période de galère", je ne fais que plagier les canons types d'écritures de nos biographes préférés... Et pourtant... c'est vrai ! Même si Jean-Jacques garde d'excellents souvenirs de cette période "d'artiste maudit".

"75", première étape vers du plus sérieux, avec la rencontre de nouveaux musiciens. Il s'intègre à un autre groupe et devient créateur à part entière.

Avec Taï Phong, il travaille une forme avant-gardiste du rock (d'aucuns diront rock-symphonique) et se permet même d'inscrire à son palmarès en herbe, un tube : "Sister Jane" extrait du premier album qui se vendra à plus de 200 000 exemplaires). Deux autres 45 T suivront qui, sans atteindre la performance du premier, révèleront un public fidélisé à cette musique. Mais... son travail acharné de studio ne donne pas de réelle existence au groupe, qui ne répondra jamais à l'appel de la scène...

Jusqu'en 79, Goldman s'en satisfera, tout en commençant à songer sérieusement à une carrière en solo.

Le temps d'un changement de maison de disques, et le voilà, contrat sous le bras, chez CBS Epic, qui semble lui offrir l'opportunité d'enregistrer et de travailler comme il l'entend, dans des structures à sa convenance. La suite, tu la connais... Premier album, premier tube. "Il suffira d'un signe", ce titre fort de l'album, nous permit de découvrir une voix et une musique hors du commun. Bases de références et points de comparaison bien aimés de la profession, battent de l'aile. Ajoute à cela un physique qui n'a rien du minet, ni du rocker body buildé de cuir... Bref, on s'interroge, mais on est obligé d'aimer, ou du moins de reconnaître qu'il y a là un phénomène intéressant (une des clés de son succès). Dans le flot des étiquettes en tous genres, Jean-Jacques Goldman ne ressemble encore à rien de comparable sur le marché.

Son album est loin d'être parfait, mais il laisse déjà percer sa volonté de ne pas sacrifier le fond à une forme musicale exceptionnelle. A mon avis, pour ce premier album, ce sont les textes qui ont le plus d'impact. La musique ne suit pas toujours. Est-ce dû au mixage effectué en Angleterre, par un Anglais, qui crée ce décalage ? Tu peux toujours retenir de cet album (mis à part le tube) deux autres chansons : "Le rapt" et "Pas l'indifférence". Goldman peut alors savourer ce succès et s'attacher à préparer sa nouvelle "galette". Sa production 82 arrive sur nos platines : "Quand la musique est bonne". Incontestablement, le "son Goldman" est trouvé : une intro, un gimmick, une envolée de guitare suffisent à situer son univers.

Des thèmes sûrs, des mots pas débiles.

Enregistré en France, c'est l'album de la perfection. Celui des tubes qui font très mal ! Réalisé avec Marc Lumbroso, Jean-Jacques Goldman signe là un disque qui fait référence. Il explique mieux que le reste son succès foudroyant comme ses atouts "à venir". Chaque chanson est un modèle d'équilibre, de savants dosages entre le son recherché, la voix et les mots qu'elle place. Le disque des parfaites concordances ! Les chanteurs anglo- saxons nous ont habitués à les percevoir comme "un instrument" supplémentaire. Jean-Jacques Goldman est parvenu à rendre "visuelle" cette concordance : musique, voix, sons, textes, etc...

C'est de la variété, certes, mais en ces temps où classements et catégories sont moins nettes, ce disque définit parfaitement ce qu'est précisément la variété.

Exceptionnelle aussi la facilité avec laquelle le public se trémousse sur chacune de ses chansons. Même son tube "Comme toi", titre lent et plutôt grave, fit les beaux jours des hit-parades et des discothèques. Jean- Jacques Goldman explique : "Je suis concepteur de musique utilitaire sur laquelle on peut également danser". Ce qui prolonge considérablement la vie d'un disque.

Son succès ne réside pourtant pas uniquement là. Il est indéniable que les thèmes qu'il chante sont très "83" dans l'esprit du public. "Au bout de mes rêves" pourrait être une maxime résumant bien la ligne de vie d'une partie de la jeunesse. "Etre le premier" parle de sa fascination pour ceux qui (presse, radio, télé ou musique) ont pour idée fixe la réussite à tout prix ! "Minoritaire", la révolte contre la fausse marginalité qui nourrit les plus beaux spécimens de normalisés !!!

Des thèmes sûrs, des mots pas débiles : une garantie, un capital de sympathie, nécessaires dans un pays où l'on attache (quelquefois injustement) de l'importance aux mots.

Jean-Jacques Goldman dit aussi ne pas aimer les uniformes. Ses éternels jeans, pourtant, soutenus par chemisettes et petites cravates, ont eu vite fait de le personnaliser. Le look Goldman est là et déjà "les petits Goldman" fleurissent dans les rues.

Un disque, un look ne suffisent pourtant pas à expliquer un phénomène. Goldman, aussi surprenant que cela puisse paraître, par son caractère assez sauvage, a complètement joué le jeu des médias. Malgré des réticences à peine avouées, il se livre néanmoins auc photographes et reportages en tous genres. Seule sa vie privée est tenue à l'écart. Qui, à Numéros 1, pourrait le lui reprocher ? Sa conduite à cet égard est aussi la nôtre.

Les rockers l'aiment bien jusqu'à présent.

Cela dit, ce raz-de-marée s'est trouvé renforcé par son omniprésence à la télévision. Goldman répond présent à toutes les émissions de variété avec une assiduité étonnante. Pour s'imposer au plus grand nombre, il a compris que la télévision est l'étape déterminante. Quel autre média peut installer dans la mémoire collective ce type de phénomène ?

Pour lui, c'est chose faite, et pourtant la gloire ne semble pas lui faire peur. Jean-Jacques garde la tête froide. Il veut croire que sa popularité (référendums) n'est due qu'au succès du moment. Maintenant, une étape difficile mais nécessaire : la scène. Certaines petites villes de province ont déjà eu cette primeur. Il semble pourtant qu'elle restera en arrière plan de sa carrière. En tout cas, elle ne sera jamais une finalité en soi et demeurera un support aux disques qu'il enregistrera. Reste enfin d'assurer la position précaire que lui confère la réussite. Les rockers l'aiment bien jusqu'à présent. Lui seul sait qu'il n'a de leçon de rock à recevoir de personne. Son passé parle pour lui ! Comme conserver son image de marque jusque-là miraculeusement inaltérée. A force d'être trop populaire, on en devient forcément "populassier" selon les bien-pensants. Si tu es de ceux-là, mets sur ta platine "Veiller tard" (extrait de son deuxième album), la dernière chanson de la première face (3'50), admirablement écrite et réalisée : de quoi faire taire les langues suspicieuses et les analyses prétentieuses.

Rien à prouver.

... "Il y a toujours un moment où le soir arrive et où l'on se retrouve seul face à soi-même... on le sait", dit Jean-Jacques Goldman dans la grande interview qu'il nous accorda en juillet.

Face à lui-même, à la veille de "84" : un nouvel album en commande et l'Olympia en mars. Autant d'échéances qui n'empêcheront pas Goldman de nous répéter une fois de plus : "Je n'ai rien à prouver". Logique d'un professionnel qui se respecte et nous respecte. On n'est pas si mécontent de l'avoir trouvé !


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