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Jean-Jacques Goldman l'homme aux disques d'or
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Jean-Jacques Goldman l'homme aux disques d'or
?, 1983
Michel Denisot
Retranscription de Marine Lebon
La semaine de Michel Denisot
Quel beau nom : Goldman ! Il signifie l'homme en or. Traduisons plutôt : l'homme aux disques d'or. En un rien de temps, ce long jeune homme aux cheveux noirs a collectionné les succès. D'abord avec "Il suffira d'un signe" puis avec "Quand la musique est bonne". Et il est sur le point de réussir une troisième fois avec "Comme toi".
Le timbre de voix de Jean-Jacques Goldman est unique, aigu et haut perché. L'enregistrement de ses disques ne fait pas appel à une technique sophistiquée, susceptible de modifier artificiellement le son émis par ses cordes vocales. Non, il chante comme ça.
"Parfois, quand j'écoute un de mes 33 tours, je suis un peu agacé par ce timbre", dit-il avec une lueur d'ironie dans le regard. "C'est à croire que je n'ai pas terminé ma croissance et que je suis encore un adolescent en pleine mue".
L'adolescent en question est tout de même marié et père d'un enfant de sept ans. La voix de Jean-Jacques, qui a séduit des millions de fans, ne changera pas demain et c'est tant mieux.
Le succès qu'il a pris de plein fouet l'enchante : "C'était mon objectif, mon rêve. Je sais que, d'un seul coup, je vais gagner beaucoup d'argent, payer beaucoup d'impôts. Tant mieux, c'est bon signe. Je ne crois pas les chanteurs confidentiels ravis de leur sort, je chante pour être écouté par le plus grand nombre ; le public me suit et c'est cela ma plus grande satisfaction. D'autant qu'il le fait sans que je fasse de concessions".
Jean-Jacques Goldman, qui a été la plus grande révélation de l'année 1982, est dorénavant bien installé en tête des hit-parades. Il enchaîne galas sur galas car il adore être sur scène, confronté au public. "Plus les conditions sont difficiles, plus je me réjouis ; j'aime les défis", dit-il.
Son cheminement est tel qu'il peut, mieux que quiconque, apprécier la réussite. Car elle n'est pas venue du jour au lendemain. Il a connu les petits bals dans la région de Lille, puis la vie des groupes rocks qui se battent pour se faire une place au soleil. De toute cette époque difficile, il garde un souvenir ému. Mais un jour une de ses cassettes a atterri sur le bureau d'un producteur de disques qui l'a engagé sur-le-champ. Il s'est retrouvé catapulté sur le devant de la scène, poussé par de bons amis dont le rôle a été décisif. Seul, il ne l'aurait peut-être jamais fait. Par timidité. C'est que son enfance ne le prédisposait pas à envisager un tel avenir.
Lisez plutôt ce qu'il en dit : "Toute mon adolescence a été imprégnée par les ouvrages de Roger Martin du Gard". Un de ses meilleurs amis de l'époque ajoute : "Jean-Jacques ne se posait pas de questions, il aimait sa famille et ne s'interrogeait pas sur l'avenir. Il était convaincu que le futur mettait des années à se dessiner. Jean-Jacques était un timide brillant. Il s'est alors lancé dans la conquête d'un diplôme".
Remontons un peu dans le temps pour savoir qu'il est né un 11 octobre, qu'il aima très tôt se calfeutrer à deux sous une tente canadienne en écoutant la pluie marteler la toile, qu'il a toujours eu besoin d'être sécurisé, ne fût-ce que par un regard. Bref, que ce jeune homme-là est né romantique. Alors pas étonnant que la voix de cet adulte soit restée celle d'un adolescent que le succès n'a pas perturbé. "C'est arrivé vite, mais je l'attendais, alors j'étais prêt ; de même que je suis prêt, pour le cas où demain je cesserais de plaire".
Bel exemple de lucidité de la part de la vedette la plus raisonnable de la chanson française, qui s'étonne encore qu'on le reconnaisse dans la rue et qu'à l'école son fils soit maintenant traité autrement depuis que papa passe à la télévision. "Pour les enfants, rien n'a changé, dit Jean-Jacques, ce sont les adultes qui faussent tous les rapports. Les enfants, entre eux, ne font pas de différence entre un papa-chanteur, un papa-boulanger ou un papa-employé de bureau".
Et Jean-Jacques Goldman est comme eux : naturel.
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