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Le cousin Jean-Jacques
(L'Express, 30 mars 1984)

Le cousin Jean-Jacques
L'Express, 30 mars 1984
Michel Braudeau
Retranscription de Séverine Gauthier

Goldman, 33 ans, B.C.B.G., l'air sympa. Ses fans ? Les 12-13 ans.

Jean-Jacques Goldman, 33 ans, chanteur. En tête des ventes de 33-tours et de 45-tours chez C.b.s. Au moment où toutes les maisons de disques crient famine et que défilent à tombeau ouvert les charrettes où s'entassent chanteurs recalés et managers virés, il y a quand même un phénomène : Goldman. A l'écoute, ce n'est pas mal, "Envole-moi". Pas plus mal que n'importe quelle antiquité du genre "Chariot", de Petula Clark. Ça vaut presque Julien Clerc quand il chante irrésistiblement : "J'aime, j'aime, j'aime les routes bleu-eu-eues, les routes aux six troènes… "

On le verra à l'Olympia, à partir du 26 mars. Il est assez beau, Goldman. Sexy, selon certains de mes collègues. Il présente bien, veste noire légère, chemise blanche, jeans délavés mais pas trop, le cheveu souple, normal, longueurs et pointes sans plus. Jolie voix qui s'étrangle dans les aigus, c'est bon signe, ça marque l'effort. L'air sympa. A sûrement arrêté ses études à temps, avec une touche "jeune cadre" ayant opté pour le rock, finalement assez risqué, non ?

Révoltés, ces petits ?

Au-dessus de la scène, une grande banane jaune en carton se balance et, sur le côté, des néons clignotent "Motel". Rassurez-vous, chers parents et amis sociologues ; il ne se passera rien entre la banane et le motel. C'est ailleurs qu'il faut chercher l'explication du succès. Dans la salle.

Une majorité de mouflets. A peine des ados, des pré-ados. Du 12-13 ans, filles et garçons tout droit sortis de "La Boum 3", sans rien de sulfureux dans la socquette ni le T-shirt. Ils crient comme à l'école : "Eh, Sandrine, t'as des gros seins !" ou " Janine, Janine !" et pouffent. Mystérieusement, ils filent aux toilettes par bande de dix, tous les quarts d'heure, faire on ne sait quoi. Reviennent tout gais, lèvent leurs briquets allumés comme autrefois leur grand frère pour Bob Dylan. C'est dans les usages.

L'ambiance de patronage gentil culmine à l'arrivée de Jean-Jacques. Six musiciens l'accompagnent, la sono est cool, Goldman à l'aise. Un petit coup de guitare sèche à la Vivaldi (pour les parents ?), puis il entame un tube : "J'irai au bout de mes rêves". Demi-émeute chez les gniards, qui lèvent le poing. On croit rêver. Ils ont dû voir ça dans les vieilles bandes d'archives qui passent à la télé. Révoltés ces petits ? Pas possible… Y a- t-il quelqu'un dans la salle qui sache ce que signifie un poing levé ? Puis c'est l'explosion pour "Envole-moi" (titre obscur, non ?). N'importe, tout le monde a le droit de se faire envoler, allons-y. A feuilleter les journaux qui ont pris pour cible ces chères têtes blondes, on rencontre Goldman à côté de Sophie Marceau et de Gérard Lanvin, pêle-mêle. Même combat, mêmes fantômes.

Le vieillard qui écrit ces lignes aima, en son temps les Beatles. Il lui arrive de frissonner encore, quand passe à la radio une bouffée de Rolling Stones. Est-il tout à fait qualifié pour apprécier ces galopins. Douteux. Cela dit, Goldman apporte une certaine fraîcheur, une vraie gentillesse, une intelligence de son public qui devraient lui assurer une longue carrière.


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