Jean-Jacques Goldman l'envol d'une star
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Jean-Jacques Goldman l'envol d'une star
Girls, avril 1984
Elisabeth Chamak
Retranscription de Stéphane Dumond
Si la suffisance est souvent l'apanage des médiocres, l'humilité est presque toujours celui des gens de valeur. A croire que la prétention soit inversement proportionnelle à l'intelligence et au talent. Jean-Jacques Goldman en est la vivante illustration : et la gloire n'est pas près d'entamer une once de sa simplicité. Il a accepté de nous recevoir, en pleine séance de studio, à son retour de tournée, pour nous parler de cette expérience.
Ses cheveux ont poussé, et il semble un peu fatigué, amaigri. Normal, il vient de passer plusieurs mois sur les routes. Mais rassure-toi : il est toujours aussi séduisant…
Toujours aussi peu concentré sur sa propre personne, il a autant de mal que d'habitude à parler de ce sujet qu'il s'évertue à considérer comme "banal" et "sans intérêt". A tort, on le sait, mais comment parvenir à le persuader du contraire ? Enfin, n'insistons pas. Jean-Jacques parlera donc de sa tournée, fatigante, certes, mais absolument triomphale. Les avis sont unanimes sur ce point. Avec la gentillesse qu'on lui connaît, il met la meilleure volonté du monde à s'efforcer de faire ce qui le rebute tant : répondre aux questions.
"La préparation d'une tournée est quelque chose de très intéressant, dit-il. Avec un ami, Bernard, qui réalise des films de pub, on commence par mettre le maximum d'idées en commun. Notre but consiste à mettre en image chaque chanson, à les visualiser. On essaie de trouver des jeux de lumière, des événements scéniques qui puissent surprendre. Après avoir réuni toutes nos idées, on en jette généralement la moitié. Ensuite, il s'agit de les réaliser et de mettre le décor sur pied. On dessine ensemble ce qu'on imagine, puis on fait appel à des professionnels chargés de le concrétiser.
Ensuite, on recrute les musiciens. On les choisit en fonction de leurs capacités professionnelles, bien sûr, mais aussi de leurs qualités humaines. Il s'agit de vivre plusieurs mois ensemble, donc…"
La conception du spectacle est, selon Jean-Jacques Goldman, la phase la plus intéressante de la tournée. Après commence l'angoisse. "Comme tout le monde, dit-il. A ce moment, je pense aux millions de gens devant leur télé et je me dis que j'aimerais être à leur place." Il est alors environ 20 heures et la salle de spectacle commence à se remplir. Chaque soir, elle est bondée de monde. "Le plus étonnant, continue Jean-Jacques, c'est de voir à quel point les gens viennent non pas pour assister au spectacle, mais pour y participer. Contrairement au public parisien, celui de province est plus jeune et plus motivé. Très vite, c'est lui qui te pousse. Alors qu'à Paris, les gens sont plus passifs. Ils viennent là en curieux. Dans toutes les autres salles, mon trac diminuait très nettement dès la troisième ou quatrième chanson. A l'Olympia, il n'a pas décru pendant toute la durée du spectacle."
A l'heure qu'il est, Jean-Jacques Goldman est parti reprendre un peu de forces en vacances. Objectif premier : récupérer quelques bonnes heures de sommeil de retard et reprendre les trois kilos perdus sur les routes de France. Deuxièmement, commencer à travailler sur son prochain album, dont la sortie est prévue pour la rentrée prochaine. Enfin, envisager dès maintenant le prochain périple musical que plusieurs milliers d'admirateurs ont déjà commencé à attendre.
En espérant, cher Jean-Jacques, ne pas avoir trop trahi ta pensée (entre tous ces "guillemets"…).
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