Jean-Jacques Goldman : Vocals, electric & acoustic guitars
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Jean-Jacques Goldman : Vocals, electric & acoustic guitars
Chanson n°10, juin 1984
L.L.
Retranscription de Séverine Gauthier
Pendant que Goldman chante à l'Olympia, Khanh, fondateur du groupe Taï Phong, vend des guitares à Ste Geneviève des Bois. Pour lui, ça va bien. Il est content que ça aille aussi pour Jean-Jacques : "Quand quelqu'un a du talent et ne marche pas, c'est intolérable. Je ne comprends pas que les gens aient mis si longtemps à le découvrir".
Taï Phong (Grand Vent, en Vietnamien) a sorti trois albums entre 1974 et 1980. Il a connu une notoriété certaine, notamment avec le titre "Sister Jane" : passage télé, articles dans la presse spécialisée. Composé de Khanh (guitare, chant), son frère Taï (basse), Jean Alain (claviers), Stéphane Caussarieux (batterie), et Jean-Jacques Goldman (guitare, chant), le groupe chante en anglais. Ses goûts musicaux englobent les Beatles, Yes, Genesis, King Crimpson et les Aphrodite Child. Ils composent une musique assez "planante", élaborée, avec des arrangements acoustiques et rythmiques sophistiqués, des harmonies vocales. A l'époque, le critique Hervé Muller parle de "la voix phénoménale de Jean-Jacques Goldman".
Le groupe répète un an avant de présenter une maquette à sept maisons de disques, qui veulent toutes le signer. Khanh, employé chez Barclay, Taï employé de banque et Goldman sortant d'HEC ne sont pas des naïfs : ils choisissent le contrat le plus avantageux. "L'idée était de faire des disques. On ne voulait pas tourner ni abandonner nos boulots, qui nous plaisaient. On voulait pouvoir se retirer au bout d'un an si ça ne marchait pas". Etonnement de la maison de disques : un groupe qui raisonne en termes de réussite rapide, c'est le monde à l'envers. En 1977, le groupe fait la scène. "Jean-Jacques avait un trac fou. Il était malade avant d'entrer en scène. Et quand des clients, au magasin où il travaillait, lui demandaient : "Vous n'êtes pas le chanteur de Taï Phong ?", il répondait "Non". En télé, quand on devait signer des autographes, il se cachait", raconte Khanh.
Enregistrement du premier album : Jean-Jacques, en plein service militaire (d'où la coupe de cheveux), fait le mur à minuit, passe trois heures en studio et retourne à la caserne. Dès le second album, il fait des disques en solo en français. Khanh : "Sur les premiers disques, il y avait des chansons qui sont à mon avis encore plus belles que celles qu'il fait maintenant. Je suis content qu'il réussisse. Je trouvais qu'il avait du talent, que ce n'était pas juste qu'il ne soit pas récompensé… Je tiens une rubrique de tests de guitare dans une revue, et souvent je prends l'exemple de Jean-Jacques, parce que c'est pareil : il y a des guitares qui sont très bonnes mais personne n'en veut, parce que ce n'est pas à la mode".
Justice est faite : le talent de Goldman est à la mode. Ça n'empêche pas sa petite nostalgie des groupes : Taï Phong enregistrerait un disque prochainement, avec Jean-Jacques au chant, Pascal, Stéphane, Michael Jones, Khanh et Taï… Dès que les grands vents souffleront, ils repartiront !
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