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Salut ! février 1986
Retranscription de Laurent Sandron
Un album déjà best-seller, un 45 tours en duo avec un vieux copain qui prend toujours le même chemin. Et un triomphe prévisible au Zénith du 3 au 18 décembre. Goldman est l'artiste le plus populaire du moment. Mais aussi le plus difficile à joindre …
Sillonner la France de part en part. Le plat de résistance. Pas question pour Salut ! de louper le coup d'envoi. Lundi 24 février, 8 h du matin (autant dire à l'aube !) à Orly, difficile de trouver un taxi pour aller jusqu'à l'aéroport. Verglas et neige dans toutes les rues parisiennes. Ça promet. 9 h 15 : arrivée à Nice. Le miracle. De l'avion, on descend directement sur le tarmac. Et voilà le frisson d'exotisme. Le dépaysement total. Soleil, palmiers et touristes en bras de chemise. Même sans sortir des limites de l'Hexagone, un Parisien habitué au bitume et aux gaz d'échappement des voitures, peut s'offrir des frissons de dépaysement et d'exotisme.
Maintenant que les beaux jours sont arrivés, on a presque oublié qu'il y a encore peu de temps, la France était recouverte d'une épaisse couche de neige. Voiture de location. Direction Nice. Toutes vitres ouvertes. Le soleil tape à travers le pare-brise. Exultation. Sur la droite : la mer, verte et calme. Promenade des Anglais. Quelques vieilles dames prennent l'air. Coup de frein, créneau entre deux énormes camions rouge pompier, immatriculés en Angleterre. Objectif atteint. Le théâtre de Verdure. Un chapiteau au milieu des arbres. En pleine ville. Face à la mer. Toute une bande de jeunes types s'affairent au soleil. Ils terminent de vider les gros trucks rouges. C'est le crew. Les roadies de Goldman. Français et Anglais, ils sont arrivés la veille. Depuis 8 heures du matin, ils sont à l'ouvrage. Sous le chapiteau, la scène n'est pas encore montée. Mais les flight-cases sont déjà déballées. Structures métalliques, câbles, amplis, projos, n'attendent plus que d'être assemblés. Tous les roads ont la pêche. Finies les vacances, mais démarrage en douceur. Le premier concert n'est que pour le lendemain soir et l'équipe reste à Nice cinq jours. Plutôt cool. Car le job de roadie est un enfer. Si ces mecs sont effectivement très bien payés (et nourris et logés !), ils abattent, en contrepartie, un travail colossal. Tous les jours, dés leur arrivée dans une ville, il leur faut monter la scène, sono, projos, etc., et qu'à 18 h tout soit prêt pour la balance des musiciens (réglage du son de leurs instruments). Ensuite, après le concert, vers 22 heures, il leur faut tout démonter ou remballer. Quelques heures plus tard, en pleine nuit, ils sont obligés de reprendre la route et dorment dans des cars-couchettes. Le lendemain matin, dans une ville différente, l'enfer recommence ! Pour l'instant, en cette belle journée, prémices du printemps, la trentaine de gaillards affichent plutôt une bonne humeur. Le stress sera pour plus tard. Personne n'a encore vu Goldman ou ses musiciens. Sans doute arriveront-ils pour la balance. Sur le coup de 4 heures de l'après-midi, arrivée de Bernard Schmitt. Toujours pétulant, l'ami Bernard avoue quand même être harassé de fatigue. Il vient tout juste de terminer le dernier clip de Johnny Hallyday : « Aimer vivre ».
Tournage de nuit. Petit à petit, les musicos, viennent, un à un, pointer le bout de leur nez. Par ordre d'entrée en scène, rappelons le nom de ces musiciens hors-pair : l'Australien Lance Dixon et Philippe Grandvoinet aux claviers, le Breton Philippe de Lacroix-Herpin (alias Pinpin) au saxophone, le toujours souriant Jean-François Gautier à la batterie, sans oublier Michael Jones, bien sûr, qui venait de passer ses quinze jours de congé au lit, cloué par la maladie. « Et en plus je devais mettre ces vacances à profit pour faire la promo de mon nouveau 45 tours ! » (« Guitar man » que joue d'ailleurs Michael sur scène pendant le show de Jean-Jacques, avec ce dernier comme guitare solo ! un grand moment !).
En cette fin d'après-midi, toute la scène est enfin prête. Les Anglais et les Français s'offrent un petit casse-croûte dans les coulisses du chapiteau. Vers 20 heures, arrive enfin Jean-Jacques. Bronzé, en pleine forme. Il se jette dans les bras de Bernard et tous deux vont s'enfermer dans les loges : « ça fait un bout de temps qu'on ne s'est pas vu ! on a plein de trucs à se dire ! ». Une demi-heure plus tard, tout le monde est en place sur scène. Répétition générale du spectacle. Sans public. Ou presque. Dans la grande salle vide, il y a juste l'équipe de Salut ! Un concert de Goldman pour nous tous seuls !
Le lendemain, pas de chance, le soleil n'est plus de la partie. Et l'heure n'est plus à la nonchalance. Des hordes de fans commencent à roder tout autour du théâtre de Verdure et de l'hôtel avoisinant où loge l'équipe. Un hôtel dont nous préférons taire le nom pour sa réputation ! Chacun des musiciens est furieux. Ils ont tous passé une nuit d'horreur. Les cloisons semblent être en papier et dés 7 heures du matin, des travaux dans l'établissement ont réveillé tous les dormeurs. Entre temps, Thierry Suc est arrivé. Thierry, c'est le grand manitou du cirque, le producteur du spectacle. A vingt-quatre ans seulement, il est déjà l'une des pointures du métier. Thierry et Jean-Jacques travaillent ensemble depuis les débuts sur scène de ce dernier. Confiance et respect mutuels sous le ciment de leur amitié. Le matin même, Jean-Jacques a repris ses bonnes vieilles habitudes sportives de tournée. Une heure de tennis avant le déjeuner ! L'après-midi, la pluie s'est mise à tomber. Il faudra attendre une accalmie pour faire quelques photos sur la plage battue par les vents. Fini le dépaysement. Nice a retrouvé son manteau d'hiver. Glagla. Le soir, la machine à rêve est prête à fonctionner. Les portes s'ouvrent, laissant un flot de fans s'empiler sous le chapiteau. L'heure H arrive. Jean-Jacques et ses potes arrivent sur scène. Et la magie recommence.
Bonne route, Jean-Jacques !
[légendes photo] Détente sportive : une heure de tennis avec Jean-François. Lecture de journaux pendant le repas et brain storming avec Thierry Suc, le producteur de la tournée.
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