Le sacre de Jean-Jacques Goldman
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Le sacre de Jean-Jacques Goldman
[Publication inconnue], du 16 au 22 octobre 1986
Gil Tonance
Retranscription de Marie-Laurence Cuvillier
On vous dira qu'il n'est pas facile d'aborder Jean-Jacques Goldman et on aura raison. Non que la vedette numéro un de la nouvelle génération se prenne pour une star, mais il a trop de pudeur, trop de bon sens aussi, pour ne pas savoir que la gloire est une coquette qui peut se détourner, soudain, de ceux qu'elle a adorés.
Ce n'est pas à la sortie du Zénith où il attirait chaque soir 5 000 fans, que j'ai rencontré Jean-Jacques Goldman. C'est tout récemment sur un stade. Il avait troqué son éternel jean pour un short blanc et un maillot de footballeur. Ce dimanche-là, il participait à une manifestation sportive en faveur de la Fondation Daniel Balavoine. Comme au soir du 18 janvier dernier, où, à la fin d'un "Champs- Elysées", quatre jours après l'accident de Daniel, il avait tenu à interpréter une chanson en hommage au chanteur disparu, il voulait être le premier maillon d'une immense chaîne de l'amitié et du souvenir.
"Et pourtant, je n'ai jamais joué au foot de ma vie", m'a-t-il confié, alors que je lui disais l'avoir trouvé vif et adroit. C'est donc pour son ami Daniel Balavoine qu'il l'a fait.
Et lui, où en est-il, côté métier ? Eh bien, il est hyper-heureux : il va offrir six chansons à son idole, Johnny Hallyday ! "Ce sera fantastique d'être chanté par un interprète aussi exceptionnel", dit- il. Sans compter que, pour lui, ce sera presque un sacre. Comme la reconnaissance définitive de ses talents de compositeur de chansons.
Jean-Jacques adore travailler dans sa maison de Montrouge, qu'il habite depuis pas mal de temps. Là, c'est son domaine privé. Défense de pénétrer ! Comme sa vie familiale d'ailleurs, qu'il tient à tout prix à préserver. Pour mieux les protéger, il s'est toujours attaché à éviter à sa femme Catherine, psychologue et à leurs trois enfants, âgés respectivement de dix, six et un an, toute retombée médiatique de sa célébrité. Qui pourrait l'en blâmer ?
"Pour moi, a-t-il l'habitude de dire, les chansons comptent plus que le chanteur lui-même".
Sur scène, Jean-Jacques Goldman nous apporte notre part de rêve et de plaisir, il se donne tout entier. Il ne triche pas, le public le sent, qui lui rend son amour au centuple. Il faut voir l'attraction qu'il exerce sur les jeunes, c'est phénoménal. D'où ce besoin, quand il a terminé un spectacle ou lorsqu'il revient après une tournée, de retrouver un havre de paix, abrité de toute agression, là où il peut créer, confectionner en artisan ses prochains succès.
Reste l'événement : l'idole des jeunes des années soixante va chanter les chansons de l'idole des années quatre-vingt.
Vingt ans les séparent, le talent les rassemble, en même temps que l'amitié. Le résultat devrait combler nos espérances.
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