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Johnny raconte son copain Jean-Jacques Goldman
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Johnny raconte son copain Jean-Jacques Goldman
Télé Poche, 28 septembre 1987
Michel Lignières
Retranscription de Monique Hudlot
Il a fait ses chansons tout seul. Jusqu'au jour de sa rencontre avec Johnny. Les deux idoles ont alors travaillé ensemble. En amis. Et c'est en ami que Johnny parle de Jean-Jacques.
Johnny se donne à Bercy. Et quand il donne, il le démontre, il ne reprend pas. Surtout en amitié. Johnny a toujours un petit quelque chose de Tennessee pour tous ses copains. Et pour Jean-Jacques Goldman en particulier. Mais comme le rocker a de la pudeur, pas question de se laisser guider sur les chemins de la sensiblerie. Il est comme ça Johnny. Nature. Direct. Le coeur à fleur des lèvres. Mais les dents serrées, pour ne pas le montrer. En public du moins.
"C'est grâce à Michel Berger et Daniel Balavoine que j'ai rencontré Jean-Jacques en 1984. Découvert plutôt. Une histoire de copains déjà. Comme avec Berger, notre rencontre est avant tout une question de musique".
Histoire sans paroles ? Non, bien sûr, mais une histoire qui faillit bien devenir la rencontre impossible. "Il y a six ou sept ans, Goldman avait adressé à ma maison d'édition une chanson : "Plus fort". Et l'extraordinaire, c'est que cette chanson je n'en ai jamais vu la première note ! Jean-Jacques a fini par l'enregistrer et c'est devenu un très gros succès. Tant mieux. Toutefois, il avait conservé une certaine déception que je n'ai même pas eu l'élégance de lui répondre".
Déçu, Jean-Jacques, et plus, sûrement peiné. Lui aussi a le coeur gros comme ça. Et lui aussi ne veut pas le montrer. Arrêtons ou nous allons sortir nos mouchoirs. Et ça serait dommage car ce n'est pas le genre de la maison.
De ce malentendu, Johnny et Jean-Jacques se sont expliqués. Sur tous les tons… et autour d'une table. "En 1985, je suis monté sur la scène du Zénith pour faire un boeuf avec Jean-Jacques. Après le spectacle, nous avons dîné ensemble. C'est comme ça qu'est née l'idée de notre première collaboration. Notre premier 33 tours. "Jean-Jacques écrit de jolies paroles, mais c'est avant tout un musicien. La pulsion musicale qu'il apporte vient du rock. Tout droit du rock. Ensemble, nous avons un dialogue de musiciens. Il aime que nous discutions, gribouillions tous les deux des paroles, juste avant de les enregistrer".
Gribouiller et pourquoi pas modifier. Johnny n'aurait laissé à personne le soin d'écrire seul une chanson sur sa fille "Laura". Pas même à Jean-Jacques.
"Je voulais avoir un droit de regard sur cette chanson, surtout sur celle-là. Jean-Jacques l'a très bien accepté. Il a même modifié certaines phrases et remplacé, comme je le souhaitais, "te regarder pousser, me fera vieillir" par "tu m'inventes un avenir". Il savait ce que Laura représentait pour moi. Il m'avait compris. Pas de discussions inutiles ni de longues explications. C'est rare chez un auteur. Jean-Jacques est l'auteur-compositeur le plus proche de moi par son côté provocant. Il est de ma famille… musicale".
Jean-Jacques pour Johnny, c'est un frère ? "Oui, c'est vrai, je l'aime beaucoup. C'est un ami, l'un des êtres les plus purs que je connaisse. Je respecte son talent et son intégrité morale. Chez lui, rien de trafiqué ni de fabriqué. Jean-Jacques est une immense vedette mais c'est aussi un garçon attentif, fidèle, anxieux, très timide, d'une grande générosité. Sa simplicité m'épate. Il exerce son métier, avec quelle maîtrise et quel succès et, à côté, il conserve un jardin secret : une vie discrète, consacrée aux siens, à sa famille. Je lui prédis trente années de succès". Promesse de Johnny !
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