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Jean-Jacques Goldman incontestable
(Télémoustique, 11 décembre 1987)

Jean-Jacques Goldman incontestable
Télémoustique, 11 décembre 1987
O.L.
Retranscription d'A.R.

Jean-Jacques Goldman. La seule évocation de son nom suffit à faire se lever presque une génération entière, lycéens des années 80 qui ont choisi en lui un symbole, dans son non-look jeans et cravate, mais surtout, surtout dans ses chansons. Goldman chante la grandeur de la vie des petites gens, Goldman chante le positivisme sans clamer cependantque tout va bien. Bref, il met en musique des valeurs auxquelles il croit fermement, lui, Goldman "l'individu". Il se méfie du rock, mais se défie tout autant de la tradition de la "chanson française", bref, il est un météore complètement unique sur la scène française. Après les succès foudroyants de "Positif" et "Non Homologué", Jean-Jacques Goldman sort incessamment un nouvel album intitulé "Entre gris clair et gris foncé", son premier double album solo. Nous sommes allés à Paris pour en parler, et évoquer ses préoccupations humanitaires, sa passion pour la moto, le Top 50 et son combat pour une chaine musicale française (aux côtés d'artistes comme Etienne Daho, Renaud...). L'homme qui nous a parlé représente la parfaite anti-star. Lucide, posé, modeste. Goldman sait mieux que personne où sont ses défauts mais aussi ses qualités. Il impose une personnalité à des lieues du "chanteur à minettes" que quelques intégristes du rock continuent de voir en lui. "Si 95 % des lettres que je reçois émanent de filles, dit-il, c'est surtout que les hommes écrivent peu. Je ne crois pas que les joueurs de football reçoivent beaucoup de courrier...".

Une musique et des mots simples pour défendre un propos qui l'est beaucoup moins. Une formule qui fait de Goldman une des plus grandes stars françaises. Une formule qui a fasciné et convaincu des millions de fans. Ils ne se sont pas trompés. Jean-Jacques impose et mérite le respect. Et tant pis pour ceux que ce succès agace...

TM : Une question évidente : pourquoi un double album et surtout, pourquoi 2 disques aussi différents ?

JJG : Au début, j'ai pensé travailler sur 10 chansons. Et comme on est en 87, le travail tourne de plus en plus autour des ordinateurs, des programmations. C'est passionnant mais au bout d'un moment, ça commence à gonfler aussi. J'ai eu envie de rejouer des chansons avec ma guitare, avec des musiciens, comme avant quoi. Alors, ou bien, je renonçais au son 87 qui m'intéresse et je sortais un album "acoustique" ou au contraire, je faisais un album moderne et je renonçais aux autres chansons. Je me suis dit que j'étais probablement au moment où les gens pouvaient éventuellement accepter qu'il y ait les 2 couleurs.

TM : Le 45 tours sorti en éclaireur (Elle a fait un bébé toute seule) vient de l'album acoustique pourtant.

JJG : Il ne faut pas y voir un emblème, simplement, celui-là était prêt.

TM : Est-ce facile pour toi de sortir un simple si différent des précédents, alors que personne ne te le demande ? Ni la maison de disques, peut-ête pas le public...

JJG : Surtout pas le public ! Mais je pense l'avoir toujours fait. Je n'aime pas le confort qui consiste à s'installer dans un style.

TM : "Entre gris clair et gris foncé" ; le titre de ce double album, est-ce un bon résumé de ton opinion sur les idéologies de tous bords dont tu te méfies particulièrement ?

JJG : c'est vrai qu'on assiste à la fin des extrémistes, même ceux qui ont pu être romantiques. A tous les niveaux, de plus en plus, on gère nos vies. Il y a sûrement plus de bonheur. Mais il y a aussi moins d'excès, et ça, d'un point de vue artistique, je ne sais pas si c'est un bien....

LES MOTS

JJG : Je ne crois pas que j'essaie de convaincre. Quand j'écris, je ne pense pas essayer de faire passer une conviction. Ce que j'essaie, c'est de dire que moi, j'ai cette conviction, d'en faire une description, plutôt...

TM : Tu serais d'accord pour dire que tu prêches le doute ?

JJG : Pas vraiment, parce que j'ai quand même quelques certitudes. Et je leur dis. Quand je chante "je te donne toutes mes différences qui sont autant de chances", ça, j'en suis sûr. Je leur prêche plutôt de se méfier des idées reçues qui ne sont pas forcément les anciennes. Il y a une nouvelle langue de bois, que ce soit celle du rock, ou d'autre chose. Il y a aussi des lieux communs modernes...

TM : Tu as dit une fois que le rock est fondamentalement de droite...

JJG : Oui, je l'ai dit d'une manière plutôt provocatrice. Mais qu'il soit quelque chose de récupéré, ça, j'en suis sûr. Bruce Springsteen et Reagan, Madonna et Chirac, c'est vraiment la fin de l'insolence. Les rockers ont aussi leurs traîtres.

POLITIQUES

TM : Est-ce que tu penses que les elections présidentielles en France en 88 sont un enjeu important ?

JJG : Quand tu lis les programmes, non. A part un taux d'imposition qui évolue entre 3 et 7 % de différence... Il y a un consensus entre les partis, le choix n'est plus "capitalisme ou pas" , tout le monde est d'accord pour un libéralisme plus ou moins dirigé... Le seul point d'interrogation, c'est l'emergence de m'extrême droite. Ce n'est pas encore terrifiant, mais c'est dangereux.

TM : Est-ce que tu as une vigilance particulière par rapport à cela ?

JJG : Je me pose beaucoup de questions par rapport à notre pouvoir. Nous sommes des chanteurs, pas des leaders d'opinions. Quand 10 000 personnes vont voir une féria landaise, ça ne veut pas dire que 10 000 personnes vont écouter ce que le taureau a à dire... Maintenant, si en tant que citoyen médiatisé, je peux chanter "je te donne toutes mes différences qui sont autant de chances", c'est avec plaisir "... (sourire narquois)

TM : Penses-tu que les lycéens qui t'ont découverts en 80/81 et qui aujourd'hui sortent de l'université représentent une "génération Goldman" ?

JJG : Je crois que c'est le contraire. Je ne les ai pas formés, c'est eux qui m'ont choisi, de la même manière qu'ils ont choisi Renaud. Quand j'ai sorti un disque, on devait être 72 à en sortir un le même jour. Ils m'ont choisi moi parce que je disais ce qu'ils avaient envie d'entendre. Ils ont trouvé quelqu'un qui pensait ce qu'ils avaient envie de penser, mais ce n'est pas moi qui les ai amenés à penser cela.

VIE PRIVEE ET VIE PUBLIQUE

TM : Comment tu fais lorsque tu as envie de sortir acheter une pizzza le soir ?

JJG : J'ai une chance, c'est lorsque je mets un anorak et des lunettes de vue, personne ne me reconnait. J'ai un physique très banal pour Paris. J'imagine que pour Hallyday, ça peut poser des problèmes.

TM : Tu es un grand fan de moto.

JJG : Ah oui !

TM : Pourquoi ?

JJG : C'est vraiment une sensation physique de liberté extraordinaire !

TM : Tu ne penses jamais que comme pour Coluche, il suffirait d'un camion qui deboîte pour que tout s'arrête ?

JJG : Bien sûr, j'y pense. Je sais que c'est dangereux. Mais le jeu en vaut la chandelle... C'est comme cette blague du type qui va voir son médecin et qui lui dit : "Je veux vivre vieux". Le médecin lui demande "Vous fumez ?" - "Non", "Vous buvez" ? "Non". Le médecin dit "Pourquoi vous voulez vivre vieux alors ?". C'est un peu ça...

TM : Que penses-tu de l'institution Top 50 en France, toi artiste arrivé et "installé" avant qu'il existe ?

JJG : Je pense qu'il y a toujours eu des institutions. La précédente était celle des artistes installés. Je ne citerai pas de noms, disons "les artistes des Carpentiers". Ces gens trustaient la programmation, les émissions de télé sous leur nom, parfois même quand il y avait un décalage entre leur nom et ce qu'ils étaient devenus pour le public. Aujourd'hui, il n' y a plus cette situation : "Ah, mais c'est une vedette". C'est devenu "est-ce qu'il est dans le top ou pas ?" c'est-à-dire est-ce que les gens achètent son disque ou pas. Ce qui n'est pas uniquement positif. C'est mieux qu'avant, mais il y a un excès dans les programmations, tout le mode se fixe sur ce Top et des tas d'autres choses restent dans l'ombre.


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