Spécial Jean-Jacques Goldman
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Spécial Jean-Jacques Goldman
Star Club Hors-Série n° 4, mai-juin 1989
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Retranscription de Jean-Michel Fontaine
Connaissez-vous bien Jean-Jacques Goldman ?
Jean-Jacques Goldman est né le 11 octobre 1951, à Paris. Sa maman, Ruth Ambrunn, est née à Munich, en Allemagne, et son père, Alter Mojze Goldman, à Dublin [sic], en Pologne. Ils ont eu quatre [sic] enfants en tout, et Jean-Jacques est le troisième de la famille. Il vit dans la banlieue sud de Paris avec sa femme Catherine et leurs trois enfants.
Jean-Jacques ne compose ni n'écrit en fonction du public mais simplement en fonction de sa sensibilité propre. Il peut jouer des heures, des jours ou des semaines sans trouver l'inspiration puis, brusquement, une idée lui vient et tout se dénoue. Voici à peu près comment se passent les choses avant l'élaboration d'un disque.
Avant de devenir célèbre, Jean-Jacques Goldman a mené pendant sept ans la vie de « Monsieur tout le monde », rentrant à vingt heures de son travail, qui consistait à vendre des chaussures. La seule différence avec la plupart des gens, c'est qu'un peu plus tard dans la soirée, au lieu de regarder la télévision, il partait répéter…
Lorsqu'il prépare un album, il prévoit généralement deux ou trois titres supplémentaires, au cas où certains ne s'avèreraient pas aussi bons que prévus. Et, bizarrement, ce sont le plus souvent les morceaux sur lesquels il misait le plus qui sont, en définitive, mis de côté.
A l'âge de sept ans, il a commencé à étudier le violon classique puis, au cours de son adolescence, il a adhéré à différents groupes de lycée (dont un groupe de gospel), puis à des groupes de rock avec lesquels il se produisait dans différents bals et discothèques. Ceci, parallèlement à ses études.
Jean-Jacques gagnait déjà très bien sa vie avant de d'être célèbre. Le fait de gagner davantage d'argent n'a pas bouleversé sa vie dans le sens où il n'a pas troqué sa maison contre un palace ni changé radicalement ses habitudes de vie. Ce n'est pas non plus pour des raisons lucratives qu'il a choisi ce métier.
Pour Jean-Jacques, le fait d'être chanteur et d'avoir du succès n'implique pas nécessairement l'obligation de devoir tout révéler de son intimité au public. Il respecte profondément ce dernier mais ne considère en aucun cas qu'il ait des droits sur lui. Alors ne comptez pas sur lui pour répondre aux questions indiscrètes des journalistes.
Jean-Jacques est persuadé que d'ici quelques années, il sera démodé et qu'il est en train de vivre, depuis quelques années, la période la plus glorieuse de toute son existence. Selon lui, il ne conserverait qu'une partie de son public actuel, à savoir, les gens qui l'aiment pour ses chansons et non pour le succès qu'il connaît.
Jean-Jacques ne veut pas créer de fan-club car cela impliquerait pour lui un autre travail qu'il n'a ni spécialement envie, ni le temps de faire. Son métier de chanteur, auteur-compositeur lui prend, il est vrai, énormément de temps et, de surcroît, les gadgets que l'on trouve généralement dans les fans-clubs d'artistes existent déjà sur le marché (briquets, T-shirts et autres babioles à son effigie pour lesquelles il n'a d'ailleurs jamais été concerté…).
Jean-Jacques a reçu des dizaines de scénarios de metteurs en scène célèbres. Parmi ceux-ci, la plupart sont d'ailleurs sortis sur les écrans. Mais il n'a même pas pris la peine de lire une seule de ces propositions car il n'a ni le temps ni l'envie – pour l'instant tout au moins – de faire un autre métier que celui de la chanson.
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Jean-Jacques Goldman par lui-même
Au cours de sa carrière, Jean-Jacques Goldman a toujours évité de donner trop d'interviews à la presse. Peu enclin à parler de lui-même, il a pourtant, de temps à autre, accepté de jouer le jeu des « questions-réponses ». Nous avons sélectionné ici pour vous quelques unes de ses (trop rares) déclarations aux journalistes de différents magazines.
Poids et taille de Jean-Jacques Goldman :
Le poids, c'est très fluctuant… Il oscille entre 62 kilos à la fin des vacances et 56 kilos au terme de l'enregistrement d'un disque en studio. La taille, elle, reste la même : 1,75 m. (Graffiti)
Longueur des cheveux :
Ça varie en fonction des saisons. J'ai une fille qui s'en occupe pour moi et qui dispose de ma tête comme elle l'entend. (Graffiti)
Maintenant, si demain ça s'arrête, tu n'auras plus de problèmes de fin de mois ?
Oui, c'est vrai. Je n'ai jamais rêvé de ça mais j'ai conscience d'avoir fait quelque chose d'inespéré, de bien, et du mieux que je pouvais le faire. C'est déjà pas mal de pouvoir se dire ça, non ? (Cool)
Est-ce que tu as le sentiment aujourd'hui d'avoir réussi ta vie ?
Je ne me suis jamais posé cette question… J'avoue ne pas savoir… Je pense que quelqu'un réussit sa vie quand il a un but au départ et qu'il atteint ce but. Moi, je n'ai jamais eu de but. (Cool)
Qu'est-ce que le bonheur pour toi ?
Le bonheur est synonyme de liberté. Liberté à tous les niveaux. Le bonheur, c'est de pouvoir vivre avec qui on veut, sans avoir de barrières sentimentales, pécuniaires, ou morales. (Girls)
Les copains ?
C'est la véritable famille. Certaines personnes de ma famille sont aussi mes copains. J'ai envie de les voir, non pas parce qu'ils font partie de ma famille, mais parce qu'ils sont mes copains avant tout. (Girls)
Est-ce que tu aimes lire ?
J'ai été un lecteur assidu pendant ma scolarité. C'est très important de lire, cela stimule l'imagination. Les images qui viennent de l'intérieur sont encore plus belles que tout ce que l'on peut réaliser à l'aide du cinéma, de la photo ou du dessin. (Girls)
Mon caractère ?
Quand j'avais treize-quatorze ans, j'étais plus ou moins timide, comme tous les garçons de cet âge là. Je n'étais pas spécialement ouvert, pas vraiment renfermé non plus et je changeais d'amis, de copains comme de classe. De cette époque là du collège de Montrouge, je n'ai gardé aucun contact. Les amis que je revois toujours, je les ai connus bien plus tard, quand j'étais étudiant. En fait, adolescent, je n'ai jamais eu d'ami fidèle, d'ami proche… (OK)
Mes premières amours ?
Ça va peut-être vous paraître idiot, mais jeune adolescent, je ne connaissais pas de filles. C'est vrai, je n'en connaissais pas ! Il faut dire que, jusqu'en seconde, je me suis trouvé dans des classes où il n'y avait que des garçons.
Je me souviens seulement d'une copine que j'appelais de temps en temps au téléphone parce qu'elle n'habitait pas Paris. Cette fille, je l'avais rencontrée lors d'un séjour dans une famille en Angleterre. Il me semble qu'elle s'appelait Martine ou un prénom dans ce genre. En tout cas, je n'étais pas amoureux.
Non, c'était simplement une copine. De toute façon, quand j'avais treize-quatorze ans, les filles, je ne les intéressais pas beaucoup. Franchement, je n'avais pas de succès auprès des filles ! (OK)
Après tout, vous êtes aussi un personnage public. Vous appartenez aussi à ce public…
… Mais on se livre à travers nos disques, nos concerts et, aujourd'hui, par le biais de cassettes vidéo. Le public peut nous rencontrer assez simplement, tant que cela reste sur le plan artistique. Pour le reste… Je lis plutôt des interviews en trop. Je considère que je peux avoir une interview intéressante à accorder au moment de la sortie de mon disque : une fois que j'ai parlé de l'album et de la manière dont je conçois ma prochaine tournée, il me semble que j'ai vidé mon sac. (Paroles et Musique)
Lorsque vous passez à la télévision, c'est pour chanter, pas pour parler…
Je n'aime pas la télé. J'y suis vraiment mal à l'aise. Pour chanter, ça va, parce que je sais le faire, mais pour parler, c'est terrible. Je m'y ennuie beaucoup, donc, plutôt que d'y être en y faisant la gueule, autant y aller juste pour chanter et laisser parler ceux qui en ont envie. (Paroles et Musique)
Comment aimerais-tu mourir ?
Serein, en ayant l'impression que c'est bouclé, un peu comme Romain Gary, par exemple. Lui a choisi de mourir. Il a dit : « Merci je me suis bien amusé. Au-delà de cette limite, votre ticket n'est plus valable. ». C'est ce qu'il avait déclaré, je crois… (Graffiti)
Qu'est ce qu'évoque la solitude pour toi ?
Rien de spécialement négatif. Je suis dans une situation, actuellement, où je n'ai pas à avoir la démarche d'aller vers les autres. (…) Certains éprouvent le besoin de boire. Moi, ce sont des instants de solitude dont j'ai envie. A 15 ans ou 18 ans, j'ai ressenti, c'est vrai, la sensation d'être seul au milieu de tas de gens, parce que j'étais incompris, que personne ne s'intéressait à moi, ou pas bien. En tant que chanteur, tu as une position particulière, très spéciale car dès que tu arrives quelque part, tu deviens aussitôt le centre d'intérêt. (Graffiti)
B comme Beauté Ça ma paraît être très important dans la vie. Beaucoup plus qu'on ne le croit. Il y a une grande injustice à ce niveau, mais je suis persuadé que cela sert ceux qui la possèdent. Une femme laide n'aura pas la même vie qu'une femme belle. Tout comme un homme laid, quel que soit ses talents, n'aura pas la même vie que quelqu'un de séduisant. C'est extrêmement injuste mais c'est comme ça. (OK !)
D comme Diplôme J'ai mon certificat d'études, mon BEPC, mon bac D, mon diplôme de grandes études commerciales, un DUEL de sociologie et le 25 mètres nage libre, ce qui n'est pas négligeable (OK !)
L comme Loisirs Il y a quelques temps, je me suis retrouvé chez moi avec mon petit déjeuner, et un journal, et pour une fois, j'avais trois heures libres devant moi. Trois heures sans penser à rien d'autre qu'à mes tartines et mon canard. Et là, je me suis dit « c'est formidable ! ». Voilà le genre de loisirs qui font du bien de temps en temps. (OK !)
Z comme Zodiaque… Je suis Balance mais je ne crois pas trop à l'astrologie, surtout quand on sait qu'on peut provoquer un accouchement « à la demande ». Il me semble difficile de croire à l'influence des astres dans ces cas-là. Je n'y crois donc pas mais je ne suis pas non plus persuadé que ça n'existe pas. (OK !)
N'éprouvez-vous pas le besoin d'avoir autre chose que des réactions positives ? Ne ressentez-vous pas la nécessité d'un débat contradictoire ?
Si, si, je suis très friand de cela, d'autant plus que les flatteurs se ramassent à la pelle. A un moment, j'avais donné une consigne à ma maison de disque : ne me faire parvenir que les mauvaises nouvelles. Je ne voulais surtout pas qu'on me cache telle ou telle mauvaise réaction d'un programmateur, telle critique de X ou Y. (Paroles et Musique)
Et dans ce cas précis, provoquez-vous la discussion, le débat ?
Oui, j'écoute toujours tous les avis qui me sont formulés. Je ne vais pas dire que, par pur masochisme, j'adhère systématiquement aux avis contraires, mais d'une façon générale, cela m'intéresse. Au moment de sortir « Elle a fait un bébé toute seule », il y a eu un vrai débat. J'ai récolté tous les avis, puis j'ai quand même agi selon mon propre sentiment. (Paroles et Musique)
Que t'inspire le mot « Vérité » ?
Elle est souvent difficile, mais comme le mensonge est à mes yeux plus redoutable, j'ai choisi de dire la vérité. Dans mes rapports avec les autres, j'essaie de simplifier le plus possible les choses, donc je m'explique. Ce n'est pas toujours facile, mais bon, quelque part, ça purifie la relation avec autrui. (Graffiti)
Non conforme, non homologué, l'es-tu vraiment ?
Non conforme, ça voudrait dire que je me ressens très différent des autres, et ça, je ne l'ai jamais revendiqué ! « Non homologué », par contre, c'est vrai parce que ça ne dépend pas de moi mais des autres. On ne peut pas nier que les gens dits intelligents, qui s'expriment sur la chanson, m'ont tous plus ou moins craché dessus pendant très longtemps, même si maintenant, il y a une récupération un peu a posteriori de certains, c'est sûr que tous ceux qui parlaient de la chanson en lettres majuscules ne m'ont pas homologué. (Graffiti)
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