Jean-Jacques Goldman : les dates de sa vie
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Jean-Jacques Goldman : les dates de sa vie
Star Plus, 1989
Christian Ouvrier
Retranscription d'Anne Lambert
En 1989, Jean-Jacques Goldman conserve donc son titre de chanteur numéro un dans le cœur des Français. Cela fait maintenant cinq bonnes années qu'il est le chanteur le plus populaire de l'hexagone...
Qui aurait pu prédire cette irrésistible destinée ? Pas même l'intéressé en question !
Goldman le roi des tops, le prince de la variété, en un mot "le chanteur des années 80" suscite un engouement indescriptible.
On s'arrache sa discographie, on fonce massivement à ses concerts, on veut visionner en direct le phénomène !
Jean-Jacques Goldman, le discret a posé ses textes et sa musique à émotions sur nos imaginaires. Voici retracés les événements marquants de la vie, mais surtout de l'exceptionnelle carrière de Jean-Jacques Goldman.
1951 Alter Mojze Goldman (né à Dublin [sic] en Pologne) et Ruth Ambrunn (née à Munich en Allemagne) se sont rencontrés peu après la guerre à Paris un jour de 1948... Ils se sont mariés et depuis font des bébés ! Le 11 octobre 1951 Madame Goldman donne ainsi le jour à un troisième [sic] enfant. C'est un garçon (Balance ascendant Lion), il s'appelle Jean-Jacques et ne présente aucun signe particulier... Ce petit garçon grandira sans histoire dans la ville où il est né, à Paris donc (dans le XIX arrondissement) puis à Montrouge dans la banlieue sud de Paris.
1952 Millésime important. Car parallèlement à l'inévitable apprentissage scolaire Monsieur et Madame Goldman décident cette année-là [sic ! ! !], de faire inculquer à leur rejeton des cours de violon classique. Comme il est d'une nature plutôt docile, Jean-Jacques s'exécute gentiment mais enfin... "J'apprenais le violon comme on apprend les sciences naturelles".
1965 L'année où tout bascule. Jean-Jacques adore lire, mais à cette époque, il se découvre une seconde passion : la musique. En effet par le biais d'un disque (celui où elle interprète "Think") Jean-Jacques tombe complètement amoureux de la reine de la soul : Aretha Franklin, l'adolescent qu'il est alors décide de mettre son violon au purgatoire pour étrenner sa première guitare.
1966 Il n'a fallu que quelques mois à Jean-Jacques pour maîtriser sa guitare. Alors cette année-là, avec quelques copains de lycée il décide de créer un vrai groupe : Les Red Mountain Gospeller. (un groupe de Gospel). Cette formation éphémère réussira quand même pendant sa courte existence à enregistrer un disque auto-produit (avec le coup de main décisif du père Dufourmantelle, le curé de la paroisse St Joseph à Montrouge !). Téméraires ces p'tits gars.
1969 On retrouve Jean-Jacques embringué dans une autre aventure de groupe, tout aussi éphémère que les autres, mais enfin avec les Phalansters (dans lequel on trouve aussi deux futurs Gibson Brothers) Jean-Jacques fait son baptème de la scène. Et pas n'importe quelle scène. Celle du Golf Drouot.
1971 S'il pense sérieusement à la musique, Jean-Jacques reste lucide et pense aussi aux études. Après avoir échoué à la préparation H.E.C., Jean-Jacques quitte Paris pour s'expatrier à... Lille. Là-bas il s'inscrit à l'e.D.H.E.C (une importante école de commerce et de gestion). Trois ans plus tard, il reviendra à Paris en vainqueur avec pas moins de deux diplômes en poche. Celui délivré par l'E.D.H.E.C bien sûr, mais aussi avec une licence de sociologie préparée parallèlement.
1974 Valéry Giscard d'Estaing est élu président, "Les divorcés" de Michel Delpech, "Mon vieux" de Daniel Guichard, "Le téléphone pleure" de Claude François ou "Le premier pas" de Claude-Michel Schonberg sont les chansons marquantes de l'année. Et Jean-Jacques Goldman dans tout ça ? Il est derrière les barreaux ! Rassurez-vous il n'a rien fait de condamnable, il effectue simplement son service militaire (dans l'armée de l'air).
1975 Si l'on fait abstraction du simple fait des Red Mountain Gospellers, cette année 1975 marque les premiers pas discographiques de Jean-Jacques Goldman. Pas encore en solo, mais au sein d'un groupe baptisé Tai Phong (grand vent en vietnamien). Les instigateurs du groupe les frères Tai et Khanh Mai sont en effet vietnamien. Contrairement à la tactique adoptée par la majeure partie des groupes, Tai Phong (qui comprend cinq membres) ne va pas essayer de faire ses preuves sur scène : "l'idée était de faire des disques. On ne voulait pas tourner, ni abandonner nos boulots qui nous plaisaient". Le groupe va s'atteler essentiellement à façonner des mélodies sophistiquées, une musique que l'on pourrait étiqueter de "Rock-progressif". Tai Phong a d'ailleurs pour modèle des groupes qui excellent dans ce style : Aphrodite's Child, Genesis, Yes ou King Crimson... Au printemps 75, Tai Phong livre un premier album, dans lequel WEA extirpe (pour orner la face A du simple) le slow "Sister Jane" qui deviendra un des tubes de l'été...
Les slows auront d'ailleurs la vedette cet été-là. Rappelez-vous (ou demandez à vos parents !) de "l'été indien" de Joe Dassin "I'm not in Love" de 10 CC, "j'ai encore rêvé d'elle" de Il était une fois...
1976 Sans que soit remis en cause, son appartenance à Tai Phong, Jean-Jacques enregistre cette année-là son premier 45 tours solo : "c'est pas grave papa". Mais ce 45 tours ne séduira pas les programmateurs radio et il passera de ce fait totalement inaperçu. Aujourd'hui c'est un collector.
1977 Jean-Jacques et ses acolytes livrent un deuxième album, "Windows", mais celui-ci sera loin d'obtenir l'accueil de son prédécesseur... Sa diffusion restera limitée... Pour "Les mots de solitude" [sic] le deuxième 45 tours solo de Jean-Jacques qui paraît la même année, le verdict sera pourtant encore plus sévère. Dur métier !
1978 Tai Phong se cherche, de son côté Jean-Jacques retourne une nouvelle fois seul en studio afin d'enregistrer un troisième 45 tours. Mais "Back to the city again" n'aura guère plus de chance que ses aînés. En compulsant mes archives j'ai quand même retrouver une critique parue dans Music-Media en février 1978, qui disait : "Un semi rock'n'roll français qui sacrifie à la mode des titres anglais pour un texte français. Un 45 tours honnête, sans plus, mais quand même des débuts qui font attendre avec curiosité la suite de la carrière de Jean-Jacques Goldman."
Il arrive parfois que les journalistes soient bien inspirés ! Quelques années plus tard Jean-Jacques dira de ses premières bluettes : "C'était des musiques que Tai Phong refusait, alors je les ai enregistrées, mais quand je les réécoute ça ne me fait même pas rire".
1979 Après deux ans de silence et de profond remaniement (Jean-Alain Gardet et Tai Mai ont déclaré forfait, ils sont remplacés par Pascal Wuthrich et Michaël Jones) Tai Phong livre un troisième album au titre prémonitoire de "Last Flight" (dernier vol). Ce disque comme le second passera inaperçu sera en effet le dernier...
1980 Année de la dissolution officielle de Tai Phong, et de fait du contrat avec WEA... Jean-Jacques est libre mais ne sait quelle orientation professionnelle choisir... En attendant des jours plus fastes il consacre son temps à sa petite famille (il a alors deux enfants) et donne un coup de main à son frère qui possède un magasin d'articles de sports à Montrouge... Il lui arrive aussi de concocter des chansons...
1981 Un de ses amis musicien (assistant ingénieur du son) lui demande une chanson pour une jeune femme qu'il voudrait voir participer au concours télévisé le jeu de la chance. Et la chance va sourire effectivement, mais pas à la chanteuse débutante, elle va sourire à Jean-Jacques... Car ce jour-là, un jeune producteur : Marc Lumbroso, regarde sa télévision. Il adore la chanson et notera sur le générique final le nom de celui qui l'a créée... L'aventure va commencer...
Après avoir essayé (sans succès) de placer des chansons de Jean-Jacques auprès des maisons de disques, Marc Lumbroso va pousser son protégé à enregistrer lui-même ses chansons. Les maquettes séduiront le staff d'Epic, (un label distribué par CBS) qui ne lésinera pas et s'engagera à faire signer d'emblée à Jean-Jacques un contrat pour cinq albums. Jean-Jacques Goldman se retrouve donc rapidement en studio pour façonner le premier...
....Qui paraît à l'automne 1981. Ce disque que Jean-Jacques désirait dénommer "Démodé" (le directeur du Marketing chez CBS a failli s'étrangler), ne portera finalement aucun titre. Il sera simplement affublé quelques semaines après sa commercialisation d'un sticker autocollant : "Contient "Il suffira (d'un signe)". Les onze titres qui le composent ont été enregistrés à Paris et le mixage a été réalisé à Londres par une équipe anglaise dirigée par Steve Parker... Le style ? Jean-Jacques le définit fort bien dans une interview accordée au feu-mensuel Numéro 1 : "Une musique essentiellement inspirée des années 70/75 qui trouve ses sources et ses références dans la musique Anglo-Saxonne de ces années-là, donc... pas très moderne. Une musique, des chansons avec une approche sensuelle du mot, plus ressentie que comprise. Je n'ai pas à expliquer : ça plaît, ou ça ne plaît pas". Sans être foncièrement original, ce premier album présentera néanmoins quelques caractéristiques qui lui permettront de se signaler dans la production discographique d'alors.
Il va aussi planter le décor sonore auquel Jean-Jacques reste toujours fidèle aujourd'hui. Le style Goldman est né et curieusement (mais heureusement pour l'intéressé !) il sera relativement peu plagié...
1982 Jean-Jacques fait sa promo et il charbonne dur, car "Il suffira (d'un signe)" le titre choisi pour orner la face A du premier 45 tours tiré de l'album ne décolle pas vraiment...
Entré au Hit Parade RTL (le Top 50 n'existait pas à l'époque) le 11 octobre 1981 à la quarante-cinquième place, "Il suffira (d'un signe)" est pointé le 14 février 1982 à la trentième place. Un gain de quinze place... en dix-huit semaines !
Mais la persévérance va quand même finir par porter ses fruits. A partir du mois de mars (soit six mois après sa sortie), "Il suffira (d'un signe)" va commencer à "interpeler" sérieusement le public, qui depuis peu à la possibilité d'écouter de nouvelles stations de radio "libres" ! Sur ces nouvelles stations justement, "Il suffira (d'un signe)" est généreusement matraqué...
Pointé vingt quatrième (au hit parade RTL toujours), début mars, le titre va se hisser début avril à la septième place, et la seconde début mai et enfin à la première place le neuf mai 1982 pour être précis. La carrière de Jean-Jacques Goldman est sur les rails...
Au début de l'été la maison de disques, commercialise un deuxième 45 tours puisé bien évidemment lui aussi dans l'album. Mais avec "Quelque chose de bizarre", Jean-Jacques Goldman ne va pas réussir à s'afficher ne serait-ce que dans les dernières places des hits. Il n'y a pas à chinoiser ce disque est un bide et ça j'vous le concède c'est vraiment bizarre ! Fort heureusement pour lui, cet échec qui aurait pu compromettre définitivement, ou du moins temporairement sa carrière, (les exemples sont nombreux) sera sans conséquence. Mais là je ne vous apprends rien !...
Les disquaires reçoivent en septembre un deuxième album de Jean-Jacques Goldman, un nouveau 45 tours aussi : "Quand la musique est bonne", extrait cela va de soi de ce nouvel album. Celui-là Jean-Jacques voulait l'appeler "Minoritaire" (le titre d'une des onze chansons du disque) mais une fois encore les gens du marketing chez Epic vont mettre leur véto... On y retrouve les principaux ingrédients utilisés dans le disque précédent, mais l'ensemble a été nettement mieux "cuisiné". Tout est plus affiné, plus élaboré, le style Goldman a mûri... Dans une interview accordée à Best (et oui !, il fut un temps où la presse dit "rock" s'intéressait à lui ?), Jean-Jacques Goldman parle de sa façon de travailler : "Je fais de la musique, les textes, les arrangements. Ça me prend quatre à cinq mois de travail, étant donné que je refais chaque titre au moins quatre fois en changeant de découpage, de tonalité... Ensuite il y a deux mois de réalisation. Je compte environ trente jours pour faire un album, en travaillant trois ou quatre jours par semaine". Le fruit de son travail sera on l'a dit excellent.
L'impossible osmose entre le rock pur (il faut noter sur ce disque la présence de Nono, le guitariste de Trust) et la chanson française dite traditionnelle est étonnamment réussi. Enfin Jean-Jacques possède désormais un miraculeux savoir-faire pour façonner les tubes qu'il semble pouvoir livrer à volonté !... D'ailleurs le public va s'amouracher immédiatement de "Quand la musique est bonne". Un mois seulement après sa sortie cette chanson va débarquer au hit parade RTL, et il ne lui faudra que dix semaines pour s'octroyer la première place...
1983 En février une seconde chanson de l'album : "Comme toi" est proposée sur format dix sept centimètres. Cette chanson qui évoque subtilement une triste période de notre histoire va atteindre pour sa part la première place du hit parade RTL en huit semaines. La popularité de Jean-Jacques Goldman est en pleine ascension. Le public l'aime de plus en plus et pour sa part le "métier" lui remet le diamant de la chanson française 1983.
Après "Quand la musique est bonne" et "Comme toi" c'est "Au bout de mes rêves" (le troisième simple tiré du deuxième album) qui envahit les ondes à partir de juin (et jusqu'au début de l'automne). Ce 45 tours s'affichera lui aussi à la première place du hit parade RTL...
Après Sylvie Vartan et Michel Sardou ! Cette année là en effet, les duos sur vinyl furent particulièrement nombreux. Rappelez-vous aussi de ceux qui réunirent Patrick Duffy et Mireille Mathieu, Bernard Lavillier et Nicoletta, Daniel Balavoine et Frida (du groupe ABBA) mais enfin, j'm'égare !...
Sucès oblige... Les fans et l'entourage professionnel de Jean-Jacques Goldman font pression pour que le chanteur monte sur scène. Le problème, c'est qu'à cette époque Jean-Jacques Goldman a une véritable aversion pour cet aspect du métier. Il finira quand même par céder et se lance (après avoir achevé l'enregistrement de son troisième album) courant novembre dans une première tournée... A quelques jours de son coup d'envoi il déclarait : "Je vais faire de la scène, parce que je sais que c'est nécessaire pour continuer à faire des disques et pour donner une légitimité, avoir une authenticité. Ce n'est pas mon tempérament. Moi je suis plutôt à l'aise dans un studio en train de faire de la musique".
1984 Alors que Jean-Jacques poursuit sa tournée paraît (en janvier) un troisième album, baptisé "Positif". Cette fois il a donc réussi, à faire accepter à sa maison de disques un titre ! Comme son prédécesseur, Jean-Jacques l'a enregistré au Studio Gang, à Paris avec une brochette de musiciens émérites : Jean-Pierre Janiaud, Oliver Do Espirito Santo (équipiers habituels de France Gall) Manu Katché, Jean-Yves d'Angelo, Kamil Rustam, Roland Romanelli, Claude Engel, Guy Delacroix, Patrick Tison ou même John Helliwell "emprunté" à... Supertramp ...! A l'écoute de ce troisième album, l'auditeur fidèle n'est absolument pas déconcerté, puisque le climat sonore des deux disques précédent est à quelques nuances près retrouvé dans celui-ci. (On note cependant l'entrée massive des synthés). L'album est dédié : "A ceux qui resteront fidèles quand il sera moins facile de l'être", et pour la première fois (depuis qu'il est chez CBS) Jean-Jacques apparaît sur une pochette sans sa cravate...
"Encore un matin" proposé parallèlement sur petit format ne mettra que six semaines pour s'emparer de la première place du hit parade RTL !
Jean-Jacques étrenne pour la première fois la scène de l'Olympia (du 26 mars au 1 avril). Au fil des concerts donnés depuis novembre, ses sentiments par rapport à la scène ont évolué... On ne peut pas dire qu'il prenne du plaisir à être sur scène, mais enfin sa phobie semble déjà avoir disparu. Ses propos livrés à l'issue de cette tournée l'attestent : "Cela ne m'a toujours pas donné la foi en cette sort de nécessité tant recherchée par tous mes collègues. La scène reste toujours et restera pour moi, un moyen et non une fin. Je sens que pour continuer à être crédible, il faut passer par là. (...) Evidemment, la scène est un moyen d'assurer le disque et d'être en contact encore plus direct avec le public, mais le disque restera quand même la finalité de ma démarche". (Numéro 1 mai 1984) Avant même que la carrière de "Envole moi" soit totalement achevée, Epic pulse dans "Positif" un deuxième Titre : "Encore un matin". Ce 45 tours, le premier dans la carrière de Jean-Jacques à être clippé (par Bernard Schmitt) sera présenté fin mai et propulsera encore une fois son auteur-compositeur-interprète à la première place du hit parade RTL (en juillet). Le mois suivant Jean-Jacques laissera cette première place à une nouvelle venue bizarrement fagotée : Jeanne Mas...
En octobre c'est au tour de "Long is the road (Américain)" de paraître sur format dix sept centimètres. Le 11 novembre ce titre apparaît à la trente et unième place du Top 50 (où triomphe le "Besoin de rien envie de toi" des inénarrables Peter et Sloane) qui révolutionnent le métier. "Long is the road (Américain)" atteindra la huitième place du Top.
1985 Jean-Jacques Goldman participe à l'action engagée par Renaud et Valérie Lagrange pour tenter de venir en aide à l'Ethiopie. En d'autres termes il enregistre (après avoir persuadé Renaud de modifier un couplet) avec une trentaine d'autres artistes regroupés sous le nom de Chanteurs sans frontières "Ethiopie". Une chanson qui séjournera pendant de nombreuses semaines (de fin mai à fin juillet) à la première place du Top 50. Le 15 juin on le verra s'investir dans une autre action de type humanitaire : le concert des pôtes à la Concorde organisé par l'association SOS racisme. Enfin ce même mois de juin les disquaires recevront un neuvième 45 tours (chez Epic/CBS) : "Je marche seul".
"Je marche seul" s'affirme à son tour comme un gros tube de cet été 85. Jean-Jacques Goldman va simplement achopper sur le gluant "Life is life" des Opus et devra donc se contenter d'une seconde place au Top 50. De son côté il met une dernière main aux chansons que depuis le début de l'année il confectionne. Son quatrième album est bientôt prêt...
"Non homologué" (encore un titre un tantinet provoquant) est présenté en septembre. A quelques éléments près c'est l'équipe de musiciens déjà responsable de "Positif" que Jean-Jacques a réemployée pour enregistrer ce quatrième album, qui se place musicalement dans la droite lignée de ses trois prédécesseurs. Les arrangements sont néanmoins plus diversifiés, plus riches (les richesses des synthés ont été largement employées...) Enfin la quasi totalité des mélodies sont d'une force, d'une "immédiateté" encore supérieures à celle contenues dans "Positif". Jean-Jacques Goldman qui pesait déjà aussi lourd (sur le plan des ventes) qu'un Michel Sardou ou un Johnny Hallyday, va avec ce disque, prendre une avance considérable sur ses "concurrents".
"Non homologué" va en effet débarquer directement à la première place du Top album (le Top 20 à l'époque...) il y restera longtemps... Même suprématie sur le front des 45 tours. "Je te donne" que Jean-Jacques interprète avec le vieux complice Michaël Jones ne va mettre que quatre semaines pour conquérir la première place du Top 50. Il va garder cette place enviée pendant huit semaines !...
C'est le début de sa nouvelle tournée. Jean-Jacques Goldman commence par Paris. Il se donne au Zénith du 3 au 20 décembre. Zénith sold-out sans la moindre campagne d'affichage. A ceux qui viendront l'applaudir le 20, il offrira une surpise de taille : un duo surprise avec Johnny Hallyday. (avec qui il chantera "Toute la musique que j'aime"...). Pour ses quelques détracteurs, (des journalistes surtout..) il en fera une autre. Il achètera une page de pub dans Libération sur laquelle seront reproduites les critiques les plus acerbes, (celles de Patrice Delbourg dans l'événement du jeudi par exemple) le tout accompagné d'un commentaire de sa main : "Merci d'avoir jugé par vous-même Jean-Jacques Goldman"...
1986 La chanson qu'il a façonnée pour donner un coup de main à Coluche, pour la mise en place des restos du cœur va rejoindre "Je te donne" au sommet du Top. Cette chanson qui atteindra pour sa part la seconde place (derrière le "Capitaine abandonné" des Gold...) est interprétée par Jean-Jacques Goldman bien sûr, mais aussi Coluche, Yves Montand, Nathalie Baye, Michel Druker et Michel Platini... La tournée se poursuit quant à elle de façon triomphale...
Depuis le début de l'année Jean-Jacques Goldman est au Top avec deux chansons. A partir du 27 avril (et pour quelques semaines) il y sera avec trois : " Je te donne", "Les restos du cœur" et "Pas toi" puisque ce troisième simple est extrait de "Non homologué" entre ce jour-là, où la troisième place... De son côté l'album fait preuve d'une santé insolente. Six mois après sa sortie, il figure en effet encore dans les cinq premiers classés du Top 30.
Alors que "Pas toi" coule d'heureux jours dans le Top, Jean-Jacques Goldman poursuit sa marathonesque tournée. Cook Robin assure pour l'été la première partie de celle-ci qui prend alors le nom d'une des plus belles chansons de Jean-Jacques : "Veillez tard". A un journaliste venu l'interviewer à "chaud" Jean-Jacques Goldman déclare : "La première tournée que j'ai faite, était vraiment un round d'observation. Eux ne me connaissaient pas, moi non plus. On ne savait pas s'il y en avait un qui pouvait trahir l'autre. C'est toujours vers la fin du concert qu'il se passait quelque chose, une fois la confiance établie. Sur cette tournée, la confiance existe vraiment. On se connaît. Il n'y a donc plus d'examen de passage et dans ce sens c'est un vrai plaisir".
A cette époque seuls les sourds peuvent échapper à Jean-Jacques Goldman... Et encore, faut-il qu'ils ne regardent pas la télévision, qu'ils n'ouvrent pas les magazines ! Non vraiment, il est quasiment impossible en cette rentrée 86 de lui échapper ! En septembre "La vie pas procuration" (mais en version live) est proposée à son tour sur petit format. Et dans la foulée les disquaires reçoivent le double album live enregistré au cours de la dernière tournée et l'album "Gang" de Johnny Hallyday entièrement écrit, composé et réalisé par Jean-Jacques Goldman. Fin décembre le chanteur est pointé deuxième et vingt sixième (par le biais de Johnny Hallyday) au Top 50. "La vie par procuration" et "Je t'attends". Mais il est aussi deuxième, cinquième (par le biais de Johnny encore) et vingtième au Top 30 avec "En public", "Gang" et l'immarcescible "Non homologué" !!! Pour couronner le tout Jean-Jacques Goldman est élu le 22 novembre chanteur de l'année aux victoires de la musique... et un sondage Télépoche (révélé le 29 décembre) le donne chanteur préféré des Français. C'est l'hégémonie, l'état de grâce...
1987 Sans rien faire (sur le plan promotionnel) Jean-Jacques Goldman reste omniprésent. "La vie pas procuration" fait en effet preuve d'une étonnante longévité et une autre de ses chansons "J'oublierai ton nom" qu'interprètent Johnny Hallyday et Carmel fait un tabac. Pendant ce temps il écrit et compose tranquillement de nouvelles chansons... Un nouvel album doit en effet arriver avant la fin de l'année... Interviewé à cette époque par Graffiti Jean-Jacques déclare : "Je regrette que cette période ne dure pas plus longtemps. J'aurais aimé avoir six mois à ne rien faire de repos total".
Pour le grand bonheur des fans Jean-Jacques Goldman ne prendra pas de congé "sabbatique", il présentera même dès le mois de juin un avant goût de son nouvel album (un double en fait) : "Elle fait un bébé toute seule". C'est la stupéfaction, l'incrédulité. Cette chanson vraiment anachronique détonnait (détonne toujours d'ailleurs !) en effet complètement (c'est un euphémisme) avec la production discographique du moment. Elle détonne même dans le propre répertoire de Jean-Jacques Goldman qui déclare : "C'est une chanson que j'avais enregistrée au moment de "Positif" mais à l'époque elle n'était pas prête. Ce qui m'a surtout plu, c'est le côté démodé du son ! Cet été j'avais quatre titres de près, mais si j'ai choisi de sortir "Elle fait un bébé toute seule" c'était pour le plaisir d'énerver tout le monde". Quelques semaines plus tard, cette chanson atteindra pourtant la quatrième place du Top 50, au moment ou "Je te promets" interprétée par Johnny Hallyday obtient ses meilleurs classements (dans les dix premiers...)
Depuis le début de l'année Jean-Jacques a donc planché sur son cinquième album, il a tellement bien travaillé qu'il décidera finalement de livrer un double album (disponible dans le commerce le 5 novembre 87). Dans la biographie éditée par CBS il explique : "Plus j'avançais dans ce travail "87" entre les séquences" et les "boîtes programmées" entre les ordinateurs "Fairlight" et autres consoles "automatisées", "Digitalisées" "informatisées"... et plus j'éprouvais le besoin de prendre de temps en temps un "vrai" instrument et de jouer en direct, avec quelques musiciens, de la sueur et des mix à la main, comme avant... Ainsi est né le deuxième album, enregistré dans un petit studio pour mon plaisir à moi, égoïstement, fait de chansons allergiques à l'habillage moderne des machines". Toujours pour justifier l'existence du deuxième album il déclarera au journal Graffiti : "A chaque fois que je faisais un album, je laissais de côté une ou deux chansons un peu particulières, un peu à part et ça a fini par en faire une dizaine. Le problème s'est donc posé dans ces termes : Qu'est ce que j'en fais, est-ce que je les garde à jamais pour moi tout seul ou bien est-ce que je les intègre à un album ?
Et puis j'ai considéré que la période propice au fait de les sortir parce que j'ai l'impression que les gens me font davantage confiance qu'avant et surtout je me suis rendu compte qu'au cours de la tournée, le public ne réagissait pas seulement aux chansons dites "faciles d'accès" mais qu'il était aussi sensibilisé à des titres très personnels". De toute façon Jean-Jacques Goldman n'a eu aucun problème, pour persuader sa maison de disques à sortir ce double album, "Non homologué" avait trouvé plus d'un million d'acquéreurs... Pour enregistrer ces deux disques le chanteur a de nouveau fait confiance à Guy Delacroix, Christophe Deschamps, Patrick Tison, Jean-Pierre Janiaud, Olivier do Espinto Santo, Roland Romanelli ou bien sûr Michaël Jones.
Mais il a aussi fait appel à Andy Scott (ingénieur du son) et Joe Hammer (programmateur des fairlights) qui furent pendant longtemps complices de Daniel Balavoine... Ce double album prénommé "Entre gris clair et gris foncé" va débarquer directement (lui aussi !) à la première place du Top 30 et "Là-bas" le duo avec Sirima, qui figure sur la face névralgique du simple présenté au même moment à la dixième place du Top 50... qui abrite alors dans ses premiers rangs "Laura" le quatrième simple extrait de "Gang"...
1988 Jean-Jacques Goldman apparaît en février sur la couverture du Nouvel observateur qui n'y va pas de main morte et titre carrément : "Génération Goldman" !(Ce qui mettera l'intéressé hors de lui...) On ne trouvera pas dans les pages de ce magazine une banale interview du chanteur, mais une intrview fort intéressante du futur premier ministre : Michel Rocard. Une interview réalisée par Jean-Jacques Goldman...
"Entre gris clair et gris foncé" passera tout l'hiver, à la première place des ventes. Il résistera aux assauts du "You're under arrest" de Serge Gainsbourg du "You can dance" de Madonna, du "Nougayork" de Nougaro pour finalement se faire détrôner par le "Live à Bercy" de Johnny ! "Là-bas" devra se contenter d'une seconde place. Guesh Patti avec "Etienne" et Sabrina avec "Boys" ont en effet fait bagarre !... Mais Jean-Jacques suit cela de loin puisqu'à cette époque il sillonne l'Afrique (Sénégal, Côte d'Ivoire, Togo, Gabon, Congo, Zaîre, Kenya, Ile Maurice, Réunion et Madagascar !) Tantôt pour s'y reposer tantôt pour y donner des concerts...
Ce printemps est marqué par la commercialisation sur format dix sept centimètres de "C'est ta chance", mais surtout par le coup d'envoi (courant avril) d'une nouvelle tournée qui débutera à St Etienne, avant d'aller dans la capitale. A Paris, Jean-Jacques innovera en "s'offrant" quatre salles : Le Bataclan, l'Olympia, le Palais des Sports et enfin le Zénith (mais pas le Palais Omnisport de Bercy, qu'il juge trop grand). Partout on affichera complet (le Zénith sera prolongé...). Quatre salles pour goûter à toutes les ambiances et éviter la routine dira-t-il...
Jean-Jacques Goldman quitte Paris pour la Province. En août ses fans auront la possibilité de venir l'applaudir à Fréjus, Dax, Bézier, Montpellier, Orange, Nîmes ou Annecy. En septembre à Dijon, Besançon, Mulhouse, Auxerre, Orléans, Reims, Troyes, Bordeaux, Toulouse... Sur les ondes "Puisque tu pars" est venu prématurément remplacer "C'est ta chance" qui curieusement n'a pas vraiment fonctionné (seulement seizième avec douze semaines de présence dans le Top 50).
Jean-Jacques Goldman sue toujours. Sa tournée l'emmène à Cholet, au Mans, Cæn, Lille, Boulogne, Dunkerque, Rouen, Laval, Montluçon, Grenoble ou encore Bourg en Bresse (octobre) puis Avignon, Nice, Toulon, Marseille, Pau, Perpignan, Lyon, Bourges, Tours, Rennes, Lievin etc... (novembre). Début décembre il part pour la Belgique et son périple est loin d'être fini... Un an après sa sortie "Entre gris clair et gris foncé" figure toujours dans les dix premiers du Top 30 (1 000 000 d'unités vendus) et "Puisque tu pars" qui a connu un beau succès (troisième) reste largement diffusé sur les ondes...
1989 Jean-Jacques Goldman a à peine quitté le Top avec "Puisque tu pars" qu'il y réapparait quelques jours plus tard, avec "Il changeait la vie" (Live) présenté sur petit format début décembre. En janvier, il arrive au terme de sa tournée qui l'aura tout de même entraîné sur les routes pendant huit mois (147 concerts). De retour chez lui il ne va pourtant pas rester longtemps les pieds dans ses pantoufles ! Il a un film, un album live et une musique de film à livrer...
Les fans de Jean-Jacques Goldman ont eu de quoi s'en mettre plein les yeux et les oreilles ces dernières semaines. Ils ont déjà pu compléter leur discothèque, avec le double album live "Traces" audacieusement emballé, avec le simple "Peur de rien blues" aussi (attention il s'écoute en 33 tours !) et enfin avec la bande originale du film l'Union Sacrée. Roland Romanelli s'est acquitté de la plupart des compositions qui figure sur ce disque, mais Jean-Jacques Goldman signe tout de même trois titres : "Brother" interprété par Carole Frédériks (sa choriste préférée) "Dîner asiatique" et le "Thème de Lisa" (deux instrumentaux). Ils ont aussi pu voir leur idole dans un mini film (réalisé par Bernard Schmitt), récemment diffusé sur TF1. Une fiction dans laquelle Jean-Jacques Goldman avait le rôle de son propre fils à la recherche de son père ! (vous me suivez ?) un mini film (illustré d'images filmées lors de la dernière tournée) que beaucoup ont trouvé déconcertant.
Maintenant vous savez quasiment tout sur la carrière de Jean-Jacques Goldman...
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