Le retour en force
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Le retour en force
Cool Graffiti du 22 janvier 1991
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Retranscription de Monique Hudlot
Comme il était attendu ce sixième album de Jean-Jacques Goldman ! Mais surprise, c'est en compagnie de Carole Fredericks et de Michael Jones que J.J. a fait son retour dans l'arène du show-biz… Toujours discret sur sa personnalité et de son environnement, les interviews ont été données au compte-goutte. Que sa politique soit exaucée, mais en attendant voici ses derniers propos…
Cool Graffiti : Revenir à trois, n'est-ce pas un peu déroutant pour ton public ?
Jean-Jacques Goldman : Je n'en sais rien. En fait, c'est un choix qui m'est venu naturellement, dans la démarche que j'avais, dans les envies que j'avais. J'en suis à cinq album dont un double, ce qui fait 60 chansons. A faire la soixante-dixième, j'aurais un peu eu l'impression de me répéter !
Cool Graffiti : Alors, qui est donc Carole Fredericks ?
Jean-Jacques Goldman : Carole est née à Springfield dans le Massachussetts. Elle est arrivée en France en 79 et elle est devenue ce qu'on appelle un musicien de studio. C'est-à-dire qu'elle travaille avec de nombreux artistes. Moi, je l'ai rencontrée comme ça et je lui ai demandé de venir sur scène en 86. Maintenant cela fait quatre ou cinq ans que l'on travaille ensemble. Non seulement elle possède une voix phénoménale mais son personnage est plein de générosité et de fantaisie.
Cool Graffiti : Et Michael Jones ?
Jean-Jacques Goldman : C'est avant tout un guitariste. Il est arrivé en France il y a 15 ou 20 ans. On s'est rencontré dans le groupe Taï Phong en 77-78. Depuis, je travaille sur scène et sur disque avec lui !
Cool Graffiti : Le premier single extrait s'intitule "Nuit". Etait-ce évident qu'elle représente l'album ?
Jean-Jacques Goldman : Non. Aucun titre ne se détachait vraiment de cet album dans le sens où on aimait toutes les chansons. Il a fallu choisir et on a attendu le dernier jour !
Cool Graffiti : Avec toutes ces années de métier derrière toi, es-tu devenu superstitieux ?
Jean-Jacques Goldman : Non, pas du tout. J'ai probablement tendance à passer plus souvent que les autres sous une échelle, ou à donner des coups de pieds aux chats noirs par principe !
Cool Graffiti : Et si cela se passait moins bien dans les années à venir, arrêterais-tu ?
Jean-Jacques Goldman : Non, en fait la frontière est simple : peut-on ou pas vivre de la musique ? Ne pas en vivre n'empêche pas d'en faire. Moi j'ai fait quinze ans de musique sans en vivre. Mais rien ne m'empêchait d'en faire… Il y a des tas de gens qui ont fait des carrières intéressantes en faisant des salles de 500 à 1 000 places. Donc le problème se poserait si je n'arrivais plus à payer mon loyer.
Cool Graffiti : Quels sont vos privilèges, vos luxes ?
Jean-Jacques Goldman : Le plus gros privilège est de pouvoir vivre à son rythme, par rapport à la vie que je menais avant et à la vie que mènent les gens. La grosse différence est de ne pas être dépendant des autres… Je peux partir en vacances quand les gens n'y sont pas, je peux partir à des endroits où les gens ne sont pas. Et enfin, il y a le privilège que donne le fait de bien gagner sa vie…
Cool Graffiti : Mais on ne sait rien de toi. Comment te protèges-tu?
Jean-Jacques Goldman : Je ne sais pas. Je ne pense pas que cela soit si difficile que ça. On n'est pas dans un pays où les médias sont en permanence à l'affût…
Cool Graffiti : Tu vas bientôt avoir la quarantaine… Comment le vis-tu ?
Jean-Jacques Goldman : Il est sûr qu'en arrivant à quarante ans, je n'ai plus les mêmes réflexions, les mêmes actions qu'à vingt ans. Quand on arrive à la quarantaine, on fait plutôt le constat de tout ce que l'on ne sera pas. On sait plus ou moins tout ce qu'on a loupé dans être forcément mélancolique. Mais une chose est sûre, la façon de penser n'est plus la même.
Cool Graffiti : As-tu peur du temps qui passe ?
Jean-Jacques Goldman : Non, pas trop. Cela arrive à des milliards et des milliards de gens sauf ceux qui meurent jeunes, sauf James Dean…
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